Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « De la dévotion à la Très Sainte Trinité », 2e traité, 1ère pratique
Comme la
très sainte Trinité est dignement honorée par le divin Sacrifice de la Messe et
qu’il n’y a rien qui la glorifie si hautement dans tout ce que l’on
peut faire pour sa gloire, c’est la première pratique que nous donnons.
Elle est si glorieuse à ces Personnes suradorables
qu’il n’y a rien, ni dans le Ciel ni sur
la terre, qui en approche. Tout le culte qui leur a été rendu et tout celui
qu’on leur rendra pendant toute l’éternité n’égale point l’honneur qu’elles
reçoivent dans le Sacrifice d’une seule Messe ; elles en sont plus honorées que par toutes les adorations, les amours, les
louanges de l’admirable Mère de Dieu et de tous les neuf Chœurs des Anges et de
tous les Saints.
Quand
toutes les créatures s’offriraient en holocauste, quand elles détruiraient
toutes leur être par la seule puissance de Dieu, ce ne serait, pour parler le
langage de l’Ecriture, que comme une goutte de rosée qui aurait été consumée, ce
ne serait que des néants en la présence d’une majesté infinie ;
mais par le Sacrifice de Jésus-Christ qu’il continue durant tous les siècles
sur nos Autels, l’être sur-infini de Dieu, est autant glorifié qu’il le peut
être, son infinité étant honorée, par une
hostie infinie.
Dieu y
trouve toutes les reconnaissances qui sont dues pour tous ses
bienfaits, toutes les satisfactions
que peut demander sa divine Justice. Tous ceux, donc, qui étant possédés
vraiment du Saint Esprit, ne chercheront que les seuls intérêts de Dieu seul en
trois Personnes (connaissant qu’il n’y a que la Personne du Verbe incarné qui
le connaisse et qui l’aime assez pour lui rendre dans son humanité tous les
honneurs qui lui sont dus), ils auront
un soin très particulier, ou de célébrer s’ils sont Prêtres, ou s’ils ne le
sont pas de faire célébrer, la sainte Messe en l’honneur de la glorieuse
Trinité !
Mais tous, et très particulièrement les Prêtres, se souviendront d’entrer ainsi :
séparé parfaitement des créatures dans l’esprit de sacrifice et d’anéantissement,
dans l’union du culte religieux que les grâces pour son amour sainteté qui
notre bon Sauveur y rend à la très sainte Trinité. Tous offriront le Sacrifice
de la Messe abîmés dans le respect, pénétrés d’une divine frayeur de la
grandeur des Mystères redoutables.
Si la pitoyable expérience où nous sommes ne nous
apprenait les irrévérences d’un grand
nombre de Chrétiens envers ces divins Mystères, il ne serait pas possible
de se les persuader. O aveuglement !
ô dureté du cœur de l’homme et de l’homme chrétien ! Croire qu’un Dieu
incarné réside véritablement sur nos Autels, croire qu’il s’y immole autant de
fois que l’on y célèbre le très saint Sacrifice de la Messe, et ne pas y demeurer anéanti avec lui devant une
majesté infinie ; comment cela se peut-il être ? Comment n’y être
pas appliqué avec les sentiments les plus religieux ? Comment s’y ennuyer d’une demi-heure qu’il y faut donner ?
Mais, ô
l’horreur des horreurs, comment profaner le Sacrifice d’un homme - Dieu et
sa présence corporelle sur nos Autels par des
postures peu respectueuses, par des mouvements indécents, par des entretiens
avec de chétives créatures, les préférant - ce qui est épouvantable
seulement à penser - à la conversation
avec un Dieu ?
C’est ce qui nous a obligés, pressés de douleur
d’en donner un traité au public sous le titre des horreurs des profanations des
Eglises ! L’excès de ces horreurs en va jusques là, que d’amener des chiens dans la maison de Dieu,
qui y servent de distraction à ceux qui les mènent, et aux autres, et on ne
considère pas l’outrage qui en arrive à Dieu ! On ne compte pour rien de distraire de l’application qui est due à sa
grandeur suradorable, en cela servant aux démons qui n’oublient rien pour en
désoccuper.
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