mercredi 29 octobre 2014

Cloturer le mois du Rosaire avec le "Salve Regina" - Salut, sainte Reine, notre Dame et notre Mère

Annonciation de Pordenone



De saint Bonaventure

Ordre des Frères Mineurs
Cardinal-Évêque d'Albano
Docteur de l'église, 
à propos du Salve Regina




Salve Regina, Mater misericordiae, vita dulcedo et spes nostra, salve.

Ad te clamamus, exules Filii Evæ.

Ad te suspiramus, gementes et flentes in hac valle lacrymarum.

Eia ergo, Advocata nostra et Jesum benedictum fructum ventris tui.

Nobis post hoc exilium ostende.
O clemens ! O pia ! O dulcis,
Virgo Maria. 








Salve
Salut! Vierge des vierges, étoile du matin, remède véritable des crimes les plus infâmes, consolatrice des hommes en proie au malheur, ennemie irréconciliable du péché.

Regina
Reine de ceux qui règnent, Vierge immaculée, Mère unique entre les mères, vous avez mis au monde un Fils, et l'on vous appelle le palais sacré du Seigneur : versez donc sur nous les secours abondants du ciel. 

Mater misericordiae
Vous avez mérité d'être nommée la source de la miséricorde et la Mère de la grâce, car vous avez conçu le Roi suprême de gloire, vous lui avez donné la vie, et vous avez offert au monde l'auteur de tout pardon.
Marie, Mère de Dieu, la Nativité.

Vita
La vie, la voie, la vérité est sortie de la terre, et votre virginité est demeurée sans tache, car votre humilité vous a rendue digne d'être choisie de Dieu lorsqu'il se revêtit de notre chair.

Dulcedo
La douceur par excellence, Celui qui est appelé l'Agneau de Dieu, Celui dont le sang, comme un bain salutaire, a lavé les crimes de l'homme abandonné, Celui qui a vaincu le démon, est le fruit béni de votre sein. 

Et spes nostra
Vierge Marie, vous êtes notre espérance inébranlable, vous la tige fleurie de Jessé, vous que le Prophète nous a montrée couverte de la rosée du Ciel, vous qui êtes belle comme la neige la plus pure, tendre Mère de Dieu. 

Salve
Salut! lumière des Fidèles, brillante comme l'aurore, plus ravissante et plus suave que le lis. Eloignez de nous sans retard tout ce qui peut nous être un danger, et implorez pour nous le secours du Seigneur.

Ad te
Malheureux, plongés dans une infortune profonde, nous élevons nos cris jusqu'à vous; ouvrez à nos prières les oreilles de votre cœur sacré, afin que, délivrés par vous des gouffres de l'abîme, nous puissions librement suivre la voie montrée par votre Fils.

Clamamus
Nous poussons vers vous des soupirs pleins de ferveur, et nous vous supplions avec un tendre amour : « détruisez tout ce que nos pensées perverses ont pu produire au dehors d'actions criminelles. 

Exules
Nous sommes tous condamnés à un dur exil. En punition du crime de nos pères, nous avons été privés de la gloire et déshérités des félicités du ciel; mais le don de votre tendresse nous a rendu tous nos droits.

Filii
Vos enfants ne peuvent qu'exprimer par Leur gémissements les misères dont ils sont assiégés de toutes parts en ce monde. Sans cesse ils se sentent, entraînés vers des crimes clignes des châtiments éternels; mais ils sont affermis par votre miséricorde. 
Désolation de Notre Dame au pied de la Croix, 1465

Evæ
La chute d'Eve nous a causé un tort irréparable; elle nous a ravi la joie bienheureuse du ciel. Mais après Eve, elle nous a valu, incarné de la Vierge, Celui qui a brisé la mort et détruit le péché. 

Ad te
Vos serviteurs crient sans cesse vers vous et font entendre des soupirs fidèles; ils implorent humblement le secours de votre puissance. Que votre miséricorde écoute leurs prières. 

Suspiramus
Nous soupirons et nous versons des larmes, nous gémissons sans cesse sur les péchés que nous avons commis. Mais, ô Mère de piété! nous avons mis en vous notre confiance; vous obtiendrez grâce et miséricorde au pécheur brisé par un vrai repentir.

Gementes
Nous nous rappelons les fautes de nos jours anciens, les fautes dont notre esprit pervers s'est souillé librement, et nous en gémissons. Mais en même temps, ô Vierge immaculée ! nous espérons en vous, et nous vous demandons que nos vœux soient exaucés.

Et flentes
Nous pleurons et notre âme est en proie à la honte et à la douleur ; versez donc en nous la lumière. Vierge bienfaisante, purifiez avec amour les taches que le péché imprima en nos cœurs ; aimable Marie, veuillez nous réunir aux habitants de la céleste patrie.

In hac valle
En cette vallée misérable et environnée de ténèbres, je vois des hommes sans nombre dont la vie est détestable et hideuse; leurs exemples se propagent à raison des crimes qu'ils ont commis et des hontes dont ils sont couverts.

Lacrymarum
Assomption, vitrail, église Notre-Dame
du Rosaire de Saint-Ouen
Des larmes abondantes ont coulé vainement de nos yeux : « les vieillards, les enfants et le peuple tout entier craignent de perdre ce que l'ambitieux cherche avec ardeur et ce que l'homme du inonde poursuit en tous lieux.

Eia ergo
Relevez donc nos âmes de leurs chutes; dirigez leur course vers vous. Fortifiez ceux qui tremblent, redressez ceux qui se sont égarés et vous cherchent avec amour; soyez le guide assuré des malheureux qui se confient en vous. 

Advocata
Vous êtes notre puissante avocate auprès du Sauveur : « hâtez-vous donc d'intercéder pour nous, selon votre miséricorde accoutumée. Que votre amour maternel nous fasse sentir sa bénigne influence; qu'il apaise votre Fils en faveur d'un peuple infortuné.

Nostra
Toujours la Vierge Mère fut l'espoir des fidèles; elle l'est encore de nos jours, elle le sera à jamais. Elle est pour nous la cité royale qui nous met à l'abri des coups de nos ennemis; elle est le remède qui chasse tous les maux loin de nous.

Illos tuos misericordes oculos ad nos converte
Oui! tournez ces yeux pleins de tendresse et de miséricorde vers des serviteurs si peu unis dans le bien et si unanimes à courir au mal; détruisez l'aiguillon de noire chair, détruisez tous ses crimes.

Et Jesum benedictum
Jésus, votre Fils unique, est le fruit béni de votre sein ; daignez-le montrer à nos yeux : « il est glorieux, plein de tendresse et ennemi du mensonge. C'est par lui que le genre humain après s'être éloigné de Dieu et perdu pour un temps, s'est relevé invincible des liens de la mort.

Ventris tui
Vos entrailles ont porté Jésus, et vos mamelles bienheureuses ont allaité Celui que plus tard les Juifs couvrirent de blessures cruelles et qu'ils condamnèrent à la mort de la croix après l'avoir ainsi traité.

Nobis post hoc exilium ostende
Après cet exil montrez-nous plein de miséricorde, donnez-nous Jésus votre Fils. Etendez sur nous votre protection maternelle et puissante; daignez prendre notre défense en ce moment où nous serons jugés.
Couronnement de Notre Dame
entourée de Séraphins

O clemens !
O clémence ineffable de la souveraine bonté ! fille d'Adonaï, fleur de la virginité, pardon des pécheurs endurcis, mère de tendresse, joie des vierges et manteau de la charité !

O pia !
O pieuse et tendre Reine des cieux ! vous êtes la plus digne et la plus riche des créatures sorties des mains de Dieu; vous êtes la Vierge prudente par excellence, la gloire des Confesseurs et l'honneur le plus éclatant des Apôtres.

O dulcis
O Vierge d'une douceur inaltérable, plus douce que le miel et le rayon le plus suave, colombe très-pure, jamais le fiel le plus léger ne reposa en votre cœur. Mère de bénignité , repoussez loin de nous, nous vous en supplions, tout ce qui peut imprimer une tache à notre innocence. 

Virgo Maria
Bonne Marie , conjurez votre Fils de daigner recevoir en sa gloire quiconque, pour vous honorer, voudra redire avec amour ce que je viens d'écrire à votre louange.






vendredi 24 octobre 2014

Saint Raphaël, Archange

Zurbaran, l'Archange Raphaël
quitte Tobie et Sarah.
De L'Année liturgique,
de Dom Guéranger, au 24 octobre, fête de Saint Raphaël, Archange


Le voisinage de la grande solennité qui doit bientôt faire converger sur nous les splendeurs du ciel, inspire un  recueillement profond  à  l'Eglise. Sauf l'hommage qu'elle tient à rendre à leur date aux glorieux Apôtres Simon et Jude, c'est à peine si quelques fêtes clairsemées du rit simple viennent tempérer le silence de ces derniers jours d'octobre. Il convient d'adapter nos âmes aux dispositions de la Mère commune. Mais ce ne sera pas y déroger, que de donner un souvenir rapide à l'Archange célébré par nombre d'églises particulières en ce jour.

Le ministère que remplissent près de nous les esprits célestes, est admirablement  exprimé dans les scènes gracieuses qui revêtent d'un charme si pénétrant l'histoire de Tobie. Rappelant les bons offices du  guide et de l'ami qu'il appelle encore son frère Azarias, Tobie le jeune dit à son père : « Comment répondre à ses bienfaits? Il m'a conduit et ramené sain et sauf. Lui-même a recouvré l'argent que nous devait Gabélus. A lui je dois d'avoir rencontré l'épouse qui  m'était destinée, tandis qu'il chassait d'elle le démon, et remplissait de joie ses parents. Il m'a moi-même délivré du poisson qui allait m'engloutir. Il vous a fait voir enfin la lumière du ciel, et nous avons été remplis par lui de tous biens. »

Jacopo Vignali, Saint Raphaël, Tobie et le poisson.
Et père et fils voulant à la manière des hommes marquer leur gratitude à qui l'avait si bien méritée, l'ange se découvre alors pour reporter toute leur reconnaissance au bienfaiteur suprême. « Bénissez le Dieu du ciel, et glorifiez-le devant tout ce qui a vie ; car il a fait éclater sur vous sa miséricorde. Quand vous priiez dans les larmes et ensevelissiez les morts, je présentais votre prière au Seigneur. Et parce que vous étiez agréable à Dieu, il était nécessaire que vous fussiez éprouvé par la tentation. Et maintenant, le Seigneur m'a envoyé pour vous guérir et délivrer du démon l'épouse de votre fils. Car je suis l'ange Raphaël, l'un des sept qui nous tenons devant le Seigneur. Paix à vous ; ne craignez pas, et chantez à Dieu. »

Célébrons nous aussi les bienfaits du ciel. Car aussi sûrement que Tobie voyait de ses yeux l'archange Raphaël, nous savons par la foi que l'ange du Seigneur accompagne nos pas du berceau à la tombe. Ayons, pour lui, même confiant abandon : et la route de la vie, plus semée de périls que ne l'était celle du pays des Mèdes, n'aura cependant pour nous que sécurité; et les rencontres y seront heureuses, car elles seront celles que nous préparait le Seigneur ; et, rayonnement anticipé de la patrie, la bénédiction se répandra de nous par notre ange sur tous nos proches.

*** 

Nous  emprunterons au  Bréviaire  Ambrosien cette hymne à l'honneur du radieux Archange.

Raphaël, divin guide, reçois avec bonté l'hymne sacrée que te dédient nos voix suppliantes et joyeuses.
Dirige pour nous la course du salut, soutiens nos pas ; que nous n'errions jamais à l’aventure, ayant perdu le sentier du ciel.
Regarde-nous des cieux ; remplis nos âmes de la splendeur brillante qui descend du Père saint des lumières.
Rends aux malades la santé, fais cesser la nuit des aveugles ; en guérissant les corps, réconforte les cœurs.
Toi qui te tiens devant le souverain Juge, plaide la cause de nos crimes; apaise du Tout-Puissant la colère vengeresse, ô toi à qui nous confions nos prières.
Toi qui repris le grand combat, confonds notre ennemi superbe ; pour triompher des esprits de révolte, donne-nous force, augmente en nous la grâce.
Gloire soit à Dieu le Père, ainsi qu'à son Fils unique, avec l'Esprit Paraclet, et maintenant et toujours. Amen.


Domenico Feti, Saint Raphaël guérissant les
yeux de Tobit, 1620, Musée de l'Ermitage

jeudi 16 octobre 2014

16 octobre - Dédicace du Mont Saint-Michel. Prions les Saints Anges et les Esprits bienheureux de nous venir en aide !

Saint Michel Archange, Cathédrale Saint-Michel-Sainte-Gudule de Bruxelles

Du Synaxaire de l'Eglise Orthodoxe


Avant de créer le monde visible, le Seigneur notre Dieu amené à l'existence par Son Verbe et perfectionné en sainteté par Son Saint Esprit la nature angélique, faisant des Puissances célestes et incorporelles Ses serviteurs zélés et ardents comme un feu immatériel.
Ils sont des lumières secondes, qui reçoivent par la grâce du Saint Esprit les illuminations de la Lumière première et sans principe, et la participation à Son immortalité.

Fidèles images de l'essence divine, les saints Anges sont de nature spirituelle, dépourvus de la lourdeur du corps, toujours en mouvement, libres et raisonnables.

Ils voient Dieu dans la mesure où ils peuvent l'atteindre et trouvent dans Sa contemplation leur nourriture, leur stabilité et la raison même de leur existence.

Bien qu'ils soient libres de toutes affections du corps, ils ne sont pourtant pas impassibles comme Dieu, car ils ont été créés par un changement (le passage du non-être à l'être).

Sans corps, ils ne sont pourtant pas totalement immatériels : seul le divin est véritablement sans matière et incorporel (car impassible et au-delà de tout mouvement).
Ils sont circonscrits dans le temps et l'espace.

Chute et combat des anges,
de Frans Floris, 1554
Lorsqu'ils sont dans le ciel, ils ne sont pas sur la terre ; et envoyés par Dieu sur la terre, ils ne demeurent plus au ciel.

Leur nature subtile leur fait échapper aux limitations que sont pour nous les murs, les portes et les sceaux, lorsqu'ils sont envoyés par Dieu en mission auprès des hommes et que pour cela, ils empruntent une forme corporelle nous permettant de les voir.

Leur légèreté et leur extrême rapidité de mouvement leur permettent de traverser l'espace presque instantanément ou de deviner les pensées des hommes. Mais, comme êtres créés, ils ne sont toutefois ni doués d'omniscience, ni susceptibles de se trouver en deux endroits simultanément.
S'ils prophétisent, c'est par grâce et par ordre divin, non leur propre vertu.

Dieu les a faits Ses serviteurs et les envoie ("ange" signifie "envoyé") veiller sur la terre.

Ils président aux peuples, aux nations et aux Eglises (selon le Livre de l'Apocalypse, chaque Eglise locale possède un Ange protecteur), et ils assurent la marche des desseins de la Providence à notre égard.

Dieu a placé invisiblement auprès de chacun d'entre nous personnellement un Ange Gardien, qui veille constamment sur nous, sans cesser d'être auprès de Dieu. Il nous suggère le bien par la voix de notre conscience, nous aide à éviter les pièges du Diable et attise en nous le feu salutaire du repentir lorsque nous avons péché.

Nous ne pouvons pas dénombrer les Anges, c'est pourquoi la sainte Tradition a coutume de les ranger en neuf Ordres divisés en trois triades.

La première hiérarchie est celle qui est toujours auprès de Dieu, avant les autres et sans intermédiaire : 
Les anges adorant devant le tabernacle de
l'oratoire du Carmel, Lisieux
. Au premier rang : les SÉRAPHINS :
qui signifie en hébreu "brûlants".
. Au second rang : les CHÉRUBINS.
On dit qu'ils sont couverts d'yeux de toutes parts, en signe de leur aptitude à contempler la lumière divine.
. Troisième rang : Les TRÔNES, sur lesquels Dieu trouve repos impassible.

La seconde Triade, transmet avec bonté et ordres les décrets de la Providence, ce sont :
. Les DOMINATIONS.
. Les VERTUS.
. Les PUISSANCES.

La troisième Triade achève la hiérarchie céleste, ce sont :
. Les PRINCIPAUTÉS.
. Les ARCHANGES.
. Les ANGES.

C'est par ces derniers que Dieu nous communiques les décrets de Sa providence et, comme ils sont les plus proches de nous, c'est eux qu'IL envoie sous une forme corporelle lorsqu'IL le veut.





mardi 14 octobre 2014

De l'amour que nous devons à Notre Dame, la Vierge Marie

Notre-Dame des Anges, Ravenne
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, "L’homme de Dieu", partie II, chap. IV


C’est la grande doctrine des saints que la sacrée Vierge est le moyen dont Dieu se sert davantage pour exécuter les desseins de sa divine providence.

Heureuse l’âme qui lui est saintement liée par un amour fidèle ! Qu’elle se réjouisse en Dieu son Sauveur qui lui a fait une grâce qui est une source féconde de bénédictions !

Oh ! si l’on savait ce que c’est que d’avoir une solide dévotion à l’immaculée Mère de Dieu, que ne ferait-on pas, que ne souffrirait-on pas, pour posséder ce don de Dieu. Aimable Vierge qu’un chacun porte ses inclinations où il voudra ; pour moi, tout mon plaisir sera de vivre et de mourir à vos pieds comme aux pieds de ma bonne et chère maîtresse et de ma très douce et très fidèle mère.

Très aimable Vierge, il me semble que mon cœur vous aime ; mais faites qu’il vous aime davantage pour ne plus vivre et ne se plus nourrir que des vives flammes de votre pur amour, parce que c’est le pur amour de Jésus qui soit à jamais notre grand et unique tout en toutes choses.


Notre-Dame de lumière, de Natalya Tsarkova

lundi 13 octobre 2014

Saint François de Montmorency-Laval, prédécesseur du vénérable abbé Henri Marie Boudon, accueille en France d'illustres pèlerins québécois autour de leur Evêque

Saint François de Montmorency Laval, fresque de Marius Dubois,
dans la chapelle de l'Immaculée Conception, sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, près de Québec

Les pèlerins, se dirigeant sur les pas de Saint François de Laval et Sainte Marie de l'incarnation, débutaient leur pèlerinage dimanche le 5 octobre 2014.

La consécration épiscopale du futur saint Evêque,
bas relief, église Saint-Germain des Près
Au cours de leur deuxième journée de pèlerinage, ils se sont rendirent à l'église de Saint-Germain des prés de Paris, lieux historique où Mgr de Laval fut consacré Evêque et Claude, le fils de Mère Marie de l'Incarnation a vécu comme moine. C’est le Nonce apostolique qui prononça l’homélie.

Le 7 octobre, les pèlerins découvraient Montigny-sur-Avre, lieu où saint François de Laval est né. Après une réception tenue au château de l'endroit, le groupe partit pour Chartres, pour célébrer les Vêpres chantées par la Communauté du chemin neuf.

La Cardinal Lacroix accueillit au Prytanée

Le 8 octobre les pèlerins continuaient leur périple jusqu’à La Flèche, lieu de formation de saint François de Laval et à l'abbaye de Solesmes, avec ses 1000 ans de tradition. Saint François de Laval a étudié 10 ans (1631-1641) au collège des jésuites de La Flèche, l'ancêtre du Prytanée. C'est donc dans l'église de l'école militaire qu'une messe a été célébrée à la mémoire du saint, présidée par l'Archevêque du Québec, le Cardinal Lacroix, fier de rendre hommage à son illustre prédécesseur, en présence de plusieurs évêques français et canadiens dont NNSS. Mgr Yves Le Saux, Evêque du Mans, Mgr Emmanuel Delmas, Evêque d’Angers, Mgr Armand Maillard, Archevêque de Bourges, et Mgr Luc Bouchard, Evêque de Trois-Rivières.

A l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, en l'absence du Révérendissime Père Abbé, Dom Philippe Dupont, en voyage au Brésil, le Cardinal Lacroix fut reçu par Dom Thierry Barbeau, supérieur de la communauté.

Le 9 octobre, les pèlerins se rendaient à Tours, ville où Mère Marie de l'Incarnation est née, est entrée chez les Ursulines et a mis de l'avant son projet missionnaire.

Dimanche 12 octobre, les pèlerins canadiens arrivaient à Rome où le Cardinal Lacroix concélébrait avec le Pape François une messe solennelle d’action de grâce pour la canonisation de l’ancien élève des jésuites.

Saint François de Laval, né dans une grande famille de l’aristocratie française, fut, en 1674, le premier évêque de Québec et fonda le séminaire de la ville où il mourut en 1708. Sœur Marie de l’Incarnation, née Marie Guyart en 1599 à Tours (Indre-et-Loire) est la fondatrice du couvent des ursulines de Québec.
A Saint-Pierre de Solesmes

Leurs canonisations ont été effectuées selon la procédure de la canonisation équipollente, c’est-à-dire après une enquête de la section historique de la Congrégation des causes des saints sur des bienheureux au culte déjà ancien et reconnu, sans qu’un miracle contemporain ne soit requis, mais simplement sur base des récits dignes de foi de miracles advenus avant ou après la mort du futur saint.
Cette procédure, relativement rare dans l’Église, avait été utilisée en 1931 pour saint Albert le Grand, en 1943 pour sainte Marguerite de Hongrie (1943), en 2012 pour sainte Hildegarde de Bingen (2012), et par le pape François pour le jésuite français Pierre Favre.


Homélie du Pape François Ier

Messe d’action de grâce pour la canonisation de saint François de Laval et de sainte Marie de l’Incarnation. 

Dimanche, 12 octobre 2014

Nous avons écouté la prophétie d’Isaïe : « Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages… » (Is 25, 8). Ces paroles, pleines de l’espérance de Dieu, indiquent le but, montrent l’avenir vers lequel nous sommes en chemin. Sur cette route, les saints nous précèdent et nous guident. Ces paroles esquissent aussi la vocation des hommes et des femmes missionnaires.

Les missionnaires sont ceux qui, dociles à l’Esprit Saint, ont le courage de vivre l’Évangile. Et aussi cet Évangile que nous venons d’entendre : « Allez donc aux croisées des chemins » – dit le roi à ses serviteurs (Mt 22, 9). Et les serviteurs sortirent et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvaient, « les mauvais comme les bons », pour les conduire au banquet des noces du roi (cf. v. 10).

Les missionnaires ont accueilli cet appel : ils sont sortis pour appeler tous les gens, aux carrefours du monde ; et ainsi ils ont fait beaucoup de bien à l’Église, parce que si l’Église s’arrête et se ferme, elle tombe malade, on peut la corrompre, aussi bien par les péchés que par la fausse science séparée de Dieu, qu’est le sécularisme mondain.

Les missionnaires ont tourné leur regard vers le Christ crucifié, ils ont accueilli sa grâce et ils ne l’ont pas gardée pour eux. Comme saint Paul, ils se sont faits tout à tous ; ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance, être rassasiés et souffrir de la faim ; ils pouvaient tout en celui qui leur donnait la force (cf. Ph 4, 12-13). Et avec cette force de Dieu, ils ont eu le courage de “sortir” sur les routes du monde mettant leur confiance dans le Seigneur qui appelle. Telle est la vie d’un missionnaire, d’une missionnaire… Et pour ensuite finir loin de la maison, loin de sa propre patrie ; tant de fois tués, assassinés ! Comme c’est arrivé, ces derniers jours, à tant de nos frères et sœurs.

La mission évangélisatrice de l’Église est essentiellement annonce de l’amour, de la miséricorde et du pardon de Dieu, révélé aux hommes dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Les missionnaires ont servi la mission de l’Église, en rompant le pain de la Parole aux plus petits et aux plus éloignés et en portant à tous le don de l’amour inépuisable, qui jaillit du cœur même du Sauveur.

C’est ainsi que furent saint François de Laval et sainte Marie de l’Incarnation. Je voudrais vous laisser en ce jour, chers pèlerins canadiens, deux conseils : ce sont des extraits de la Lettre aux Hébreux, mais en pensant aux missionnaires, ils feront beaucoup de bien à vos communautés.

Le premier est celui-ci, voici ce que dit la parole de Dieu : « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi » (13, 7). La mémoire des missionnaires nous soutient au moment où nous faisons l’expérience de la rareté des ouvriers de l’Évangile. Leur exemple nous attire, nous pousse à imiter leur foi. Ce sont des témoignages féconds qui engendrent la vie !

Le second est celui-là : « Souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de recevoir la lumière du Christ : vous avez soutenu alors le dur combat des souffrances… Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire… » (10, 32.35-36). Rendre hommage à qui a souffert pour nous porter l’Évangile signifie livrer nous aussi la bonne bataille de la foi, avec humilité, douceur et miséricorde, dans la vie de chaque jour. Et cela porte du fruit. La mémoire de ceux qui nous ont précédé, de ceux qui ont fondé notre Eglise. Quelle Eglise féconde que celle du Québec ! Féconde de tant de missionnaires, qui sont allés partout. Le monde a été rempli de missionnaires canadiens, comme eux deux. Maintenant un conseil : que cette mémoire ne vous amène pas à abandonner la franchise. N’abandonnez pas le courage ! Peut-être… Non, non, pas de peut-être : c’est vrai ! Le diable est envieux et ne tolère pas qu’une terre soit aussi féconde de missionnaires. Prions le Seigneur pour que le Québec revienne sur cette route de la fécondité, de donner au monde tant de missionnaires. Et ces deux-là qui ont – pour ainsi dire – fondé l’Eglise du Québec, qu’ils nous aident comme intercesseurs, que la graine qu’ils ont semée pousse et donne du fruit avec de nouveaux hommes et femmes courageuses, clairvoyants, avec le cœur ouvert à l’appel du Seigneur. Aujourd’hui on doit demander cela pour votre patrie ! Et eux, depuis le ciel, seront nos intercesseurs. Que le Québec redevienne cette source de bons et saints missionnaires

En cela se trouve la joie et le mot d’ordre de votre pèlerinage : faire mémoire des témoins, des missionnaires de la foi dans votre terre. Cette mémoire nous soutient toujours sur le chemin vers l’avenir, vers le but, quand « le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages … ».

« Exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés » (Is 25, 9).



« Merci pour ces deux nouveaux saints et modèles missionnaires »


Armoiries du Cardinal Lacroix
Très Saint Père,

Au terme de cette célébration eucharistique et avant de recevoir votre bénédiction apostolique, permettez-moi, en mon nom personnel et au nom des fidèles du Québec et du Canada, de vous remercier du fond du cœur pour le grand cadeau que vous nous avez fait de deux nouveaux saints : Saint François de Laval et Sainte Marie de l’Incarnation.

J’ai accompagné un groupe de pèlerins en France, sur les pas de ces deux géants de la foi et de la vie missionnaire. Notre pèlerinage s’est poursuivi jusqu’à Rome pour être avec vous, le Successeur de Pierre, pour vous redire notre communion profonde et notre désir de répondre à l’appel missionnaire pour évangéliser le monde de notre temps. 

Merci, Très Saint Père, de nous avoir donné ces modèles de sainteté et de vie apostolique. La vie de Saint François de Laval et de Sainte Marie de l’Incarnation nous parle beaucoup aujourd’hui et nous invite à imiter leur courage, leur persévérance ainsi que leur zèle apostolique. Comme eux, nous voulons être tout abandonné à Dieu, dans la confiance, et engagés sur les chemins de la mission pour que nos frères et sœurs humains rencontrent Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, Jésus Christ.

Notre pèlerinage ne se termine pas ici à Rome. Nous le poursuivrons, avec l’aide de Dieu, chez-nous, au Québec, et partout où le Seigneur aura besoin de nous. Nous désirons être encore davantage des disciples-missionnaires au cœur du monde.

Avec vous, nous croyons que « l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » (Evangelii gaudium, n. 1). Saint François de Laval et Sainte Marie de l’Incarnation en sont des témoins éloquents. Que Dieu fasse de nous les saints et les saintes du troisième millénaire, les missionnaires et les évangélisateurs qui témoignent par leur vie et proclament avec fierté la Bonne Nouvelle qu’est l’Évangile.

Merci, Très Saint Père, de nous avoir accueilli aujourd’hui. Daignez bénir nos familles, nos communautés chrétiennes, nos diocèses et notre pays. Nous prions beaucoup pour vous et pour votre mission.