En ce 4e Dimanche de Carême, l'Eglise célèbre dans la joie le dimanche de Laetare. "Réjouissez-vous" nous dit l'Eglise à la suite de l'Apôtre. La joie donne sens à notre Carême. Que celui-ci soit remplit de la joie de l'Esprit Saint. Ce Carême nous conduira à de plus grandes joies encore : celles des saintes femmes et des Apôtres qui se réjouirent de la Résurrection du Christ, notre Sauveur et notre Roi.
Soyons dans la joie. Que chaque pénitence, chaque petit renoncement, chaque petit acte de charité soit vécu joyeusement pour fêter la victoire du Seigneur car Il vient pour nous sauver.
Que le rose de la joie soit pour nous comme l'aube des temps nouveaux annoncés par l’Évangile du Christ. Mais si le dur violet de la pénitence s'atténue aujourd'hui d'un peu du blanc de la fête, n'oublions pas que nous avons encore du chemin à faire pour aimer comme le Christ nous a aimé.
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
« Science
et pratique du chrétien », chap. 5
Heureuse
donc, et mille fois heureuse l’âme qui, étant dégagée saintement de tous les
liens qui la tenaient prise aux créatures, s’élève glorieusement par le pur
amour en Dieu seul qui est un océan infini de toutes les pures joies et y
demeure saintement perdue et éternellement abîmée.
Ah mon Dieu ! quelle douceur d’être environné de tous côtés dans une mer infinie de
joie ! Ah que le monde sans amour pour Dieu ne sait-il pas ce qu’il
perd, lui qui recherche ses plaisirs incessamment et avec des empressements si
ardents !
Ma fille, disait un jour notre Seigneur à une de
ses plus zélées et plut fidèles amantes, sainte Thérèse, en lui découvrant dans
une lumière surnaturelle ce bonheur qui lui fut montré d’une manière
admirable : Voilà ce que les
misérables mondains perdent. Or cette joie qui vient de l’union de l’âme avec
Dieu, est une joie perpétuelle parce que le sujet subsiste toujours si l’âme
persévère avec fidélité dans l’amour.
C’est pourquoi saint Paul, écrivant aux Philippiens,
les exhorte par deux fois à sa réjouir sans cesse en Notre Seigneur et à ne s’inquiéter
de rien. Et le grand saint Ambroise disait que le vrai Chrétien ne doit jamais être triste.
Mais ce qui est bien considérable c’est que la
joie chrétienne demeure parmi tout ce qu’il y a de plus affligeant en la vie. C’est
ce qui a paru admirablement dans les saints Martyrs. Se peut-il rien concevoir
de plus cruel que le supplice d’un saint Laurent ? Et cependant, ce généreux
témoin de Jésus Christ, étendu sut un gril ardent pour y être rôti à petit feu,
y paraît plus content et y demeure dans une plus grande tranquillité que les
personnes du monde, parmi tous leurs vains plaisirs. Mais cette pure joie est si grande qu’elle va quelquefois jusques dans un
saint excès comme le décrit l’Apôtre lorsqu’il s’écrie : Je surabonde de
joie au milieu de mes tribulations.
Les Croix
n’ôtent donc pas la joie chrétienne mais elles la causent et l’augmentent parce
que, comme elles séparent l’âme des créatures, elles lui donnent occasion de
s’unir à Dieu et c’est dans cette union
divine, comme il a été dit que cette joie se possède. ~
Quand je parle donc de la joie continuelle du vrai
chrétien, c’est de celle qui réside dans la cime ou le centre de l’âme dont
l’union, devant être perpétuelle avec Dieu par la fidélité de son amour, le bien qui lui arrive de sa divine
jouissance sera immuable si elle persévère constamment en sa fidélité, étant
unie à celui qui ne change point.
Or cet état du vrai Chrétien, comme le remarque bien
sainte Catherine de Sienne, lui convient bien en qualité de membre de Jésus
Christ dont la partie supérieure de sa sainte âme, jouissant sans cesse de la vision béatifique a toujours été dans une
joie inconcevable pendant que sa partie inférieure a été plongée dans une mer
de douleurs.
Le vrai
Chrétien, étant uni à Jésus comme le membre l’est au chef, doit participer à
ses états et les honorer par une fidèle imitation ainsi, quoiqu’il
ne jouisse pas ici-bas de la claire vue de l’essence divine, l’alliance sacrée
et intime que le pur amour lui donne avec elle lui doit causer dans l’abîme de
son âme un repos tout divin, souffrant dans sa partie inférieure tout ce qu’il
plaira à la divine Providence de lui envoyer.
"Quo vadis, Domine ?" - "Où vas-tu, Seigneur ?", demandait Saint Pierre qui fuyait Rome persécutée, et rencontrant Jésus ressuscité sur le chemin... "Je vais à Rome pour y être crucifié". |
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