La Présentation de Marie au Temple, par Vasili Belyaev, 1890 |
D'un sermon de Saint Pierre Chrysologue
Aujourd’hui,
frères bien-aimés, vous avez entendu un Ange traiter avec une femme de la
réhabilitation de l’homme. Vous avez entendu qu’il s’agissait de ramener
l’homme à la vie, par le même chemin qui l’avait conduit à la mort. C’est un
Ange qui traite avec Marie du salut du genre humain, parce qu’un ange avait
traité de sa perte avec Eve. Vous avez entendu cet Ange révéler le moyen
ineffable de construire, du limon de notre chair, un temple à la divine
Majesté. Vous avez entendu comment un mystère incompréhensible place Dieu sur
la terre et l’homme dans le ciel. Vous avez entendu par quelle combinaison
merveilleuse Dieu s’unit à l’homme dans un seul corps. Vous avez entendu
comment la frêle nature de notre corps est affermie par l’exhortation d’un Ange,
l’animant à porter toute la gloire de la divinité.
Enfin,
de peur qu’en Marie le limon friable de notre corps ne s’affaissât sous le
poids énorme du céleste édifice ; de peur que cette branche délicate qui
devait porter le fruit de tout le genre humain ne se rompit, l’Ange a bientôt
pris les devants et dit à la Vierge : « Ne craignez pas,
Marie. » Avant d’énoncer le motif de sa mission, il lui fait entendre par
ce nom, quelle est sa dignité. Car le mot hébreu de Marie, en latin Domina,
signifie souveraine. L’Ange l’appelle souveraine, pour lui ôter la crainte qui
appartient à la servitude, destinée qu’elle est à devenir la Mère du
Dominateur, celui qu’elle doit enfanter ayant obtenu, par son autorité même,
qu’elle naquît et fût appelée souveraine.
« Ne
craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce. » C’est vrai : celui
qui a trouvé grâce ne saurait craindre. Or, vous avez trouvé grâce.
Bienheureuse celle qui, seule parmi les êtres humains et de préférence à tous,
mérita d’entendre ces paroles : « Vous avez trouvé grâce. » Quel
degré de grâce ? Une grâce aussi entière que le donne à entendre ce terme
employé auparavant par l’Ange : « pleine. » Et vraiment elle
était en sa plénitude, la grâce dont les flots abondants s’étaient versés sur
cette créature, l’avaient pénétrée et remplie. « Vous avez trouvé grâce
devant Dieu. »
Disant
ces choses, l’Ange lui-même s’étonne, ou de ce qu’une femme l’ait méritée
seule, ou de ce que tous les hommes aient mérité la vie par une femme ;
oui, l’Ange est comme frappé de stupeur, en voyant venir se renfermer tout
entier dans les étroites bornes d’un sein virginal, le Dieu pour qui toutes les
choses créées réunies ne sont que petitesse. C’est pourquoi l’Ange tarde à
préciser le but de sa mission ; de là vient qu’il nomme la Vierge par ce
qui exprime son mérite, et la salue en mentionnant la grâce. A celle qui
l’écoute, il ne livre que peu à peu son message, sans doute afin d’en faire
ressortir la signification ; c’est aussi peu à peu qu’il achève de calmer
sa crainte prolongée.
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