" Par moi règnent les rois, par moi les princes exercent
l’empire." (Prov.
VIII, 15-16.). Cette parole
descendue des cieux, vous l'avez comprise, Ô Henri ! En des temps pleins de
crimes, vous avez su où étaient pour vous le conseil et la force (Ibid.
14.). Comme Salomon vous ne
vouliez que la Sagesse, et comme lui vous avez expérimenté qu'avec elle se
trouvaient aussi les richesses et la gloire et la magnificence (Ibid.
18.) ; mais plus heureux que
le fils de David, vous ne vous êtes point laissé détourner de la Sagesse
vivante par ces dons inférieurs qui, dans sa divine pensée, étaient plus
l'épreuve de votre amour que le témoignage de celui qu'elle-même vous portait.
L'épreuve, Ô Henri, a été convaincante : c'est jusqu'au bout que vous avez
marché dans les voies bonnes, n'excluant dans votre âme loyale aucune des
conséquences de l'enseignement divin ; peu content de choisir comme tant
d'autres des meilleurs les pentes plus adoucies du chemin qui mène au ciel,
c'est par le milieu des sentiers de la justice (Ibid. 20.) que, suivant de plus près l'adorable Sagesse,
vous avez fourni la carrière en compagnie des parfaits.
Qui donc pourrait trouver mauvais ce
qu'approuve Dieu, ce que conseille le Christ, ce que l'Eglise a canonisé en
vous et dans votre noble épouse ? La condition des royautés de la terre n'est
pas lamentable à ce point que l'appel de l'Homme-Dieu ne puisse parvenir à
leurs trônes ; l'égalité chrétienne veut que les princes ne soient pas moins
libres que leurs sujets de porter leur ambition au delà de ce monde. Une fois
de plus, au reste, les faits ont montré dans votre personne, que pour le monde
même la science des saints est la vraie prudence (Prov. IX, 10.).
En revendiquant votre droit d'aspirer aux
premières places dans la maison du Père qui est aux cieux, droit fondé pour
tous les enfants de ce Père souverain sur la commune noblesse qui leur vient du
baptême, vous avez brillé comme un phare éclatant sous le ciel le plus sombre
qui eût encore pesé sur l'Eglise, vous avez relevé les âmes que le sel de la
terre, affadi, foulé aux pieds, ne préservait plus de la corruption (Matth.
V, 13-16.). Ce n'était pas à vous
sans doute qu'il appartenait de réformer directement le sanctuaire ; mais,
premier serviteur de la Mère commune, vous saviez faire respecter intrépidement
ses anciennes lois, ses décrets nouveaux toujours dignes de l'Epoux, toujours
saints comme l'Esprit qui les dicte à tous les âges : en attendant la lutte
formidable que l'Epouse allait engager bientôt, votre règne interrompit la prescription
odieuse que déjà Satan invoquait contre elle.
En cherchant premièrement pour vous le royaume de Dieu et sa justice (Ibid. VI, 33.), vous étiez loin également de frustrer votre patrie d'origine et le pays
qui vous avait appelé à sa tête. C'est bien à vous entre tous que l'Allemagne
doit l'affermissement chez elle de cet Empire qui fut sa gloire parmi les
peuples, jusqu'à ce qu'il tombât dans nos temps pour ne plus se relever nulle
part. Vos œuvres saintes eurent assez de poids dans la balance des divines
justices pour l'emporter, lorsque depuis longtemps déjà vous aviez quitté la
terre, sur les crimes d'un Henri IV et d'un Frédéric II, bien faits pour
compromettre à tout jamais l'avenir de la Germanie.
Du trône que vous occupez dans les cieux, jetez un regard de
commisération sur ce vaste domaine du Saint-Empire, qui vous dut de si beaux
accroissements, et que l'hérésie a désagrégé pour toujours ; confondez les
constructeurs nouveaux venus d'au delà de l'Oder, que l'Allemagne des beaux
temps ne connut pas, et qui voudraient sans le ciment de l'antique foi relever
à leur profit les grandeurs du passé ; préservez d'un affaissement plus
douloureux encore que celui dont nous sommes les témoins attristés, les nobles
parties de l'ancien édifice restées à grand'peine debout parmi les ruines.
Revenez, Ô empereur des grands âges, combattre pour l'Eglise ; ralliez les
débris de la chrétienté sur le terrain traditionnel des intérêts communs à
toute nation catholique : et cette alliance, que votre haute politique avait
autrefois conclue, rendra au monde la sécurité, la paix, la prospérité que ne
lui donnera point l'instable équilibre avec lequel il reste à la merci de tous
les coups de la force.
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