Dans un certain nombre de calendriers propres, l’un des premiers jours
« libres » (c’est-à-dire sans célébration particulière) après la fête
de tous les Saints – souvent le 5 novembre (en forme extraordinaire du rite romain) -,
est un jour consacré à honorer les Saintes Reliques conservées
dans l’église ou dans l’oratoire.
~ Si notre
situation actuelle ne nous permet pas de faire, dans l’oratoire du Mesnil-Marie, une exposition solennelle de toutes les
reliques qui sont conservées dans la grande armoire de la sacristie, afin
qu’une communauté ou un groupe de fidèles se relaye devant elles toute la
journée dans une espèce de « garde d’honneur », notre Frère a tout de
même tenu à les vénérer ce matin à la fin de l’oraison… ~ dès les premiers
temps de l’Eglise, dans les catacombes, on avait pris l’habitude de célébrer
les Saints Mystères sur la tombe des martyrs, particulièrement au jour
anniversaire de leur glorieux trépas.
La foi de l’Eglise manifestait ainsi que le sacrifice des martyrs était uni à
celui de leur divin Rédempteur et que si « aux yeux des
insensés ils ont paru mourir, et leur départ de ce monde a semblé un malheur…
ils sont dans la paix. Alors même que, devant les hommes, ils ont subi des
châtiments, leur espérance était pleine d’immortalité… Car Dieu les a éprouvés
et les a trouvés dignes de Lui : il les a éprouvés comme l’or dans la fournaise
et les a agréés comme un parfait holocauste » (Sap. III, 2-5).
Dès les
premiers temps aussi, les fidèles conservaient avec ferveur les objets qui
avaient trait aux supplices des martyrs (on voit ainsi dans le récit du martyre
de Sainte Cécile, par exemple, que les gens de sa maison imbibent des toiles
avec le sang que la Sainte est en train de répandre).
Après la
pacification qui suivit l’édit de Milan (en 313), le culte se développa et on
éleva de grandes églises sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul, et sur
celles d’autres saints particulièrement vénérés comme Saint Sébastien, Sainte
Agnès… etc.
Sainte Hélène, mère de Saint Constantin 1er le Grand, fit rechercher en Terre
Sainte les lieux et les objets qui étaient liés à la vie et à la mort de
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Les basiliques qu’on éleva à cette époque furent donc comme de grands
reliquaires dans lesquels étaient conservés les tombeaux des Saints ou des
objets particulièrement précieux pour la foi chrétienne (la Sainte Croix et les
objets de la Passion, le Saint Sépulcre, la grotte de la Nativité… etc.).
Dès ce
moment-là aussi on procéda à des « translations » de
corps ou d’objets saints : lorsque le lieu de la sépulture ne se prêtait
pas à la construction du lieu de culte envisagé, ou quand (en raison de la
longueur et des difficultés des voyages) on préféra dédoubler les lieux de
vénération et que l’on commença pour cela à partager les reliques.
Un peu plus
tard, au moment des invasions barbares ou normandes, les craintes liées aux
destructions et aux pillages furent également l’occasion de translations des
reliques, donnant parfois lieu à des processions solennelles, à des miracles
retentissants aussi, et à une extension de la dévotion envers le saint dont on
avait transporté le corps.
La célébration
des Saints Mystères sur la tombe même des martyrs est aussi à l’origine de
l’usage de la translation des reliques pour les cérémonies de consécration des
églises et des autels : il devint même obligatoire d’insérer des reliques des
saints dans la table de pierre consacrée, au creux d’une petite cavité
(appelée tombeau) que l’évêque consécrateur scelle solennellement.
Le
développement des fruits de sainteté dans l’Eglise et l’accroissement du nombre
des Saints entraînèrent aussi bien sûr le développement du culte des reliques.
On a distingué
les reliques par « classes » :
a) sont
considérées comme reliques de « première classe » les
corps des saints ou les fragments importants de ces corps (crâne – on parle du
chef – , ossements entiers) ;
b) les reliques
de « deuxième classe » sont les fragments d’os, les
parcelles des cendres funéraires, les cheveux, ou encore les objets qui ont
appartenu aux saints – comme leurs vêtements – ou enfin les instruments mêmes
de leur martyre ;
c) les reliques
de « troisième classe » sont des objets qu’on a mis en
contact avec le corps du saint, son tombeau ou sa châsse, ou encore le liquide
parfumé (souvent appelé myrrhe) qui coule parfois de leur dépouille mortelle.
La vénération
des saintes reliques appartient au culte de « dulie » -
ce n’est pas un culte d’adoration mais de vénération, l’adoration
n’étant due qu’à Dieu seul – , mais c’est en outre un culte que l’on dit « relatif
», parce que, à travers la relique, il s’adresse en réalité à
la personne du Saint, et non à l’objet lui-même.
La vérification
de l’authenticité des reliques est indispensable avant de les proposer à la
vénération des fidèles : cette authentification est confiée aux cardinaux, aux évêques,
à certains prêtres spécialement autorisés (supérieurs majeurs des religieux ou
vicaires généraux dans certains cas).
Cette authenticité est
certifiée par un document écrit – qu’on nomme un « authentique » -
et par les sceaux qui ferment le reliquaire. Il est admis que
l’on peut continuer à proposer des reliques à la vénération des fidèles lorsque
ce certificat d’authenticité a été détruit ou perdu, à la condition que les
sceaux du reliquaire soient intacts.
Toutes ces
reliques constituent comme une « présence » de tous ces Saints ~, et
c’est un vrai bonheur de redire aujourd’hui la collecte de la messe propre en
leur honneur :
Augmentez en nous, Seigneur, la foi en la résurrection, ô Vous qui opérez
des merveilles par les reliques de vos Saints : et rendez-nous participants de
la gloire immortelle dont nous vénérons le gage dans leurs cendres : nous Vous
le demandons par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui vit et règne avec
Vous dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il !
in http://leblogdumesnil.unblog.fr
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