samedi 14 décembre 2013

3e Dimanche de l'Avent - Gaudete : Préparons-nous, dans la joie qui vient de Dieu seul, à la Nativité du Sauveur (6/7)

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
Hendrick van Balen, la Très Sainte
Trinité entourée de la cour céleste
« Exhortation pour la veille de Noël sur le mystère de la naissance du Sauveur » (6/7)

L’amour fait transporter Dieu hors de soi-même et se fait homme, il faut donc que l’homme se quitte lui-même et devienne Dieu. Il faut que l’amour soit extatique des deux côtés. Il est vrai que Dieu, dans le dessein qu’il a eu de bâtir ce grand univers, a regardé l’homme et, à sa considération, a fait toutes les merveilles que nous voyons. Les deux luminaires, le soleil la lune et les étoiles avec toutes leurs éclatantes beautés, sont faits pour l’homme ; c’est pour lui que sont faits tous les éléments tout, ce qui vole dans l’air, tout ce qui marche sur la terre, tout ce qui nage dans les eaux sont autant d’ouvrages des amoureuses bontés de Dieu pour les hommes.

L’homme était donc étroitement obligé dans cette vue de faire tout ce qu’il faisait pour Dieu. Mais l’amour pressant ce Dieu de bonté, il va plus avant. Ce n’est pas assez de faire tout ce qu’il fait pour l’homme. Il faut qu’il quitte pour lui le sein de son Père, les beautés de l’empyrée, toutes ses grandeurs et sa gloire, et pour vous le dire en un mot, il s’anéantit en prenant la forme d’un petit enfant ; faveur étonnante qui ne doit plus laisser rien à l’homme qui soit à lui et qui le doit contraindre par une violente douceur d’abandonner tout pour cet aimable Jésus et d’entrer dans un état parfait d’anéantissement.
                                                                     
C’est bien la pensée du grand saint Paul. Mes frères, dit cette merveille des apôtres, entrez dans les mêmes sentiments de Jésus qui, tout Dieu qu’il était et égal à son Père, s’est anéanti en se faisant serviteur et, se revêtant d’un corps mortel, s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.

Jacopo Amigoni, S. Jean Baptiste adorant l'Enfant Jésus
Anéantissement aux richesses et à tous les biens de fortune, le Chrétien ne devant s’en servir que simplement pour l’usage que Jésus veut qu’on en fasse, en étant entièrement dépouillé pour ce qui regarde l’affection du cœur aux plaisirs des sens, ne s’en servant pas pour sa satisfaction mais pour celle de son cher et divin Sauveur, à l’honneur à l’estime, aux louanges, aux grandeurs de la terre, n’estimant toutes choses que selon l’esprit de l’Evangile.
Anéantissement aux biens surnaturels ne tenant à rien qu’à la volonté pure et tout unique de Jésus, ne désirant ni plus ni moins de perfection qu’il n’en veut et exige de nous, remettant entre ses mains avec confiance le soin de notre salut, de notre avancement en la vie spirituelle notre âme et toutes ses dispositions pour le temps et l’éternité, nous tenant aussi fidèles envers le Dieu de notre amour dans les délaissements, les sécheresses, aridités, désolations, peines intérieures, obscurités, que parmi toutes les consolations les plus sensibles.
Anéantissement dans l’esprit, le tirant de l’erreur où les ténèbres du péché l’ont mis, n’estimant que Dieu dans toute chose et ne prenant point d’autres règles que celles de la foi.
Anéantissement en la mémoire en ôtant toutes les choses dont le souvenir pourrait retarder en quelque façon les progrès du divin amour, rejetant toutes les pensées inutiles et se mettant dans une ignorance de tout ce qui ne nous est point nécessaire.
Anéantissement dans la volonté, n’aimant rien que Jésus, et tout pour Jésus, nous séparant de toute affection naturelle, ne vivant point selon nos inclinations et par humeur, mais uniquement par les seuls mouvements de la grâce.

Voilà les anéantissements qu’il faut que le Chrétien fasse dans la vue de ceux de son Dieu.





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