mardi 27 septembre 2011

1er Mardi du mois du Rosaire - 4 octobre

Rendez-vous à la chapelle de la Mère de Dieu de la cathédrale d'Evreux à 16h30,
prières de réparation au Saint-Sacrement,
prière dans la chapelle des saints Anges et de M. Boudon,
pèlerinage jusqu'au sanctuaire de Saint-Michel-des-Vignes,
retour à la cathédrale : 18h15 vêpres et 18h30 messe.







4 octobre : 1er mardi du mois du Rosaire et mémoire de saint François d'Assise, chantre de Marie Reine des Anges


Marie Reine des Anges

 

Chers frères et sœurs,

     L’Eglise célèbre dans la joie, en communion avec l’Ordre de Saint François, la solennité de Notre Dame des Anges appelée aussi solennité de la Portioncule.

     C’est durant une nuit de l’été 1216, que saint François, alors en prière dans son ermitage, entend l’invitation du Seigneur à se rendre dans cette petite chapelle consacrée à la Mère de Dieu, Reine des Anges. Cette chapelle, bâtie sur la Portioncule, (c’est-à-dire une petite portion de terrain qui dépendait d’une abbaye bénédictine), il l’a restaurée quelques années plus tôt.

     Quand saint François entre dans la chapelle, il voit le Seigneur Jésus ainsi que sa sainte Mère entourée d’une myriade d’anges et d’esprits bienheureux. Le Seigneur, comme autrefois à Salomon, lui demande ce qu’il veut, pour lui, ses frères et le monde.

     Saint François fait une demande folle : il veut que le Seigneur lui concède à lui, comme à toute personne venant prier dans cette chapelle, la grâce de l’indulgence plénière, c’est-à-dire la rémission complète des péchés et de leurs conséquences, pour le priant ou pour toute âme défunte en Purgatoire.

     Le Seigneur se tourne vers sa Mère et elle sourit à saint François. Alors, Il accepte puisque sa Mère le veut, mais à une condition, qu’il aille voir son Vicaire sur terre, le Pape, pour qu’il lui confirme ce don divin.

     Saint François part donc pour Pérouse, à la cour pontificale d’Honorius III. Il va quasiment marchander cette indulgence. En effet, le don de la grâce de l’indulgence plénière est rare et conditionné à un acte de pèlerinage sur le tombeau des Apôtres, à Rome, ou en Terre Sainte sur les pas du Seigneur durant sa vie terrestre, ou encore Saint-Jacques, à Compostelle.

     Ici, il ne s’agit que de visiter le Seigneur en une chapelle, oratoire ou église, d’y prier le Pater et le Credo, comme nous nous apprêtons à le faire, d’avoir le cœur contrit et se confesser, assister à la Messe et communier aux intentions du Souverain Pontife ( pour la conversion des pécheurs, le rayonnement de l’Eglise et la sainteté de tous les hommes…). Bref, rien de bien difficile ou de prodigieux !

     Le Pape acceptera ce grand don, malgré l’incompréhension des Seigneurs Cardinaux qui essaieront de « diminuer la grâce » ! Non, le Seigneur a parlé, comme « le doux Christ en terre », comme aimait appeler le Pape sainte Catherine de Sienne. Le Seigneur et son Vicaire offrent à l’Eglise et aux hommes de « bonne volonté » cette grâce infinie de l’amour d’un Dieu qui s’est fait homme, semblable à nous, excepté le péché.

     Ce récit de la vie de saint François nous enseigne plusieurs choses.
     D’abord que le Seigneur, Dieu de gloire et de Majesté, Créateur et Rédempteur, ne fait rien sans sa Mère, la nouvelle Eve. Jésus était « soumis en tout », nous dit l’Evangéliste, à ses parents terrestres, Joseph et Marie, et cela continue au Ciel. Marie sourit à son Fils, Jésus accordera cette grâce à saint François comme à nous aujourd’hui.

     Nous célébrons donc aujourd’hui la solennité de la Dédicace de la Basilique patriarcale et Chapelle papale de Notre Dame des Anges. Et bien le Seigneur nous invite à recourir à sa Mère, comme ses enfants depuis le don de Marie fait à saint Jean au pied de la Croix. Elle est Notre Dame et notre Mère, et « plus Mère que Reine » selon les mots de sainte Thérèse de Lisieux. Nous devons lui faire confiance en tout et la prendre pour modèle, elle qui nous dit, comme à Cana : « Faites tout ce qu’Il vous dira ».

     Elle nous conduit à son Fils et, de son sourire, nous rend confiance et paix. Elle est la Médiatrice de toute grâce et pleinement associée au dessein du Salut du monde. Elle est le modèle des saints qui écoutent la Parole de Dieu, le Verbe éternel. Mais Marie Le conçoit, elle n’est pas seulement celle qui fait silence et qui écoute, elle va donner sa propre chair au Fils éternel : « Et le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ». C’est ce que nous avons entendu dans ce magnifique Evangile de l’Annonciation.

     Marie, par son « fiat » est devenue la Mère du Bel Amour, le modèle de la foi et de l’espérance chrétiennes qui ne déçoivent pas.

     Elle nous réconforte à chaque instant en nous enseignant comment vivre et aimer. Elle nous invite à ne pas juger, ne pas condamner, ne pas blesser mais à rester attentifs à son Fils, à L’écouter, à L’aimer et à vivre en toute chose « par Lui, avec Lui et en Lui ».

     Le Seigneur ne conditionne pas seulement sa grâce à l’acceptation de sa divine Mère, Il la conditionne aussi à l’acceptation de celui qui est son Vicaire de la terre, le Pape.

     Cette solennité nous rappelle que nous devons aimer l’Eglise car, comme le disait si bien saint Cyprien de Carthage, et comme cela est rappelé par le 2e Concile du Vatican : « Hors de l’Eglise point de Salut » (Lumen Gentium). N’allons pas chercher ailleurs ou en dehors ou à côté ! Tout est donné par le Christ à son Eglise ; Eglise qu’Il s’est choisie Lui-même pour être son Epouse sans tâche ni ride, immaculée et sans péché, comme sa Mère que nous célébrons aujourd’hui.

     L’Eglise est « une, sainte, catholique, apostolique » et romaine. Rien n’est juste ni saint, selon la volonté du Seigneur, en dehors de la communion au Souverain Pontife et des successeurs des Apôtres, nos Seigneurs les Evêques.

     Certes, nous déplorons parfois des manquements, des péchés même, de la part des hommes d’Eglise ! Mais n’oublions jamais que ce qui nous blesse, nous le faisons aussi et ces péchés que nous réprouvons sont aussi, parfois, les nôtres. Nous ne pouvons être chrétiens sans cette indispensable communion avec Pierre et nos Evêques. Sans eux, pas de prêtres pour célébrer la Messe, pas d’absolution, personne pour nous guider vers le Royaume ; rien du tout. La vie divine des Sacrements n’est possible que par cette communion. Et nous devons donc la cultiver et la fortifier. Comment ? Et bien d’abord en ne jugeant pas et en cessant le scandale des critiques déplacées. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous vous reconnaîtront pour mes disciples ». Et bien que ce ne soit pas seulement des mots !

     Tout à l’heure, dans la Cathédrale d’Evreux nous avons prié pour le Pasteur de ce Diocèse, Mgr Christian Nourrichard. Quels que soient nos diocèses d’origine (Evreux, Paris, Rennes...), nous vivons par et dans l’Eglise grâce à cette communion essentielle et vitale.

     Comme le rappellent les Pères, s. Ignace d’Antioche particulièrement : « Là où est l’Evêque, là est l’Eglise ».

     Nous sommes parfois peinés par l’Eglise sainte et immaculée mais composée de pécheurs et salie d’abord par mes péchés.

     Je suis responsable, et tous ici, nous sommes responsables de l’image de l’Eglise et des salissures qui la défigurent.

     Le livre du Cantique des Cantiques le rappelle : « Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem » ; noire du péché de mes membres, mais belle de la sainteté de mon Rédempteur. L’Eglise est une en sa Tête, le Seigneur Jésus, mais divisée en raison de ses membres qui se divisent et s’opposent ; elle est sainte et immaculée par don de Dieu, mais pécheresse et souillée de nos péchés. Ces blessures, nous en sommes responsables !

     N’allons pas chercher d’autres explications à la défection de nombreux chrétiens. Nos églises parfois vides alors que tous ces monuments, temples et calvaires construits à la gloire de Dieu témoignent de la sainteté de nos pères : c’est-là le fruit du péché, de la discorde, de la dissension, des critiques, des jugements, des désobéissances. Beaucoup nous critiquent et nous montrent du doigt, et justement ! Comment nous comportons-nous ? Nous critiquons nos Pasteurs, mais de quel droit si d’abord nous ne nous débarrassons pas de « la poutre qui est dans notre œil » ? Nous ne savons pas ce qu’ils vivent, leurs responsabilités, leurs peines, et nous nous faisons parfois juges et bourreaux alors que nous devrions être des fils aimants, compatissants, aidants et offrants ! Saint Paul n’était-il pas un meurtrier ; saint Pierre un lâche ayant trahi trois fois ; et les autres Apôtres où étaient-ils à l’heure solennelle et grave de la Croix ?

     Membres ou proches de l’Archiconfrérie, nous avons le devoir et la mission d’être ferment d’unité. Nous ne pouvons pas prier quotidiennement pour nos Pasteurs et l’Eglise, pour que tous ne soient « qu’un seul cœur et qu’une seule âme », et déchirer l’Eglise, la flétrir et la salir, en critiquant ou en péchant.

     Nous devons devenir des saints selon le Cœur de Dieu, c’est cela qui changera le monde et le convertira ; c’est cela qui rendra sa splendeur originelle à notre Eglise et qui invitera à la conversion et à cette joie chrétienne nos frères et sœurs qui ne connaissent pas Dieu. Dans l’Evangile de la Samaritaine, Jésus nous dit que « le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité » ; c’est dire qu’Il ne les a pas encore trouvés ou qu’Il n’a pas encore son compte.

     Telle est notre mission pour le bien de nos Paroisses, de nos Diocèses, de notre Eglise. Adorer, aimer, réparer, offrir, agir, comme les saints Anges et Archanges qui, sans quitter Dieu dans une adoration unanime, ne cessent de nous aimer et garder à chaque instant, quoique nous ne soyons pas toujours très bons. Ils ne nous jugent ni ne nous abandonnent, comme le rappelle M. Boudon dans son ouvrage sur la Dévotion aux neuf chœurs des Anges.

     Au contraire, ils nous invitent à la louange, à la communion, à l’adoration, à la pénitence. Ils nous veulent avec eux au Ciel sans nous rappeler nos misères et nos plaies.

     Chers frères et sœurs, regardons les saints, comment ils se sont comportés et comment ils ont vécus. La Vierge Marie n’a pas jugé les Apôtres, réunis au Cénacle après la débâcle du Vendredi Saint. Au contraire, au milieu d’eux et non à côté, elle priait et les réconfortait, maternellement. Pourtant, elle aurait eu de quoi dire ; mais non, elle était là et les aimait comme leur mère, les invitant par son exemple et sa charité active et vraie. Tous les saints ont vécus le mystère de la Croix, et ont poussé comme des « lys au milieu des épines ». Le vénérable H.M. Boudon que nous prions aimait à dire : « Dieu seul » ; et nous l’avons redit tout à l’heure dans la chapelle où il repose, au pied de l’autel consacré aux Esprits bienheureux. Qu’est-ce à dire ? Serait-ce seulement une belle formule ? Non. Il l’a vécu « en acte et en vérité ». Il a été sali, rejeté, mis au ban de son Diocèse, calomnié par des Prêtres et mêmes des Saints qui le croyaient coupable d’horreurs indignes de son état sacerdotal. Et lui ne se défendait pas et n’ajoutait pas au mal en se défendant ou en induisant les fidèles dans l’erreur. Il n’avait plus que « Dieu seul », sa joie et sa consolation parfaites. Cet exemple nous rappelle que nous ne devons pas nous payer de mots. La charité et la simplicité, le courage chrétien, voilà ce qu’il a vécu héroïquement. Et il a été reconnu innocent du mal dont ses ennemis l’accusaient. Il est aujourd’hui notre témoin et notre exemple en matière de charité et de constance, comme Jésus dans sa Passion.

     Voilà pourquoi nous aussi nous devons vivre et aimer comme ces exemples nous y invitent quotidiennement. Cette confrérie n’a pas d’autres buts : la charité active, la prière, l’adoration dans l’Eglise et pour l’Eglise et donc d’abord pour ceux qui en ont la charge : le Saint Père et notre Evêque.

     Comme les Anges nous devons chanter la gloire de Dieu et adorer « Dieu seul » et Le servir dans son Eglise. Notre prière quotidienne pour nos Evêques n’a de but que de servir à la croissance en sainteté de notre Eglise, l’Epouse du Christ et notre Mère.

     Chers frères et sœurs, prions la Vierge Marie, Reine des Anges ; prions nos bons amis les Esprits bienheureux et les Saints, pour vivre ce que nous proclamons. N’aimons que « Dieu seul » et servons-Le au milieu de nos frères comme le Seigneur l’a enseigné et vécu jusqu’à la Croix. Amen.

abbé Nicolas Van der Maelen
Vicaire de la paroisse Saint-François de Molitor
Archidiocèse de Paris

1er et 2 octobre, Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face & notre bon Ange gardien

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face,
A mon ange gardien



Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face est Patronne secondaire de la France et l’une des saintes les plus connues de Normandie et de notre pays. Guérie miraculeusement par le sourire de Notre Dame, elle nous enseigne à aimer et imiter la Vierge Marie en servant toujours Notre Seigneur dans la joie.


Glorieux gardien de mon âme,
Toi qui brille dans le beau ciel
Comme une douce et pure flamme
Près du trône de l'Eternel
Tu descends pour moi sur la terre
Et m'éclairant de ta splendeur
Bel ange, tu deviens mon frère,
Mon ami, mon consolateur !...

Connaissant ma grande faiblesse
Tu me diriges par la main
Et je te vois avec tendresse
Oter la pierre du chemin
Toujours ta douce voix m'invite
A ne regarder que les cieux
Plus tu me vois humble et petite
Et plus ton front est radieux.

O toi ! qui traverses l'espace
Plus promptement que les éclairs
Je t'en supplie, vole à ma place
Auprès de ceux qui me sont chers
De ton aile sèche leurs larmes
Chante combien Jésus est bon
Chante que souffrir a des charmes
 Et tout bas, murmure mon nom ...

Je veux pendant ma courte vie
Sauver mes frères les pécheurs
O bel ange de la patrie
Donne-moi tes saintes ardeurs
Je n'ai rien que mes sacrifices
Et mon austère pauvreté
Avec tes célestes délices
Offre-les à la Trinité.

A toi le royaume et la gloire,
Les richesses du Roi des rois.
A moi l'humble Hostie du ciboire,
A moi le trésor de la Croix.
Avec la Croix, avec l'Hostie
Avec ton céleste secours
J'attends en paix de l'autre vie
Les joies qui dureront toujours.

 

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Poésies, Paris, le Cerf, Desclée de Brouwer, 1979.





2 octobre

De "La dévotion aux neufs chœurs des saints Anges" de l'abbé Henri-Marie Boudon

Grand Archidiacre d’Evreux (1624-1702)



5e pratique, "Converser intérieurement avec les saints Anges" :

     Mais que dites-vous de la présence de votre saint Ange gardien ? Est-ce qu'il pensera continuellement à vous, et que vous ne penserez presque jamais à lui ? Croyez-vous qu'une petite prière le soir et le matin soit une reconnaissance digne de ses faveurs ? Je veux que vous me répondiez sérieusement à ce que je vous demande : En bonne vérité, si l'un des princes de la terre venait vous rendre visite, le laisseriez-vous depuis le matin jusqu'au soir tout seul, et croiriez-vous bien vous acquitter de vos devoirs, de lui faire la révérence une ou deux fois le jour ? Particulièrement, si durant tout le jour il vous suivait partout, et vous obligeait en toutes les manières possibles ; et que d'autre part vous fussiez quelque pauvre malheureux, tout gâté et puant de sales maladies, et le rebut des hommes, et condamné au gibet pour vos crimes ; si sans cesse vous tourniez le dos à cet obligeant prince, dans quel étonnement mettriez-vous tous ceux qui seraient instruits d'une incivilité et d'un mépris si extraordinaires ? Je vous demande de plus, votre imagination ne vous donne-t-elle pas de l'indignation d'un tel procédé ? Répondez-moi, en seriez-vous capable ? Hélas nenni ! L’on n'a point ces duretés pour la terre, il n'y a que pour le ciel : cependant c'est ce que vous faites à l'égard du grand prince du ciel qui vous garde. Ô anges du paradis, pouvez-vous bien souffrir des rebuts si étranges ? Il est donc bien juste de les entretenir : c'est une chose insupportable que de les laisser sans dire mot.

     Prenez donc quelquefois un quart d'heure, une demi-heure, une heure, ou plus, et après vous être retiré, prenez votre temps pour causer avec votre bon Ange : mettez-vous à genoux devant lui ; prosternez-vous par terre ; et il est bon de temps en temps d'user de cette pratique, lorsqu'on est seul ; demandez-lui pardon de vos ingratitudes ; demandez-lui sa sainte bénédiction ; dites-lui tout ce qu'un bon cœur peut dire à un fidèle et charitable ami. Tantôt, parlez-lui de vos besoins, de vos misères, de vos tentations, de vos faiblesses. Tantôt, parlez-lui du divin amour, et des saintes voies qui conduisent à Dieu. Quelquefois entretenez-le des offenses que les hommes commettent contre leur Souverain, et des divins intérêts de l'adorable Jésus et de sa très digne Mère ; et d'autres fois considérez à loisir les obligations que vous lui avez, les bontés qu'il a pour vous, ses beautés, ses perfections, ses admirables qualités. Agissez avec lui comme avec un bon père, une mère pleine de tendresse, un véritable frère, un ami incomparable, un amant zélé, un vigilant pasteur, un charitable guide, un témoin de vos plus importants secrets, un savant médecin pour guérir toutes vos plaies, un avocat et un puissant protecteur, un juge favorable, un roi tout occupé à vous faire du bien. Invoquez-le selon toutes ces qualités, et les autres que votre amour suggérera. Elles peuvent vous servir d'autant de considérations qui vous feront passer le temps bien plus agréablement qu'avec les créatures de la terre. Nous disons qu'il nous ennuie quelquefois, que l'on ne saurait à qui parler et que faire : voilà bien de quoi nous occuper, voilà bien avec qui converser. L'on demandait à une religieuse, qui était sans parents, sans amis et sans connaissance de personnes qui lui vendissent visite, si elle n'avait point quelque peine quand elle voyait les autres religieuses visitées. Hélas nenni, répondit-elle ; car j'ai une personne fort aimable avec qui je m'entretiens ; et quand j'apprends que l'on demande une religieuse au parloir, aussitôt je pars pour lui rendre visite. Et comme l'on ne savait ce qu'elle voulait dire, elle mena à une image du saint Ange qui était dans le monastère : « Voilà, dit-elle, mon père, ma mère, toute ma parenté et toutes mes connaissances. C'est là où je viens parler pendant que mes sœurs parlent à la grille, et je sors pour le moins aussi contente qu'elles de mes entretiens. »

     Il faut encore aller se promener en esprit dans les terres des infidèles, dans les pays hérétiques, pour converser avec tous les anges de ces personnes ; hélas ! ils sont bien abandonnés ; pour regretter avec eux l'aveuglement et l'infidélité de ces gens, pour leur parler du royaume de Dieu, pour les prier de travailler à son établissement dans tous ces royaumes. L'on peut de la sorte parcourir toute la terre, honorant un jour tous les anges d'un royaume, et en un autre les anges d'un autre pays. Tantôt ceux du Canada, tantôt ceux de la Chine, quelquefois ceux du Japon, d'autres fois ceux des Indes. Il ne faut pas aussi oublier les anges des royaumes chrétiens, et puis ensuite, c'est une chose bien douce d'aller en esprit à la Jérusalem céleste, s'entretenant quelquefois une heure avec les Séraphins, une autre avec les Chérubins, et ainsi allant de chœur en chœur par toutes les hiérarchies célestes. Ce que nous en avons dit peut fournir de sujet d'entretien.

     Enfin, c'est un exercice bien louable que de s'accoutumer à saluer les saints anges des personnes que nous rencontrons. Si en faisant chemin nous trouvons un grand seigneur, on le salue, ou quelque personne qui nous soit amie ; si nous rencontrons cent fois ces personnes, nous ne manquons pas autant de fois à leur rendre nos civilités : faut-il qu'à l'égard des princes du ciel, et nos plus véritables amis, nous soyons seulement insensibles ? La chose est aisée ! Vous n'en ferez pas plus de révérences, il ne faut que prendre une bonne fois l'intention et faire un pacte sacré, que vous renouvellerez une fois au moins toutes les semaines, qu'autant de fois que vous saluerez quelqu'un, vous entendrez saluer son saint ange. Quand vous vous en souviendrez, en même temps que vous rendrez le salut à qui que ce soit, tout bas en vous-même, dites à son saint Ange que vous le saluez. Pour ce sujet, accoutumez-vous à voir par les yeux de l'esprit les anges de ceux que vos yeux corporels vous feront voir : peu à peu le souvenir des saints anges vous sera très facile, et vous en recevrez toutes sortes de bénédictions. En entrant dans une église, dans un lieu où il y a bien du monde, ne manquez pas d'y saluer tous les anges ; et même quand vous serez avec des personnes qui vous sont familières, il sera bon de dire les unes aux autres, tout haut : Je salue votre saint ange. J'ai vu par ce moyen cette pratique saintement établie ; en sorte que dans les compagnies, en y entrant ou sortant, l'on disait hautement tous les uns aux autres : Je salue votre saint ange. Il y en a qui ne manquent jamais, quand ils écrivent à quelqu'un, de mettre au bas de leur lettre qu’ils saluent le saint Ange de la personne à qui ils écrivent ; et même quelquefois on le prie réciproquement de la part des uns et des autres, de faire ses civilités aux anges des lieux où l'on demeure. Mon Dieu, n'est-ce pas ce que nous faisons tous les jours à l'égard des chétives créatures nos semblables ? Pourquoi ne rendons-nous pas au moins ce respect à ces favoris de Jésus et de Marie ?


lundi 26 septembre 2011

Homélie 34, prononcée par saint Grégoire le Grand, Pape, dans la Basilique des bienheureux Jean et Paul, le 29 septembre 591 (samedi des Quatre-Temps, qui tombait, cette année-là, le jour de la Saint-Michel)


     7. Nous avons dit qu’il existe neuf ordres d’anges. Nous savons en effet, par le témoignage de la Sainte Ecriture, qu’il y a les Anges, les Archanges, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins. Qu’il y ait des Anges et des Archanges, presque toutes les pages de la Sainte Ecriture l’attestent ; quant aux Chérubins et aux Séraphins, chacun sait que les livres des prophètes en parlent souvent. L’apôtre Paul énumère pour les Ephésiens les noms de quatre autres ordres lorsqu’il dit : «Au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu et Domination.» (Ep 1,21). Il dit encore, en écrivant aux Colossiens : «Aussi bien les Trônes que les Puissances, les Principautés ou les Dominations.» (Col 1,16). S’adressant aux Ephésiens, il avait déjà cité les Dominations, les Principautés et les Puissances ; mais avant d’en parler aussi aux Colossiens, il met en tête les Trônes, dont il n’avait rien dit aux Ephésiens. Si donc on joint les Trônes aux quatre ordres que Paul cite aux Ephésiens – Principautés, Puissances, Vertus, Dominations – cinq ordres se trouvent ainsi mentionnés nommément ; et si l’on y ajoute les Anges et les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on trouve sans nul doute qu’il existe neuf ordres d’anges.

 
C’est pourquoi le prophète affirme au premier Ange qui fut créé : «Tu as été le sceau de la ressemblance, plein de sagesse et parfait de beauté dans les délices du paradis de Dieu.» (Ez 28,12-13). Il faut noter ici qu’il ne le dit pas créé à la ressemblance de Dieu, mais sceau de sa ressemblance, afin de faire comprendre que sa nature est marquée d’une ressemblance plus exacte à l’image de Dieu, du fait qu’elle est d’une perfection plus achevée. Le même texte poursuit aussitôt : «Ton vêtement est tout couvert de pierres précieuses : sardoine, topaze et jaspe, chrysolithe, onyx et béryl, saphir, escarboucle et émeraude.» Ce sont neuf noms de pierres précieuses qui sont énumérés, puisque les ordres d’anges sont au nombre de neuf. Le premier Ange nous apparaît orné et couvert de ces neuf ordres d’anges, parce qu’ayant la prééminence sur toutes les milices angéliques, il semble encore plus brillant de gloire si on le compare avec les autres.

 
     8. Mais pourquoi avoir énuméré ces différents chœurs des anges, demeurés au Ciel, si nous n’expliquons pas également en détail leurs ministères ? Le mot Ange signifie en grec «Annonciateur», et Archange, «Grand Annonciateur». Il faut encore savoir que le terme d’Ange désigne une fonction, et non une nature. Car si les esprits bienheureux de la patrie céleste sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des Anges ; ils ne sont Anges que lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pourquoi le psalmiste affirme : «Des esprits, il fait ses Anges.» (Ps 104,4). C’est comme s’il disait clairement : «Lui qui a toujours les esprits à sa disposition, il en fait ses Anges quand il le veut.» On appelle Anges ceux qui annoncent les choses de moindre importance, Archanges ceux qui annoncent les plus élevées. Voilà pourquoi ce ne fut pas un Ange, mais l’Archange Gabriel que Dieu envoya à la Vierge Marie (cf. Lc 1,26). En un tel ministère, en effet, il convenait que le plus grand des Anges vînt lui-même annoncer la plus grande des nouvelles.

 
Certains de ces Anges reçoivent aussi des noms particuliers, pour exprimer par des mots l’étendue de leur action. Car ce n’est pas dans la cité sainte, où la vision du Dieu tout-puissant confère une science parfaite, qu’on leur attribue un nom propre : on n’y a pas besoin de nom pour connaître leurs personnes ; mais c’est quand ils viennent s’acquitter envers nous de quelque service qu’ils tirent un nom particulier de ce ministère.

 
     9. C’est ainsi que Michel signifie «Qui est comme Dieu ?» Gabriel, «Force de Dieu» ; Raphaël, «Médecine de Dieu». Chaque fois qu’il est besoin d’une puissance extraordinaire, l’Ecriture nous dit que c’est Michel qui est envoyé : son action et son nom font comprendre que nul ne peut se targuer d’accomplir ce qui est réservé au seul pouvoir de Dieu. L’antique ennemi, dévoré de l’orgueilleux désir de s’égaler à Dieu, déclarait : «Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles du ciel, je m’assiérai sur la montagne de l’alliance aux côtés de l’Aquilon, je monterai sur le sommet des nues et je serai semblable au Très-Haut.» (Is 14,13-14). Or l’Ecriture nous atteste qu’à la fin du monde, abandonné à sa propre force et condamné à périr dans le supplice final, il combattra contre l’Archange Michel : «Il se fit, dit Jean, un combat avec l’Archange Michel.» (Ap 12,7). Dans son orgueil, le diable s’était exalté jusqu’à se faire l’égal de Dieu ; mais il faut qu’ainsi défait par Michel, il apprenne que personne ne doit s’élever par l’orgueil à la ressemblance de Dieu.

 
A Marie, c’est Gabriel qui est envoyé, lui dont le nom signifie «Force de Dieu». Ne venait-il pas annoncer celui qui a daigné paraître dans l’humilité pour combattre les puissances de l’air ? Le psalmiste dit à son sujet : «Princes, exhaussez vos portes ; élevez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera. Quel est ce Roi de gloire ? C’est le Seigneur fort et puissant, c’est le Seigneur puissant au combat.» Et encore : «Le Seigneur des armées, voilà le Roi de gloire.» (Ps 24,7-10). Il fallait donc que ce fût par «Force de Dieu» que soit annoncé le Seigneur des armées, puissant au combat, qui venait faire la guerre aux puissances de l’air.

 
Enfin, comme nous l’avons dit, Raphaël signifie «Médecine de Dieu». En effet, cet Archange a dissipé les ténèbres qui rendaient Tobie aveugle, en touchant pour ainsi dire ses yeux par l’intermédiaire des soins qu’on lui a prodigués (cf. Tob 11,7-8). Celui qui a été envoyé pour soigner fut donc bien digne d’être appelé «Médecine de Dieu».

***

Plus que jamais nous avons besoin de saint Michel ?

Non, plus que jamais saint Michel a besoin de nous !

     Mes frères, depuis des siècles notre pays reconnaît celui que les augures appellent “le premier d’entre les princes des anges” au Livre de Daniel, l’archange saint Michel, comme notre protecteur et comme notre patron attitré. On ne compterait plus à travers l’histoire de ce pays les actes officiels qui soulignent ce rôle particulier de protection ; on ne compterait plus non plus le nombre des saints qui sont allés, d’une manière ou d’une autre, porter leurs hommages d’attachement soit au Mont-Saint-Michel soit en d’autres lieux où l’Archange est vénéré sur notre terre. Partout, à travers le territoire, on peut voir de nombreuses églises, de nombreux lieux de pèlerinage, de nombreux endroits, comme des fontaines, qui sont consacrés au vocable de l’archange saint Michel.

     Et il est temps je crois, ( il est toujours temps d’ailleurs, mais en ces temps qui sont les nôtres, il semble que nous sommes davantage pressés à devoir regarder cet archange qui est au-dessus de nous, comme notre protecteur et notre conducteur ), de voir à travers lui les merveilles dont Dieu nous a comblés et de nous souvenir de ses interventions en faveur de nos pères, en espérant les mêmes pour nous. Saint Michel fut à la fois l’hôte de la France, le messager du salut de la France et le prototype de la mission de la France.

     Il se trouve que, par grâce, nous possédions un mémorial impérissable : le Mont-Saint-Michel. C’était, vous le savez au cours du VIIIème siècle, au temps où Aubert était évêque d’Avranches. En 708 saint Michel lui apparut en songe, lui ordonna l’érection d’un sanctuaire en son honneur sur le mont Tombe qui deviendra le Mont-Saint-Michel. Or l’évêque Aubert est un homme humble qui n’a pas en lui une très grande confiance et il se croit d’abord l’objet de son imagination. Alors l’évêque sursoit à l’ordre reçu, attendant que Dieu veuille bien manifester ses desseins de manière plus claire. Et l’Archange reviendra et Aubert restera soupçonneux. Alors l’Archange reviendra encore et là il lui donnera un signe sensible : il laissera sur sa tempe l’empreinte de son doigt. Aubert avait son signe inscrit dans sa chair, il ne pouvait plus se dérober. Il n’était plus temps de tergiverser. En contrebas du mont Tombe il fait creuser une crypte, et les travaux successifs, surtout après que les moines fussent venus s’installer près de cette crypte, ont amené cette basilique, cette abbaye, cette merveille que nous avons peut-être déjà vue avec grande admiration et qui porte bien haut dans le ciel la statue de l’archange saint Michel perpétuant la présence invisible de cet hôte tout à fait extraordinaire du pays qui est le nôtre.

     De son hôte qui est aussi son protecteur ( si saint Michel venait, c’était pour défendre le pays dont il avait reçu la garde ) car il avait voulu s’établir comme en avancée de cette pointe du combat : il serait désormais le grand défenseur de la France en péril. On pourrait montrer encore aujourd’hui aux touristes, s’il ne fallait pas aller vite, les deux michelettes de la Cour de l’Avancée, témoins de la protection de saint Michel pendant la période victorieuse de la guerre de Cent ans. Par deux fois, les Anglais qui tentaient un débarquement, échouèrent là devant le pont de l’Archange.

     Mais d’autres pays que le nôtre, avant nous, ont reçu la visite de l’Archange. Ainsi l’Italie le regarde aussi comme son protecteur : il apparut en 490 à saint Grégoire-le-Grand au pied du mausolée d’Hadrien (devenu dès lors le Château Saint-Ange) et encore en 590, 592, 593 au mont Gargan, dans le sud du pays.

     Quant à l’église, elle perpétue surtout l’apparition et la protection de saint Michel à sa Fille aînée, c’est-à-dire à la France. à la France, il ménageait une faveur qui resterait un des plus hauts faits de l’intervention de Dieu dans l’histoire des peuples. Elle est liée à cette page où tout semblait perdu et où Dieu, par le ministère de saint Michel, alla chercher cette bergère bénie qui deviendra Jeanne d’Arc. Il fut le messager du salut auprès de celle qui allait être la libératrice de la patrie, elle qui déclara à ses juges : Je l’ai vu, lui, saint Michel, je l’ai vu aussi clairement que je vous vois et je crois à son intervention aussi fermement que je crois à la passion et à la mort de notre Seigneur. Il me disait avant tout que je devais être bonne et pieuse et que Dieu m’aiderait, il me racontait la grande pitié qui était au royaume de France et m’engageait de me hâter d’aller secourir mon roi.

     Au cours de l’épopée de Jeanne il resta le chef du célèbre conseil dont elle justifiait ses décisions et c’est le 8 mai, en la fête de saint Michel du Mont-Gargan, que Jeanne délivra les Orléanais, eux qui avaient vu quelques années auparavant l’Archange combattre à leur tête pour repousser un assaut général. Il ne se passera pas une semaine qu’il ne la visite dans sa prison et ne lui souffle de ces réponses pleines de bon sens, de sagesse et de finesse qui étonnent les juges et les rendent furieux, qui les étonnent surtout de cette paysanne qui était sensée ne rien savoir.

     Aussi bien, si Jean-ne d’Arc croyait à l’intervention de saint Michel comme à la passion et à la mort de Jésus, Charles VII, le roi qu’elle avait fait sacrer à Reims, y croyait aussi. On se rappelle son entrée victorieuse dans Paris enfin reconquis sur les Anglais le 12 novembre 1437 : devant lui marchait un écuyer qui portait un étendard de soie tout semé d’étoiles d’or et au milieu l’image de Monseigneur saint Michel.

     Hôte de la patrie, messager du salut de la patrie, défenseur de la patrie, l’archange saint Michel nous apparaît aussi bien comme le prototype de la mission de la patrie.

     Aussi bien il y a une harmonie préalable entre la destinée de saint Michel et la prédestination de la France. On a pu parler de la mission, de la vocation de la France dans le monde, nous pouvons le dire d’autant plus fort que toute l’église, qui appartient à tous les peuples, concourt à cela et que de fois nous avons au cours de notre histoire reçu des avis gratuits de l’étranger pour nous manifester combien nous étions, d’une façon toute particulière, la fille aînée de l’église, donc avec une mission tout extraordinaire. C’est d’ailleurs ce que le cardinal Pacelli, qui deviendra plus tard le pape Pie XII, affirmait si clairement dans la chaire de Notre-Dame de Paris, nous appelant déjà à retrouver le sens de notre mission, à retrouver le sens de nos traditions, à retrouver le sens de cette vocation séculaire de notre pays : « Depuis longtemps, du fin fond des âges, une seule expression a défini cette vocation française : gesta Dei per francos, c’est par les francs que Dieu accomplit ses hauts faits. Pour ce faire il a fait de la France la fille aînée de l’église, la première de peuples barbares, comme on disait à Rome, qui ait reçu le baptême. »

     Au matin du 1° juin 1980, bien des catholiques français furent stupéfaits d’entendre le bienheu­reux pape Jean-Paul II, au Bourget, employer plusieurs fois, avec une visible satisfaction, l’expression « France, Fille aînée de l’église » et lui demander : « France, fille aînée de l’église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? ».

     Depuis, à travers tant de vicissitudes, la cause de Dieu est notre cause : les Croisades, la fidélité à l’église au temps de la Réforme, l’apostolat missionnaire pour l’extension du règne du Christ à travers l’époque moderne, voilà ce qui fait la France, et tout ce qui n’est pas cela la défait. Lorsque nous aurons compris qu’il n’y a pas pour nous d’autre lieu de vocation et de mission que de communiquer et répandre Jésus-Christ, nous n’en sortirons pas. Il y a, pour nous instruire, bien des éclipses à l’accomplissement de cette mission, mais presque dans ses erreurs, la France reste le peuple en quête d’idéal.

     Elle est pour le monde la nation chevaleresque par laquelle ne compte pas avant tout la conquête des richesses du monde, mais ces biens plus précieux que sont la justice et l’amour de Dieu.

     Voilà pourquoi saint Michel lui aussi apparaît comme le prototype de la mission française, lui qui a pris la tête de tous les anges non révoltés et qui crie à travers l’écriture : Quis ut Deus ?, qui est semblable à Dieu ?, lui qui reste le conducteur de l’armée céleste contre l’armée des ténèbres. La France doit se reconnaître dans cette image de saint Michel aux ailes déployées, l’épée levée pour combattre les démons qu’il écrase du pied, lui qui ne recule nullement devant la bataille mais lui qui se bat pour le droit de Dieu. à nous de garder le regard fixé sur lui, de l’invoquer et de le suivre. « Qui n’est pas avec moi est contre moi ; qui n’amasse pas avec moi disperse ». Aussi quand on ne marche pas derrière lui au combat, on n’est plus dans le combat : non plus membre de l’armée des anges mais membre de l’armée des démons. Certes nous devons aimer nos ennemis, mais aimer nos ennemis consiste à leur donner notre vie pour qu’ils vivent après être morts à eux-mêmes. Aimer mon ennemi, c’est faire en sorte qu’il ait toutes les chances de pouvoir recevoir la grâce et d’aller au ciel.

     Plus que jamais nous avons besoin de saint Michel, non, plus que jamais saint Michel a besoin de nous. Nous avons bien besoin d’être un avec lui car il s’agit du combat de Dieu et Dieu nous a choisis pour servir en sa présence. Ce n’est pas nous, ce n’est pas lui, c’est Dieu. Plus que jamais nous sommes à l’intérieur de ce combat : que la persécution se déchaîne que ce soit la persécution sanglante que connais-sent nos frères persécutés, et combien nous devrions préférer celle-là à celle que nous subissons aujourd’hui, persécution non sanglante où nous ne pouvons même pas nous défendre parce que la persécution est si larvée, si ténue, que dès que nous nous défendons nous passons pour les agresseurs plutôt que pour les agressés. Ouvrons nos yeux et comprenons bien que nous sommes en train de jouer la dernière partie. Nous gagnerons, que dis-je, le ciel gagnera, saint Michel et ses milices gagneront, les phalanges des apôtres et des martyrs, les bataillons serrés des confesseurs de la foi, des docteurs, oui, tous ceux-là gagneront ; mais nous, serons-nous dans les troupes gagnantes ? Ferons-nous partie de l’armée des vainqueurs ou bien resterons-nous avec les réprouvés alors que nous croyons seulement être avec les neutres ? La question n’est pas de savoir si Dieu gagnera, la question est de savoir si nous serons avec Dieu qui gagnera. Les troupes de l’ennemi avancent, laissez-les donc avancer, nous savons que nous devons espérer contre toute espérance à l’image de notre père Abraham. Et l’histoire de ce pays que l’on croyait maintes fois éteinte s’est tout à coup rallumée sous le seul souffle de Dieu.

     Laissez se mouvoir les planètes et au lieu de vous prendre la tête en vous demandant : Mon Dieu, qu’allons-nous faire contre toutes ces choses qui nous assaillent ? Demandez-vous donc : aujourd’hui, dans le petit combat ordinaire, petit caporal sur le petit coin de terrain qui m’est confié, quel est mon combat ?

     Où ai-je gagné ? Où ai-je perdu ? Où ai-je gaspillé les munitions des grâces ?

     Laissez tourner le monde, quant à vous travaillez donc là où vous pouvez travailler par votre prière, par votre participation aux sacrements, par votre connaissance de l’écriture, par vos mortifications, par vos pénitences. Alors vous ne serez pas étrangers au combat, mieux que cela, alors vous serez saisis dans l’ensemble d’un combat, car toutes ces forces, toutes ces lumières, nous ne les recevons pas de nous-mêmes mais, par le canal de la grâce, nous les recevons de Dieu sans même que nous nous en doutions. Confions-nous alors d’un cœur ferme et hardi dans l’épée spirituelle de saint Michel, réfugions-nous à l’intérieur de ce combat et, forts d’un si fort patronage, ne cessons jamais d’espérer contre toute espérance car, somme toute, la victoire est déjà à nous et nous goûtons, déjà et pas encore, les fruits de la grande victoire de l’Apocalypse.

samedi 24 septembre 2011

Discours du bienheureux Jean Paul II à la population du Mont Saint-Ange

Monte Sant'Angelo (Foggia)
Dimanche 24 mai 1987


Chers frères et sœurs,

1. Je suis heureux de me retrouver au milieu de vous à l’ombre de ce Sanctuaire de Saint Michel Archange, qui depuis 15 siècles est un lieu de pèlerinage et un point de référence pour tous ceux qui cherchent Dieu et désirent se mettre à la suite du Christ, par le moyen duquel « ont été créées toutes choses, celles du ciel et celles de la terre, les visibles et invisibles : Trônes, Dominations, Principautés et Puissances » (1).

   Je vous salue tous cordialement, pèlerins, qui êtes venus des régions qui entourent ce magnifique promontoire du Gargano qui offre au regard du visiteur les délices de son doux paysage, fleuri et avec ces groupes caractéristiques d’oliviers tordus poussant sur la roche. Je salue en particulier les autorités civiles et religieuses qui ont contribuées à rendre possible cette rencontre pastorale ; je salue l’Archevêque de Manfredonia, Monseigneur Valentino Vailati, à qui vont mes remerciements pour les paroles qui ont introduites cette manifestation de foi. Je salue aussi tout particulièrement les Pères bénédictins de l’Abbaye de Montevergine qui ont la charge spirituelle de ce Sanctuaire. Et aussi, d’une manière spéciale leur Abbé Dom Tommaso Agostino Gubitosa, j’exprime ma gratitude pour l’animation chrétienne et pour le climat spirituel qui assurent à tous ceux qui viennent de pouvoir plonger leur esprit aux sources de la foi.

2. En ce lieu, déjà visité par tant de mes Prédécesseurs sur le siège de Pierre, je suis venu, moi aussi, pour jouir un instant de l’atmosphère propre de ce Sanctuaire, atmosphère faite de silence, de prière et de pénitence ; je suis venu pour vénérer et invoquer l’Archange Saint Michel, pour qu’il protège et défende la Sainte Eglise, en un moment difficile pour rendre un authentique témoignage chrétien sans compromis et sans accommodements.

   Depuis que le Pape Gélase Ier eut concédé, en 493, son approbation pour la dédicace de la grotte de l’apparition de l’Archange Saint Michel comme lieu de culte et y fit sa première visite, concédant l’indulgence du « Pardon angélique », une série de Pontifes romains s’est mis sur ses traces pour vénérer ce lieu sacré. S’en sont souvenus Agapet Ier, Léon IX, Urbain II, Innocent II, Célestin III, Urbain VI, Grégoire IX, saint Pierre Célestin et Benoît IX. Et de nombreux saints sont venus ici pour recevoir force et réconfort. Je me souviens de saint Bernard, de saint Guillaume de Vercelli, fondateur de l’Abbaye de Montevergine, de saint Thomas d’Aquin, de sainte Catherine de Sienne ; et parmi ces visites sont restées justement célèbres celles faites par saint François d’Assise, venu durant la préparation au Carême de 1221. La tradition dit que ce dernier, ressentant son indignité d’entrer dans la grotte sacrée, se sentant immobilisé à l’entrée, traça un signe de croix sur une pierre.

   Cette fréquentation vive et interrompue de pèlerins illustres et humbles qui du haut Moyen-âge jusqu’à nos jours a fait de ce Sanctuaire un lieu de rencontre, de prière et de raffermissement de la foi chrétienne montre que la figure de l’Archange Michel, qui est le protagoniste de tant de pages de l’Ancien comme du Nouveau Testament, fut écoutée et invoquée par le peuple et l’Eglise quant ils avaient besoin de sa céleste protection : c’est lui qui est présenté dans la Bible comme le grand lutteur contre le Dragon, le chef des Démons. Nous lisons dans l’Apocalypse : « Alors survint une guerre dans le Ciel : Michel et ses anges combattaient contre le Dragon. Le Dragon combattait avec ses anges, mais ils ne purent prendre le dessus et ils furent rejetés du ciel. Le grand Dragon, l’antique Serpent, celui que l’on appelle le Diable et Satan et qui a séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui. » (2) L’auteur sacré nous présente dans cette description dramatique l’évènement de la chute du premier Ange, qui fut séduit par l’ambition de devenir « comme Dieu ». Il nous raconte aussi la réaction de l’Archange Michel, dont le nom hébreu « Qui est comme Dieu ? », revendiqua l’unicité de Dieu et son inviolabilité.

3. Nombreux sont les fragments et les notices de la Révélation éloquents sur la personnalité et le rôle de Saint Michel. Il est l’Archange (3) qui revendique les droits inaliénables de Dieu. C’est l’un des princes du Ciel élu à la charge du Peuple de Dieu (4), duquel sortira un Sauveur. Il est aussi celui du nouveau peuple de Dieu, c’est-à-dire de l’Eglise. Voici la raison pour laquelle elle le considère comme son propre protecteur et celui qui la soutient dans toutes les luttes pour la défense et la diffusion du règne de Dieu sur la terre. Il est vrai que « les portes de l’enfer ne prévaudront pas » selon l’assurance du Seigneur (5), mais cela ne signifie pas que nous soyons exemptés d’épreuves et de batailles contres les embûches du malin. Dans cette lutte, l’Archange Michel est à côté de l’Eglise pour la défendre contre toutes les iniquités du monde, pour aider les croyants à résister au Démon qui « comme un lion qui rugit va et vient cherchant qui dévorer » (6).

   Cette lutte contre le Démon, qui caractérise la figure de l’Archange Michel, est actuelle aussi pour notre temps, parce que le Démon est toujours actif et agissant dans le monde. En fait le mal qu’il est en lui-même, le désordre qui se rencontre dans la société, l’incohérence de l’homme, la fracture intérieure dont nous sommes les victimes n’est pas seulement la conséquence du péché originel, mais aussi de l’effet de l’action néfaste et obscure de Satan qui affecte l’équilibre de l’homme, lui que Saint Paul n’hésite pas à appeler « le dieu de ce monde » (7), et qui se manifeste comme un charmeur astucieux qui s’insinue dans le jeu de notre action pour nous introduire dans tant de déviations nocives qui ont l’apparence conforme de nos aspirations instinctives. C’est pour cela que l’Apôtre des Gentils mettait les chrétiens en garde contre les embûches du Démon et de ses innombrables satellites, quand il exhortait les habitants d’Ephèse à se revêtir « de l’armure de Dieu pour pouvoir affronter les embûches du Diable, puisque notre lutte n’est pas seulement contre le sang et la chair, mais contre les Principautés et les Puissances, contre les Dominations des ténèbres, contre les esprits malins qui peuplent les airs » (8).

   A cette lutte se rattache la figure de l’Archange Saint Michel que l’Eglise, tant en Orient qu’en Occident, n’a jamais cessé d’attribuer un culte spécial. Le premier Sanctuaire qui lui fut attribué fut celui de Constantin à Constantinople : c’est le célèbre Michaëlion, et la nouvelle capitale de l’Empire s’ornât de nombreuses églises dédiées à l’Archange. En Occident, le culte de Saint Michel, depuis le Ve siècle, s’était diffusé dans de nombreuses cités comme Rome, Milan, Plaisance, Gênes, Venise ; et dans tant de lieux de cultes dont le plus connus est celui du mont Gargano. L’Archange est représenté en train d’abattre le Dragon infernal sur la porte de bronze fondu en 1076 venant de Constantinople. C’est ce symbole que l’art représente et que la liturgie nous fait invoquer. Nous nous souvenons tous de la prière que nous récitions il y a quelques années encore à la fin de la Sainte Messe : « Sancte Michaël Archangele, defende nos in prœlio » ; nous la redirons dans quelques instants au nom de toute l’Eglise.

   Mais avant de faire une telle prière, je vous donne à tous qui êtes ici présent, à vos familles et à toutes les personnes qui vous sont chères ma bénédiction, que j’étends aussi à ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme.

______________________________

(1) Col. 1, 16.
(2) Apoc. 12, 7-9.
(3) Cfr. Iud. 1, 9.
(4) Cfr. Dan. 12, 1.
(5)Matth. 16, 18.
(6) 1 Petr. 5, 8.
(7) 2 Cor. 4, 4.
(8) Eph. 6, 11-12.




lundi 19 septembre 2011

Neuvaine préparatoire à la Fête de St. Michel Archange (20-28 septembre)

Neuvaine à Saint Michel et aux neuf Chœurs des Anges

     Au témoignage du pieux archidiacre d'Évreux, M. Boudon, le plus ardent apôtre des saints Anges au XVIIème siècle, cette pratique de dévotion obtient "des grâces extraordinaires". Par elle, il a vu arriver "des choses merveilleuses... et la puissance des démons ruinée en des choses d'importance". Il atteste, en outre, que c'est un moyen très efficace pour obtenir les secours du Ciel dans les calamités publiques et dans les besoins particuliers. La Neuvaine à saint Michel et aux neuf chœurs des Anges peut-être faite en tout temps, en commun ou en particulier. Aucune formule n'est prescrite. Nous proposons, simplement, les prières ci-après. On peut, si on le préfère, en adopter d'autres. Aux conditions ordinaires, une indulgence plénière peut être gagnée au cours de la neuvaine (jour au choix), ou dans les huit jours suivants. Pie IX, 26 novembre 1876.

Chaque jour : Réciter le Confiteor, formuler votre demande, puis dire trois pater noster, trois Ave Maria, trois Gloria Patri. Terminer par la prière suivante (selon les jours)...

Premier jour. (en l'honneur des Séraphins)

     Prince très glorieux de la Milice céleste, Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat contre les princes et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants répandus dans l'air. Venez au secours des hommes que Dieu a faits à l'image de Sa propre Nature, et rachetés à grand prix de la tyrannie du démon. Ainsi soit-il. Exorcisme de Léon XIII

Deuxième jour. (en l'honneur des Chérubins)

     Saint Michel, Prince de la Milice des Anges, je vous invoque, exaucez-moi. Je vous supplie de prendre mon âme, au dernier jour, sous votre très sainte garde et de la conduire au lieu de rafraîchissement, de la paix et du repos, où les âmes des saints attendent dans la joie ineffable le jugement à venir et la gloire de la résurrection glorieuse. Que je parle ou me taise, que je veille, que je marche ou me repose, gardez-moi dans l'accomplissement de toutes mes oeuvres, dans tous les actes de ma vie. Préservez-moi des tentations des démons et des peines de l'enfer. Ainsi soit-il. D'après un manuscrit du XVème siècle.

Troisième jour. (en l'honneur des Trônes)

     Grand défenseur du peuple chrétien, Saint Michel Archange, pour remplir dignement la mission qui vous a été confiée de défendre l'Église, terrassez l'hérésie, exterminez les schismes et confondez l'incrédulité. Multipliez vos victoires sur les monstres infernaux qui veulent détruire notre foi. Que l'Église de Jésus-Christ accueille de nouveaux fidèles et s'agrège des royaumes entiers afin qu'elle puisse peupler le Ciel d'âmes élues, pour la plus grande gloire du divin Rédempteur, à qui vous-même devez vos triomphes, vos mérites et votre éternelle félicité. Ainsi soit-il. Prière de Léon XIII

Quatrième jour. (en l'honneur des Dominations)

     Ô vous, qui êtes le prince et le Porte-Étendard des bons Anges, assistez-moi toujours dans votre bonté et sauvez-moi. Des légions de l'ange des ténèbres préservez-moi, afin que, sous votre conduite, je partage la lumière des bons Anges. Devant le trône du Juge Suprême, soyez mon défenseur, plaidez ma cause et conjurez la colère du Juste Vengeur. Que, par vous, à mes travaux, à mon repos, à mes jours et à mes nuits soit donnée la prospérité; que ma pensée soit toujours prête pour les oeuvres de Dieu. Ainsi soit-il. Hymne du XIIème siècle.

Cinquième jour. (en l'honneur des Puissances)

     Saint Michel Archange, vous que la sainte Église vénère comme son gardien et protecteur, à vous le Seigneur a confié la mission d'introduire dans la céleste félicité les âmes rachetées. Priez donc le Dieu de paix d'écraser Satan sous nos pieds afin qu'il ne puisse plus retenir les hommes dans ses chaînes et nuire à l'Église. Présentez au Très-Haut nos prières, afin que, sans tarder, le Seigneur nous fasse miséricorde. Vous-même, saisissez le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et Satan, et jetez-le enchaîné dans l'abîme, pour qu'il ne séduise plus les nations. Ainsi soit-il. Exorcisme de Léon XIII.

Sixième jour. (en l'honneur des Vertus)

     Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au jour du redoutable jugement. prince très glorieux, souvenez-vous de nous, partout et toujours. Quand vous combattiez le dragon, on entendit dans le ciel la voix de ceux qui disaient : "Salut, honneur et gloire au Dieu Tout-Puissant !" La mer se souleva, la terre trembla, quand vous descendîtes du Ciel, venez au secours du peuple de Dieu. Ainsi soit-il. Traduit d'un Répons de Coutances.

Septième jour (en l'honneur des Principautés)

     Ô ! Saint Michel, Prince trois fois saint de la Milice sacrée, chargé par Dieu d'organiser et conduire les phalanges angéliques, très digne de tout culte, de toute louange et de tout éloge : éclairez mes sens intérieurs, fortifiez mon pauvre cœur agité par les tempêtes de cette vie, élevez vers les hauteurs de la céleste sagesse mon esprit incliné vers les choses de la terre; affermissez mes pas chancelants et ne permettez pas que j'abandonne le sentier qui conduit aux Cieux; guérissez les plaies de mon âme ; faites disparaître la trace de toutes les souffrances qu'engendrent en moi mes misères et mes malheurs. Ainsi soit-il. Prière de saint Sophrone.

Huitième jour (en l'honneur des Archanges)

     Archange Saint Michel, qui avez pour mission de recueillir nos prières, de diriger nos combats et de peser nos âmes, je rends hommage à votre beauté, -- si semblable à celle de Dieu, qu'après son Verbe éternel aucun autre esprit céleste ne vous est comparable, -- à votre pouvoir sans limites en faveur de ceux qui vous sont dévots; à votre volonté, harmonieusement unie à celle du Cœur Sacré de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie, pour le bien de l'homme (1). Défendez-moi contre les ennemis de mon âme et de mon corps. rendez-moi sensible au réconfort de votre assistance invisible et les effets de votre vigilante tendresse. Ainsi soit-il. (1) Vén. Philomène de Sainte-Colombe.

Neuvième jour (en l'honneur des Anges)

     Glorieux Archange Saint Michel, grand zélateur de la gloire de Dieu et protecteur de l'Église universelle, vous à qui le Tout-Puissant a confié la mission de recevoir les âmes à la sortie du corps pour les présenter au très juste Juge; daignez me secourir dans mon dernier combat. Accompagné de mon bon Ange gardien, venez à mon aide et chassez loin de moi tous les esprits infernaux. Ne permettez pas qu'ils m'épouvantent alors. Fortifiez-moi dans la Foi, l'Espérance et la Charité, afin que mon âme, portée par vous à son juge, soit introduite aussitôt au lieu du repos, pour y régner éternellement avec son Rédempteur, dans la société des Esprits bienheureux. Ainsi soit-il. D'après une antique formule de prière.

Nihil Obstat : Constantiis, die 18 a feb. 1949, L. Leridez c. d.

Imprimatur + Jean, Évêque de Coutances et Avranches



SUPPLIQUE A SAINT MICHEL ARCHANGE.


     Sancte Michael Archangele, defende nos in proelio, contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium. Imperet illi Deus, supplices deprecamur : tuque, Princeps militiae coelestis, Satanam aliosque spiritus malignos qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo, divina virtute in infernum detrude. Amen.

 
     Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat. Soyez notre soutien contre la perfidie et les embûches du démon. Que Dieu exerce sur lui son empire, nous le demandons en suppliant. Et vous, Prince de la milice céleste, refoulez en enfer par la vertu divine, Satan et les autres esprits mauvais qui errent dans le monde pour la perte des âmes. Ainsi soit-il.

     (Prière composée par Pie VI, et c’est Léon XIII qui conseilla de la réciter chaque jour à genoux. Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II récita cette supplique au nom de toute l’Eglise le 24 mai 1987, et sur la place Saint-Pierre lors du Regina Cœli du 24 avril 1994, invita à ne pas oublier, mais à la réciter pour obtenir d’être aidés dans le combat contre les forces des ténèbres et contre l’esprit du monde.)


mercredi 14 septembre 2011

15 septembre : Mémoire de Notre Dame des sept douleurs


Debout, la Mère douloureuse
Serrait la Croix, la malheureuse,
Où son pauvre enfant pendait.

Et dans son âme gémissante,
Inconsolable, défaillante,
Un glaive aigu s'enfonçait.

Ah ! qu'elle est triste et désolée,
La Mère entre toutes comblée !
Il était le Premier-Né !

Elle pleure, pleure, la Mère,
Pieusement qui considère
Son enfant assassiné.

Qui pourrait retenir ses pleurs
A voir la Mère du Seigneur
Endurer un tel Calvaire ?

Qui peut, sans se sentir contrit,
Regarder près de Jésus-Christ
Pleurer tristement sa Mère ?

Pour les péchés de sa nation,
Elle le voit, dans sa Passion,
Sous les cinglantes lanières.

Elle voit son petit garçon
Qui meurt dans un grand abandon
Et remet son âme à son Père.

Pour que je pleure avec toi,
Mère, source d'amour, fais-moi
Ressentir ta peine amère !

Fais qu'en mon cœur brûle un grand feu,
L'amour de Jésus-Christ mon Dieu,
Pour que je puisse lui plaire !

Exauce-moi, ô sainte Mère,
Et plante les clous du Calvaire
Dans mon cœur, profondément !

Pour moi ton Fils, couvert de plaies,
A voulu tout souffrir ! Que j'aie
Une part de ses tourments !

Que je pleure en bon fils avec toi,
Que je souffre avec lui sur la Croix
Tant que durera ma vie !

Je veux contre la Croix rester
Debout près de toi, et pleurer
Ton fils en ta compagnie !

O Vierge, entre les vierges claire,
Pour moi ne sois plus si amère :
Fais que je pleure avec toi !

Fais que me marque son supplice,
Qu'à sa Passion je compatisse,
Que je m'applique à sa Croix !

Fais que ses blessures me blessent,
Que je goûte à la Croix l'ivresse
Et le sang de ton enfant !

Pour que j'échappe aux vives flammes,
Prends ma défense, ô notre Dame,
Au grand jour du jugement !

Jésus, quand il faudra partir,
Puisse ta Mère m'obtenir
La palme de la victoire.

Et quand mon corps aura souffert,
Fais qu'à mon âme soit ouvert
Le beau paradis de gloire !