vendredi 6 juillet 2018

Sainte Maria Goretti, vierge et martyre de la pureté


Extraits du message du pape saint Jean-Paul II à l’évêque d’Albano à l’occasion du centenaire de la mort de Sainte Maria Goretti

A mon Vénéré frère Mgr Agostino VALLINI, Evêque d’Albano

Il y a cent ans, le 6 juillet 1902, à l’hôpital de Nettuno, mourait Maria Goretti, sauvagement poignardée le jour précédent dans le petit village de Le Ferriere, dans l’Agro Pontino. En raison de son histoire spirituelle, de la force de sa foi, de sa capacité à pardonner son bourreau, elle figure parmi les saintes les plus aimées du XXème siècle. […]

Sainte Maria Goretti fut une jeune fille à laquelle l’Esprit de Dieu accorda le courage de rester fidèle à la vocation chrétienne, jusqu’au sacrifice suprême de la vie. Son jeune âge, le manque d’instruction scolaire et la pauvreté du milieu dans lequel elle vivait n’empêchèrent pas à la grâce de manifester ses prodiges en elle. […]

Maria Goretti, née à Corinaldo, dans les Marches, le 16 octobre 1890, dut très tôt prendre la route de l’émigration avec sa famille, arrivant, après plusieurs étapes, à Le Ferriere di Conca, dans l’Agro Pontino. Malgré les problèmes liés à la pauvreté, qui ne lui permirent pas d’aller à l’école, la petite Marie vivait dans un milieu familial serein et uni, animé par la foi chrétienne, où les enfants se sentaient accueillis comme un don et étaient éduqués par  leurs  parents  au respect d’eux-mêmes et des autres, ainsi qu’au sens du devoir accompli par amour de Dieu. Cela permit à la petite fille de grandir de façon sereine en nourrissant en elle une foi simple, mais profonde. L’Eglise a toujours reconnu à la famille le rôle primordial et fondamental de lieu de sanctification pour ceux qui en font partie, à commencer par les enfants.

Dans l’homélie pour sa canonisation, le Pape Pie XII, de vénérée mémoire, indiqua Maria Goretti comme "la petite et douce martyre de la pureté" (cf. Discours et radio-messages, XII [1950-1951], 121), car malgré la menace de mort, elle ne manqua pas au commandement de Dieu.

Quel exemple lumineux pour la jeunesse! La mentalité privée d’engagements, qui envahit une grande partie de la société et de la culture de notre temps, a parfois du mal à comprendre la beauté et la valeur de la chasteté. Il ressort du comportement de cette jeune sainte une perception élevée et noble de sa propre dignité et de celle d’autrui, qui se reflétait dans les choix quotidiens, en leur conférant pleinement leur sens humain. N’y a-t-il pas en tout cela une leçon d’une grande actualité? Face à une culture qui accorde trop d’importance à l’aspect physique de la relation entre homme et femme, l’Eglise continue à défendre et à promouvoir la valeur de la sexualité comme un élément qui touche chaque aspect de la personne et qui doit donc être vécu selon une attitude intérieure de liberté et de respect réciproque, à la lumière du dessein originel de Dieu. Dans cette perspective, la personne se découvre être à la fois la destinataire d’un don et appelée à devenir, à son tour, un don pour l’autre. […]

Il est indéniable que l’unité et la stabilité de la famille humaine doivent aujourd’hui faire face à de nombreuses menaces. Mais, heureusement, à côté de celles-ci, on constate une conscience renouvelée des droits des enfants à être élevés dans l’amour, protégés de tous les types de dangers et formés de façon à pouvoir, à leur tour, affronter la vie avec force et confiance.

La sainte Famille, modèle de toutes les familles chrétiennes
Dans le témoignage héroïque de la sainte de Le Ferriere, le pardon offert à l’assassin et le désir de pouvoir le retrouver, un jour, au paradis est également digne d’une attention particulière. Il s’agit d’un message spirituel et social d’une importance extraordinaire pour notre temps.

[…] Puisse l’humanité avancer de façon décidée sur la voie de la miséricorde et du pardon! L’assassin de Maria Goretti reconnut la faute commise, il demanda pardon à Dieu et à la famille de la martyre, il expia avec conviction son crime et garda pendant toute sa vie cette disposition d’esprit. La mère de la sainte, pour sa part, lui offrit sans réticence le pardon de la famille, dans la salle du tribunal où se tint le procès. Nous ne savons pas si ce fut la mère qui enseigna le pardon à sa fille ou le pardon offert par la martyre sur son lit de mort qui détermina le comportement de sa mère. Il est toutefois certain que l’esprit de pardon animait les relations au sein de toute la famille Goretti, et c’est pourquoi il put s’exprimer avec tant de spontanéité chez la martyre et sa mère.

Ceux qui connaissaient la petite Maria, dirent le jour de ses funérailles:  "Une sainte est morte!". Son culte s’est diffusé sur tous les continents, suscitant partout l’admiration et la soif de Dieu. […]

Je montre l’exemple de cette sainte en particulier aux jeunes, qui sont l’espérance de l’Eglise et de l’humanité. A la veille, désormais, de la XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse, je désire leur rappeler ce que j’ai écrit dans le Message qui leur était adressé en préparation à cet événement ecclésial tant attendu:  « Au plus fort de la nuit, on peut se sentir apeuré et peu sûr, et l’on attend alors avec impatience l’arrivée de la lumière de l’aurore. Chers jeunes, il vous appartient d’être les sentinelles du matin (cf. Is 21, 11-12) qui annoncent l’arrivée du soleil qui est le Christ ressuscité!" (n. 3). » […]

Du Vatican, le 6 juillet 2002


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