Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Lettre 132, à
Céline
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Jésus
Ma Céline chérie,
Voilà la quatrième fois que je viens te
souhaiter ta fête depuis que je suis au Carmel...
Il me semble que ces quatre années ont
encore resserré les liens qui nous unissaient si étroitement. Plus nous avançons dans la vie plus nous
aimons Jésus, et comme c’est en Lui que nous nous chérissons voilà pourquoi
notre affection devient si forte, que c’est plutôt L’unité que l’union qui
existe entre nos deux âmes !... Céline, que faut-il que je te dise, ne
sais-tu pas tout ?... Oui mais je veux te dire pourquoi les Célines ont
fleuri plus tôt cette année. Jésus me l’a fait sentir ce matin pour ta fête.
Tu as sans doute remarqué que jamais l’hiver n’avait été si rigoureux que
l’année dernière, par conséquent toutes les fleurs ont été retardées dans leur
épanouissement, c’était tout naturel et personne n’a songé à s’en étonner.
Mais il y a une petite fleur mystérieuse que Jésus s’est réservée pour
instruire nos âmes.
Cette fleur c’est la fleur Céline...
contrairement aux autres elle s’est épanouie un mois avant l’époque de sa
floraison... Céline, comprends-tu le langage de ma petite fleur chérie... la fleur
de mon enfance... la fleur des souvenirs ?!!!... Les frimas, la rigueur de
l’hiver au lieu de la retarder l’ont fait pousser et fleurir... Personne n’y a
fait attention, cette fleur est si
petite, si peu brillante... seules les abeilles connaissent les trésors que
renferme son mystérieux calice, composé d’une multitude de petits calices aussi
riches les uns que les autres...
Thérèse, comme les abeilles, a compris
ce mystère. L’hiver c’est la souffrance,
la souffrance incomprise, méconnue, regardée comme inutile par les yeux
profanes, mais féconde et puissante aux regards de Jésus et des Anges qui comme
des abeilles vigilantes savent recueillir le miel contenu dans les mystérieux
et multiples calices qui figurent les âmes ou plutôt les enfants de la virginale
petite fleur...
Céline, il me faudrait des volumes pour
écrire tout ce que je pense sur ma petite fleur... pour moi elle est si bien l’image
de ton âme, oui Jésus a fait passer les
frimas sur elle au lieu du chaud soleil de ses consolations mais l’effet
attendu par Lui s’est produit ; la petite plante a grandi et a fleuri
presque tout d’un coup...
Céline, quand une fleur est épanouie il ne reste qu’à la cueillir mais
quand et comment Jésus cueillera-t-Il sa petite fleur ?... Peut-être la
couleur rosée de sa corolle indique-t-elle que ce sera par le martyre ! Oui
je sens mes désirs renaître. Peut-être
Jésus voudra-t-il bien, après nous avoir demandé pour ainsi dire Amour pour
amour, nous demander encore sang pour sang et vie pour vie...
En attendant il faut laisser les abeilles puiser tout le miel des petits calices, ne
rien garder, tout donner à Jésus et puis ensuite nous dirons, comme la fleur au
soir de notre vie, "Le soir voici le soir ", alors ce sera fini... Et
aux frimas succéderons les doux rayons du Soleil, aux larmes de Jésus les
sourires éternels...
Ah !
ne refusons pas de pleurer avec lui pendant un jour puisque nous jouirons de sa
gloire pendant une éternité !... Petite fleur chérie, comprends-tu ta
Thérèse !...
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