Homélie de
Saint Jean Chrysostome sur sainte Marie Madeleine au tombeau le saint jour de
la Résurrection
« Le
premier jour de la semaine », c'est-à-dire le dimanche, « au premier
point du jour et dès le matin, Marie Madeleine vint au sépulcre, et elle vit
que la pierre avait été ôtée du sépulcre ». (Chap. XX, 1.)
Jésus-Christ était ressuscité, et la pierre et les
sceaux étaient là exposés aux yeux du public. Et comme il fallait que les autres aussi fussent persuadés de la
résurrection, le sépulcre fut ouvert, et par là on reconnut ce qui venait
d'arriver.
La vue de ce sépulcre ainsi ouvert toucha Marie, qui aimait si ardemment son Maître : le jour du
sabbat étant passé, elle n'eut point de
repos qu'elle n'eût été au sépulcre, et elle y vint au point du jour, pour
recevoir quelque consolation du lieu : et l'ayant vu, et la pierre
renversée, elle n'entra point, elle ne regarda point dedans, mais brûlant d'amour, elle courut vers les
disciples, parce qu'elle avait un très-grand désir d'apprendre au plus tôt ce
qu'était devenu le corps.
Sa course et
ses paroles le marquaient et le déclaraient hautement. « On a enlevé mon Maître, et je ne sais où on l'a mis ».
Ne voyez-vous pas que Marie n'avait point encore une
claire connaissance de la résurrection, et qu'elle
pensait qu'on, avait transporté le corps die son Maître ?
N'entendez-vous
pas aussi avec quelle ingénuité elle raconte aux disciples ce qu'elle vient de
voir ? Mais l’évangéliste n'a pas manqué de lui donner toutes les louanges
qu'elle méritait, et n'a pas cru se déshonorer en faisant connaître que c'était
d'elle, qui avait été de nuit au sépulcre, qu'ils avaient appris les premières
nouvelles de la Résurrection : ainsi se
montre et éclate en tout son amour pour la vérité.
Marie étant
donc venue et ayant rapporté ces choses, les
disciples courent aussitôt au sépulcre, et ils voient les linceuls qui y
étaient, comme une marque et un témoignage de la Résurrection (3, 4, 5, 6). Si l'on eût emporté le Corps, on ne
L'aurait pas dépouillé auparavant ;
et si on l'avait dérobé, on ne se serait pas donné le soin ni la peine d'ôter
le linceul, de le plier et de le mettre en un endroit, mais on l'aurait emporté
comme Il était.
C'est pourquoi
l'évangéliste montre tant d'empressement et de soin de marquer que le Corps avait été enseveli avec beaucoup
de myrrhe, substance qui colle et attache le linge au corps comme le plomb,
qu'afin qu'ayant appris que les linceuls étaient pliés en un lieu, il part,
vous n'écoutiez pas ceux qui disent qu'on avait enlevé le Corps par fraude. Un voleur n'aurait pas été assez fou pour
employer tant de temps à une chose inutile. Pour quelle raison aurait-il laissé
les linceuls ? Comment se serait-il arrêté à les détacher du Corps,
sans qu'on s'en fût aperçu ? Il fallait pour cela bien du temps, et s'il
eût ainsi tardé, il n'aurait guère pu manquer d'être pris sur le fait.
Mais pourquoi les linceuls étaient-ils là séparément,
et le suaire plié en un lieu à part ? Pour vous montrer que, cela ne s'était pas fait à la hâte et
tumultueusement, puisque les linceuls et le suaire étaient séparés et pliés à
part : en un mot, cela s'est fait ainsi, afin que les disciples crussent
la Résurrection.
C'est pourquoi
Jésus-Christ leur apparut ensuite, comme étant déjà persuadés de la
Résurrection par ce qu'ils avaient vu. Considérez ici, je vous prie, mes
frères, combien l'évangéliste est éloigné du faste et de la vanité :
examinez le soin qu'il a de certifier que Pierre fit une exacte
recherche. Étant arrivé le premier au sépulcre et ayant vu les linceuls
qui y étaient, il ne chercha rien de plus, et il se retira. Mais Pierre, qui
était vif et bouillant, entra dans le sépulcre, examina tout avec attention et
fit une nouvelle découverte ; alors il appela Jean, afin qu'il vînt aussi
voir. Jean étant donc entré après
Pierre, vit de même les linges qui avaient servi à ensevelir le Corps, séparés
et pliés en un lieu à part. Or, ces linges ainsi séparés, pliés et mis en un
lieu à part, prouvent visiblement que celui qui les avait rangés de cette
manière n'était ni pressé ni troublé, mais qu'il était tranquille et attentif à
ce qu'il faisait.
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