mercredi 7 avril 2021

Séquence pascale d'Adam de Saint-Victor

Chassons le vieux levain, et célébrons d’un cœur sincère la nouvelle résurrection ; c’est le jour de notre espérance, le jour dont la Loi tout entière célèbre la puissance.

C’est le jour qui dépouilla l’Égypte, et qui délivra les Hébreux des fers de la captivité. Foulés par leurs ennemis, ils ne connaissaient que le labeur de l’esclavage, l’argile, la brique et le chaume.

Que maintenant notre voix fasse éclater librement la louange du divin exploit, qu’elle célèbre la victoire, qu’elle chante notre salut ; car voici le jour qu’a fait le Seigneur, jour qui met fin à nos douleurs, jour qui apporte la délivrance.

La Loi fut l’ombre des choses à venir ; le Christ qui vient tout accomplir est la fin des promesses. Son sang a fait disparaître le gardien qui nous interdisait le passage ; ce sang a émoussé le glaive de feu. L’enfant Isaac, dont le nom signifie sourire, et en place duquel la brebis est immolée, figure d’avance le joyeux mystère qui rend la vie. Joseph sortant de la citerne où on l’avait précipité, c’est le Christ qui remonte du tombeau, après le supplice et la mort. Il est ce serpent qui dévore les serpents de Pharaon ; la malice du dragon n’a sur lui aucun pouvoir. Sous le type du serpent d’airain, il guérit les blessures du reptile enflammé. L’hameçon qu’il présente au monstre a déchiré sa gueule avide ; l’enfant a mis, sans offense, sa main dans le trou du serpent ; et cet antique ennemi du monde est réduit à fuir confondu. Les insulteurs d’Élisée, lorsqu’il montait à la maison de Dieu, ont ressenti le courroux de celui qu’ils appelaient le chauve ; David s’échappe des mains de son ennemi ; le bouc émissaire s’est élancé dans sa course et le passereau a pris son vol. Samson immole mille ennemis avec un os aride ; il dédaigne de prendre une épouse dans sa nation ; il force les portes de Gaza ; et libre, il va les déposer sur la cime de la montagne.

Ainsi le fort Lion de Juda brise les portes de la cruelle mort et ressuscite le troisième jour. Il s’éveille à la voix de son Père, et monte, chargé de dépouilles, à la patrie céleste. Après trois jours de captivité dans ses flancs, le monstre marin vomit plein de vie le fugitif Jonas, figure du Jonas véritable. La grappe de Cypre refleurit : elle se dilate, elle mûrit ; la synagogue voit se faner sa fleur, et l’Église épanouit sa corolle. La mort et la vie sont entrées en champ clos ; le Christ est sorti du tombeau, et avec lui de nombreux témoins de sa gloire.

Nouveau matin, matin joyeux, qui essuie les pleurs du soir. La vie a vaincu le trépas : c’est le temps de se réjouir.

Jésus vainqueur, Jésus notre vie, Jésus, voie désormais facile de l’immortalité : toi dont la mort a fait périr la mort, dans ta bonté, fais-nous asseoir à la table pascale. Pain de vie, eau vive, vigne véritable et féconde, nourris-nous, purifie-nous : et par ta grâce, sauve-nous de la seconde mort. Amen. Alléluia.


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