Le roi Louis XIII offrant sa couronne et son royaume à la Reine des cieux |
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Le triomphe de la Croix », partie III
Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Anges, Modèle des Saints |
C’est une sainte pratique de remettre entre ses mains (celles de la B. Vierge Marie) tout ce que l’on a de considérable, en en faisant la maîtresse ; et c’est avec l’édification de l’Eglise et pour le bonheur du royaume que le roi très chrétien Louis treizième, de glorieuse mémoire, lui a offert tous ses Etats, offrande qui a été renouvelée par Louis quatorzième, heureusement régnant.
Lettre Apostolique de Sa sainteté le bienheureux Pape Pie XI
« Galliam, Ecclesiæ filiam
primogenitam »
Pour perpétuelle mémoire
Les Pontifes Romains Nos prédécesseurs ont
toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur
paternelle affection la France, justement appelée Fille aînée de l’Eglise. Notre
prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui eut profondément à cœur
le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre
toutes, un gage spécial de sa bienveillance.
La couronne de France offerte à Notre Dame. Que, du haut du Ciel, elle continue de protéger notre pauvre pays et les lys. |
Il est certain, selon un ancien adage, que le
Royaume de France a été appelé le Royaume de Marie, et cela à juste titre. Car,
depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, Irénée et Eucher
de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de France, passa en Angleterre
comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d’autres
saints docteurs, ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à
travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très
célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII°
siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.
Le voeu de Louis XIII, Cathédrale Notre-Dame de Paris |
La Vierge en personne, trésorière de toutes les
grâces de Dieu, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer
la dévotion du peuple français. Bien plus, les princes et les chefs de la nation
se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers
la Vierge.
Converti à la vraie foi du Christ, Clovis
s’empresse, sur les ruines d’un temple druidique, de poser les fondements de
l’Eglise Notre-Dame, qu’acheva son fils Childebert.
Plusieurs temples sont dédiés à Marie par
Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation.
Le roi
saint Louis récite dévotement chaque jour l’office de la Vierge.
Louis XI, pour
l’accomplissement d’un voeu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame.
Enfin,
Louis XIII consacre le Royaume de France à Marie et ordonne que chaque année,
en la fête de l’Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses de
France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, Nous n’ignorons
pas qu’elles continuent de se dérouler chaque année.
Sainte Jeanne d'Arc, église de Bellecombe |
C’est pourquoi, après avoir pris les conseils de
nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine préposés aux
Rites, de Notre propre initiative, de science certaine et après mûre
délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des
présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie
Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement
choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous
les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.
De plus, écoutant les vœux pressants des évêques,
du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous
déclarons avec la plus grande joie et établissons l’illustre Pucelle d’Orléans,
admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de la France comme
l’héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne
en second de la France, choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore
d’après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les
honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde
patronne.
En conséquence, nous prions Dieu, auteur de tous
biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu
élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints
patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des
missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et
son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Eglise Romaine ;
qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses
antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.
Nous concédons ces privilèges, décidant que les
présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces,
qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient,
maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française, le gage le plus
large des secours célestes ; qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que
soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui
porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit,
sciemment ou inconsciemment.
Nonobstant toutes choses contraires.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l’anneau du
Pécheur, le 2 du mois de mars de l’année 1922, de Notre Pontificat la
première année.
Pie pp.
XI
P.
cardinal Gasparri, secrétaire d’Etat
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