Le Christ - Agneau de Dieu immolé
et cependant toujours vivant
Veux-tu apprendre la vertu du
Sang du Christ ?
Remontons à ce qui l’a figuré et rappelons-nous sa première image, en puisant aux
récits de l’Écriture ancienne. C’était
en Égypte, Dieu menaçait les Égyptiens d’une dixième plaie, il avait résolu
de faire périr leurs premiers-nés, parce qu’ils retenaient son peuple
premier-né. Mais afin que le peuple juif qu’il aimait ne risquât pas d’être
frappé avec eux (car ils habitaient tous un même pays), le Seigneur lui indiqua
un remède qui devait servir au discernement des Israélites et des Gentils.
C’est un exemple admirable et propre à vous faire véritablement connaître la
vertu du Sang de Jésus-Christ.
Les effets de la colère divine
étaient attendus, et le messager de la mort allait de maison en maison. Que
fait donc Moïse ? « Tuez, dit-il, un agneau d’un an, et de son sang,
marquez vos portes ». Que dis-tu, Moïse ? Le sang d’un agneau peut-il donc
préserver l’homme doué de raison ? Certainement, nous répond-il ; non parce que c’est du sang, mais parce que
le Sang du Seigneur y est représenté. Comme les statues des rois, inertes
et muettes, protègent d’ordinaire les hommes doués d’une âme et de raison qui
se réfugient près d’elles, non parce qu’elles sont d’airain, mais parce
qu’elles sont l’image du prince ; ainsi ce sang privé de raison délivra
des hommes ayant une âme, non parce que c’était du sang, mais parce qu’il annonçait pour l’avenir le Sang du
Christ.
Et alors l’Ange destructeur, en voyant les portes teintes, passa
plus loin et n’osa pas entrer. Si donc
aujourd’hui, au lieu de voir des portes teintes du sang d’un agneau figuratif,
l’ennemi voit les lèvres des fidèles, portes des temples de Jésus-Christ,
reluire du Sang de l’Agneau véritable, cet ennemi s’éloignera bien plus. Car si
l’Ange se retira devant la figure, à combien plus forte raison l’ennemi
sera-t-il saisi de frayeur s’il aperçoit la réalité elle-même ?
Christ aux outrages, icône moderne |
Voulez-vous sonder encore une autre vertu de ce sang ? Je le
veux bien. Voyez d’où il s’est d’abord répandu, et de quelle source il est
sorti. C’est de la Croix même qu’il
commença à couler ; le côté du Seigneur fut sa source. Car, est-il dit, Jésus étant mort et encore
suspendu à la croix, un soldat s’approche, lui frappe le côté avec sa lance, et
il en sort de l’eau et du sang : l’une, symbole du baptême ; l’autre,
du Sacrement.
C’est pourquoi l’Évangile ne dit pas : Il en sortit du sang et de l’eau,
mais de l’eau d’abord, et puis du sang ; parce que nous sommes d’abord lavés dans l’eau baptismale, et consacrés ensuite
par le très saint Mystère. Un soldat ouvre le côté, il fait une
ouverture dans la muraille du temple saint. Et moi j’ai trouvé un trésor
précieux, et je me félicite de découvrir de grandes richesses. Ainsi a-t-il été fait de cet Agneau. Les
Juifs ont tué l’Agneau, et moi j’ai connu le fruit du Sacrement. Du côté
coulèrent le sang et l’eau.
Je ne veux pas, mon auditeur, passer si rapidement sur les secrets
d’un si grand mystère, car il me reste encore à vous dire des choses mystiques
et profondes. J’ai dit que cette eau et
ce sang étaient le symbole du baptême et des Mystères. D’eux, en effet, a été
fondée l’Église, par la régénération du bain et la rénovation du
Saint-Esprit : je dis par le baptême et les Mystères, qui paraissent être
sortis du côté.
De son côté donc le Christ a édifié l’Église, comme du côté d’Adam
fut tirée Ève, son épouse. Saint Paul atteste aussi cette origine, lorsqu’il
dit : « Nous sommes les membres de son corps, formés de ses
os », faisant allusion au côté du Christ. Oui, ainsi que Dieu fit la femme
du côté d’Adam, de même le Christ nous
donna de son côté l’eau et le sang, destinés à l’Église comme éléments
réparateurs.
Le Christ - Pélican mystique |
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