Jérôme Bosh, Jésus est couronné d'épines puis outragé par les gardes. |
par Saint Alphonse-Marie de Liguori
" Considérations sur la Passion
de Jésus-Christ ",
Chap. 3, II, le couronnement
d’épines
La Mère de Dieu a encore révélé à sainte Brigitte que la couronne d'épines ceignait la tête
sacrée de son Fils jusqu'au milieu du front, et que les épines furent si
violemment enfoncées que le sang ruissela sur toute la face, de
telle sorte qu'elle en parut toute couverte.
Origène dit que cette
horrible couronne ne fût ôtée de la tête de Notre-Seigneur qu'après qu'il
eût expiré. Cependant, le vêtement intérieur de Jésus n'avait point de
couture, il était d'un seul tissu ; c'est pour cette raison que les
soldats ne le partagèrent point entre eux comme ses autres vêtements, mais
le tirèrent au sort, ainsi que l'atteste saint Jean (Jn 19, 23). Cette tunique
devant donc se tirer du côté de la tête, il est très probable, selon plusieurs
auteurs, qu'on ôta la couronne à Jésus pour faire passer la tunique, et
qu'on la lui remit ensuite avant de le clouer sur la croix.
On lit dans la Genèse : "La terre sera maudite à cause de ton œuvre ;
elle te produira des épines et des ronces" (Gn 3, 17). C'est
Dieu qui a prononcé cette malédiction contre Adam et contre toute sa postérité ;
en cet endroit, par la terre, encore la chair humaine qui, infectée par la
faute de notre premier père, ne produit plus que des épines de péchés. Pour remédier à cette corruption de la
chair, dit Tertullien, il a fallu que Jésus-Christ offrit à Dieu en
sacrifice cette affreuse torture du couronnement d'épines.
Sainte Véronique présentant le Mandylion, le linge marqué de la Sainte Face du Seigneur outragée. |
Ce tourment, déjà si douloureux, fut encore aggravé par d'autres
mauvais traitements que rapportent saint Matthieu et saint Jean. Les
soldats avaient déshabillé de nouveau leur innocente victime, et lui avaient jeté sur les épaules un
haillon de couleur rouge.
Jésus,
étant couronné d'épines, ils lui mirent un roseau en guise de sceptre ;
puis ils fléchirent le genou devant lui, par dérision, en le saluant Roi
des Juifs. Ils lui crachaient ensuite au visage, et prenaient le roseau
pour lui en frapper la tête ; ils lui donnaient aussi des soufflets (Mt 27,
28 ; Jn 19, 3).
Ô mon Jésus !
combien d'épines n'ai-je pas ajoutés à cette couronne pour toutes les
mauvaises pensées auxquelles j'ai consenti ! Je voudrais en mourir de
douleur ; pardonnez-moi, par les mérites de ce tourment même que vous
avez voulu souffrir pour me pardonner.
Ah ! mon doux Seigneur, que je sois si maltraité et si
humilié, vous endurez tant de
douleurs et tant d'opprobres pour me toucher, afin que je vous aime
au moins par compassion, et que je cesse de vous offenser. C'est assez,
mon Jésus ! ne souffrez pas davantage ; je suis persuadé de votre
amour pour moi, et je vous aime de
toute mon âme ! Mais que vois-je ? vous n'êtes pas encore satisfait ;
vous ne serez rassasié de souffrances que lorsque vous serez mort de
douleur sur la croix. Ô Bonté, ô Charité
infinie ! qu'il est malheureux, le cœur qui ne vous aime pas !
Piéta (Notre Dame de Pitié) du vœu du roi Louis XIII, Cathédrale Notre-Dame de Paris, détail. |
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