et des ordinations
presbytérales de Frère Samuel et de Jimmy Faucillers
Ludovic, Jimmy, Frère Samuel, vous nous
invitez à vivre vos ordinations diaconales et presbytérales dans le cadre de la
fête de la naissance de Saint Jean Baptiste.
Jésus
dit de lui, son cousin, qu’il est le plus grand de tous les prophètes. Sa
naissance manifeste la fidélité de
l’amour de Dieu pour notre humanité. Comme l’écrit le prophète Isaïe, Dieu
anticipe toujours, avant que nous en ayons conscience, les bienfaits dont Il
nous comble. «J’étais encore dans le sein
maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de
ma mère quand il a prononcé mon nom».
Jean
est ainsi choisi par Dieu dans la
réalisation de son projet de salut à notre égard. La naissance de cet
enfant chez ce couple âgé d’Elisabeth et de Zacharie est un don merveilleux de
Dieu, en conformité à la promesse qu’ils
ont reçue. Tous deux en donnent un signe incontournable. La mère et le père
de l’enfant, sans concertation préalable, à l’étonnement général de leur
entourage, décident le même prénom pour leur enfant. «Il s’appellera Jean», déclare la mère. Son nom est Jean, écrit
Zacharie sur la tablette qu’on lui tend avant de retrouver aussitôt la parole. Jean est choisi par Dieu pour préparer son
Peuple élu à accueillir l’Unique Sauveur attendu depuis longtemps, le Messie
promis aux ancêtres.
Jimmy,
Samuel, Ludovic, vos cheminements sont différents. Ils sont pour nous l’expression de la fidélité même de Dieu à
l’égard de son Eglise. Quelques soient leurs situations, Jésus appelle toujours des hommes à tout
quitter pour le suivre, pour devenir pécheurs d’hommes, pour être pasteurs de
ses brebis. Cet après-midi, la prière joyeuse et fervente de notre assemblé
traduit notre action de grâce.
Samuel,
Ludovic, Jimmy, vous êtes pour notre
Eglise diocésaine un don de Dieu. Ni vous, ni nous n’avons à en tirer orgueil !
Nous avons conscience que ce don est gratuit. Il nous incite à poursuivre notre prière pour accueillir les
vocations dont nous avons besoin. Ce sera d’ailleurs l’accent majeur de
notre démarche pastorale, l’an prochain,
tout en poursuivant notre engagement dans l’Année Sainte de la miséricorde.
Messe du Pape saint Grégoire le Grand ; vision du Christ en sa Passion |
Notre prière est aussi une prière
d’intercession ! Nous demandons à Dieu que, grâce à l’Esprit Saint qui vous
consacre dans le «ministère ordonné», vous accomplissiez les missions qui vous
seront confiées avec courage, disponibilité, simplicité et obéissance, comme
vous allez le promettre. Evangéliser, c’est faire
retentir cet appel à accueillir le Christ. Pour cela, il convient d’abord de
l’accueillir soi-même au cœur d’une Eglise diocésaine unie et fraternelle.
La
mission de Jean Baptiste se déroule dans le désert. Un lieu d’épreuves où
l’être humain, éloigné de ses contemporains, est seul dans sa rencontre avec
Dieu et où toutes sortes de difficultés peuvent surgir.
Notre diocèse connaît des zones
rurales qui se dépeuplent. N’ayez aucune crainte ! Vous ne serez jamais seul
dans un désert géographique. Par contre, vous pourrez faire
l’expérience de déserts d’un autre type ! Les déserts culturels, païens : bon nombre de nos contemporains
manquent de repères pour vivre, cherchent un sens à leur existence, d’autres
vivent dans la révolte, l’indifférence ou se réfugient dans l’instant présent,
en zappant dès qu’ils en ont envie ! Il existe aussi celles et ceux qui
subissent des conditions de vie douloureuses, injustes, précaires à cause des
violences, de la maladie, du chômage, du manque de logements ou de papiers… Dieu n’est pas connu ou semble absent dans
ces différents univers. Ceux qui s’y trouvent sont tout autant que nous aimés
de Dieu (ils ont eux aussi droit à sa tendresse). Nous avons par la parole et des gestes concrets à leur annoncer la joie
de l’Evangile ; l’Evangile de l’espérance, comme nous l’a évoqué le Fère
Bernard, le prédicateur de notre retraite spirituelle à la Trappe.
Ordination des premiers diacres par Saint Pierre, vitrail |
Il serait présomptueux de laisser
penser que nous avons la solution pour ces situations de détresses, que nous
répondons à toutes les questions qui se posent. Nous ne
savons pas avec clarté ce que sera l’avenir de notre humanité et ce que sera
l’Eglise en son sein. Ce qui demeure essentiel, c’est que nous savons en qui
nous avons mis notre espérance. Notre
espérance, nous la mettons en Jésus le «Bon Pasteur». Il est et sera toujours
avec nous.
Lors
du jubilé des prêtres et des séminaristes qui a eu lieu à Rome, au cours de la
messe de la Solennité du Sacré Coeur, le Pape François a invité les
participants à regarder vers où pointe la boussole du cœur d’un prêtre. Devant le Cœur de Jésus naît
l’interrogation fondamentale de notre vie sacerdotale : où est orienté mon cœur
?
Le
ministère observe, le Pape François, est souvent rempli de multiples
initiatives qui l’exposent sur de nombreux fronts: de la catéchèse à la liturgie, à la charité, aux engagements pastoraux
et aussi administratifs. Parmi tant d’activités, demeure la question : où est fixé
mon cœur ? La réponse du Pape est claire et simple ! Le cœur du pasteur du
Christ connaît seulement deux directions : «le Seigneur et les gens».
Messieurs les abbés, tout est prêt ! |
Le cœur du prêtre est un cœur
transpercé par l’amour du Seigneur. Pour cela, il ne se
regarde plus lui-même, il est tourné vers Dieu et ses frères. Ce n’est plus un cœur instable qui se
laisse attirer par la suggestion du moment ou qui va, çà et là, en cherchant
des consensus et de petites satisfactions. C’est au contraire un cœur établi
dans le Seigneur, captivé par l’Esprit Saint, ouvert et disponible aux frères.
Tous
les trois au Séminaire, vous avez bénéficié, pour votre vie spirituelle, du
soutien d’un père spirituel et de la
communauté avec des horaires fixes. Dans
le ministère, vous devrez désormais établir ces appuis qui sont indispensables.
La qualité de notre propre vie spirituelle imprègne notre ministère, à savoir
ces deux directions dont parle le Pape François : le Seigneur et les gens.
C’est
de notre être profond dont nous devons prendre soin pour demeurer unis au Christ et au service de nos frères. Nous sommes d’abord au Christ pour être à nos frères.
Veillez à ne pas vous laisser emporter par le
torrent de tout ce qu’il y aurait à entreprendre ! Privilégiez votre intimité avec le Christ : dans la prière,
l’adoration, la méditation de la Parole
de Dieu ; les sacrements : de la
réconciliation et de l’eucharistie. Ne restez pas seuls !
C’est
ainsi que l’Esprit Saint vous éclairera dans les discernements à opérer pour la
mission qui vous est confiée.
C’est ainsi que vous serez des
pasteurs selon le Cœur de Jésus, rayonnant la joie et l’amour miséricordieux du
Père.
+ Christian NOURRICHARD
Evêque d’Evreux
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