mercredi 12 décembre 2012

12 décembre - mémoire de Notre Dame de Guadalupe


Tout récit sur les apparitions de Notre Dame de Guadalupe est inspiré du Nican Mopohua, ou Huei Tlamahuitzoltica, écrit en Hahuatl, la langue Aztèque, par l’écrivain Indien Antonio Valeriano autour de la moitié du XVIe siècle. Malheureusement l’origine de son ouvrage n’a jamais été connue. Une première copie fut publiée en Nahuatl par Luis Lasso de la Vega en 1649.

Récit de la quatrième apparition

         Quand Juan Diego entendit ces mots de la Dame du ciel, il était grandement consolé. Il était heureux. Il la supplia de l’excuser afin qu’il aille voir l’évêque et lui porter le signe ou la preuve afin qu’on le croie. La Dame du ciel lui ordonna de grimper au haut de la colline où ils s’étaient précédemment rencontrés.
Elle lui dit :
« Grimpe, ô le moindre de mes fils, jusqu’au haut de la colline ; là où tu m'as vue et où je t’ai donné des instructions, tu verras différentes fleurs. Coupe-les, cueille-les, rassembles-les et puis viens les porter devant moi. »

         Juan Diego grimpa sur la colline immédiatement, et comme il atteignait le sommet il fut stupéfait ; de voir qu’une telle variété de merveilleux rosiers de Castille étaient en floraison bien avant la saison où les roses devraient bourgeonner car hors de saison elles gèleraient. Elles étaient parfumées et recouvertes des gouttes de rosée de la nuit qui ressemblaient à des perles précieuses. Il commença immédiatement à les cueillir. Il les assembla et les plaça dans son tilma.

Le haut de la colline n’était pas une place où pourrait fleurir n’importe quelle fleur car il y avait beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites. Occasionnellement, de l’herbe poussait mais c’était au mois de décembre quand la végétation n’était pas gelée.
Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma, lui disant :
« Ô toi, le moindre de mes fils, cette variété de roses est une preuve et un signe que tu porteras à l’Evêque. Tu lui diras en mon nom qu’il y verra là mon vœu et qu’il doit s’y conformer. Tu es mon ambassadeur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigoureusement de ne déplier ton manteau qu’en présence de l’évêque et de lui montrer ce que tu portes. Tu lui raconteras bien tout ; tu lui diras que je t’ai ordonné de grimper au haut de la colline et de cueillir les fleurs ; et aussi tout ce que tu as vu et admiré afin que tu puisses persuader le prélat d’accorder son soutien à ma demande qu’une église soit construite. »
          Après les conseils de la Dame du ciel, il prit le chemin qui mène directement à Mexico, heureux et sûr du succès, portant avec beaucoup de précaution le contenu de son tilma afin que rien ne s’échappe de ses mains et s’enivrant du parfum de cette variété de belles fleurs.

         Quand il arriva au palais épiscopal, le majordome vint à sa rencontre ainsi que d’autres serviteurs du prélat. Il les supplia de dire à l’évêque qu’il voulait le voir, mais personne ne voulait le faire, ils faisaient semblant de ne pas l’entendre, probablement parce qu’il était trop tôt ou parce qu’ils le connaissaient comme étant un importun et qu’il les harcelait ; de plus, leurs collègues leur avaient raconté qu’ils l’avaient perdu de vue quand ils l’avaient suivi. Il attendit longtemps. Quand ils virent qu’il avait attendu longtemps debout, abattu, ne faisant rien, attendant d’être appelé et paraissant avoir quelque chose dans son tilma, ils s’approchèrent de lui afin de savoir ce qu’il portait.

         Juan Diego voyant qu’il ne pouvait cacher ce qu’il portait et sachant qu’il serait molesté, bousculé, lacéré, ouvrit un peu son tilma là où se trouvaient les fleurs. En voyant cette variété de roses de Castille hors saison, ils furent complètement stupéfaits parce qu’elles étaient si fraiches, en pleine floraison, si parfumées et si belles. Ils essayèrent de s’en emparer et de tirer quelques unes mais ne réussirent à aucune des trois fois qu'ils osèrent le faire. Ils ne réussirent pas parce qu’à chaque fois qu’ils essayaient de les prendre, ils ne purent voir les fleurs réelles. A la place elles paraissaient peintes, imprimées ou cousues sur la toile.
Ils allèrent alors dire à l’évêque ce qu’ils avaient vu l’informant que l’Indien qui était venu à plusieurs reprises voulait le voir et qu’il avait sûrement une raison pour l’avoir attendu avec anxiété si longtemps et être si désireux de le voir.
En entendant cela l’évêque comprit qu’il avait apporté la preuve pour confirmer ses dires afin qu’il se conformât à la requête de l’Indien. Il ordonna de le faire entrer immédiatement.

         Dès son entrée Juan Diego s’agenouilla devant lui comme à l’accoutumée et raconta à nouveau ce qu’il avait vu et admiré ainsi que le message. Il lui dit :
« Monseigneur, j’ai fait ce que tu as commandé, je suis allé dire à mon Ama, ma Dame du ciel, Sainte Marie, précieuse Mère de Dieu que tu as demandé un signe et une preuve afin que tu puisses croire qu’il faut construire une église là où elle l’a demandé ; je lui ai aussi dit que je t’avais donné ma parole que je rapporterais un signe et une preuve de son désir comme tu l’as demandé. Elle se montra condescendante et agréa à ta requête. Tôt ce matin elle m’a envoyé te voir à nouveau ; je lui demandais une fois encore le signe afin que tu puisses me croire et elle me dit qu’elle me le donnerait et elle s’y conforma.

Elle m’envoya au haut de la colline, là où j’avais l’habitude de la voir, pour cueillir une variété de roses de Castille. Après les avoir cueillies je les lui ai portées, elle les a prises de sa main et les a placées dans mon vêtement afin que je te les porte et te les donne en personne. Même si je savais que le haut de la colline n’était pas un endroit où pousseraient des fleurs car il y a beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites, j’avais encore des doutes. Quand je me suis approché du haut de la colline, je vis que j’étais au paradis où il y avait une variété d’exquises roses de Castille, couvertes de brillante rosée et je les ai cueillies immédiatement. Elle m’a dit que je devais te les porter et je me suis exécuté afin que tu puisses voir en elles le signe que tu m’a demandé et te conformer à son vœu ; aussi et mon message soient crédibles. Voilà. Reçois-les. »

         Il déplia son vêtement blanc où il avait mis les fleurs et quand toutes les différentes variétés de roses de Castille tombèrent à terre apparut soudain le dessin de la précieuse image de la toujours vierge Sainte Marie, Mère de Dieu, comme on la voit aujourd’hui dans l’église de Tepeyac, nommé Guadalupe. Quand l’évêque vit l’image, lui et tous ceux présents tombèrent à genoux. On l’admira beaucoup. Ils se levèrent pour la voir, ils tremblèrent et, avec tristesse, ils démontrèrent qu’ils la contemplaient avec leur cœur et leur esprit. L’Evêque, avec des larmes de tristesse, pria et implora son pardon pour n’avoir pas accompli son vœu et sa requête. Quand il se releva, il détacha du cou de Juan Diego le vêtement sur lequel apparaissait l’Image de la Dame du ciel. Il le prit et le plaça dans sa chapelle. Juan Diego demeura un jour supplémentaire à l’évêché à la requête de l’Evêque.
Le jour suivant l’Evêque lui dit : « Montre nous où la Dame du ciel désire qu’une église soit construite. » Et il invita immédiatement tous ceux présents à s’y rendre. 



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