« Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon »,
par S.Exc. Mgr Matthieu, archevêque de Besançon
C’est à ce prodige
d’humilité et d’acquiescement aux volontés de Dieu que la grâce élevait cette
âme généreuse et le courage qu’elle lui communiquait est d’autant plus
admirable que la violence de ses peines était de nature à l’abattre davantage
et que pour me servir ici des expressions de M. Bosguérard, la sensibilité de
son cœur, la vivacité de son imagination, et l’extrême délicatesse de son
tempérament devaient les lui rendre plus pénibles à supporter. Aussi confiait-il quelquefois à ce fidèle
ami qu’il souffrait excessivement et qu’il était tombé dans un abîme d’amertume
et de douleur. Cependant au milieu de ces défaillances de la nature, rien n’altérait
sa patience et ne troublait la sérénité de ses traits. Il paraissait toujours
aussi doux aussi affable aussi facile à aborder et à entretenir.
~ Si les
souffrances de Boudon ne furent point capables d’altérer la paix qu’il trouvait
dans ses pieuses communications avec Dieu, elles
ne purent non plus le plonger dans cet abattement et cette préoccupation qui
dans les grandes traverses ôtent souvent la force et la présence d’esprit
nécessaire pour bien s’acquitter des emplois qu’on est appelé à remplir.
Quelque opposition qu’il trouvât dans l’accomplissement de ses devoirs, il s’y
livra toujours avec autant d’exactitude, d’application et de fermeté que si
rien n’avait traversé les efforts de son zèle.
Ce fut surtout
dans ses fonctions de grand archidiacre qu’il eut à supporter des
contradictions plus pénibles et à se roidir contre une résistance plus marquée
à tous ses desseins. ~ L’humble Boudon s’appelait volontiers le néant de rien ; il se mettait
facilement au-dessous de tous les hommes
et recevait avec joie leurs injustices et leurs outrages.
Mais comme prêtre,
comme archidiacre, comme élevé par Dieu-même dans un emploi qui concernait
l’honneur de sa religion et l’intérêt de son culte, il se croyait obligé de faire respecter en lui le caractère du Maître
qu’il servait et l’autorité dont il l’avait revêtu. Il se considérait comme
un de ces gardes établis sur les murs de Jérusalem et qui ne doivent jamais se
taire comme un de ceux qui marchent devant le Seigneur et devant ses saints,
pour leur préparer leurs voies et pour donner connaissance au peuple de la
science du salut ; et s’il croyait
que l’amour d’un Dieu qui a visité les hommes dans sa miséricorde devait être
son modèle et sa règle, il était persuadé aussi qu’il devait travailler avec le
même zèle que ce divin modèle, non seulement à la réforme du clergé et à son avancement
dans le culte de Dieu, mais encore à l’instruction des peuples et à leur
avancement dans la vertu.
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