Le Carême approche à grand pas. Il n'est pas inutile de relire et de méditer ce document du Saint Père Paul VI à propos du jeûne et de la pénitence, si salutaires en tout temps et pour tous. Entrons dans le combat de Dieu avec un coeur serein.
Enluminure, les tentations |
(...) C’est pourquoi l’Église – tout en affirmant la primauté des valeurs religieuses et surnaturelles de la pénitence, qui aujourd’hui plus que jamais sont propres à redonner au monde le sens de Dieu et de sa souveraineté sur l’homme, le sens du Christ et de son salut – invite chacun à accompagner la conversion intérieure de l’esprit avec la pratique volontaire des actes extérieurs de pénitence.
a) Elle insiste avant tout pour que la vertu de pénitence soit pratiquée dans la fidélité persévérante à nos devoirs d’état, dans l’acceptation des difficultés inhérentes à notre travail et à nos rapports sociaux, dans le support patient des épreuves de la vie terrestre, avec son angoissante insécurité.
b) Les membres de l’Église qui souffrent d’infirmités, de la maladie, de la pauvreté, et de diverses autres misères, ou bien qui sont persécutés pour la justice, sont invités à unir leurs souffrances à celles du Christ. Ils pourront ainsi non seulement satisfaire plus pleinement au précepte de la pénitence, mais aussi obtenir pour leurs frères la vie de la grâce, et pour eux-mêmes la béatitude qui est promise dans l’Évangile à ceux qui souffrent.
c) Doivent satisfaire d’une façon plus parfaite au précepte de la pénitence : les prêtres, qui sont plus intimement liés au Christ par leur caractère sacré, et ceux qui s’engagent à suivre les conseils évangéliques pour se conformer plus étroitement à l’abnégation du Seigneur, ainsi que pour tendre plus facilement et plus efficacement à la perfection de la charité.
Mais l’Église invite tous les chrétiens, sans distinction, à obéir au précepte divin de la pénitence par des actes volontaires, en dehors des épreuves et des sacrifices inhérents à la vie quotidienne.
Pour rappeler et inciter tous les fidèles à l’accomplissement du divin précepte de la pénitence, le Siège apostolique veut réorganiser la discipline pénitentielle d’une façon plus adaptée à notre temps.
Mais il revient à la prudence et à la sollicitude des évêques, réunis en conférences épiscopales, d’établir les règles qu’ils estimeront être les plus opportunes et les plus efficaces, étant donné la connaissance directe qu’ils ont des conditions locales, demeurant cependant ferme ce qui suit :
En premier lieu, l’Église veut indiquer que, conformément à la tradition ancienne, il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne et les œuvres de charité, bien qu’elle ait toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne. Ces façons ont été communément pratiquées dans tous les siècles. Il existe cependant aujourd’hui des motifs particuliers pour que, selon les exigences des diverses régions, il soit nécessaire d’insister sur telle ou telle forme de pénitence plutôt que sur telle autre. C’est ainsi que dans les pays qui connaissent un plus grand bien-être économique, on devra surtout donner un témoignage d’ascèse pour que les fidèles ne prennent pas l’esprit du « monde » ; et on devra en même temps donner un témoignage de charité envers les frères qui souffrent de la pauvreté et de la faim, même dans les pays lointains.
Mais dans les pays ayant des conditions de vie plus difficiles, il sera plus agréable au Père et plus utile aux membres du Corps du Christ que les chrétiens – tout en cherchant à promouvoir par tous les moyens une meilleure justice sociale – offrent leurs souffrances au Seigneur dans la prière, en intime union avec la croix du Christ.
C’est pourquoi – tout en maintenant la coutume de pratiquer la pénitence par le jeûne et l’abstinence de viande là où elle pourra plus opportunément être maintenue (coutume qui a été sanctionnée pendant tant de siècles par des lois canoniques) – l’Église veut que les autres modes de pénitence soient eux aussi revêtus de l’autorité de ses prescriptions, là où les conférences épiscopales estimeront opportun de remplacer le jeûne et l’abstinence de viande par des exercices de prière et des œuvres de charité.
Mais pour que tous les fidèles soient unis dans une certaine célébration commune de la pénitence, le Siège apostolique a décidé d’instituer des jours et des temps de pénitence déterminés, choisis parmi ceux qui, dans l’année liturgique, évoquent plus spécialement le mystère pascal du Christ, ou répondent à des besoins particuliers de l’Église.
Psautier enluminé, vers 1222, Copenhage, Det kongelige bibliotek |
C’est pourquoi il a été décidé et statué ce qui suit :
I. – § 1. Tous les fidèles sont tenus de faire pénitence en vertu de la loi divine.
§ 2. Les prescriptions de la loi ecclésiastique concernant la pénitence sont totalement réorganisées selon les normes qui suivent.
II. – § 1. Le temps du Carême conserve son caractère pénitentiel. Les jours de pénitence qui doivent être observés obligatoirement dans toute l’Église sont : chaque vendredi et le mercredi des Cendres, ou le premier jour du grand Carême, selon les rites. Leur observation substantielle constitue une obligation grave.
§ 2. Sauf si sont accordées les facultés dont il est parlé aux n. 6 et 8, ces jours-là le précepte de la pénitence sera observé comme suit : l’abstinence sera pratiquée tous les vendredis qui ne tombent pas un jour de fête de précepte ; le jeûne et l’abstinence seront pratiqués le mercredi des Cendres, ou le premier jour du grand Carême, selon les rites, et le Vendredi saint.
III. – § 1. La loi de l’abstinence interdit la viande, mais pas les œufs, les laitages et tout assaisonnement, même à base de graisse animale.
§ 2. La loi du jeûne oblige à ne faire qu’un repas par jour, mais elle n’interdit pas de prendre un peu de nourriture le matin et le soir, en observant les coutumes locales approuvées pour ce qui est de la quantité et de la qualité.
IV. – La loi de l’abstinence oblige ceux qui ont quatorze ans accomplis. La loi du jeûne oblige tous les fidèles depuis l’âge de vingt et un ans accomplis jusqu’au début de leur soixantième année. Quant à ceux qui sont plus jeunes, les pasteurs d’âme et les parents veilleront attentivement à les former au vrai sens de la pénitence.
(...) IX. – § 1. Il est vivement souhaitable que les évêques et tous les pasteurs d’âmes incitent non seulement à recevoir plus souvent le sacrement de pénitence, mais à faire des actes extraordinaires de pénitence, dans un but d’expiation ou d’impétration, spécialement pendant le Carême.
§ 2. Tous les fidèles sont vivement exhortés à bien s’imprégner d’un authentique esprit chrétien de pénitence qui les prédispose aux pratiques de charité et de pénitence.
(...) Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 17 février 1966, troisième année de Notre Pontificat.
(...) Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 17 février 1966, troisième année de Notre Pontificat.
PAUL VI, pp.
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