Saint Martin tenté par le diable, église le-Grand-York, Angleterre |
Prions ce grand Évêque : qu'il inspire des sentiments de paix aux hommes de bonne volonté. Que le Prince de la Paix règne enfin dans tous les cœurs, dans toutes les âmes, et que désormais la société des hommes s'accorde avec la Jérusalem céleste. Que votre Règne arrive. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Prions aussi pour tous nos frères défunts, ceux de la guerre de 1914-1918 mais aussi toutes les victimes des violences inhumaines.
Le bleuet pour la France, la marguerite pour la Belgique, le coquelicot pour le Royaume-Uni. Trois fleurs des champs qui repoussèrent sur les tranchées ; signe d'espérance en la victoire de la vie. |
La Messe du soldat mort au combat, par Lucien Simon, église Notre-Dame du travail, Paris |
Lettre de Sulpice Sévère à Didier, sur le livre de la
vie de Saint Martin qu’il a écrit
Sulpice
Sévère, à son cher frère Didier, salut.
II. — Martin naquit à
Sabarie, en Pannonie, de parents assez distingués, mais païens ; il fut élevé à
Ticinum, ville d’Italie.
Son père fut d’abord soldat, puis
devint tribun militaire. Martin embrassa
encore jeune la carrière des armes, et servit dans la cavalerie d’abord sous
Constance, puis sous
Julien César ; non par goût cependant, car, dès
ses premières années, cet illustre enfant ne respirait que le service de Dieu. N’ayant encore que dix ans, il se rendit à
l’église, malgré ses parents, et demanda à être mis au nombre des catéchumènes.
Bientôt après il se donna tout entier au service
de Dieu ; et, quoiqu’il n’eut encore que douze ans il désirait passer sa vie
dans la retraite. Il aurait même
exécuté ce projet, si la faiblesse de son âge ne s’y fait opposée ; mais son
âme, toujours occupée de solitudes et d’églises, lui faisait déjà projeter, dès
l’âge le plus tendre, ce qu’il exécuta plus tard avec tant d’ardeur.
Le sacrifice, par Lucien Simon, église Notre-Dame du travail, Paris |
Lorsque les empereurs
eurent ordonné que les fils des vétérans entrassent dans l’armée, son père
lui-même, qui ne voyait pas d’un œil favorable ces heureux commencements, le
présenta pour le service militaire ; ainsi, n’ayant encore que quinze ans, il
fut enrôlé et prêta le serment. À l’armée, Martin se contenta d’un seul valet,
que bien souvent, intervertissant les rôles, il servait lui-même : il allait
jusqu’à lui ôter ses chaussures et à les nettoyer ; ils prenaient leur repas
ensemble, et le plus souvent c’était le maître qui servait. Il passa environ trois ans à l’armée avant
de recevoir le baptême, et il se préserva des vices si communs parmi les
gens de guerre. Sa bienveillance et sa
charité envers ses compagnons d’armes étaient admirables, sa patience et son
humilité surhumaines.
Il est inutile de
louer sa sobriété : il pratiqua cette vertu à un tel degré, que déjà à cette
époque on le prenait plutôt pour un moine que pour un soldat ; aussi s’était-il
tellement attaché ses compagnons, qu’ils avaient pour lui le plus affectueux
respect. Martin, quoique n’étant pas
encore régénéré en Jésus-Christ, montrait déjà par ses bonnes œuvres qu’il
aspirait au baptême ; car il consolait les malheureux, secourait les pauvres,
nourrissait les nécessiteux, donnait des vêtements à ceux qui en manquaient, et
ne gardait de sa solde que ce qu’il lui fallait pour sa nourriture de chaque
jour : déjà strict observateur des paroles de l’Évangile, il ne songeait
pas au lendemain.
IV. — Cependant, les
barbares ayant fait irruption dans les Gaules, le César Julien rassembla toute
son armée près de Worms, et distribua des largesses aux soldats, qui, selon la
coutume, étaient appelés les uns après les autres. Vint le tour de Martin, qui
crut le moment favorable pour demander son congé ; car il lui semblait qu’il ne
serait pas juste, n’ayant plus l’intention de servir, de recevoir les largesses
de l’empereur. « Jusqu’ici, dit-il, je vous ai servi, César ; permettez que je serve Dieu maintenant : que
ceux qui doivent combattre acceptent vos dons ; moi, je suis soldat du Christ,
il ne m’est plus permis de combattre. »
À ces paroles, le
tyran frémit de colère, et lui dit que c’était la crainte de la bataille qui
allait se livrer le lendemain, et non la religion qui le portait à refuser de
servir. Mais l’intrépide Martin, que le soupçon de lâcheté rendait plus ferme
encore, répondit : « Si l’on attribue ma résolution à la peur et
non à ma foi, demain je me présenterai sans armes devant l’armée ennemie, et au
nom du Seigneur Jésus, armé du signe de la croix, et non du casque et du
bouclier, je m’élancerai sans crainte, au milieu des bataillons ennemis.
»
Julien le fit
aussitôt conduire en prison, et ordonna de l’exposer le lendemain sans armes
devant l’ennemi, selon ses désirs. Le jour suivant, les ennemis envoyèrent des
ambassadeurs pour traiter de la paix, se rendirent, et livrèrent tout ce qu’ils
possédaient.
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