Extraits
du sermon 74 de Saint Augustin
~ Notre vie lui déplaisait, tout ce que
nous faisions lui déplaisait, mais non pas ce que lui-même a fait
en nous. Par conséquent, il condamnera ce que nous avons fait, et il sauvera ce que lui-même a fait.
~ Donc, nous n'étions pas bons. Et Dieu a eu pitié de nous ; il a envoyé
son Fils, qui mourrait non pour des bons mais pour des méchants, non pour des
justes mais pour des impies. En effet, le Christ est mort pour des impies.
Et quelle est la suite du texte ? Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà
difficile, peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. On
peut trouver peut-être quelqu'un qui ait le courage de mourir pour un homme de
bien. Mais pour un injuste, pour un
impie, pour un criminel, qui donc voudrait mourir, sinon le Christ seul, lui
qui est tellement juste qu'il justifie même les injustes ?
Nous
n'avions donc, mes frères, aucune œuvre bonne ; toutes nos œuvres étaient mauvaises. Alors que les hommes agissaient
ainsi, la miséricorde de Dieu ne les a pas abandonnés. Et Dieu a envoyé son
Fils pour qu'il nous rachète, non à prix d'or ou d'argent, mais au prix de
son sang répandu. Il a été l'agneau sans tache conduit à l'abattoir pour les
brebis tachées (si du moins elles étaient seulement tachées et non pas
profondément viciées !). Nous avons donc reçu cette grâce. Vivons d'une manière
qui en soit digne, pour ne pas lui faire injure. Un si grand médecin est venu à
nous, il a fait partir tous nos péchés. Si nous voulons retomber malades, nous
nuirons à nous-mêmes, et en outre nous serons ingrats envers le médecin.
Suivons donc ses chemins, ceux qu'il nous a montrés, surtout le chemin
d'humilité qu'il est devenu pour nous. En effet, il nous a montré le chemin de
l'humilité par ses enseignements, et il l'a réalisé en souffrant pour nous.
~ Le Verbe s'est fait chair et a fait
sa demeure parmi nous afin
de pouvoir mourir, lui qui ne pouvait pas mourir. L'immortel a adopté la
mortalité afin de mourir pour nous et, par sa mort, de tuer notre mort.
Voilà
ce que le Seigneur a fait, ce qu'il nous a donné. Grand, il s'est abaissé ; abaissé, il a été tué ; tué, mais aussi
ressuscitant et élevé dans les hauteurs, afin de ne pas nous abandonner, morts,
au séjour des morts. Il voulait au contraire nous faire monter en lui, lors
de la résurrection des morts, nous que, naguère, il a fait monter en nous
donnant la foi et la profession de foi qui rendent justes. Donc, il nous a enseigné le chemin de
l'abaissement. Si nous gardons ce chemin, nous rendrons grâce au Seigneur, car
ce n'est pas sans motif que nous chantons: Nous te rendrons grâce, Seigneur,
nous te rendrons grâce, et nous invoquerons ton nom.
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