Saint Pierre Chrysologue, sermon 142
Vous avez entendu aujourd’hui, mes très chers frères, l’ange qui s’entretenait avec la femme de la réparation du genre humain. Vous avez entendu que son mandat consistait à ce que l’homme retourne à la vie par le même parcours par lequel il avait chuté dans la mort. Il pactise, l’ange, il discute avec Marie au sujet du salut, comme le démon avait trafiqué avec Ève la ruine de l’humanité. Vous avez entendu que, du limon de notre chair, l’ange, avec un art ineffable, construisait le Temple de la divine Majesté. Vous avez entendu que, par un mystère incompréhensible, Dieu était logé sur la terre, et l’homme dans le ciel. Vous avez entendu que, d’une façon inouïe, Dieu et l’homme étaient comme mélangés dans un seul corps. Vous avez entendu que, par l’exhortation angélique, la nature fragile de notre chair a été fortifiée pour porter toute la gloire de la Déité. Et enfin, pour que la terre sablonneuse de notre corps délicat ne succombe pas sous le poids de la Construction céleste érigée en Marie, et pour que ne casse pas la branche fragile qui, dans la vierge, devait porter tout le Fruit du genre humain, la voix de l’ange invite aussitôt Marie à fuir la crainte en disant : Ne crains pas, Marie.
Tu as trouvé grâce auprès de
Dieu. En disant cela, l’ange se demande
avec émerveillement si la femme est seule à avoir mérité la vie, ou si tous les
hommes l’ont méritée par la femme. L’ange est dans la stupeur à la pensée
que la totalité de la Divinité descend
dans l’exiguïté de l’utérus de la vierge, Elle pour qui tout l’ensemble de la
création est un iota. Voilà pourquoi l’ange procède lentement. Il l’appelle
vierge parce qu’elle le méritait, il l’interpelle en se référant à la grâce,
sans avoir auparavant indiqué à celle qui l’écoutait la raison de sa visite. Il
laisse son esprit dans l’attente pour attirer son attention. Considérez, mes frères, quelle révérence et
quelle crainte il convient que nous apportions à un tel mystère, quand ce n’est
pas sans crainte que l’ange lui-même parle de la crainte à son interlocutrice.
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