|
Notre Dame de la Médaille miracueluse |
LE SYMBOLISME
DE LA MEDAILLE MIRACULEUSE in Le message du Coeur de Marie à Sainte Catherine Labouré, par
Edmond Crapez, Lazariste.
1er symbole : Le serpent
Le premier et le plus apparent de ces divers symboles est " un
serpent de couleur verdâtre, avec des taches jaunes " que sainte
Catherine a remarqué sous le pied de la Vierge qui l'écrase.
La piété populaire ne se trompe pas, en désignant sous ce geste le privilège de
l'Immaculée-Conception, ainsi que l'a démontré un artiste catholique, Maurice
Vlogerg.
" La prédiction de la Genèse est à l'origine de cette symbolique. On
connaît le texte biblique ; " Je mettrai une inimitié entre toit et la
femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête et
tu la meurtriras au talon." (Genèse 111, 15.)
Qu'on rapporte l'acte d'écraser le serpent à la Femme, suivant le texte de
la Vulgate, ou, conformément à l'original hébreu, à la postérité de la Femme,
c'est-à-dire le Messie, l'oracle proclame de toutes manières le triomphe de
Marie sur la Bête." (La Vierge, notre médiatrice, p.10
Editions Arthaud, Grenoble.).
Saint-Pierre Fourier, au XVIIe siècle, "répandait des médailles où
le serpent, placé plus bas que le pied de Marie, encerclait de sa tête jusqu'à
sa queue le globe du monde ". Trait vraiment bien choisi pour attester
que la Mère de Dieu échappe à la malédiction universelle.
Marie semble avoir approuvé cette image, car c'est la même dont la soeur
Catherine Labouré vit l'empreite sur la Médaille miraculeuse.(1830). Depuis
cette apparition, le thème iconographique de la Vierge au reptile est fixé pour
longtemps." (Vlogerg, ibid.p.58-69.).
2e Symbole : La robe
La Vierge est habillé de blanc vêtue d'une robe de soie " blanche aurore
", montante, manches plates, taillée " à la Vierge ",
c'est-à-dire dans la simplicité qui épouse au cou, aux épaules, aux bras,
directement les formes du corps.
Ce deuxième symbole n'évoque-t-il pas l'autre aspect, l'aspect positif de
l'Immaculée Conception, à savoir la première grâce, la sainteté initiale du
Coeur de Marie ? L'introït de la Messe du 8 décembre place, en effet sur les
lèvres de l'Immaculée, ces paroles d'Isaie :
" Je me réjouirai avec effusion dans le Seigneur et mon âme sera ravie
d'allégresse en mon Dieu, car il m'a revêtue des ornements du salut, il m'a enveloppée
du manteau de justice, comme une épouse parée de ses joyaux." (Isaie,
61, v.10.).
3e Symbole : Le voile
Un voile blanc couvrait la tête de l'Apparition et descendait de chaque côté
jusqu'aux pieds.
Ce voile paraît bien signifier la consécration virginale du Coeur Immaculée de
Marie. L'usage du voile, dans l'Eglise, est spécialement réservé aux vierges
qui se donnent à Dieu dans la vie religieuse.
Peut-être pourrait-on y voir aussi une image de la " Vierge au manteau
", de la Mère de miséricorde, de la toute-puissante intercession de Marie,
telle qu'on la représentait avec les sarcasmes de la Réforme. "
Méprisée des esprits forts et des coeurs durs, l'image fut délaissée par l'art
et la dévotion ", (Vloberg, p. 129.). Marie aurait-elle voulu,
sous ce symbole, introduire l'idée de sa Médiation, qu'elle va préciser plus
loin jusqu'à l'évidence ?
4e Symbole : La
figure, les yeux
La figure, bien découverte, si belle que la voyante n'en pouvait dépeindre ou
exprimer la beauté ravissante, révèle l'éclat des vertus et privilèges de
Marie, au cours de sa vie mortelle.
Les yeux, tantôt élevés vers le ciel, tantôt baissés, sont le symbole
scripturaire de la piété, du recours à Dieu, surtout au milieu des dangers.
5e Symbole : Le Globe d'or
Que faut-il entendre par cette boule d'or, surmontée d'une petite croix d'or,
que Marie portait dans ses mains et offrait à Dieu ?
Ce globe, si proche du Coeur de chair de l'Immaculée, ne pourrait-il figurer
l'âme, le Coeur de Marie Elle-même : sa charité envers Dieu et envers les
hommes, sa maternité divine et spirituelle ; son fruit par excellence, la
Rédemption du monde ? Tel le tabernacle de l'ancienne alliance, recouvert de
lames d'or, au dedans et au dehors, auquel on a souvent comparé le Coeur de
Marie.
Ce globe surmonté de la Croix symbolise aussi les âmes renfermées dans le Coeur
de la Vierge et purifiées par le sang de Jésus qui y prend sa source.
" Cette boule que vous voyez représente le monde entier, la France
particulièrement et chaque personne en particulier." (Témoignage
de sainte Catherine Labouré).
Si l'on parle du globe terrestre entre les mains de la Très Sainte Vierge,
cette terre, entrevue par la voyante de 1830, ne serait-elle point la terre
virginale, bénie et sacerdotale, dont parle l'Hymne de Sexte, au petit office
de l'Immaculée Conception, c'est-a-dire le Coeur Immaculée de Marie sur lequel
est planté l'arbre de la Croix, par opposition à la terre maudite, qui est sous
les pieds de l'apparition, terre qu'enveloppe de ses replis tortueux l'infernal
serpent ?
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort déclare à plusieurs reprises :
" Je dis avec les Saints : Marie est le paradis terrestre du nouvel
Adam..., elle est cette terre vierge et bénie, dont Adam et Eve pécheurs ont
été chassés; elle ne donne entrée chez elle qu'à ceux et celles qu'il lui plaît
pour les faire devenir saints." (Traité de la Vraie Dévotion à
la Sainte Vierge n°6, 45.).
6e Symbole : Les mains étendues
Le globe a disparu, les mains se sont étendues, dans l'attitude reproduite par
le Médaille miraculeuse. C'est cette attitude que reproduira la Sainte Vierge,
à Lourdes, au jour de la gande apparition (25 mars 1858) ; c'est celle que
Marie prendra encore, durant l'apparition de Pontmain (17 janvier 1871), au
témoignage réitéré de Joseph Barbedette, l'un des petits voyants devenu Oblat
de Marie Immaculée.
Que signifie cette attitude ? Quel est le symbolisme de cette extension des
bras et des mains ?
Marie, à n'en pas douter, veut affirmer par ce geste le fait de sa céleste
médiation, de son intercession, de sa prière.
" Un fort mouvement s'est fait sentir, ces derniers temps, en faveur de
cette consolante vérité, à savoir que toutes les grâces nous viennent par l'intercession
de Marie, passant pour ainsi dire par ses mains maternelles ",
écrivait, en 1928, le cardinal Lépicier dans son ouvrage, édité à Rome, sur la
Vierge Immaculée, Corédemptrice, Médiatrice (p.7.).
Et il ajoutait :
" Depuis que cette Mère miséricordieuse a daigné se faire voir à
Catherine Labouré, dans la chapelle des Filles de Saint-Vincent-de-Paul, à
Paris, les mains étendues dans l'acte de faire pleuvoir d'abondantes grâces sur
le genre humain, la confiance dans la bonté et la puissance sans limites de
cette très aimable Mère a été croissant au sein du peuple chrétien, à telle
enseigne que, de nombreux endroits, sont parvenus au Siège Apostolique des
supppliques pour cette vérité de la médiation universelle de Marie soit définie
comme dogme de foi."(Ibid.).
7e Symbole : Les
anneaux, les rayons
La Vierge porte, à chaque main, quinze anneaux, revêtus d'autant de pierreries,
d'où jaillissent de toutes parts des rayons proportionnés, " de
manière que l'on ne voyait plus les pieds de la Sainte-Vierge ".
Quelle est la signification de ces quinze anneaux ornés de pierreries ?
On peut y voir, avec le P.Gasnier, o.p., un symbole des quinze mystères du
Rosaire.
" L'émouvante randonnée de Notre-Dame du Rosaire commence à Paris, chez
les Filles de Saint Vincent de Paul, rue du Bac. Là elle évoque sa médiation
et, nous montrant ses mains ornées de quinze anneaux desquels ruissellent des
flots de grâces, elle laisse entendre de quelles richesses sont chargés les
mystères du Rosaire." (Rosaire et Apparitions mariales, p.4.).
À Lourdes, l'Apparition demande à Bernadette de venir durant quinze jours; à
Pellevoisin, elle fera pareillement quinze visites à Estelle Faguette.
Il y a plus et "l'histoire va nous fournir une donnée complémentaire qui
renforce l'interprétation. Dans bien des foyers, on conserve, dans le coffret
des souvenirs de famille, un anneau semblable à ceux qui paraient les doigts de
la Vierge de la rue du Bac. C'est le chapelet dont se servait un lointain
aïeul.
En 1830, c'était l'instrument dont on se servait pour compter les AVE du
Rosaire. L'on passait à l'index de la main droite cet anneau recouvert de dix
grains ou perles, et avec le pouce de la même main, on le faisait tourner pour
scander les dizaines. C'était donc bien un rosaire complet de quinze dizaines
que Notre-Dame portait à chacune de ses mains. Et par conséquent c'est à la
prière du Rosaire que doit s'appliquer le symbolisme de cette scène. Le Rosaire
lui plaît tellement qu'elle s'en revêt comme d'une parure. Par-dessus toutes
les autres prières il a tant d'efficacité qu'il fait jaillir des mains de la
Médiatrice sur nos âmes une immense pluie de grâces."(Ibib.p.7.).
Comme si elle voulait montrer dans la récitation du chapelet l'un des plus
précieux exercices en l'honneur de sa maternelle médiation.
Quant aux rayons, la voyante ne savait exprimer leur beauté, leur éclat. Mais
une voix du ciel, la parole de Marie elle-même, en donnait la signification :
"C'est le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me
les demandent."
Et " les pierreries d'où il ne sort pas de rayons, ce sont des
grâces que l'on oublie de me demander ".
8e Symbole : Une boule blanche sous les pieds
La Sainte Vierge était debout, les pieds appuyés sur une boule blanche,
c'est-à-dire une moitié de boule, ou du moins il ne m'a paru que la moitié, dit
la soeur.
Voici l'explication donnée par M. Chevalier :
" Interrogée si elle voyait encore le globe dans les mains de la Sainte
Vierge, lorsque les gerbes lumineuses jaillissaient de tous les côtés, soeur
Catherine répondit qu'il ne rstait plus que les rayons; et quand la Sainte
Vierge parle du globe, elle désigne celui qui est sous ses pieds et il n'est
plus question du premier... Le petit globe que la Très Sainte Vierge porte dans
ses mains, et le grand qui la porte elle-même, sont l'un et l'autre inondés des
mêmes rayons éblouissants ou enrichis des mêmes grâces. L'auguste Marie semble
seulement indiquer par la figure du petit globe celle de l'univers sont la
forme imparfaite se cache sous ses pieds. Elle vient en quelque sorte rappeler
qu'elle est la Reine toute miséricordieuse du genre humain." (La
médaille Miraculeuse, 10e édition, p.78.).
9e Symbole : L'M et les deux coeurs
Au moment où les mains de Marie se sont inclinées sous le poids des rayons, ses
yeux se sont baissés, un tableau, de forme ovale, s'est formé autour de
l'apparition et une inscription s'est gravée en lettres d'or :
" Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à
vous." Une voix s'est fait entendre :
" Faites, frapper une médaille sur ce modèle."
Le tableau s'est retourné et, au revers de la médaille, la soeur aperçut l'M et
les deux coeurs et comprit plus tard que cet M et ces deux Coeurs "
en disent assez ".
Leur langage est celui du sacrifice, de la Vierge au pied de la croix, de la
Vierge au Coeur transpercé, en un mot de la Vierge Corédemptrice ou
Réparatrice, qui complète par l'offrande de ses mérites, de ses douleurs,
l'efficacité de sa prière, de son intercession.
10e Symbole : Les douze étoiles
Ne pourrait-on voir ici une invitation au culte, à l'apostolat de la dévotion
au Coeur de Marie et, par lui, au Coeur de Jésus ? " Ceux qui
auront été intelligents - dit le livre de Daniel - brilleront comme la
splendeur du firmament et ceux qui auront rendu justes un grand nombre
brilleront comme les étoiles, toujours et éternellement." (X11,3.).
Le chiffre des douze étoiles semble bien évoquer l'idée des apôtres. Saint
Grignion de Montfort n'a-t-il point parlé de ces apôtres des derniers temps
qui " auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la
parole de Dieu, porteront sur leurs épaules l'étendard ensanglanté de la Croix,
le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la main gauche, les sacrés
noms de Jésus et de Marie sur leur coeur, et la modestie dans toute leur
conduite."(Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge, no 59.).
Et le saint auteur d'ajouter : " Voilà de grands hommes qui viendront,
mais que Marie fera par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui
des impies, idolatres et mahométans. Mais quand et comment cela se fera-t-il
?...Dieu seul le sait : c'est à nous de nous taire, de prier, soupirer et
attendre." (ibid.).