L'abbé Henri Marie Boudon renouvela cette oblation de son
archidiaconé en 1674 le jour de la fête de l’Annonciation qui, cette année-là,
avait été transférée au 3 avril.
Il la renouvela depuis, en 1680, le jour de la
fête de l’Assomption. Voici l’acte de cette dernière rénovation.
" O grande
et incomparable Reine des anges et des hommes, toujours vierge et immaculée, dès le
premier instant de votre toute sainte conception, admirable Mère de Dieu ;
Quand je pense aux obligations incroyables que je
vous ai, à tous les amours les bontés et les miséricordes que vous m’avez
toujours fait paraître, à l’enfer, à l’ire de Dieu dont votre Fils adorable m’a
délivré par votre puissante faveur, aux grandes miséricordes de Dieu tout bon
que j’espère par vos charitables intercessions ;
Quand je pense à ce que je voudrais faire pour
vous et pour votre amour, mon aimable et non jamais assez aimée princesse, je
ne trouve ni parole, ni pensée pour vous dignement remercier, point d’amour en
moi pour vous aimer comme je le voudrais bien, point de désirs assez vastes
pour vous glorifier.
Il est vrai, ma
souveraine dame et très bonne maîtresse, que je voudrais fondre en actions
de grâces.
Je voudrais être tout changé en langue pour vous
aimer, pour vous bénir, pour raconter à toutes les créatures du ciel et de la
terre vos charitables bontés, pour publier d’un bout du monde à l’autre vos
admirables grandeurs.
Je voudrais avoir un cœur dans lequel tous les
amours sacrés qui ont été, qui sont et qui seront jamais, fussent renfermés ;
et que ce cœur se multipliât en autant de cœurs qu’il y a de gouttes d’eau dans
la mer pour vous aimer de la bonne manière.
Je voudrais avoir autant de vies qu’il y a de
créatures pour les sacrifier à Dieu seul en votre honneur.
Mais au moins, ma très sainte patronne, ma très fidèle avocate, ma très douce et très
chère mère, n’ayant qu’une âme, une vie, un cœur, un corps, tout est à
vous, cent millions de fois plus qu’à moi-même !
Voilà donc, mon âme et toutes ses opérations, ma vie
et tous les moments de ma vie, que j’offre, que je dédie, que je consacre sans
réserve à Dieu seul, dans l’union
avec mon Sauveur, Jésus-Christ, en votre honneur ; désirant
de tout mon cœur vous honorer sans cesse par tout ce que je suis et par tout ce
que je ferai ; et renouvelant la donation que je vous ai faite de la
valeur de toutes les bonnes actions que l’Esprit de votre Fils bien aimé me sera
faite et m’a fait faire ; vous donnant tout ce que je puis vous donner
dans l’ordre de Dieu, et cela sans la moindre réserve ; remettant tout en
vos pures et virginales mains pour l’appliquer à qui bon vous semblera, pour en
disposer selon votre bon plaisir qui n’est autre que le bon plaisir de Dieu.
Et en particulier, ô ma fidèle protectrice, je
renouvelle l’offrande que je vous ai faite du grand archidiaconé d’Evreux, ne
me regardant que comme une personne qui n’y agit que sous vos ordres et dans
une dépendance entière de votre souveraineté, ne considérant ce bénéfice que
comme une chose qui vous appartient entièrement, n’y voulant rien faire qu’en
qualité de votre chapelain, quoique très indigne de cet honneur que
j’estime incomparablement plus que toutes les premières dignités du monde.
Prosterné donc à vos pieds sacrés, en l’honneur de
la très sainte Trinité, Père - Fils et Saint Esprit, en l’honneur du Verbe
incarné qui a bien voulu s’assujettir à vous, je vous fais une dédicace solennelle
de tout ce que je suis, de tout ce que je fais et de tout ce que je puis avoir
et, en particulier, du grand archidiaconé d’Evreux.
O reine
de paix ! Regardez des yeux de votre miséricorde toutes ces
choses qui sont à vous, vous y intéressant pour les défendre, pour les soutenir
et y attirer les plus saintes bénédictions du ciel.
Levez-vous,
ma très chère Maîtresse, que l’homme ne se fortifie point, que je
trouve ma joie dans le salut que vous me donnerez !
Levez-vous
pour me secourir, combattez ceux qui combattent contre vos
intérêts, qu’ils deviennent comme la poussière que le vent emporte, et que
l’ange du Seigneur les poursuive, qu’ils soient surpris dans le piège qu’ils
ont dressé en secret, parce que vous délivrez le pauvre du plus puissant que
lui.
O tous
les neuf chœurs des bienheureux anges ; ô saints et saintes de Jésus et
particulièrement glorieux archanges saint Michel, saint Gabriel, saint Raphaël,
mon bon ange gardien, ange tutélaire du diocèse d’Evreux, anges tutélaires de
toutes les églises de tous les lieux et de toutes les personnes qui y sont.
O saints
évêques d’Evreux, spécialement saint Taurin, saint Eterne, saint Gaud, saint
Lan, saint Aquilin, tous les saints dont il y’a des reliques, saints patrons de
toutes les églises et de toutes les personnes de ce diocèse.
Saint
Joseph, saint Jean-Baptiste, saint Jean l’évangéliste, tous mes saints patrons
et patronnes, saints archidiacres avec tous les anges tutélaires qui vous ont
autrefois gardés, venez à mon secours aidez-moi à présenter cette offrande à
notre commune reine, aidez-moi à l’aimer.
Mais comme cela ne me contente pas encore,
adorable Jésus, souffrez que je me perde
en vous pour aimer par votre amour, pour louer par vos louanges la très pure
Vierge Marie votre véritable Mère.
Au nom d’un seul Dieu en trois personnes, le Père,
le Fils et le Saint Esprit ; au nom de Jésus sous la protection de Marie,
de Joseph, de Joachim, d’Anne, de tous les bons anges et saints patrons du
diocèse d’Evreux, et spécialement de ceux du grand archidiaconé, je
fais cette présente offrande et dédicace, ce que j’ai signé de mon
sang et ce que je voudrais avoir signé jusqu’à la dernière goutte. "
Henri-Marie Boudon
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