Je vous salue, Marie, dont le nom semble indiquer
l'abondance infinie des louanges que vous méritez. Car quelque innombrables que
soient les éloges que l'on puisse faire de vous, jamais on ne parviendra à exprimer ce qui convient à votre dignité.
Je vous
salue, grande reine, qui avez obtenu
de dominer, par l'autorité maternelle, le dominateur de l'univers ;
assurer que tout vous est soumis, ce n'est pas s'éloigner beaucoup de la
vérité.
Je vous
salue, buisson environné de flammes,
qui ne portent aucun préjudice et aucune atteinte à sa tige miraculeuse ;
ainsi inaccessible au péché, vous
avez, par votre enfantement divin, rouvert aux mortels l'accès du royaume
céleste.
Je vous
salue, arche sacrée, sanctuaire
construit par la main de Dieu, où le créateur du siècle nouveau a déposé
ses trésors, et d'où est sorti Jésus le nouveau Noé qui a rempli de sainteté le
monde de ces derniers temps.
Je vous
salue, tige sacrée, rameau planté par le
Seigneur lui-même, vous qui seule féconde entre toutes les vierges, avez
fait sans aucun secours humain germer comme une belle Fleur, un fils
tout-puissant qui est le maître de l'univers.
Je vous
salue, urne fabriquée de l'or le plus
pur, vase séparé de tout autre vase, d'où le monde entier reçoit le don de
la manne céleste, je veux dire le pain de vie, cuit aux saintes ardeurs de la
divinité.
Je vous
salue, tabernacle élevé par la puissance
de Dieu, nouvelle création, Ciel nouveau mille fois supérieur à la voûte du
firmament, d'où est sorti le Très-Haut pour habiter en personne avec les
hommes, et d'où a découlé sur la terre, l'éternelle propitiation.
Je vous
salue encensoir d'or, mais d'un or tout
spirituel, qui portant en vous un charbon divin, exhalez les doux parfums
de l'esprit et dissipez l'odeur infecte de la corruption mondaine...
Je vous
salue, temple du Seigneur, séjour de
pureté, vous dont David a dit : « Seigneur, votre temple est
saint et admirable par sa justice » ; vous à qui Jésus-Christ a
emprunté le tabernacle de son corps pour faire des mortels le tabernacle du Dieu
vivant. Je vous salue, source expiatrice, fontaine abondante en eaux célestes,
ruisseau qui roulez des flots de sainteté, et d'où surgit le Saint des saints,
qui efface les péchés du genre humain. Je vous salue, lieu ineffable où repose
le Seigneur, terre que ses pieds ont doucement foulée, qui avez attaché à un
lieu, en le revêtant de la chair, celui qui était libre de tout lieu, qui avez
rendu composé celui qui était simple, temporel celui qui était éternel, borné
celui qui ne connaissait point de bornes...
Je vous
salue, porte tournée à l'orient, d'où
s'élance le soleil levant de la vie, dont les rayons diminuent pour l'homme
le triste couchant de la mort.
Je vous
salue, trône glorieux dont le faîte
s'élève jusqu'aux nues, siège animé, où prend place le roi du ciel, et où il
goûte un repos plus doux que dans les célestes intelligences elles-mêmes.
Je vous
salue, vrai chérubin, âme embrasée
d'ardeurs, riche en sentiments divins qui sont comme autant d'yeux pour
vous, centre de clarté, qui lancez des traits multipliés de grâce, et dont la
libéralité transmet aux hommes la lumière qui ne se couche jamais.
Je vous
salue, mère étrangère aux douceurs du
mariage, seule immaculée parmi les mères, qui avez obtenu les joies de la
maternité, en conservant les privilèges de la virginité ; prodige
singulier, prodige nouveau qui surpasse tous les miracles.
Je vous
salue, vierge féconde, seule mère parmi
les vierges, qui avez gardé le trésor de la virginité en recevant les
consolations de la maternité, merveille qui, par la grandeur de l'étonnement
qu'elle inspire, éclipse toutes les autres merveilles. Je vous salue, sceau
royal, qui avez formé de votre substance le roi de l'univers qui naît de vous
dans un petit corps semblable à celui de sa mère ; car c'est une loi invariable,
que telle est la mère, tel doit être le fils.Notre Dame du Puy
Je vous
salue, livre scellé, étranger à toutes
les pensées des passions, où se laisse entrevoir, mais seulement à l'œil
virginal, celui qui est l'arbitre de la loi divine. Je vous salue, volume pur
et incorruptible, où est gravé le nouveau mystère, où le verbe exempt de toute
forme a pris un corps dessiné d'après la forme et les couleurs humaines, en se
rendant semblable à nous sous tous les rapports, excepté sous celui du péché.
Je vous
salue, fontaine scellée, source
d'innocence d'où a découlé, sans porter atteinte aux sceaux de la virginité,
Jésus le ruisseau de la vie, qui par la participation de ses biens, nous a
rappelés à l'immortalité et ramenés à ce paradis qui ne vieillit jamais.
Je vous
salue, jardin fermé, bosquet fertile,
mais où la virginité n'a jamais donné aucun accès, et dont l'odeur est comme
celle d'un champ en plein rapport, qu'a béni le Seigneur à qui vous avez
communiqué la vie.
Je vous
salue, rose incorruptible, dont le
parfum est si suave qu'on ne saurait en exprimer la douceur ; le
Seigneur l'a senti, et il est venu se reposer en elle, il a germé d'elle comme
une fleur qui a réduit au néant la vaine odeur du monde...
Je vous
salue, ô lys, dont le Fils Jésus revêt
de splendeur les lys de nos campagnes, ô parterre odoriférant, où ce divin
Sauveur a, sans culture et sans travail mortel, revêtu cette robe éclatante qui
fait pâlir les ornements d'un Salomon.
Je vous
salue, céleste aromate dont les gouttes
embaumées exhalent une odeur si douce à celui qui a dit dans le Cantique
des Cantiques : « Mon nard a donné son odeur ».
Je vous
salue, fille auguste, jeune prêtresse du
Dieu vivant, dont la pureté excite les désirs, et dont la parure attire
l'admiration du Seigneur, comme il le témoigne dans le même livre par ces
paroles : « Que vos pas sont beaux, que votre chaussure est
brillante, fille d'Aminadab ».
Je vous
salue, illustre sœur, amour suprême de
ce noble frère dont vous partagez le titre et la beauté, et qui vous dit
encore : « Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, ô mon épouse, vous
avez blessé mon cœur ».
Je vous
salue, chaste épouse, dont
l'Esprit-Saint a présidé les noces, et dont l'époux est Jésus-Christ même
qui chante dans les Cantique des Cantiques : « Vous êtes toute belle,
ô ma bien-aimée, et il n’y a point de tache en vous ; venez, ô mon épouse,
venez du Liban ».
Je vous
salue, or très pur, éprouvé par le feu
du Saint Esprit dans le creuset du siècle, et que la rouille de la malice n'a
jamais souillé, or mystérieux dont se composaient le chandelier, la table
et tous les autres objets qui, selon les prescriptions de la loi, faits de ce
précieux métal, représentaient, dans un sens allégorique et nullement ambigu,
votre personne sacrée sous des noms divers et multipliés.
Je vous
salue, bois incorruptible, qui n'avez
jamais admis en vous de vers rongeur, vous qui avez fourni la matière pour
élever à Dieu un tribunal et un autel spirituels formés, non d'un bois
impérissable, mais de votre sein immaculé.
Je vous
salue, pourpre royale, qui de votre sang
virginal avez tissé un vêtement écarlate au Dieu qui a dit :
« Les plis de votre Me sont comme la pourpre qui a été liée et teinte dans
les canaux du roi ; que vous êtes belle ! que vous êtes
aimable ! »
Je vous
salue, lien fortement filé, qui
renfermez dans vos nœuds les hautes pensées et les sentiments sublimes, qui
ne mollissez jamais, et jamais ne cédez aux attaques de la séduction... ;
pourpre sacrée, or précieux qui se confondent dans un même tissu, pour former
l'éphod du Pontife suprême des vertus célestes...
Je vous
salue, nuée légère, qui, comme à
l'autel, avez caché le pain de vie, et sur laquelle s'est assis le
Seigneur, ainsi qu'Isaïe l'a prophétisé.
Je vous
salue, vierge sans tache, honneur de la
sainte intégrité, qui avez enfanté le Verbe Immaculé, et fait luire la
splendeur de la virginité qui abrège la durée du monde, en multipliant les
élus.
Je vous
salue, modèle de pureté, qui pouvez
seule vous glorifier d'avoir un cœur sans souillure, montagne vraiment agréable
à Dieu, du haut de laquelle est communiqué au nouvel Israël une sainteté plus
excellente et plus durable que l'ancienne.
Je vous
salue, toison de Gédéon, symbole de
victoire, de laquelle a coulé en figure la rosée immortelle, qui a tenu ce
langage : « Ayez confiance, j'ai vaincu le monde... » Je vous
salue, nuée lumineuse, qui couvra de l'ombre de votre intercession le nouvel
Israël dans la solitude de cette vie, et du fond de laquelle ont retenti les
décrets de la grâce...
Je vous
salue, chandelier d'or, vase solide de
la virginité, dont l'inspiration du Saint-Esprit est la mèche mystérieuse,
et dont l'huile est le corps sacré emprunté à votre chair immaculée, heureuse
combinaison d'où procède la lumière qui ne connaît pas de couchant, et qui
allumé par votre saint ministère a brillé sur les peuples assis dans les
ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour les conduire à la vie éternelle.
Je vous
salue, pleine de grâce ; que
peut-il y avoir, et quant au nom et quant à la réalité, de plus consolant, de
plus gracieux que vous, par qui est venu au monde Jésus-Christ la joie
immortelle, le remède à la tristesse attirée par Adam sur nos têtes.
Voile de la Vierge, cathédrale de Chartres
Je vous salue, cité du grand Roi, pour emprunter les oracles de David, cité célèbre et glorieuse, où s'ouvre le palais des cieux, où les habitants de la terre inscrits comme citoyens, tressaillent d'une joie perpétuelle, et dont l'esprit enfin et la langue de tous font de grandes et admirables peintures en Jésus-Christ duquel vous m'obtiendrez grâce pour la faute que j'ai commise en osant, malgré ma misère et mon peu de talent pour la parole, essayer de chanter vos louanges innombrables. A lui soit, comme il convient, gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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