mercredi 26 décembre 2012

N'oublions pas nos frères de cette Terre qui a vue naître l'Enfant Dieu, cette Terre véritablement Sainte


Homélie de la Messe de la nuit de Noël, prononcée à Bethléem par Sa Béatitude Fouad TWAL, Patriarche latin de Jérusalem, à la Basilique de la Nativité.
Et le Verbe s'est fait chair et Il a habité parmi nous.
Venez, adorons-Le !

S.E. le président Mahmoud Abbas,
S.E. le Ministre Jordanien des Affaires Etrangères, représentant de Sa Majesté le Roi Abdallah II,
Mes frères dans l’épiscopat,
Leurs Excellences les consuls et les ambassadeurs,
Pères, Frères et sœurs,
Chers pèlerins,

Je vous salue de la Basilique de la Nativité à Bethléem, à quelques pas de la Sainte Grotte, où la Sainte Vierge a mis au monde son Enfant admirable. Je salue tous les téléspectateurs et spécialement nos fidèles dans la diaspora.

Nous célébrons la nuit de Noël qui a nous a apporté la Bonne nouvelle du salut ; la nuit qui accomplit et annonce d’autres nuits célèbres comme celle de la création, la nuit du Jeudi Saint, et celle qui a précédé la Résurrection du Seigneur. En cette nuit est annoncée l’aurore d’une ère nouvelle pour l’humanité.

Nous sommes émerveillés par l’unique identité de cet enfant admirable.
D’une part, il ressemble aux petits de son âge, à nos propres enfants que nous aimons et que nous voyons grandir, mûrir et croître en connaissance et en sagesse. Il est né pauvre, a vécu pauvrement et a librement choisi de ne pas se donner de privilèges. Il a expérimenté la fatigue, la souffrance, le froid, la faim, la soif, la peur, la persécution, la fuite et,  plus tard, la mort et le sacrifice de lui-même : car il a voulu être un vrai « fils de l’homme », partageant avec nous nos souffrances et nos espérances, heureux d’être l’un de nous, acceptant l’attention et les gestes de tendresse maternelle de sa Mère, se contentant de ce que la Sainte Vierge et saint Joseph lui offraient comme nourriture et vêtement.

Le Patriarche Fouad Twal portant dans ses bras
l'Enfant Dieu
D’autre part, il n’est pas comme les autres enfants. Il est né d’une mère vierge. Il est Verbe de Dieu et Fils du Père. Son nom annoncé par les prophéties messianiques fut Emmanuel ou « Dieu avec nous ». Dans nos oreilles résonnent encore les paroles d’Isaïe : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné. (….) ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (Is 9, 5 -6).

Ensuite, nous nous arrêtons sur les raisons de son Incarnation. Il est né pour les pauvres, les opprimés et les souffrants, ainsi que pour les gens simples, ordinaires qui n’ont pas perdu l’espérance en Dieu ; il est venu  pour les transgresseurs et les pécheurs. Il a voulu rendre à l’homme son humanité, et au pécheur sa bonté et son innocence, ainsi que l’image de Dieu, déformée par le péché. Il a voulu intérioriser les préceptes et les lois, faisant de la « religion » non une série de dictats mais l’expression de l’amour envers Dieu. Au lieu de l’amour de la Loi, il a proclamé la loi de l’Amour : « Aimez-vous les uns les autres ! » Voici le rêve du petit Enfant : que tous les êtres humains soient frères parce qu’ils ont un seul Dieu et Seigneur, qui est le Père universel, qui a compassion de tous et s’occupe de tous ! Il est venu réconcilier le ciel dont il provenait avec la terre qui l’a accueilli. Il est venu réconcilier le pécheur avec son Créateur, et l’homme avec soi-même et son frère ; il est venu transformer les ennemis en amis. C’est pourquoi Isaïe a prédit des temps messianiques : « Le loup habitera avec l’agneau,  la panthère se couchera avec le chevreau. Le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic » (Is 11, 6-8a). Il s’agit de symboles de l’universalité de la réconciliation où la justice et la paix seront la part de tous les êtres humains. L’annonce de l’Ange aux bergers de Bethléem en constitue la réalisation : « Je vous annonce une grande joie… Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur… » (Lc 2, 10 – 11).

Nous, les fidèles des religions monothéistes, nous nous accordons sur le fait que les divisions entre les hommes sont l’œuvre du démon, alors que la réconciliation est l’œuvre de Dieu. Depuis ce lieu saint, j’invite les politiciens et les hommes de bonne volonté à travailler résolument pour un projet de paix et de réconciliation qui embrasse la Palestine et Israël, et ce Moyen-Orient meurtri. Prions avec ferveur pour nos frères, en Syrie, qui meurent sans pitié ni appel ! Prions pour le peuple égyptien qui lutte pour l’entente, la liberté et l’égalité ! Prions pour l’unité et la réconciliation au Liban, en Irak, au Soudan, dans les autres pays de la région et du reste du monde. Prions pour la prospérité et la stabilité en Jordanie.

Chers frères et sœurs,

La fête revient cette année alors que beaucoup d’entre vous souffrent pour une raison ou pour une autre. Des milliers de jeunes attendent impatiemment dans les prisons de retrouver leur liberté ! Des familles sont séparées et attendent un permis pour se réunir sous un seul toit ! Vous souffrez d’une occupation qui n’est pas finie. Gaza et le sud d’Israël viennent de sortir d’une guerre dont les conséquences sont encore visibles sur le terrain et dans les esprits. Notre prière embrasse toutes les familles, arabes et juives, que le conflit a atteintes ! Que le Seigneur leur donne patience, confort et consolation, et que la société leur offre assistance et appui !


Cette nuit, nous avons besoin d’un moment de silence et de prière. Regardons  l’Enfant de Marie et écoutons-le : « Heureux les doux,  car ils posséderont la terre ; bienheureux sont les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu. Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. »  (Mt 5)

Vous, Monsieur le Président Abbas, avec Sa Majesté le Roi Abdallah II, avez été à l’avant-garde des personnes qui travaillent pour la paix, la non-violence et la justice ! Que le Seigneur vous protège et vous assiste. Nous apprécions vos efforts et vos positions courageuses au niveau régional et international. Merci de continuer à lutter pour une juste cause qui est celle de la paix et de la sécurité pour tous les peuples de la Terre Sainte !
Vos efforts ont donné pour fruit la reconnaissance par les Nations unies de la Palestine comme un Etat « observateur » non membre. Cette reconnaissance doit être un pas décisif vers la paix et la sécurité de tous. Seule la justice et la paix en Terre Sainte peuvent rétablir la balance de l’équilibre régional et mondial !

O Enfant de Bethléem, qui as connu, avec ta Mère et ton père adoptif, la pauvreté et l’exil en Egypte, fuyant la cruauté d’Hérode, délivre-nous de tous les tyrans de ce siècle et fais de nous un sanctuaire où tu renouvelles constamment ta naissance, afin que nous soyons les témoins de ton Amour !

Et toi, Marie notre Mère, qui as prodigué tes attentions maternelles à ton divin Enfant, protège tous les enfants du monde de tout mal et mets en leurs cœurs les semences de la foi, de l’espérance et de la bonté.

Chers frères et sœurs, je vous souhaite un joyeux Noël, et le don de la paix que le Seigneur a promis a toutes les « personnes de bonne volonté » (Lc 2, 14). Amen. 


+ Patriarche Fouad Twal 


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