Les tentations, Psautier.d'Ingeburge |
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Les saintes voies de la croix »,
chap.5 : Des
doutes et scrupules
Les scrupuleux sont très sujets à ces
doutes, dont les scrupules,
selon Grenade, viennent, ou de ce qu’ils ne peuvent pas faire la différence
entre la pensée et le consentement de la volonté ; et à cela l’unique remède est l’obéissance, s’en
rapportant au jugement du directeur ; ou de ce que les hommes ne comprennent pas assez la
bonté de Dieu, et le désir extrême qu’il a de les sauver. Ils le traitent
comme un juge rigoureux et bizarre, et ils
sont infiniment injurieux à la bonté de Dieu, étant entièrement éloignés
des sentiments qu’ils en doivent avoir. Ce sont les propres paroles de cet
auteur.
Pour
lors il faut, selon le commandement du
Saint-Esprit, prendre des sentiments de bonté du Dieu de toute miséricorde, et
le chercher en simplicité de cœur. (Sap. I, 1)
Il est vrai que les scrupuleux ont des
pensées de la conduite de Dieu, qu’ils ne pourraient pas prendre d’un honnête
homme sans l’offenser. Il leur semble que Dieu ne veille que sur leur perte.
Oh ! Que ces miséricordes sont bien plus grandes que nous ne pouvons
jamais penser !
Les
scrupules viennent quelquefois d’une
humeur mélancolique ; et en cet état on a besoin de récréations
honnêtes et du secours de la médecine, ou de la qualité de l’esprit ; et
en ce cas il est assez difficile d’y remédier ; cependant l’assujettissement
du jugement y fera beaucoup.
La confiance en Dieu. |
Les scrupules viennent aussi de la lecture des livres de théologie, et spécialement
des matières de la prédestination, de la grâce, ou d’autres sujets qui ne sont
ni propres ni nécessaires à ceux qui s’en occupent, soit par la lecture, soit
par l’entretien, comme aux femmes ou aux hommes qui ne sont pas obligés par
leur état d’étudier ces matières. Pour lors il n’y a point d’autre voie que de
renoncer absolument à ces lectures, se défaire des livres que l’on en a,
quitter les entretiens où l’on en parle, ne
s’arrêter jamais volontairement aux raisonnements, ni aux pensées qui en
arrivent, les éloignant doucement de son esprit, ou n’y pensant pas avec une
entière vue, n’y donnant plus d’occasion ; autrement ces curiosités
sont suivies d’étranges peines et malheurs ; et l’expérience fait voir que
ces esprits, curieux ordinairement, ont toujours quelque peine, et ne sont
jamais dans un parfait repos.
Les
scrupules viennent encore par une conduite particulière de Dieu, pour purifier
et humilier l’esprit. Dans cet état, le
remède est la patience et la soumission aux ordres de Dieu. Ils viennent aussi
du démon, qui les donne pour abattre, pour décourager, pour rendre la dévotion
insupportable ; et il faut lui résister. Ils peuvent encore venir, ou
être augmentés par les directeurs timides, peu résolus et expérimentés ;
quand cela est, il faut nécessairement changer de confesseur, il n’y a point à
cette rencontre à hésiter.
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