Saint Taurin |
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Vie de Saint Taurin », chap.
3
Ainsi il ne faut pas s’étonner s’il (le démon) a fait tous ses efforts pour empêcher l’entrée de saint Taurin dans
la ville d’Evreux qui, pour lors, était plutôt un bourg qu’une ville située
au milieu des bois qui l’environnaient de tous côtés.
Il
prévoyait que le peuple qui y était assis dans les ténèbres, à son arrivée
verrait une grande lumière, et que le jour se lèverait pour ceux qui habitaient
dans la région de l’ombre de la mort.
Ange, détail de la châsse de Saint Taurin |
C’est pourquoi ce prince des ténèbres qui est appelé Léviathan, c’est à dire un
serpent à divers plis et replis, se servit de tous ses artifices pour
apporter des obstacles à la mission de notre saint. Il se présenta à lui comme un ours épouvantable ; il lui parut
comme un lion furieux ; il l attaqua sous la forme d’un grand buffle.
L’homme de Dieu, au nom de la très sainte Trinité dont il venait prêcher la
foi, avec le seul signe de la croix, triompha glorieusement de cet esprit fier
et orgueilleux.
C’est une ancienne tradition que le démon, ayant
été ainsi vaincu par le saint, une des cornes du buffle qui l’attaqua, lui
demeura entre les mains pour servir de marque de sa glorieuse victoire ;
et cette corne qui est d’une grandeur singulière est encore présentement
conservée et montrée dans la célèbre abbaye de Saint-Taurin d’Evreux. Je ne
fais point de difficulté de parler de cette tradition après messire Claude de
Saintes qui a été évêque de cette ville. ~ Il a été un des théologiens du
concile général de Trente où il donna plusieurs marques de sa grande érudition
et il a assisté au dernier concile de la province de Normandie dont il a dressé
les actes et, à son retour de ce concile, ayant réformé le bréviaire d’Evreux,
il y a mis la tradition dont nous parlons et qui se trouve dans les livres des
antiquités de la ville. Après tout, ce
n’est pas une chose nouvelle que les démons aient paru sous la forme de
différentes bêtes, et que même ils soient entrés dans leurs corps :
l’histoire est pleine de ces apparitions.
Cathédrale Notre-Dame d'Evreux |
Ces
esprits qui étaient les plus nobles images du Créateur, qui brillaient par
leurs éclatantes clartés, qui étaient élevés avec tant de gloire au-dessus du
reste des créatures, ayant dégénéré honteusement de leur glorieuse condition
par le péché, sont devenus semblables aux bêtes.
L’Ecriture
les y compare, les représentant comme
des baleines, des aspics, des basilics, des lions et des dragons ; c’est
pourquoi il ne faut pas être surpris s’ils sont contraints de se voir sous ces
figures qui marquent l’énormité du péché.
Oh ! qui saurait ce que c’est que l’offense de Dieu !
Rosace de la Cathédrale d'Evreux, détail |
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