Chers fils et filles de Bretagne, pèlerins de Sainte-Anne d'Auray ;
Au moment où le très vénéré et très digne Cardinal Archevêque de Rennes
se dispose à lire la consécration qui
renouvellera le don de vous-mêmes, de vos familles, de vos malades, de vos
écoles, de vos paroisses, au Cœur
Immaculé de Marie, le Père de tous les fidèles se rend attentif à cette grande
action, il vient vous encourager et vous bénir. S'il Nous
est permis de reprendre à Notre Saint Prédécesseur Pie X les paroles qu'il adressait en 1906 au
Cardinal Labouré, Nous voudrions vous dire, en cette circonstance solennelle,
qu'« au milieu des haines dont la foi catholique est l'objet », c'est
particulièrement de vous que « Nous attendons... la meilleur part de Notre joie
».
La Bretagne,
Nous le savons, a toujours été une Terre de Marie, et elle veut le demeurer.
Les signes de votre dévotion à la Très Sainte Vierge sont innombrables : dans vos
diocèses, combien d'églises lui sont dédiées ; dans les sanctuaires de vos
pays, combien de Vierges couronnées reçoivent chaque jour l'hommage de vos
prières ; dans vos familles, combien ont reçu au saint baptême le nom de Marie
! Oh ! portez-le tous dans le cœur ce nom
béni de la Mère de Dieu ! Honorez-le par votre piété, honorez-le plus encore
par votre vie !
Que la consécration solennelle d'aujourd'hui soit pour vous un rempart contre les tentations, un motif
de confiance dans la prière, un stimulant dans la lutte de tous les jours au
service de Dieu. Quiconque s'est consacré à Marie lui appartient de façon
spéciale. Il est devenu comme un sanctuaire de la Très Sainte Vierge ;
l'image de Marie l'aide à écarter avec énergie toute pensée mauvaise ; l'amour
de Marie lui donne le courage d'entreprendre de grandes choses, de vaincre le
respect humain, de secouer l'égoïsme, de servir et d'obéir patiemment. Le regard
fixé intérieurement sur elle, il s'affectionne à la pureté, à l'humilité, à la
charité, dont l'âme de la Vierge était rayonnante; il prend en haine le péché, il le combat en lui-même et lui fait la
guerre de toutes ses forces. Quand il voit l'Immaculée fouler aux pieds le
serpent infernal, quand il contemple la Mère de Dieu qui élève entre ses bras
son divin Fils, sa volonté ne peut plus avoir aucune complaisance pour le mal ;
au contraire, il est fier d'appartenir à Jésus et à Marie, il sait aussi que Marie
le presse de faire tout ce que Jésus commande ou désire.
Mettez-vous donc avec confiance sous le manteau qu'elle ouvre de ses
deux bras maternels pour accueillir tous ses enfants ; que tous les fils de Bretagne se retrouvent unis sous son patronage ; qu'ils
lui fassent une cour et une garde d'honneur et se montrent partout et
toujours de dignes fils d'une telle Mère.
Saint Joachim |
Cela suppose
avant tout que vous pratiquerez vous-mêmes les vertus de Marie : la délicatesse
de son Cœur
Immaculé ; le recueillement et l'esprit de prière, dont parle l'Évangile, quand
il rappelle par deux fois (Lc 2,
19 ; 2, 51) qu'elle conservait dans son cœur le souvenir des grâces de Dieu et des actions
de l'Enfant Jésus ; l'amour de Dieu, humble, ardent et joyeux, qui éclate dans
le Magnificat; l'amour des autres également, de tous les autres, de ses
parents, de ses amis, de tous les hommes, cette charité incomparable qui la
fait voler au service de sa cousine Élisabeth, dès qu'elle apprend sa prochaine
maternité, qui la rend attentive à la gêne des époux, quand le vin vient à
manquer aux noces de Cana, qui l'unit enfin de façon si douloureuse et si
profonde aux souffrances de son divin Fils pour le salut du genre humain. Oui, la Très
Sainte Vierge, dont la condition fut si humble, dont l'Évangile ne rapporte que
si peu de choses, dont le silence remplit presque toute la vie, la Sainte
Vierge a vu Dieu accomplir en elle les plus grandes choses sans perdre cette
étonnante modestie qui remplit d'admiration. Et c'est pourquoi elle reste le
modèle de tous les chrétiens. Avec le
Sauveur lui-même elle est demeurée cachée à Nazareth, unie à Lui dans la
douceur et l'humilité, dans l'accomplissement du devoir quotidien et des
travaux domestiques, dans la patience et la prière. On ne connaît d'elle aucun
miracle, aucune action extraordinaire, mais elle a aimé Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, et de
toute sa force. C'est là le premier commandement. Et elle a aimé
le prochain comme soi-même. « De plus grand que ceux-là il n'est aucun autre
commandement » (Mc 12,
30-31).
Toutefois, les fidèles qui ressentent pour la Très Sainte Vierge une
dévotion spéciale, veulent souvent mettre toute leur vie à son service et
s'unir à d'autres pour propager son culte. Il existe depuis des siècles dans
l'Église des associations placées sous le patronage de Marie, qui ont joué dans
la sanctification personnelle de nombreux chrétiens et dans l'exercice du zèle
apostolique un rôle providentiel maintes fois loué par Nos Prédécesseurs et par
Nous-même. Nous voulons parler, entre autres, de ces congrégations mariales,
que Nous avons appelées l'Action catholique dans l'esprit de la Très Sainte
Vierge, et dont la Constitution apostolique Bis
saeculari du 27 septembre
1948 a défini la nature et l'esprit. Nous avons appris avec joie qu'elles ont
de fervents promoteurs en Bretagne, et Nous souhaitons qu'elles trouvent dans
ce pays de la Vierge un terrain fécond, d'où sortiront des légions d'âmes ferventes et apostoliques. Ce qu'elles accomplissent
dans les nations les plus diverses et les plus éloignées, de la chrétienté,
pourquoi ne le feraient-elles pas dans cette chère Bretagne, dont la foi
ancestrale connut de si brillantes époques, de si ardents renouveaux ?
Vous seriez étonnés, chers fils et filles de Bretagne, si aujourd'hui,
en cette fête de sainte Anne, et ici, à Auray, où elle est vénérée d'une
manière si émouvante, Nous n'avions un souvenir pour celle que vous appelez à
si juste titre la Bonne Mère. Aimez-la
bien, cette bonne sainte Anne. Continuez à placer vos foyers sous sa
protection. En mettant Marie au monde, elle a donné à l'humanité la plus
merveilleuse des créatures, la plus sainte des femmes, le chef d'œuvre de Dieu. N'est-ce pas assez pour que vous
l'aimiez et l'honoriez d'une manière unique ?
Implorant
donc l'intercession de sainte Anne et de la Très Sainte Vierge, Nous appelons
sur vous tous, sur vos foyers, vos écoles, vos paroisses, vos diocèses, sur
toute la Bretagne, l'effusion la plus abondante des grâces de Dieu, et du fond
du cœur Nous vous
en accordons pour gage Notre paternelle Bénédiction apostolique.
[en breton]
Revo mélet
Kalon Glan Mari !
Revo mélet Santez Anna Patronez vad er Vretoned !
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