lundi 29 septembre 2014

Saints Archanges, Michel, Gabriel et Raphaël, et les neuf chœurs des Esprits bienheureux

Tapisserie, Saint Michel Archange


Dom Guérranger, Année liturgique, 

au 29 septembre


Ne soyons point envieux. Par sa nature, l'ange nous est supérieur. A qui des anges pourtant fut-il dit jamais : Vous êtes mon fils ? Le premier-né n'a point choisi pour lui la nature des anges.

Sur terre, lui-même reconnut la subordination qui soumet dans le temps l'humaine faiblesse à ces purs esprits ;  il  reçut d'eux,  comme ses frères dans la chair et le sang, notification des décrets divins, secours et réconfort; mais ce n'est point aux anges qu'est soumis le monde de l'éternité, dit l'Apôtre. Attrait de Dieu pour ce qu'il y a de plus faible, comment vous comprendre, sans l'humble acquiescement de la foi s'inclinant dans l'amour ? Vous fûtes, au jour du grand combat, l'écueil de Lucifer. Mais se relevant de leur adoration joyeuse aux pieds de l'Enfant-Dieu, qui d'avance leur était montré sur le trône des genoux de Marie, les Anges fidèles chantèrent : Gloire à Dieu au plus haut des deux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.
 
Les chœurs angéliques
O Christ, mon Christ, ainsi vous nomme l'Aigle d'Athènes : l'Eglise, ravie, vous proclame en cette fête la beauté des saints Anges. Vous êtes l'humain et divin sommet d'où pureté, lumière, amour, s'épanchent sur la triple hiérarchie des neuf chœurs. Hiérarque suprême, unité des mondes, vous présidez aux  mystères déifiants de la fête éternelle.

Les armées célestes
Séraphins embrasés, étincelants Chérubins, inébranlables Trônes ; noble cour du Très-Haut, possesseurs de la meilleure part : au témoignage du sublime Aréopagite, c'est dans une communion plus immédiate aux vertus du Sauveur que s'alimentent votre justice, vos splendeurs et vos feux. De lui, par vous, déborde toute grâce sur la cité sainte.

Dominations, Vertus, Puissances ; ordonnateurs souverains, moteurs premiers, régulateurs des mondes : pour qui gouvernez-vous cet univers ?

Pour celui, sans nul doute, dont il est l'apanage : le Roi de gloire, l'Homme-Dieu, le Seigneur fort et puissant, le Seigneur des vertus, Anges, Archanges, Principautés ; messagers, ambassadeurs, surintendants du ciel ici-bas : tous aussi, n'êtes-vous pas, au dire de l'Apôtre, les ministres du salut accompli sur terre par Jésus le Pontife des cieux ?

Nous aussi, par ce même Jésus, Trinité sainte, nous vous glorifions avec ces trois augustes hiérarchies dont les neuf cercles immatériels entourent votre  Majesté comme un multiple rempart. Tendre à vous et vous ramener toutes choses est leur  commune  loi.

Anges, coupole de Notre-Dame de la garde, Marseille
Purification, illumination, union : voies successives ou simultanées, par lesquelles leurs nobles essences, attirées vers Dieu, attirent celles qui les suivent. Sublimes esprits, c'est le regard en haut que vous agissez au-dessous de vous  comme à  l'entour. Pour vous et pour nous, puisez largement au foyer divin : purifiez-nous, non point seulement, hélas ! de l'involontaire défectuosité de notre nature ; éclairez-nous; embrasez-nous des célestes  flammes.

Pour la même raison que Satan nous déteste, vous nous aimez ; protégez contre l'ennemi commun la race du Verbe fait chair. Gardez-nous dignes d'occuper parmi vous les places laissées vides par ceux que perdit l'orgueil.



Le Christ Roi, entouré des neuf chœurs des Anges et des Esprits bienheureux


samedi 27 septembre 2014

Préparons-nous à la fête des Saints Archanges 2/2

Prière à Saint Michel Archange 


Icône de Saint Michel Archange,
écrite par Saint Andreï Roublev.
Saint Michel, Archistratège du Seigneur, vivante présence de la protection divine, rempart céleste invisible et parfait au temps de l’adversité. 

Toi qui toujours combattis le bon combat, viens à nos côtés dans la lutte que nous menons pour survivre dans ce monde où Dieu n’a plus la première place, étaie notre faiblesse et sois notre puissante protection dans l’’adversité, le bouclier qui nous préserve des assauts du Malin, chemine avec nous dans les épreuves afin que nous atteignions le havre de Paix.

Relève-nous lorsque nous sommes à terre sous le poids de nos péchés et transgressions, affermis notre courage lorsque nous vacillons à cause de la faiblesse de nos résolutions, délivre-nous par ton intercession puissante du mensonge de l’hypocrisie et de la vaine gloire.

Tranche de ton glaive de feu les racines profondes que nos iniquités ont planté dans nos âmes, sois le gardien sempiternellement présent de notre vie, afin que protégés par ta sainte garde et sanctifiés à l’ombre lumineuse de tes ailes, nous arrivions au Royaume du Père, du Fils et du Saint-Esprit, à qui reviennent tout honneur et toute gloire, dans les siècles des siècles. Amen !



mercredi 24 septembre 2014

Préparons-nous à la fête des Saints Archanges 1/2

Prière orthodoxe à Saint Archange Michel


O Grand Saint Michel, Archange de Dieu premier parmi les Anges, toi qui te tiens devant l’ineffable et transcendante Trinité, serviteur et protecteur de l’humaine génération qui avec tes armées écrasas la tête de l’orgueilleux Lucifer dans les cieux et qui couvris à jamais de honte sa malice et ses desseins sur terre, vers toi nous accourons avec foi.

Et nous te prions avec amour, sois un bouclier indestructible et un ferme rempart pour ta Sainte Eglise et notre patrie, les protégeant de tous les ennemis visibles et invisibles toutes deux par ton glaive étincelant.

Sois un guide et un Ange gardien pour nos autorités civiles, leur donnant l’illumination et le pouvoir, la joie, la paix et la consolation qui viennent du Trône du Roi des Rois. Sois un chef et un invincible compagnon d’armes pour nos forces armées amies du Christ, les couronnant de gloire et victoire sur l’Ennemi. 

Afin que tous ceux qui s’opposent à nous sachent que Dieu et Ses saints Anges sont avec nous, ne nous laisse pas privés de ton aide et assistance. Nous qui glorifions ton saint nom en ce jour, ô Archange de Dieu, car vois-le bien, quoique nous soyons de grands pécheurs, nous ne voulons périr dans nos iniquités mais nous tourner vers le Seigneur et être vivifiés par Lui pour accomplir de bonnes œuvres. C’est pourquoi nous te demandons d’illuminer notre intellect de la Lumière de la Face de Dieu qui brille toujours sur ton front semblable à l’éclair. 

Afin que nous puissions comprendre que la volonté de Dieu  est pour nous bonne et parfaite, et que nous puissions savoir ce que nous devons faire, et ce que nous devons dédaigner et fuir par la grâce du Seigneur, donne force à notre faible volonté et à notre résolution débile.

Afin que rendus ferme dans la Loi du Seigneur nous puissions alors cesser d’être ballottés par les pensées terrestres et les convoitises de la chair, que nous cessions d’être distraits comme des enfants sans raison par les beautés périssables de ce monde, oubliant dans notre folie les choses éternelles et célestes pour l’amour de ce qui est corruptible et terrestre, et par-dessus tout demande pour nous un véritable esprit de repentance venu d’en-Haut, une tristesse en Dieu qui ne soit pas feinte et la contrition pour nos péchés.

Afin que nous puissions passer le nombre de jours qui nous restent dans cette vie transitoire, non dans les plaisirs de nos sens et dans l’esclavage de nos passions mais en effaçant plutôt par nos larmes de foi et de contrition de cœur, par nos combats pour la pureté et de saintes actions de miséricorde, les mauvaises actions que nous avons accomplies et quand l’heure de notre repos et de notre libération des liens de ce corps de glaise approchera, ô Saint Archange de Dieu ne nous laisse pas sans défense.

Contre les esprits malins dans les lieux élevés, esprits qui veulent empêcher l’ascension de l’âme humaine vers le ciel, que protégés par toi, nous atteignions sans entraves les glorieuses demeures du Paradis où il n’y a ni peine, ni soupir, mais la Vie éternelle, et que nous soit accordé de contempler la Face très radieuse de notre très bienfaisant Maître et Seigneur et de Lui rendre gloire avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen !



mardi 23 septembre 2014

Saint Padre Pio

Dans une lettre datée du 1er mai 1912, Saint Padre Pio écrivait : 

« Comme ce mois (de mai) prêche bien les douceurs et la beauté de Marie !... 
Combien de fois n'ai-je pas confié à cette Mère les pénibles angoisses de mon cœur agité ! Et combien de fois ne m'a-t-Elle pas consolé ? Pauvre petite Maman, comme Elle m'aime ! Je m'en suis à nouveau rendu compte dès les premières heures de ce mois.
Avec beaucoup de soins, Elle m'a Elle-même accompagné à l'Autel ce matin... Je voudrais avoir une voix tellement puissante pour inciter les pécheurs du monde entier à aimer la Madone ! Mais puisque cela m'est impossible, le prierai encore mon petit ange de remplir pour moi ce devoir... ». 




jeudi 18 septembre 2014

Notre Dame de Compassion

Canon de supplication à la Très Sainte Mère de Dieu 
pour la confession d'un pécheur

Composé par le moine Euthyme, le Chancelier

Ode 1. Ton 6. Traversant la mer…
Robert Lentz, Notre Dame portant la
Sainte Couronne d'épines du Sauveur
Comment puis-je regretter ma vie sordide, Souveraine Dame, et la multitude de mes innombrables mauvaises actions? Que puis-je te dire, Vierge Pure? Je suis perdu et je tremble. Mais aide-moi !
Où, misérable que je suis, commencerais-je à raconter mes mauvaises actions et mes horribles offenses?
Et qu’adviendra-t-il alors de moi? Mais, Dame Souveraine, avant la fin aie aussi pitié de moi.
J'ai foulé toutes les voies des péchés, ô Immaculée, et je n'ai en aucune façon trouvé le chemin du salut.
Mais j’accours vers toi aimante Dame: Ne me méprise pas qui me repens du fond de mon âme.
Je pense sans cesse à l'heure de la mort, ô Toute Pure, et au redoutable Jugement, mais par habitude je suis terriblement en proie à tous les maux. Mais aide-moi.
Le corrupteur de tout ce qui est bon, maintenant me voyant nu, sans guidance et loin du Dieu des pieuses vertus, est impatient de m’engloutir. Dame Souveraine, sauve-moi.

Ode 3. Nul n'est saint comme toi...
J'ai honteusement souillé mon âme, Souveraine Dame, Mère de Dieu, à travers d'innombrables offenses, misérable que je suis. Et, totalement sous l'emprise du désespoir, comme je le suis à présent, où puis-je aller maintenant?
Hélas, j'ai effacé ce qui est conforme à l'image de Dieu par mon fier caractère, malheureux que je suis! Et où puis-je aller maintenant? Mais hâte-toi, ô Vierge de me secourir.
Dans cette vie, nul être parmi les mortels n’a fait des actes licencieux comme moi, Vierge Aimante, car j'ai souillé le divin baptême.
J'ai atteint la limite de maux, Très Sainte Vierge, mais hâte-toi de me secourir, car le ciel et la terre amèrement crient contre mes innombrables actions révoltantes.

Ode 4. Ô Christ, ma puissance…
Les ordres angéliques et les armées des Cieux, les Puissances de ton Fils tremblent devant ta puissance, Pure Dame; tandis que moi, bien que je sois désespéré, suis en proie à la témérité.
La terre entière est étonnée et tremble à la vue de celui qui horriblement et méchamment accomplis des actes scandaleux.
J'ai malignement souillé le temple du corps, et le Temple du Seigneur, où les mortels entrent en tremblant, moi le prodigue, hélas, j’y entre sans honte.
Ne me repousse pas, Dame Souveraine, ne me repousse pas comme un étranger, moi qui ai été éloigné du havre de ton Fils, et qui suis tout à fait indigne. Mais purifie-moi aussi de la tache de mes offenses.
                                
Roger Van der Weyden, Marie - Mater dolorosa
Ode 5. Par Ta lumière divine, Toi Qui est Bon…
Adam transgressa un commandement de ton Fils, ô Vierge, et il subit l'exil. Mais comment puis-je déplorer l'abîme de mes fautes, moi le rebelle et le transgresseur contre Dieu?
Caïn a été révélé jadis comme destructeur et meurtrier de son frère avant d'avoir été maudit par Dieu. Mais que ferai-je donc, moi qui ai tout osé? Car j'ai tué mon âme, et maintenant je n’ai pas honte.
J'ai rivalisé avec le terrible Ésaü, j'ai souillé l'âme et le corps par la gourmandise et le plaisir, j’ai sali ma vie par l’ivresse et la luxure. Qui ne pleurerait pas sur moi, misérable que je suis.
Par Ta Lumière Divine, ô Dieu Bon, guéris les passions de l'âme, que le Corrupteur a semées en moi. Délivre-moi de son amère captivité. Car il rit en me voyant perdu.

Ode 6. Voyant l’océan de la vie…
Ma vie est dissolue, mon âme souillée et ma vie tout à fait malheureuse, alors que j'ai souillé tout mon corps par de mauvaises actions. Pour ce, hâte-toi, ô Vierge de me secourir.
Ma fin est venue et je ne puis pas supporter mon sort, ô Vierge Aimante. Ma conscience me rabroue, car elle expose devant moi mes mauvaises actions et le désordre de ma vie, et je tremble de peur devant le tribunal de ton Fils, ô Vierge Pure.
En vérité, ô Toute Pure, le fleuve de feu effrayant et inextinguible et le ver vigilant attendre la fièvre ardente de ma chair. Mais délivrez-moi d'eux par tes prières.
Je suis sous l'emprise de la terreur et je tremble devant les assauts de l'Ennemi, ô Vierge Aimante, car, avant la fin, le Corrupteur grince des dents contre moi, me saisissant comme un prisonnier dépouillé de vertus.
 
Ode 7. Un ange dans la fournaise...
Le Diable rusé a chauffé la flamme de mes passions sept fois et avec les adultères du cœur, il m'a tout à fait mis à mort. Mais avec le flot de mes larmes, éteins ce feu, ô Mère de Dieu, et ne me rejette pas.
Dame Souveraine, ne me laisse pas être noyé dans la boue de mes fautes, car le très vil Ennemi, me voyant dans le désespoir, ô Dame Aimante, se moque de moi. Mais avec ta main puissante relève-moi.
Ô mon âme misérable et dépourvue de sentiments, redoutable est le Jugement et terrifiante et sans fin la peine, mais néanmoins prosterne-toi maintenant devant la Mère de ton juge et ton Dieu, et pourquoi désespéras-tu de toi-même?
Toute mon espérance, souveraine dame, moi le prodigue, je l’ai mise en toi. Ne détourne pas ton visage loin de moi, ne me ferme pas ton cœur compatissant, ô Mère de Dieu, mais aide-moi.
Misérable que je suis, je suis devenu noir par la multitude de mes innombrables mauvaises actions, et j’ai changé pour le pire aux yeux et à l'esprit de mon âme. Amène-moi donc rapidement avec les rayons de ta lumière à la douceur de l’absence de passions.

Au pied de la Croix se trouvaient Marie et saint Jean
Sceau de l'abbaye de Bouzonville
Ode 8. Tu changeas la flamme en rosée...
Vierge Mère, qui donnas naissance à Dieu, l'un de la Trinité et le portas dans tes bras, éteins la fournaise farouche du feu de mes passions et purifie mon âme par des ruisseaux de larmes.
Je tremble devant la mort qui vient, ô Toute Pure, et je ne crains pas du tout ce Jugement, car je ne cesse pas totalement de faire de mauvaises actions. Avant la fin, aie pitié et sauve-moi par tes prières.
Accorde-moi jamais des gémissements sans fin et une fontaine de larmes, Dame Souveraine, afin que je puisse me laver de mes nombreuses fautes et de mes incurables blessures, afin que je puisse atteindre la vie éternelle.
Je t’ai confessé les multitudes de mes mauvaises actions, car personne d'autre dans le monde n’a provoqué la colère de Dieu, ton Fils et Seigneur, comme je l'ai fait Dame Souveraine. Réconcilie-moi bientôt avec Lui, par tes prières.
Maître, Compatissant, par nature, ne me mets pas avec les condamnés à l'heure du Jugement, mais par les prières de Ta Mère, aie pitié de moi et me place avec les brebis à Ta dextre.

Ode 9. Il est impossible pour l'homme de voir Dieu…
Tu vois, je m’approche de toi, ô Toute Pure, avec grande crainte et amour, car moi, ton serviteur, je connais la force de ta prière fervente. Car la supplication d'une Mère, ô Toute Bénie, a une grande force auprès de son Fils. Car il est mû par la compassion.
Ô Vierge Pure, prends avec toi les chœurs d'archanges et la multitude des hôtes célestes, le Précurseur, les apôtres, les prophètes, les martyrs et les ascètes, et les évêques martyrs, et intercède pour moi auprès de Dieu.
Puissè-je trouve ton aide, ô Vierge Pure, maintenant et au moment où je rendrai mon esprit. Sauve-moi prestement des démons et délivre-moi de leur tyrannie, ô Tout Immaculée, et ne me laisse pas, Vierge Aimante, être remis entre leurs mains.
J'attends un Juge Compatissant, ton Fils Ami des hommes, Vierge Pure. Ne me dédaigne pas, mais fais qu’Il me soit miséricordieux, et me fasse me tenir ensuite à la droite de Son très pur tribunal, ô toi qui es toute louée, car en toi j’ai mis mon espérance.
Principautés, Archanges, Dominations et Séraphins, Puissances, Autorités et Anges, Trônes avec les nombreux Chérubins aux yeux innombrables, tandis qu’eux nous honorons ton Fils, ô Vierge Mère, tous pieusement, nous te magnifions.

Toi plus vénérable que les Chérubins, et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, Toi qui sans tache enfantas Dieu le Verbe, Toi véritablement Mère de Dieu nous Te magnifions!




lundi 15 septembre 2014

Notre Dame des douleurs

La grotte de Lourdes, Notre Dame y accueille tous ceux
qui peinent et qui souffrent.


Le 15 septembre 2008, le pape Benoît XVI a célébré la messe pour les malades en la fête de Notre-Dame des Douleurs. Après l'homélie, le Saint-Père a donné l'onction des malades rassemblés sur l'esplanade de la basilique Notre-Dame du Rosaire.

Ce sacrement est destiné aux personnes malades pour les renforcer dans leur fidélité à l'Alliance avec Dieu dans les souffrances et les difficultés




Chers frères dans l'Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers malades, chers accompagnateurs et hospitaliers,
Chers frères et sœurs !


Nous avons célébré hier la Croix du Christ, l'instrument de notre Salut, qui nous révèle dans toute sa plénitude la miséricorde de notre Dieu. La Croix est en effet le lieu où se manifeste de façon parfaite la compassion de Dieu pour notre monde.

Chemin de Croix, Jésus tombe sous le poids de la Croix et
rencontre sa Très Sainte Mère, Notre Dame des douleurs.
Aujourd'hui, en célébrant la mémoire de Notre-Dame des Douleurs, nous contemplons Marie qui partage la compassion de son Fils pour les pécheurs. Comme l'affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée dans la Passion de son Fils par sa compassion (cf. Homélie pour le dimanche dans l'Octave de l'Assomption). Au pied de la Croix se réalise la prophétie de Syméon : son cœur de mère est transpercé (cf. Lc 2, 35) par le supplice infligé à l'Innocent, né de sa chair. Comme Jésus a pleuré (cf. Jn 11,35), Marie a certainement elle aussi pleuré devant le corps torturé de son enfant. La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l'abîme de sa douleur ; la profondeur de cette affliction est seulement suggérée par le symbole traditionnel des sept glaives. Comme pour son Fils Jésus, il est possible de dire que cette souffrance l'a conduite elle aussi à sa perfection (cf. Hb 2, 10), pour la rendre capable d'accueillir la nouvelle mission spirituelle que son Fils lui confie juste avant de « remettre l'esprit » (cf. Jn 19, 30) : devenir la mère du Christ en ses membres. En cette heure, à travers la figure du disciple bien-aimé, Jésus présente chacun de ses disciples à sa Mère en lui disant : « Voici ton Fils » (cf. Jn 19, 26-27).

Marie est aujourd'hui dans la joie et la gloire de la Résurrection. Les larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers nous demeure intacte. L'intervention secourable de la Vierge Marie au cours de l'histoire l'atteste et ne cesse de susciter à son égard, dans le peuple de Dieu, une confiance inébranlable : la prière du Souvenez-vous exprime très bien ce sentiment. Marie aime chacun de ses enfants, portant d'une façon particulière son attention sur ceux qui, comme son Fils à l'heure de sa Passion, sont en proie à la souffrance ; elle les aime tout simplement parce qu'ils sont ses fils, selon la volonté du Christ sur la Croix.

Icone moderne de l'Anastasis - la Résurrection.
Le Christ est adoré par les Anges à la sortie du tombeau.
Le psalmiste, percevant de loin ce lien maternel qui unit la Mère du Christ et le peuple croyant, prophétise au sujet de la Vierge Marie que « les plus riches du peuple… quêteront ton sourire » (Ps 44, 13). Ainsi, à l'instigation de la Parole inspirée de l'Écriture, les chrétiens ont-ils depuis toujours quêté le sourire de Notre Dame, ce sourire que les artistes, au Moyen-âge, ont su si prodigieusement représenter et mettre en valeur. Ce sourire de Marie est pour tous ; il s'adresse cependant tout spécialement à ceux qui souffrent afin qu'ils puissent y trouver le réconfort et l'apaisement. Rechercher le sourire de Marie n'est pas le fait d'un sentimentalisme dévot ou suranné, mais bien plutôt l'expression juste de la relation vivante et profondément humaine qui nous lie à celle que le Christ nous a donnée pour Mère.

Désirer contempler ce sourire de la Vierge, ce n'est pas se laisser mener par une imagination incontrôlée. L'Écriture elle-même nous le dévoile sur les lèvres de Marie lorsqu'elle chante le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 46-47). Quand la Vierge Marie rend grâce au Seigneur, elle nous prend à témoin. Marie partage, comme par anticipation, avec ses futurs enfants que nous sommes, la joie qui habite son cœur, pour qu'elle devienne la nôtre.

Marie, Mère de Consolations
Chaque récitation du Magnificat fait de nous des témoins de son sourire. Ici à Lourdes, au cours de l'apparition qui eut lieu le mercredi 3 mars 1858, Bernadette contempla de manière toute particulière ce sourire de Marie. Celui-ci fut la première réponse que la Belle Dame donna à la jeune voyante qui voulait connaître son identité. Avant de se présenter à elle, quelques jours plus tard, comme « l'Immaculée Conception », Marie lui fit d'abord connaître son sourire, comme étant la porte d'entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère.

Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers nous, se reflète notre dignité d'enfants de Dieu, cette dignité qui n'abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu, est la source d'une espérance invincible

Nous le savons malheureusement : la souffrance endurée rompt les équilibres les mieux assurés d'une vie, ébranle les assises les plus fermes de la confiance et en vient parfois même à faire désespérer du sens et de la valeur de la vie. Il est des combats que l'homme ne peut soutenir seul, sans l'aide de la grâce divine. Quand la parole ne sait plus trouver de mots justes, s'affirme le besoin d'une présence aimante : nous recherchons alors la proximité non seulement de ceux qui partagent le même sang ou qui nous sont liés par l'amitié, mais aussi la proximité de ceux qui nous sont intimes par le lien de la foi.

Qui pourraient nous être plus intimes que le Christ et sa sainte Mère, l'Immaculée ? Plus que tout autre, ils sont capables de nous comprendre et de saisir la dureté du combat mené contre le mal et la souffrance. La Lettre aux Hébreux dit à propos du Christ, qu'il « n'est pas incapable de partager notre faiblesse ; car en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous » (cf. Hb 4, 15)

Notre-Dame des Douleurs et de Compassion
Je souhaiterais dire, humblement, à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et sont tentés de tourner le dos à la vie : tournez-vous vers Marie ! Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d'elle se trouve également la grâce d'accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce monde, à l'heure voulue par Dieu.

Comme elle était juste l'intuition de cette belle figure spirituelle française, Dom Jean-Baptiste Chautard, qui, dans L'âme de tout apostolat, proposait au chrétien ardent de fréquentes « rencontres de regard avec la Vierge Marie » ! Oui, quêter le sourire de la Vierge Marie n'est pas un pieux enfantillage, c'est l'aspiration, dit le Psaume 44, de ceux qui sont « les plus riches du peuple » (v. 13). 
« Les plus riches », c'est-à-dire dans l'ordre de la foi, ceux qui ont la maturité spirituelle la plus élevée et savent précisément reconnaître leur faiblesse et leur pauvreté devant Dieu. En cette manifestation toute simple de tendresse qu'est un sourire, nous saisissons que notre seule richesse est l'amour que Dieu nous porte et qui passe par le cœur de celle qui est devenue notre Mère. Quêter ce sourire, c'est d'abord cueillir la gratuité de l'amour ; c'est aussi savoir provoquer ce sourire par notre effort pour vivre selon la Parole de son Fils Bien-aimé, tout comme un enfant cherche à faire naître le sourire de sa mère en faisant ce qui lui plaît. Et nous savons ce qui plaît à Marie grâce aux paroles qu'elle adressa aux serviteurs à Cana : « Faites tout ce qu'il vous dira » (cf. Jn 2, 5).

Le sourire de Marie est une source d'eau vive. « Celui qui croit en moi, dit Jésus, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur » (Jn 7, 38). Marie est celle qui a cru, et, de son sein, ont jailli des fleuves d'eau vive qui viennent irriguer l'histoire des hommes. La source indiquée, ici, à Lourdes, par Marie à Bernadette est l'humble signe de cette réalité spirituelle. De son cœur de croyante et de mère, jaillit une eau vive qui purifie et qui guérit. En se plongeant dans les piscines de Lourdes, combien n'ont-ils pas découvert et expérimenté la douce maternité de la Vierge Marie, s'attachant à elle pour mieux s'attacher au Seigneur ! Dans la séquence liturgique de cette fête de Notre-Dame des Douleurs, Marie est honorée sous le titre de « Fons amoris », «Source d'amour ». Du cœur de Marie, sourd, en effet, un amour gratuit qui suscite en réponse un amour filial, appelé à s'affiner sans cesse. Comme toute mère et mieux que toute mère, Marie est l'éducatrice de l'amour. C'est pourquoi tant de malades viennent ici, à Lourdes, pour se désaltérer auprès du « Fons amoris » et pour se laisser conduire à l'unique source du salut, son Fils, Jésus le Sauveur.

Sacrement de l'Onction des malades,
vitrail.
Le Christ dispense son Salut à travers les Sacrements et, tout spécialement, aux personnes qui souffrent de maladies ou qui sont porteuses d'un handicap, à travers la grâce de l'onction des malades. Pour chacun, la souffrance est toujours une étrangère. Sa présence n'est jamais domesticable. C'est pourquoi il est difficile de la porter, et plus difficile encore - comme l'ont fait certains grands témoins de la sainteté du Christ - de l'accueillir comme une partie prenante de notre vocation, ou d'accepter, comme Bernadette l'a formulé, de « tout souffrir en silence pour plaire à Jésus ». Pour pouvoir dire cela, il faut déjà avoir parcouru un long chemin en union avec Jésus. Dès à présent, il est possible, en revanche, de s'en remettre à la miséricorde de Dieu telle qu'elle se manifeste par la grâce du Sacrement des malades. 

Bernadette, elle-même, au cours d'une existence souvent marquée par la maladie, a reçu ce Sacrement à quatre reprises. La grâce propre à ce Sacrement consiste à accueillir en soi le Christ médecin. Cependant, le Christ n'est pas médecin à la manière du monde. Pour nous guérir, il ne demeure pas extérieur à la souffrance éprouvée ; il la soulage en venant habiter en celui qui est atteint par la maladie, pour la porter et la vivre avec lui. La présence du Christ vient rompre l'isolement que provoque la douleur. L'homme ne porte plus seul son épreuve, mais il est conformé au Christ qui s'offre au Père, en tant que membre souffrant du Christ, et il participe, en Lui, à l'enfantement de la nouvelle création.

Sans l'aide du Seigneur, le joug de la maladie et de la souffrance est cruellement pesant. En recevant le Sacrement des malades, nous ne désirons porter d'autre joug que celui du Christ, forts de la promesse qu'il nous a faite que son joug sera facile à porter et son fardeau léger (cf. Mt 11, 30). J'invite les personnes qui recevront l'onction des malades au cours de cette messe à entrer dans une telle espérance.
Porter sa Croix avec le Christ

Le Concile Vatican II a présenté Marie comme la figure en laquelle est résumé tout le mystère de l'Église (cf. Lumen Gentium n. 63-65). Son histoire personnelle anticipe le chemin de l'Église, qui est invitée à être tout aussi attentive qu'elle aux personnes qui souffrent. 

J'adresse un salut affectueux à toutes les personnes, particulièrement le corps médical et soignant, qui, à divers titres dans les hôpitaux ou dans d'autres institutions, contribuent aux soins des malades avec compétence et générosité. Je voudrais également dire à tous les hospitaliers, aux brancardiers et aux accompagnateurs qui, provenant de tous les diocèses de France et de plus loin encore, entourent tout au long de l'année les malades qui viennent en pèlerinage à Lourdes, combien leur service est précieux. Ils sont les bras de l'Église servante. Je souhaite enfin encourager ceux qui, au nom de leur foi, accueillent et visitent les malades, en particulier dans les aumôneries des hôpitaux, dans les paroisses ou, comme ici, dans les sanctuaires. Puissiez-vous, en étant les porteurs de la miséricorde de Dieu (cf. Mt 25, 39-40), toujours ressentir dans cette mission importante et délicate le soutien effectif et fraternel de vos communautés!

Le service de charité que vous rendez est un service marial. Marie vous confie son sourire, pour que vous deveniez vous-mêmes, dans la fidélité à son Fils, source d'eau vive. Ce que vous faites, vous le faites au nom de l'Église, dont Marie est l'image la plus pure. Puissiez-vous porter son sourire à tous!

En conclusion, je souhaite m'unir à la prière des pèlerins et des malades et reprendre avec vous un extrait de la prière à Marie proposée pour la célébration de ce Jubilé :

« Parce que tu es le sourire de Dieu, le reflet de la lumière du Christ, la demeure de l'Esprit Saint, parce que tu as choisi Bernadette dans sa misère, que tu es l'étoile du matin, la porte du ciel, et la première créature ressuscitée, Notre-Dame de Lourdes », avec nos frères et sœurs dont le cœur et le corps sont endoloris, nous te prions !



dimanche 14 septembre 2014

Croix glorieuse de Notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ

Croix glorieuse de Notre Seigneur et Sauveur, adorée par les Saints Anges. Icône.

Sur la fin de l'empire de Phocas, Chosroès, roi des Perses, ayant occupé l'Egypte et l'Afrique, s'empara aussi de Jérusalem où il massacra des  milliers de chrétiens. La Croix du Seigneur, dont sainte Hélène avait enrichi le Calvaire, fut par lui emportée en Perse. Héraclius cependant succédait à Phocas. Réduit aux dernières extrémités par les calamités de la guerre, il demandait la paix, sans pouvoir, aux plus dures conditions, l'obtenir de Chosroès qu'enflaient ses victoires. C'est pourquoi, s'absorbant dans le jeûne et la prière, il se tourne vers Dieu, implorant secours en son péril extrême ; avis lui est donné du ciel de rassembler des troupes; il les mène à l'ennemi, et défait trois généraux de Chosroès avec leurs armées.

Abattu par ces revers, et fuyant vers le Tigre qu'il s'apprête à passer, Chosroès associe au trône son fils Médarsès. Mais Siroès l'aîné, furieux de l'injure, dresse des embûches à son père et à son frère, les arrête dans leur fuite et les tue peu après ; ce qu'étant accompli, il obtint d'être reconnu roi par Héraclius, sous certaines clauses dont la première portait restitution de la Croix du Seigneur. 
Quatorze ans après qu'elle était tombée au pouvoir des Perses, la Croix fut donc reconquise ; Héraclius, venant à Jérusalem, la reporta en grande pompe sur ses propres épaules à la montagne où le Sauveur l'avait portée.
 
Croix peinte, fresque, Beït Shean, en Terre Sainte

A cette occasion, eut lieu un insigne miracle bien digne de mémoire. Car Heraclius, couvert comme il l'était d'ornements d'or et de pierreries, ne put franchir la porte qui conduisait au Calvaire ; plus ses efforts pour avancer étaient grands, plus il semblait retenu sur place. D'où stupeur d'Héraclius et de la multitude. Mais l'évêque de Jérusalem, Zacharie , prenant la parole : "Considérez, dit-il, empereur, que cette parure de triomphe, en portant la Croix, ne rappelle pas assez peut-être la pauvreté et l'humilité de Jésus-Christ". 

Heraclius alors, dépouillant ses habits luxueux, nu-pieds, et vêtu comme un homme du peuple, fit sans difficulté le reste de la route, et replaça la Croix au Calvaire, dans le même lieu d'où les Perses l'avaient enlevée

La fête de l'Exaltation de la sainte Croix, qui se célébrait tous les ans en ce jour, acquit dès lors un éclat nouveau, en mémoire de ce que cette Croix sainte fut de la sorte rétablie par Heraclius à l'endroit où on l'avait d'abord dressée pour le Sauveur.


Reliquaire de la Sainte Croix, détail, Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem