jeudi 31 mai 2018

Fête de la Visitation du Seigneur



Quelle est celle-ci, qui s'avance belle comme l'aurore à son lever, terrible comme une armée rangée en bataille (Cant. VI, 9.? Ô Marie, c'est aujourd'hui que, pour la première fois, votre douce clarté réjouit la terre. Vous portez en vous le Soleil de justice ; et sa lumière naissante frappant le sommet des monts, tandis que la plaine est encore dans la nuit, atteint d'abord le Précurseur illustre dont il est dit qu'entre les fils des femmes il n'est point de plus grand. Bientôt l'astre divin, montant toujours, inondera de ses feux les plus humbles vallées. Mais que de grâce en ces premiers rayons qui s'échappent de la nuée sous laquelle il se cache encore ! Car vous êtes, Ô Marie, la nuée légère, espoir du monde, terreur de l'enfer (III Reg. XVIII, 44 ; Isai. XIX, 1.) ; en sa céleste transparence, contemplant de loin les mystères de ce jour, Elie le père des prophètes et Isaïe leur prince découvrirent tous deux le Seigneur. Ils vous voyaient hâtant votre course au-dessus des montagnes, et ils bénissaient Dieu ; car, dit l'Esprit-Saint, lorsque l'hiver a enchaîné les névés, desséché les vallées, brûlé les montagnes, le remède à tout est dans la hâte de la nuée (Eccli. XLIII, 21-24.).

Hâtez-vous donc, Ô Marie ! Venez à nous tous, et que ce ne soient plus seulement les montagnes qui ressentent les bienfaits de votre sereine influence : abaissez-vous jusqu'aux régions sans gloire où la plus grande partie du genre humain végète, impuissante à s'élever sur les hauteurs ; que jusque dans les abîmes de perversité les plus voisins du gouffre infernal, votre visite fasse pénétrer la lumière du salut. Oh ! puissions-nous, des prisons du péché, de la plaine où s'agite le vulgaire, être entraînés à votre suite ! Ils sont si beaux vos pas dans nos humbles sentiers (Cant. VII, 1.), ils sont si suaves les parfums dont vous enivrez aujourd'hui la terre (Ibid. I, 5.! Vous n'étiez point connue, vous-même vous ignoriez, Ô la plus belle des filles d'Adam, jusqu'à cette première sortie qui vous amène vers nos pauvres demeures (Ibid, 7.et manifeste votre puissance. Le désert, embaumé soudain des senteurs du ciel, acclame au passage, non plus l'arche des figures, mais la litière du vrai Salomon, en ces jours mêmes qui sont les jours des noces sublimes qu'a voulu contracter son amour (Ibid. III, 6-11.). Quoi d'étonnant si d'une course rapide elle franchit les montagnes, portant l'Epoux qui s'élance comme un géant de sommets en sommets (Psalm. XVIII, 6-7.) ?

Vous n'êtes pas, Ô Marie, celle qui nous est montrée dans le divin Cantique hésitante à l'action malgré le céleste appel, inconsidérément éprise du mystique repos au point de le placer ailleurs que dans le bon plaisir absolu du Bien-Aimé. Ce n'est point vous qui, à la voix de l'Epoux, ferez difficulté de reprendre pour lui les vêtements du travail, d'exposer tant qu'il le voudra vos pieds sans tache à la poussière des chemins de ce monde (Cant. V, 2-10.). Bien plutôt : à peine s'est-il donné à vous dans une mesure qui ne sera connue d'aucune autre, que, vous gardant de rester absorbée dans la jouissance égoïste de son amour, vous-même l'invitez à commencer aussitôt le grand œuvre qui l'a fait descendre du ciel en terre : "Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, levons-nous dès le matin pour voir si la vigne a fleuri, pour hâter l'éclosion des fruits du salut dans les âmes ; c'est là que je veux être à vous." (Cant. VII, 10-13.).

Et, appuyée sur lui, non moins que lui sur vous-même, sans rien perdre pour cela des délices du ciel, vous traversez notre désert (Ibid. VIII, 5.; et la Trinité sainte perçoit, entre cette mère et son fils, des accords inconnus jusque-là pour elle-même ; et les amis de l'Epoux, entendant votre voix si douce (Ibid. 13.), ont, eux aussi, compris son amour et partagé vos joies. Avec lui, avec vous, de siècle en siècle, elles seront nombreuses les âmes qui, douées de l'agilité de la biche et du faon mystérieux, fuiront les vallées et gagneront les montagnes où brûle sans fin le pur parfum des cieux (Ibid. 14.).

Bénissez, Ô Marie, ceux que séduit ainsi la meilleure part. Protégez le saint Ordre qui se fait gloire d'honorer spécialement le mystère de votre Visitation ; fidèle à l'esprit de ses illustres fondateurs, il ne cesse point de justifier son titre, en embaumant l'Eglise de la terre de ces mêmes parfums d'humilité, de douceur, de prière cachée, qui furent pour les anges le principal attrait de ce grand jour, il y a dix-huit siècles. Enfin, ô Notre-Dame, n'oubliez point les rangs pressés de ceux que la grâce suscite, plus nombreux que jamais en nos temps, pour marcher sur vos traces à la recherche miséricordieuse de toutes les misères ; apprenez-leur comment on peut, sans quitter Dieu, se donner au prochain : pour le plus grand honneur de ce Dieu très-haut et le bonheur de l'homme, multipliez ici-bas vos fidèles copies. Que tous enfin, vous ayant suivie en la mesure et la manière voulues par Celui qui divise ses dons à chacun comme il veut (I Cor. XII, 11.), nous nous retrouvions dans la patrie pour chanter d'une seule voix avec vous le Magnificat éternel !

mercredi 30 mai 2018

Sainte Jehanne d'Arc, patronne de la France

Sainte Jehanne d'Arc, priez pour nous et pour la France !

La triple donation du Royaume de France

Peu avant le sacre de Charles VII, à Reims, le 17 juillet 1429, Jeanne par un pacte officiel et public renouvelle le pacte conclu entre Dieu et le Royaume de France naissant à Reims en 496. Qui connaît, aujourd'hui, ce qui s'est passé le mardi 21 juin 1429 à 16 heures en l'abbaye de Fleury-sur-Loire, appelée ensuite Saint-Benoît-sur-Loire ? C'est pourtant là qu'a lieu un événement central de toute l'histoire de France.
Alors que la confusion la plus grande règne en France où « il y a grande pitié », Dieu se manifeste à notre nation. Débauche, immoralité, trahison des clercs et des élites intellectuelles de l'université de Paris, politique qui avec la reine Isabeau de Bavière, ont vendue la France par le traité de Troyes, qui la donne à Henri V Roi d'Angleterre, scandale de la filiation du Dauphin, le futur Charles VII, que sa propre mère appelle « bâtard » ; tout semble annoncer la disparition de la Fille Aînée de l'Eglise.
La triple donation du Royaume de France est racontée dans le Breviarium historiale, texte rédigé peu après, au cours de l'été 1429, qui est consultable à la Bibliothèque Vaticane.

Jehanne dit à Charles : «Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ?» Le Roi hésite, puis consent. «Sire, donnez-moi votre royaume».

Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l'ascendant surnaturel de la jeune fille : «Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume». Après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu'il avait fait : «Voici le plus pauvre chevalier de France : il n'a plus rien».

Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu'un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi. « Notaire, écrivez dit la pucelle inspirée : le 21 juin de l'an de Jésus christ 1429, à 4 heures du soir, Charles VII donne son royaume à Jeanne. Ecrivez encore : Jeanne donne à son tour la France à  Jésus-Christ. -Nos Seigneurs dit-elle d'une voix forte, à présent, c'est Jésus-Christ qui parle : "moi, Seigneur éternel je la donne au Roi Charles".



dimanche 27 mai 2018

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit - un seul Dieu - Trinité

Le couronnement de la sainte Vierge par la Trinité Sainte

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « La gloire de la Sainte Trinité dans le secours des âmes du Purgatoire »

O Glorieuse Trinité, heureux ceux qui habitent dans votre Maison, ils vous loueront éternellement ; que mon âme languisse et se consume du désir d’entrer dans vos aimables Tabernacles, que mon cœur et ma chair en brûlent d’ardeur, que mon âme soupire après la céleste Jérusalem comme le cerf soupire après les sources des eaux, que mon âme en ait une soif ardente, que les larmes deviennent mon pain durant le jour et durant la nuit, pendant que j’en serai exilé ; car c’est dans la sainte Sion que l’on chante le Cantique de votre gloire, vos merveilles ne se connaissent point dans les ténèbres de ce monde, ni votre justice dans cette terre d’oubli.

Il faut que votre divin visage soit découvert afin qu’il imprime votre gloire en nous comme dans un miroir et qu’ainsi, ayant perdu notre obscurité et prenant la forme de votre splendeur, nous soyons transformés en votre image.

Laudate Dominum, omnes gentes
Louez le Seigneur, tous les peuples !
C’est pour lors, ô suradorable Trinité, que vous serez vue et que vos perfections admirables étant manifestées sans ombre ni figure, vous serez parfaitement glorifiée ; c’est dans cette vue qu’assisté de votre grâce, j’écris ce petit ouvrage pour le repos des Âmes du Purgatoire, parce qu’en étant délivrées, elles vous glorifieront hautement dans la bienheureuse éternité, et c’est cette unique gloire que je désire et que je veux désirer dans tous les moments de ma vie, dans l’instant de ma mort, et éternellement après ma mort, renonçant pour jamais de tout mon cœur et de toutes mes forces à toute autre recherche, ô mon Dieu : Vous seul, vous seul, vous seul, et rien autre chose ! Ainsi soit il !



mercredi 23 mai 2018

Mère des hommes, priez pour nous

Consolatrice des affligés, priez pour nous !



De Saint Jean Maximovitch

Ayant fait l'expérience de toutes les difficultés de la vie terrestre, la Mère de Dieu voit toute larme, entend toute plainte et toute supplication qui lui est adressée.



mardi 22 mai 2018

Homélie du cardinal Sarah, prononcée hier à Chartres
Unknown-30

Chers pèlerins de Chartres,
La Lumière est venue dans le monde nous dit aujourd’hui Jésus dans l’Evangile, et les hommes ont préféré les ténèbres. Et vous, chers pèlerins, avez-vous accueilli l’unique Lumière qui ne trompe pas, celle de Dieu. Vous avez marché pendant trois jours, vous avez prié, chanté, souffert sous le soleil et sous la pluie, avez-vous accueilli la lumière dans votre cœur ? 
Avez-vous réellement renoncé aux Ténèbres, avez-vous choisi de poursuivre la route en suivant Jésus qui est la Lumière du monde. Chers amis, permettez-moi de vous poser cette question radicale car si Dieu n’est pas notre Lumière, tout le reste devient inutile. Sans Dieu, tout est ténèbres. Dieu est venu jusqu’à nous, il s’est fait homme, il nous a révélé l’unie vérité qui sauve, il est mort pour nous racheter du péché. Et à la Pentecôte, il nous a donné l’Esprit saint, il nous a offert la lumière de la foi mais nous préférons les ténèbres.
Regardons autour de nous, la société occidentale a choisi de s’organiser sans Dieu et la voilà maintenant livrée aux lumières clinquantes et trompeuses de la société de consommation, du profit à tout prix, et de l’individualisme forcené. Un monde sans Dieu est un monde de ténèbres, de mensonges et d’égoïsme. 
Sans la Lumière de Dieu, la société occidentale est devenue comme un bateau ivre dans la nuit. Il n’a plus assez d’amour pour accueillir des enfants, les protéger dès le sein de leur mère, de les protéger de l’agression de la pornographie. Privée de la lumière de Dieu, la société occidentale ne sait plus respecter ses vieillards, accompagner vers la mort les malades, faire une place aux plus pauvres et aux plus faibles. Elle est livrée aux ténèbres de la peur, de la tristesse et de l’isolement. Elle n’a plus que le vide et le néant à offrir.
Elle laisse proliférer les idéologies les plus folles. Une société occidentale sans Dieu peut devenir le berceau d’un terrorisme éthique et moral plus virulent et plus destructeur que le terrorisme des islamistes. Souvenez-vous que Jésus nous a dit : « ne craignez rien de ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme. Craignez plutôt ceux qui peuvent perdre dans la géhenne à la fois l’âme et le corps ».
Capture d’écran 2018-05-22 à 16.13.51Chers amis, pardonnez-moi cette description mais il faut être lucide et réaliste. Si je vous parle ainsi c’est parce que dans mon cœur de prêtre et de pasteur, je ressens de la compassion pour tant d’âmes égarées, perdues, tristes, inquiètes et seules.
Qui les conduira à la Lumière ? Qui leur montrera le chemin de la Vérité, le seul vrai chemin de liberté qui est celui de la Croix ? Va-t-on les livrer à l’erreur, au nihilisme désespéré ou à l’islamisme agressif sans rien faire ?
Nous devons clamer au monde que notre espérance a un nom : Jésus Christ, unique sauveur du monde et de l’humanité.
Chers pèlerins de France, regardez cette cathédrale, vos ancêtres l’ont construite pour proclamer leur foi. Tout dans son architecture, sa structure, ses vitraux proclame la joie d’être sauvés et aimés par Dieu. Vos ancêtres n’étaient pas parfaits, ils n’étaient pas sans péchés mais ils voulaient laisser la lumière de la foi éclairer leurs ténèbres.
Aujourd’hui aussi, toi peuple de France, réveille-toi, choisis la Lumière, renonce aux ténèbres !
Capture d’écran 2018-05-22 à 16.17.34Comment faire ? L’Evangile nous répond : celui qui agit selon la Vérité vient à la Lumière. Laissons la lumière du Saint Esprit illuminer nos vies concrètement, simplement et jusque dans les régions les plus intimes de notre être profond. Agir selon la vérité, c’est tout d’abord mettre Dieu au centre de nos vies comme la croix est le centre de cette cathédrale.
Mes frères, choisissons de nous tourner vers lui chaque jour.
En cet instant, prenons l’engagement de prendre chaque jour quelques minutes de silence pour nous tourner vers dieu et lui dire : Seigneur, règne en moi, je te donne toute ma vie.
Chers pèlerins, sans silence il n’y a pas de lumière. Les ténèbres se nourrissent du bruit incessant de ce monde qui nous empêche de nous tourner vers Dieu. Prenons exemple sur la liturgie de la messe de ce jour. Elle nous porte à l’adoration, à la crainte filiale et amoureuse devant la grandeur de Dieu. Elle culmine à la consécration ou tous ensemble tournés vers l’autel, le regard diriges vers l’hostie, vers la croix, nous communions en silence, dans le recueillement et l’adoration. 
Frères, aimons ces liturgies qui nous font goûter la présence silencieuse et transcendante de Dieu, et nous tournent vers le Seigneur.
Chers frères prêtres, je vais m’adresser à vous maintenant, spécialement. 
Capture d’écran 2018-05-22 à 16.18.06Le saint sacrifice de la messe est le lieu où vous trouverez la lumière pour votre ministère. Le monde que nous vivons nous sollicite sans cesse. Nous sommes constamment en mouvement. Le danger serait grand de nous prendre pour des travailleurs sociaux. Nous  ne porterons plus au monde la Lumière de Dieu mais notre propre lumière que n’est pas celle qu’attendent les hommes. 
Sachons nous tourner vers Dieu, dans une célébration liturgique recueillie, pleine de respect, de silence et empreinte de sacralité. N’inventons rien dans la liturgie, recevons tout de Dieu et de l’Eglise. Ne cherchons pas le spectacle ou la réussite. 
La liturgie nous l’apprend, être prêtre, ce n’est pas d’abord faire beaucoup.
C’est être avec le Seigneur sur la Croix. La liturgie est le lieu où l’homme rencontre Dieu face à face. C’est le moment le plus sublime ou Dieu nous apprend à reproduire en nous l’image de son fils Jésus-Christ afin qu’il soit l’aîné d’une multitude. Elle n’est pas, ne doit pas être une occasion de déchirement, de lutte et de dispute.
Capture d’écran 2018-05-22 à 16.20.54Dans la forme ordinaire du rit romain comme dans la forme extraordinaire, l’essentiel est de nous tourner vers la croix, vers le Christ, notre Orient, notre tout, notre unique horizon. Que ce soit dans la forme ordinaire ou dans la forme extraordinaire, sachons toujours célébrer, comme en ce jour, selon ce qu’enseigne le Concile Vatican II, avec une noble simplicité, sans surcharge inutile, sans esthétique factice et théâtrale mais avec le sens du sacré, le souci premier de la gloire de Dieu et avec un véritable esprit de fils de l’Eglise d’aujourd’hui et de toujours.
Chers frères prêtres, gardez toujours cette certitude : être avec le Christ sur la Croix, c’est cela que le célibat sacerdotal proclame au monde. Le projet de nouveau émis par certains de détacher le célibat du sacerdoce en conférant le sacrement de l’ordre à des hommes mariés, les viri probati, pour disent-ils des raisons ou des nécessités pastorales aura en réalité pour grave conséquence de rompre définitivement avec la tradition apostolique
Nous allons fabriquer un sacerdoce à notre taille humaine mais nous ne perpétuons pas, nous ne prolongeons pas le sacerdoce du Christ, obéissant, pauvre et chaste. Car en effet, le prêtre n’est pas seulement un alter christus, un autre christ. Il est vraiment ipse christus, le Christ lui-même. Et c’est pour cela qu’à la suite du Christ et de l’Eglise, le prêtre sera toujours un signe de contradiction.
Et vous chers chrétiens, laïcs engagés dans la vie de la cité, je veux dire avec force, n’ayez pas peur. N’ayez pas peur de porter à ce monde la Lumière du Christ. Votre premier témoignage doit être votre propre vie, votre propre exemple de vie. Ne cachez pas la source de votre espérance, au contraire, proclamez, témoignez, évangélisez, l’Eglise a besoin de vous. Rappelez à tous que seul le Christ crucifié révèle le sens authentique de la Liberté.
Capture d’écran 2018-05-22 à 16.24.39A vous chers parents, je vais adresser un message tout particulier. Être père et mère de famille, dans le monde d’aujourd’hui est une aventure difficile, pleine de souffrances, d’obstacles et de soucis. L’Eglise vous dit merci. Oui, merci pour le don généreux de vous-mêmes. Ayez le courage d’élever vos enfants à la Lumière du Christ. Il vous faudra parfois lutter contre le vent dominant, supporter le mépris et les moqueries du monde mais nous ne sommes pas ici pour plaire au monde. Nous proclamons nous un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens. 
N’ayez pas peur, ne renoncez pas. L’Eglise, par la voix des papes, tout spécialement depuis l’encyclique Humanae vitae, vous confie une mission prophétique. Témoignez devant tous de votre confiance joyeuse en Dieu qui nous a fait gardiens intelligents de l’ordre naturel. Vous annoncez ce que Jésus nous a révélé par sa vie. Chers pères et mères de famille, l’Eglise vous aime, aimez l’Eglise. Aimez votre mère.
A vous enfin, je vais m’adresser. Vous les plus jeunes qui êtes ici nombreux. Je vous prie d’écouter d’abord un ancien qui a plus d’autorité que moi. Il s’agit de l’évangéliste saint jean. Au-delà de l’exemple de sa vie, Saint Jean a également laissé un message écrit aux jeunes. Dans sa première lettre, nous lisons ces paroles émouvantes d’un ancien aux jeunes des églises qu’il avait fondées. Ecoutez cette voix forte d’un vieillard : « je vous l’ai écrit, à vous les plus jeunes, vous êtes forts, la parole de Dieu demeure en vous, vous avez vaincu le mauvais. N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde ». 
Le monde que nous ne devons pas aimer, commente le père Cantalamessa dans son homélie du Vendredi Saint, et auquel nous ne devons pas nous conformer, n’est pas – nous le savons bien - le monde créé et aimé par Dieu. Ce ne sont pas les personnes du monde vers lesquelles au contraire nous devons toujours aller, surtout le plus pauvres et les plus faibles pour les aimer et les servir humblement.
Non. Le monde à ne pas aimer est un autre monde. C’est le monde tel qu’il est devenu sous la domination de Satan et du péché. C’est le monde des idéologies qui nient la nature humaine et détruisent les familles. C’est le monde des structures onusiennes qui imposent impérativement une nouvelle éthique mondiale à laquelle nous devrions tous nous soumettre. Mais un grand écrivain croyant britannique du siècle dernier, T.S.Eliot, a écrit trois versets qui en disent davantage que des livres entiers. « Dans le monde des fugitifs, celui qui prend la direction opposée aura l’air d’un déserteur. »
Chers jeunes, s’il est permis à un ancien comme l’était Saint Jean de s’adresser directement à vous, je vous exhorte moi aussi et je vous dis : vous avez vaincu le mauvais, combattez toute loi contre nature que l’on voudrait vous imposer, opposez-vous à toute loi contre la vie et contre la famille, soyez de ceux qui prennent la direction opposée. Osez aller à contre-courant. Pour nous chrétiens, la direction opposée n’est pas un lieu, c’est une personne, c’est Jésus Christ, notre ami et notre rédempteur
Une tâche vous ait particulièrement confiée à vous, les jeunes : sauver l’amour humain de la dérive tragique dans laquelle il est tombé. L’amour qui n’est plus le don de soi-même mais seulement la possession de l’autre, une possession souvent violente et tyrannique. Sur la Croix, Dieu s’est fait homme et nous a révélé qu’Il est agapè, c’est-à-dire l’Amour qui se donne jusqu’à la mort. Aimer vraiment, c’est mourir pour l’autre comme ce jeune gendarme, le colonel Arnaud Beltrame.
Chers jeunes, vous éprouvez souvent, sans doute, dans votre âme, la lutte des ténèbres et de la Lumière, vous êtes parfois séduits par les plaisirs faciles de ce monde. De tout mon cœur de prêtre, je vous le dis : n’hésitez pas, Jésus vous donnera tout. En le suivant pour être des saints, vous ne perdrez rien, vous gagnerez la seule joie qui ne déçoit jamais. Chers jeunes, si aujourd’hui le Christ vous appelle à le suivre comme prêtre, comme religieux ou religieuse, n’hésitez pas, dites-lui fiat, un oui enthousiaste et sans condition. Dieu veut avoir besoin de vous. Quelle joie. Quelle grâce.
L’occident a été évangélisé par les saints et les martyrs. Vous, jeunes d’aujourd’hui, vous serez les saints et les martyrs que les nations attendent pour une nouvelle évangélisation. Vos patries ont soif du Christ, ne les décevez pas. L’Eglise vous fait confiance. Je prie pour que nombreux parmi vous répondent, aujourd’hui durant cette messe, à l’appel de Dieu à la suivre, à tout laisser pour Lui, pour sa Lumière. Quand Dieu appelle, il est radical. Il nous appelle tout entiers, jusqu’au don total, jusqu’au martyre du corps ou du cœur.
Cher peuple de France, ce sont les monastères qui ont fait la civilisation de ton pays. Ce sont les personnes, les hommes et les femmes, qui ont accepté de suivre Jésus jusqu’au bout, radicalement, qui ont construit l’Europe chrétienne. Parce qu’ils ont cherché Dieu seul, ils ont construit une civilisation belle et paisible comme cette cathédrale.
Peuple de France, peuples d’occident, vous ne trouverez la paix et la joie qu’en ne cherchant Dieu seul. Retournez à vos racines, retournez à la source, retournez au monastère. Oui, vous tous, osez aller passer quelques jours dans un monastère. Dans ce monde de tumultes, de laideur, de tristesse, les monastères sont des oasis de beauté et de joie. Vous y ferez l’expérience qu’il est possible de mettre concrètement Dieu au centre de toute sa vie, vous y ferez l’expérience de la seule joie qui ne passe pas.

Chers pèlerins, renonçons aux ténèbres, choisissons la Lumière, demandons à la Très Sainte Vierge Marie de savoir dire fiat, c’est-à-dire oui, pleinement comme elle, de savoir accueillir la lumière de l’Esprit Saint, comme elle. En ce jour où grâce à la sollicitude du Saint Père le pape François, nous fêtons Marie mère de l’Eglise, demandons à cette mère très sainte d’avoir un cœur comme le sien, un cœur qui ne refuse rien à Dieu, un cœur brûlant d’amour pour la gloire de Dieu, ardent à annoncer aux Hommes la bonne nouvelle, un cœur généreux, un cœur large comme le cœur de Marie, aux dimensions de l’Eglise, aux dimensions du cœur de Jésus.

lundi 21 mai 2018

Marie, Mère de l'Eglise

Marie, Mère de l'Eglise, Épouse du Saint-Esprit, priez pour nous :
le Pape, les Cardinaux, les Évêques, les Prêtres et les diacres, les religieux,
les séminaristes et les novices, les époux, les familles et les enfants, tout
le peuple des baptisés. Que Dieu prenne en pitié l'Eglise du Christ !

Homélie de S. Augustin, sur l’Evangile de Saint Matthieu

Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère.

Est-ce que la Vierge Marie n’a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi,qui a été élue pour que le salut naquît d’elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère. Donc, Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein

Notre Dame des Victoires
Voyez si ce que je dis n’est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t’a porté ! Et qu’est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu’on ne place le bonheur dans la chair ? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent ! Donc, Marie est bienheureuse aussi parce qu’elle a entendu la parole de Dieu, et l’a gardée : son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair.

La Vérité, c’est le Christ ; la chair, c’est le Christ. La vérité, c’est le Christ dans l’âme de Marie ; la chair, c’est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein. 

Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie. Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église, un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête. 
Relique du voile de Marie, Cathédrale Notre-Dame de Chartres

Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes : vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit : Voici ma mère et mes frères. Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. En effet, je comprends bien : mes frères ; je comprends bien : mes sœurs. Car il n’y a qu’un seul héritage : c’est pourquoi, le Christ, alors qu’il était le Fils unique, n’a pas voulu être seul : dans sa miséricorde, il a voulu que nous soyons héritiers du Père, que nous soyons héritiers avec lui.


dimanche 20 mai 2018

Solennité de la Pentecôte

Enluminure de la Pentecôte : l'Esprit Saint
descend sur la Vierge Marie et les Apôtres

Catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés

Vous avez été baptisés dans le Christ, et vous avez revêtu le Christ ; vous avez donc été configurés au Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a prédestinés à la filiation adoptive nous a configurés au corps de gloire du Christ. Puisque vous êtes maintenant participants du Christ, vous êtes à juste titre appelés vous-mêmes « christs », et c’est de vous que Dieu disait : Ne touchez pas à mes christs.

Or, vous êtes devenus des christs en recevant l’empreinte de l’Esprit Saint ; et tout s’est accompli pour vous en image, parce que vous êtes les images du Christ. Pour lui, quand il se fut baigné dans le fleuve du Jourdain et qu’il eut communiqué aux eaux le contact de sa divinité, il en remonta ; et la venue substantielle du Saint-Esprit sur lui se produisit, le semblable se reposant sur le semblable.

Il en est pareillement pour vous : une fois que vous êtes remontés de la piscine sainte, eut lieu la chrismation, image exacte de celle dont fut marqué le Christ. Il s’agit de l’Esprit Saint. Le prophète Isaïe, faisant parler le Seigneur, disait de lui : L’Esprit du Seigneur est sur moi ; car il m’a consacré par la chrismation ; il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.

Ampoule de Saint Chrême
En effet, le Christ n’a pas été chrismé par les hommes d’une huile ou d’un parfum matériels. Mais c’est le Père qui, l’ayant consacré d’avance comme le Sauveur du monde, l’a marqué de l’Esprit Saint, comme le dit saint Pierre : Jésus de Nazareth, que Dieu a chrismé d’Esprit Saint. Et le prophète David proclamait : O Dieu, ton trône est pour les siècles des siècles : c’est un sceptre de droiture, le sceptre de ta royauté. Tu aimes la justice et tu hais l’impiété ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a consacré d’une huile d’allégresse, de préférence à tes rivaux. ~

Le Christ a été marqué par l’huile spirituelle d’allégresse, c’est-à-dire par l’Esprit Saint, qui est appelé huile d’allégresse parce qu’il est l’auteur de l’allégresse spirituelle ; et vous, vous avez été oints de parfum, vous êtes devenus participants et compagnons du Christ.

Mais ne va pas t’imaginer que ce parfum est quelque chose d’ordinaire. ~ Ce saint parfum, après l’invocation pour obtenir le Saint-Esprit, n’est plus un parfum ordinaire et, pourrait-on dire, commun. Il est don spirituel du Christ, devenu, par la présence de l’Esprit Saint, agent efficace de sa divinité. C’est de ce parfum qu’on te chrisme symboliquement sur le front et les autres organes des sens. Tandis que ton corps est oint de parfum visible, l’âme est sanctifiée par le saint et vivifiant Esprit.


L'Esprit Saint donné à la Confirmation, vitrail


vendredi 18 mai 2018

Viens, Esprit Saint !


Saint Irénée de Lyon, Démonstration de la prédication apostolique, 6-8

Sans l'Esprit, il est impossible de voir le Verbe de Dieu, et sans le Fils, on ne peut approcher du Père. Car la connaissance du Père, c'est le Fils et la connaissance du Fils se fait par l'Esprit-Saint, et le Fils donne l'Esprit selon le bon plaisir du Père.



mardi 15 mai 2018

Aimer tout ceux qu'aime la Vierge Marie


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Du saint esclavage de la Mère de Dieu », chap. 19, Aimer tout ceux que la très sacrée Vierge a aimé

Qui dit esclave de la divine Marie, dit une personne qui est toute à cette auguste reine du ciel, qui entre dans tous ses sentiments, et qui fuit toutes ses inclinations, qui ne veut que ce qu'elle veut, et qui aime tout ce qu'elle aime. L'esclave donc doit être tout plein d'amour et de respect pour les personnes qui lui ont été les plus chères, et qu'elle a plus considérées.

Notre Dame de la bonne Garde
Mais comme entre tous les saints le glorieux saint Joseph a eu avec la très pure Vierge une liaison plus étroite, lui ayant été donné en qualité d'époux, on doit avoir pour ce saint une dévotion très particulière. La séraphique sainte Thérèse en recommande beaucoup la dévotion, assurant n'avoir jamais rien demandé à Dieu par son intercession, qu'elle ne l'ait obtenu. Elle conseille d'avoir recours à lui pour les difficultés de l'oraison, et de le choisir pour le père spirituel de son âme, particulièrement lorsqu'on est destitué des secours d'un bon directeur, Jésus notre Dieu l'ayant bien voulu choisir pour son père nourricier, nos âmes ne peuvent être en meilleures mains, après sa très sacrée épouse.

La glorieuse sainte Thérèse, dont nous parlons si souvent, et avec une particulière consolation, dit qu'elle ne sait pas comme l'on peut penser à la reine du ciel, et au petit enfant Jésus, sans le remercier pour les assistances qu'il leur a rendues. Le Dieu du ciel et de la terre s'étant fait homme, a bien voulu lui obéir, c'est ce qui l'élève à des grandeurs incomparables. Il a voulu dans l'excès de son amour en dépendre, et il est vrai de dire qu'il est le sauveur du Sauveur. C'est ce qui le met dans l'ordre de l'union hypostatique, ayant servi en tant de manières à l'adorable Jésus dont il a été le père putatif, et à la divine Marie la mère de Dieu, et sa virginale épouse. C'est ce qui fait que plusieurs savants estiment qu'il fait dans le ciel un chœur à part et hors de tous les chœurs des anges et des saints, aussi bien que la glorieuse Vierge. Cela est aisé à croire à celui qui considérera ses emplois auprès de Jésus et de Marie, qui ont été si relevés, que si les séraphins étaient capables d'envie, sans doute ils en prendraient à la vue d'un état si sublime. Les élévations de la grâce incomparable de ce saint sont si hautes, qu'elles surpassent toutes les pensées des hommes : aussi sa divine vie a été une vie toute cachée, parce que la terre en était indigne, et ne méritait pas de la connaître. En un mot, c'est tout dire, quand on dit qu'il a eu un Homme-Dieu pour sujet : si l'on excepte sa sacrée épouse, il n'y a point d'ange ni de saint, point de créature au ciel et en la terre, dont cela se puisse dire. Il faut que tout esprit se perde dans cet abîme de grandeurs. Ces deux qualités de père putatif de Jésus et époux de Marie, lui donne une gloire qui ne peut souffrir de comparaison dans tout le reste des créatures. Dans cet état si glorieux ses mortifications ont été extraordinaires. Saint François de Sales parlant de la mortification de saint Jean-Baptiste, qui demeurait dans son désert selon sa vocation, se privant de la conversation d'un Dieu incarné qui était proche de lui, estime que c'est une des plus grandes qui ait jamais été pratiquée, et il est vrai : mais celle de saint Joseph en sa précieuse mort la surpasse. Il est privé de la conversation de Jésus aussi bien que saint Jean-Baptiste ; mais c'est après l'avoir goûtée et en avoir expérimenté les douceurs. C'est une chose bien sensible à ceux qui ne respirent que l'amour du paradis, de se voir retardés de sa bienheureuse possession : mais il est vrai que sa privation toucherait encore bien plus vivement, si l'on en avait joui quelque temps.

~ Or ce bon saint (Saint François de Sales) qui savait l'amour de son Maître envers lui, avait de la peine à supporter qu'il pensât n'en être pas aimé. En vérité, selon les apparences, saint Joseph pouvait avoir quelque peine de se voir ainsi éloigné de son épouse et de son divin nourrisson, et encore dans un temps où l'adorable Jésus n'avait pas encore commencé de paraître, dans un temps où il ne pouvait bien prévoir qu'il serait nécessaire de donner un autre gardien de la pureté virginale à la reine du ciel : mais comme sa sainteté était élevée au-dessus de la perfection de tous les autres saints, il fallait aussi qu'il les surpassât en ses croix.

On a recours à saint Joseph pour toutes sortes de besoins, en toutes sortes d'états ; toutes sortes de personnes le doivent prendre pour patron, mais spécialement les vierges, ayant été le gardien de la Vierge des vierges, et les personnes d'oraison, sa vie ayant été une continuelle contemplation de Jésus et de Marie, vivant et conversant familièrement avec eux dans une si continuelle contemplation de Dieu, que dans cette sainte famille l'on n'y parlait presque jamais. Quand on est bien pénétré de Dieu, l'on a bien de la peine à parler aux créatures, et même des choses divines. Toutes les plus fortes inclinations vont à la retraite et au silence. L'ordre du Carmel a pris ce grand saint pour protecteur ; et toutes les personnes qui mènent une vie abjecte, cachée et inconnue aux hommes, qui ne connaissent pas le monde et que le monde ne connait pas, doivent honorer avec un respect extraordinaire saint Joseph, et leur état les mettra en disposition d'en recevoir des faveurs très rares et très singulières.

Saint Joachim et sainte Anne doivent tenir le premier rang après saint Joseph, dans le cœur des dévots de la Mère de Dieu. C'est une doctrine constante que Dieu donne des grâces conformément à l'état dans lequel il nous met : de là il faut conclure que les grâces de saint Joachim et de sainte Anne ont été bien grandes, puisqu'ils ont été choisis pour avoir une fille qui serait la mère du Créateur de toutes choses. La sainte Vierge, apparaissant un jour à une personne, lui fit un amoureux reproche de ce qu'elle avait peu de dévotion pour sainte Anne, sa mère. Comment, lui dit-elle, pouvez-vous dire que vous m'aimez, ayant si peu d'affection pour la sainte qui a été ma mère ? Ce reproche a le même lieu à l'égard de ceux qui n’ont pas une dévotion spéciale à saint Joachim, son père. Il faut donc prendre à tâche de les honorer autant que nous le pourrons, et d'en inspirer la dévotion en toutes manières possibles.

L'on doit grandement honorer saint Jean-Baptiste, qui est l'un des premiers sujets des plus rares faveurs de la Mère de Dieu, ayant été sanctifié à sa divine voix ; sainte Élisabeth, sa mère, qui fut remplie du Saint-Esprit aussitôt qu'elle en eut été saluée ; saint Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste, sainte Marie Jacobé et sainte Marie Salomé, ses parentes. Elles sont honorées spécialement dans le diocèse d'Evreux, et l'on en fit la fête double dans toutes les églises de ce diocèse le 22 octobre. Mais dans la cathédrale elle est triple ou de la première classe, et il y a une dévote chapelle que l'on appelle des Maries, qui est un lieu d'une particulière dévotion pour tout le peuple d'Evreux. Il y a de plus plusieurs paroisses dédiées à Dieu sous l'invocation des Maries. Sainte Marie-Madeleine doit être l'une des saintes de la grande dévotion des esclaves de Notre-Dame. C'est avec une consolation très grande que nous écrivons ceci la veille de sa fête : l'amour qu'elle a eu pour le Fils bien-aimé de la très pure Vierge ne nous laisse aucun lieu de douter de celui qu'elle a eu pour sa très digne mère.

Assurément c'est l'une des plus grandes amantes de Jésus et de Marie qui fut jamais. Sainte Marthe, sa sœur, doit entrer dans le rang des patronnes des esclaves ; saint Lazare, son frère, qui a eu l'honneur de porter la glorieuse qualité d'ami de Jésus, et qui en a été favorisé de l'un des plus grands miracles ; enfin, tous les saints et saintes qui ont été les parents de Notre-Seigneur et de sa divine Mère, ou qui ont eu avec eux quelque liaison particulière, comme les apôtres et disciples, et les saintes dames qui suivaient Notre-Seigneur dans ses voyages, et l'assistaient charitablement de leurs biens ; les rois mages qui ont donné une consolation particulière au précieux cœur de notre sainte maîtresse, et qui le soulageaient dans sa pauvreté par leurs présents ; les saints Innocents qui ont souffert la mort à l'occasion de son saint enfant.

L'on doit aussi avoir une dévotion spéciale à tous les saints et saintes qui ont excellé dans l'amour de la très sacrée Vierge, comme à saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, qui a défendu avec tant de courage et de constance sa maternité divine, comme nous l'avons déjà remarqué : sa fête se célèbre le 28 de janvier ; à saint Ildefonse, archidiacre, et depuis archevêque de Tolède, qui a été l'invincible défenseur de sa très pure virginité, et à qui elle a donné une très belle chasuble, que l'on garde encore avec grand respect : sa fête se fait le 23 de janvier ; à saint Jean Damascène, qui a eu la main coupée à son service, écrivant pour la défense de ses images, et à qui elle restitua la main miraculeusement ; à saint Thomas de Cantorbéry, qui honorait avec tant de vénération ses sept joies principales ; à saint Bernard, son cher nourrisson, qui a si admirablement bien parlé et écrit de ses grandeurs ; à saint Norbert, fondateur du sacré ordre de Prémontré, et qui a soutenu si saintement le mystère de son Immaculée Conception ; à saint Anselme, l'un de ses dévots chapelains, qui assure qu'il est impossible de périr, lorsque l'on a un sincère recours à ses maternelles bontés ; à saint François d'Assise, qui ne respirait que son honneur et sa gloire.

Saint Dominique doit avoir un lieu très particulier parmi les saints qui ont excellé en la dévotion de la Mère de Dieu ; et l'on peut dire que ç'a été sa grâce spéciale, et, assurer qu'en ce sujet il a été l'incomparable. Tout petit qu'il était, ses plus ordinaires entretiens avec ses compagnons n'étaient que des moyens pour la servir, et il a passé toute sa vie dans une continuelle occupation de son très pur amour. Il passait la plus grande partie des nuits à lui réciter trois rosaires, dont il y en avait un pour les âmes du purgatoire, et cela avec tant de fidélité qu'il a continué cet exercice tous les jours jusqu'à la mort, même pendant tous ses voyages, quoique quelquefois il fût accablé de fatigues et de peines, et il se donnait toujours, durant ces trois rosaires, une sanglante discipline ; et, ce qui est admirable, c'est que sa discipline était de fer à trois branches, composée d'anneaux carrés d'une épaisseur considérable. Il passait les jours, les mois et les années, à la bénir, à la louer, à la servir, à l'aimer, à l'honorer, à en imprimer l'amour et la vénération dans tous les cœurs. Ordinairement il n'avait pas d'autre sujet de ses sermons et catéchismes ou exhortations, que les grandeurs et les bontés de cette reine du paradis ; et il ne pouvait réussir avec bénédiction pour la conversion des hérétiques et pécheurs, et pour l'avancement des bonnes âmes dans les voies de la perfection, que par la prédication du saint Rosaire ; et il disait à ses religieux, que pour avoir bénédiction dans leurs emplois, ils devaient être singulièrement dévots à Notre-Dame. Quand il allait par les chemins, sa conversation se passait dans les discours de la croix et de la sainte Vierge. En fort peu de temps il prêcha avec tant de ferveur la dévotion de son saint Rosaire, en plusieurs provinces et royaumes, que des milliers de personnes de toutes sortes d'états, de conditions et de pays s'y enrôlaient : et par ce moyen il renouvela l'esprit de dévotion pour la Mère de Dieu dans toute l'Église, et par toute la terre habitable : et nous voyons encore aujourd'hui, avec joie et consolation, que cet esprit de piété continue et s'établit de plus en plus parmi tous les Chrétiens. La Mère de Dieu qui ne se laisse jamais vaincre en amour, a eu pour ce grand saint tout ce qu'un cœur vraiment maternel peut avoir. À l'âge de huit à neuf ans elle voulut en être la maîtresse, l'instruisant comme son bien-aimé disciple : elle lui donna même un chapelet miraculeux. À l'âge de dix-huit ans elle le choisit pour son époux, elle l'assistait en tous ses besoins, elle le défendait par miracles, même contre ses ennemis, elle lui donnait des secours merveilleux dans ses maladies, elle le prenait entre ses bras, l'appliquait sur sa poitrine virginale pour lui faire reposer, lui faisait couler de son précieux lait dans la bouche, l'appelant tantôt son ami, tantôt son enfant, et quelquefois son époux. Ç'a été cette mère d'amour, qui l'a obtenu à l'Église, et c'est un don qu'elle a fait à tous les fidèles : après sa mort le siècle dernier, elle même voulut en faire le tableau miraculeux de sa divine main, et elle le donna, paraissant visiblement avec sainte Madeleine et sainte Catherine, la martyre protectrice de l’ordre, aux religieux ses enfants dans le couvent de Loriano. Il s'y est fait un grand nombre de miracles, et les copies, dont il y en a une dans le célèbre couvent les Pères réformés de Saint-Honoré de Paris, se gardent avec une singulière vénération ; non seulement les esclaves de la divine Marie, mais les ecclésiastiques séculiers aussi bien que les réguliers, et les premières dignités des diocèses, doivent avoir une dévotion envers ce saint, ayant été chanoine, archidiacre, grand vicaire, et ensuite fondateur de l'un des plus célèbres ordres de l'Église.

Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, et saint François Xavier, ont excellé en la dévotion de la Mère de Dieu : le vénérable Alphonse Rodriguez eut révélation que dans les desseins de Dieu, la compagnie avait été établie en partie pour soutenir l'immaculée Conception de Notre-Dame. Sainte Thérèse a toujours aimé et honoré la très pure Vierge comme sa bonne mère, et auparavant qu'elle entrât dans le couvent de Saint-Joseph, Notre-Seigneur lui donna une couronne, la remerciant du service qu'elle rendait à sa Mère : la sainte Mère de Dieu, de son côté remerciant le P. Yvagnes, Dominicain, du soin qu'il avait pris de sainte Thérèse le revêtit d'un habit blanc miraculeux, et le combla de ses plus saintes bénédictions. Tout l'ordre du Carmel est sous sa protection particulière, et elle en est la dame, la protectrice et la mère. Saint Elie et saint Élisée les premiers Pères de cet ordre doivent être honorés avec de grands respects. Les saintes Gertrude, Mechtilde, Catherine, doivent aussi tenir rang parmi les saintes de la dévotion spéciale des esclaves, aussi bien que saint François de Sales, fondateur d'un ordre tout dédié à la gloire de cette souveraine du ciel : et enfin tous les saints et saintes qui ont une application spéciale au service de cette auguste reine : l'on ne doit pas oublier le bienheureux Herman Joseph, l'un de ses plus chers favoris.



dimanche 13 mai 2018

Notre Dame de Fatima, priez pour nous


Homélie de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, esplanade du sanctuaire de Fátima
Jeudi 13 mai 2010

Chers pèlerins,

« Votre descendance sera célèbre parmi les nations, (…) elle sera la descendance bénie par le Seigneur » (Is 61, 9). C’est ainsi que débutait la première lecture de cette Eucharistie, dont les paroles trouvent un admirable accomplissement dans cette assemblée recueillie avec dévotion aux pieds de la Vierge de Fatima. Chers frères et sœurs bien-aimés, moi aussi je suis venu en tant que pèlerin à Fatima, en cette ‘maison’ que Marie a choisie pour nous parler en nos temps modernes. Je suis venu à Fatima pour jouir de la présence de Marie et de sa protection maternelle. Je suis venu à Fatima, parce que vers ce lieu converge aujourd’hui l’Église pérégrinante, voulue par son Fils comme instrument d’évangélisation et sacrement du salut. Je suis venu à Fatima pour prier, avec Marie et avec de nombreux pèlerins, pour notre humanité affligée par des détresses et des souffrances. Enfin, je suis venu à Fatima, avec les mêmes sentiments que ceux des Bienheureux François et Jacinthe et de la Servante de Dieu Lucie, pour confier à la Vierge la confession intime que ‘j’aime’ Jésus, que l’Église, que les prêtres ‘l’aiment’ et désirent garder les yeux fixés sur Lui, alors que s’achève cette Année sacerdotale, et pour confier à la protection maternelle de Marie les prêtres, les personnes consacrées, les missionnaires et tous ceux qui œuvrent pour rendre la Maison de Dieu accueillante et bienfaisante.

Ils sont la descendance que le Seigneur a bénie… la descendance que le Seigneur a bénie, c’est toi, cher diocèse de Leira-Fatima, avec ton Pasteur, Monseigneur Antonio Marto, que je remercie pour le salut qu’il m’a adressé au début de cette célébration et pour toutes les attentions dont il m’a comblé dans ce sanctuaire, y compris à travers ses collaborateurs. Je salue Monsieur le Président de la République et les autres Autorités qui sont au service de cette glorieuse Nation. De cœur, j’embrasse tous les diocèses du Portugal, ici représentés par leurs Évêques, et je confie au Ciel tous les peuples et toutes les nations de la terre. Je confie à Dieu, dans mon cœur, tous leurs fils et filles, en particulier ceux qui vivent dans l’épreuve ou qui sont abandonnées, avec le désir de leur transmettre cette grande espérance qui brûle en mon cœur et qui, ici à Fatima, se laisse accueillir de façon plus palpable. Que notre grande espérance plonge des racines profondes dans la vie de chacun de vous, chers pèlerins qui êtes ici présents, ainsi que dans la vie de tous ceux qui nous sont unis à travers les moyens de communication sociale.

Oui ! Le Seigneur, notre grande espérance, est avec nous ; dans son amour miséricordieux, il offre un avenir à son peuple : un avenir de communion avec Lui. Ayant expérimenté la miséricorde et la consolation de Dieu qui ne l’avait pas abandonné sur le pénible chemin de retour de l’exil à Babylone, le peuple de Dieu s’exclame : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu » (Is 61, 10). Fille éminente de ce peuple, revêtue de grâce et doucement étonnée par la gestation du Fils de Dieu qui s’accomplissait en son sein, la Vierge Mère de Nazareth fait également sienne cette joie et cette espérance dans le cantique du Magnificat : « Mon esprit exulte en Dieu, mon Sauveur ». Toutefois, elle ne se regardait pas comme une privilégiée au milieu d’un peuple stérile, au contraire, elle prophétisait pour lui les douces joies d’un prodigieuse maternité du Fils de Dieu, parce que « son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 47. 50).

Ce lieu béni en est la preuve. Dans sept ans, vous reviendrez ici pour célébrer le centenaire de la première visite faite par la Dame « venue du Ciel », comme une maîtresse qui introduit les petits voyants dans la connaissance profonde de l’Amour trinitaire et les conduit à goûter Dieu lui-même comme la réalité la plus belle de l’existence humaine. Une expérience de grâce qui les a fait devenir amoureux de Dieu en Jésus, au point que Jacinthe s’exclamait : « J’aime tellement dire à Jésus que je L’aime ! Quand je le Lui dit de nombreuses fois, il me semble avoir un feu dans le cœur, mais qui ne me brûle pas ». Et François disait : « Ce que j’ai aimé par-dessus tout, fut de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Mère nous a mise dans le cœur. J’aime tant Dieu ! » (Mémoires de Sœur Lucie, I, p.42 et p.126).

Frères, en entendant ces innocentes et profondes confidences mystiques des petits bergers, certains pourraient les regarder avec un peu d’envie parce que eux ils ont vu, ou bien avec la résignation amère de celui qui n’a pas eu la même chance mais qui insiste parce qu’il veut voir. À ces personnes, le Pape dit comme Jésus : « N’êtes-vous pas dans l’erreur, en méconnaissant les Écritures, et la puissance de Dieu ? » (Mc 12, 24). Les Écritures nous invitent à croire : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29), mais Dieu – plus intime à moi que je le suis à moi-même (cf. Saint Augustin, Confessions, III, 6, 11) – a le pouvoir d’arriver jusqu’à nous, en particulier à travers nos sens intérieurs, de sorte que l’âme reçoive le toucher suave d’une réalité qui se trouve au-delà du sensible et qui la rende capable de rejoindre le non-sensible, ce qui est imperceptible aux sens. Pour cela, il est besoin d’une vigilance du cœur que, la plupart du temps, nous n’avons pas en raison de la forte pression de la réalité extérieure, des images et des préoccupations qui emplissent l’âme (cf. Commentaire théologique du Message de Fatima, 2000). Oui ! Dieu peut nous rejoindre, en s’offrant à notre vision intérieure.

Qui plus est, cette Lumière dans l’âme des jeunes bergers, qui provient de l’éternité de Dieu, est la même qui s’est manifestée à la plénitude des temps et qui est venue pour tous : le Fils de Dieu fait homme. Qu’Il ait le pouvoir d’enflammer les cœurs les plus froids et les plus tristes, nous le voyons avec les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 32). C’est pourquoi notre espérance a un fondement réel, elle s’appuie sur un événement qui prend sa place dans l’histoire et en même temps la dépasse : c’est Jésus de Nazareth. L’enthousiasme suscité par sa sagesse et par sa puissance salvifique auprès des gens de l’époque était tel qu’une femme au milieu de la foule – comme nous l’avons entendu dans l’Évangile – s’exclama pour dire : « Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri de son lait ! ». Cependant, Jésus répond : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11, 27. 28). Mais qui a le temps d’écouter sa parole et de se laisser séduire par son amour ? Qui veille, dans la nuit du doute ou de l’incertitude, avec le cœur éveillé en prière ? Qui attend l’aube du jour nouveau, tenant allumée la flamme de la foi ? La foi en Dieu ouvre à l’homme l’horizon d’une espérance certaine qui ne déçoit pas ; elle indique un fondement solide sur lequel appuyer, sans peur, toute son existence ; elle requiert l’abandon, plein de confiance, entre les mains de l’Amour qui soutient le monde.

« Votre descendance sera célèbre parmi les nations, (…) elle sera la descendance bénie par le Seigneur » (Is 61, 9) avec une espérance inébranlable et qui fructifie en un amour qui se sacrifie pour les autres et qui ne sacrifie pas les autres ; au contraire – comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture – qui « supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout » (1 Co13, 7). De cela, les petits bergers sont un exemple et nous stimulent, eux qui ont fait de leur vie une offrande à Dieu et l’ont partagée avec les autres par amour de Dieu. La Vierge les a aidés à ouvrir leur cœur à l’universalité de l’amour. La Bienheureuse Jacinthe, notamment, se montrait infatigable dans le partage avec les pauvres et dans le sacrifice pour la conversion des pécheurs. Ce n’est qu’avec cet amour de fraternité et de partage, que nous réussirons à bâtir la civilisation de l’Amour et de la Paix.

Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait. Revit ici ce dessein de Dieu qui interpelle l’humanité depuis ses origines : « Où est ton frère Abel ? (…) La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! » (Gn 4, 9).L’homme a pu déclencher un cycle de mort et de terreur, mais il ne réussit pas l’interrompre… Dans l’Écriture Sainte, il apparaît fréquemment que Dieu est à la recherche des justes pour sauver la cité des hommes et il en est de même ici, à Fatima, quand Notre Dame demande : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour prendre sur vous toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en réparation des péchés par lesquels il est offensé, et en intercession pour la conversion des pécheurs ? » (Mémoires de Sœur Lucie, I, p.162).

À la famille humaine prête à sacrifier ses liens les plus saints sur l’autel de l’égoïsme mesquin de la nation, de la race, de l’idéologie, du groupe, de l’individu, notre Mère bénie est venue du Ciel pour mettre dans le cœur de ceux qui se recommandent à Elle, l’amour de Dieu qui brûle dans le sien. À cette époque, ils n’étaient que trois ; leur exemple de vie s’est diffusé et multiplié en d’innombrables groupes sur la surface de la terre, en particulier au passage des Vierges pèlerines, qui se sont consacrés à la cause de la solidarité fraternelle. Puissent ces sept années qui nous séparent du centenaire des Apparitions hâter le triomphe annoncé du Cœur Immaculée de Marie à la gloire de la Très Sainte Trinité.