Vénérable Henri Marie Boudon, « Dieu partout présent », Chap. VIII, Exercice de la présence de Dieu
Le combat des Anges contre les démons, enluminure |
Cet exercice de la présence de Dieu fait que l’on s’acquitte saintement des bonnes actions, qui souvent se font avec une négligence lamentable. Il serait à désirer que l’on se servit au commencement des prières, et lorsque l’on récite l’Office au commencement de chaque heure.
Certainement si on considérait bien la Majesté infinie de Dieu présent à qui l’on parle : on se garderait bien de le prier avec une telle précipitation de paroles, que l’on passerait pour ridicule si on parlait de la même manière à un valet. C’est ce qui arrive même en la célébration des Mystères Divins, et les enfants ou autres qui répondent, particulièrement lorsque l’on récite les versets qui se disent immédiatement après le « Confiteor » au commencement de la sainte Messe, au « Kyrie eleison », le font avec tant de vitesse que les hérétiques en ont fait un sujet de leurs railleries. O si les Prêtres faisaient une sérieuse attention aux Mystères redoutables qui se passent en la sainte Messe, au grand Dieu des éternités qui se rend présent entre leurs mains, dans quels anéantissements ne seraient-ils pas ? Avec quels respects tous les peuples ne feraient-ils pas leurs prières ?
Les distractions involontaires, et qui ne sont pas causées par quelques attachements ne doivent pas embarrasser, ou par trop d’épanchement dans les choses extérieures. Il faut donner le temps à ce qui est nécessaire dans l’ordre de Dieu, et ne négliger rien des obligations de son état. Mais il faut retrancher les occupations inutiles, et ne donner que le nécessaire à ce qui est de notre obligation. Il faut retirer son esprit de tous les embarras inutiles des créatures qui sont la cause de notre oubli du Créateur. Il faut ôter de son cœur toutes les affections qui en divertissent. Le trop de préférence des créatures nous prive de la présence de Dieu.
Si nous veillons bien à retrancher les occupations qui ne sont pas nécessaires, nous trouverions du temps pour nous occuper des choses célestes. Se peut-on figurer un aveuglement plus étrange que celui des ces gens qui disent qu’ils ont trop d’affaires, et qu’ils n’ont pas le loisir de donner quelque heure pour méditer saintement sur les affaires éternelles. Ces gens ne trouvent-ils pas le temps de dormir, de boire, et de manger, de faire des visites, et d’en recevoir, et de s’entretenir avec les hommes ?
Après tout c’est un honneur si grand, que celui que Dieu nous fait de vouloir bien nous permettre, chétifs néants que nous sommes, de le regarder, de l’entretenir, qu’il n’y a point de peine que nous ne devrions souffrir avec joie pour avoir cette grâce. Ainsi il faut porter avec patience, et en paix l’importunité des distractions, l’ennui, et la privation du sentiment, et de toute consolation : souvent il arrive que dans les commencements la présence de Dieu est plus sensible, et que dans la suite du temps les sens n’y ont pas part. Mais la foi nous doit suffire. Si l’on considère les peines que se donnent les courtisans des Rois, et le plaisir qu’ils ont s’ils leurs disent quelque parole après avoir employé bien du temps à leur faire la cour, on verra très clairement que tout ce que l’on souffre est très peu de chose dans l’exercice de la présence de Dieu.
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