mercredi 31 août 2016

Naissance au Ciel du vénérable Henri Marie Boudon


Le 31 août 1702 
naissait au Ciel le vénérable abbé Henri Marie Boudon,
prêtre, 
grand archidiacre du Diocèse d'Evreux, 
serviteur dévot de Jésus-Eucharistie,
de sa sainte Mère, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie,
et des saints Anges,
pauvre pécheur,
notre céleste Patron.

Comme tout anniversaire de décès, c'est tout à la fois un jour de tristesse mais aussi d'espérance. Car nous croyons en la vie éternelle et en la communion des Saints. Nous croyons que ce saint homme de Dieu, qui offrit toute sa vie, ses paroles et ses œuvres, ses joies comme ses peines pour la plus grande gloire de Dieu, son Salut et celui des hommes vers qui il était envoyé, tout ce qu'il vécu porte et portera encore du fruit pour la vie éternelle.

Prions-le pour le Diocèse d'Evreux pour lequel il se dépensa tant, pour son Evêque - S. Exc. R. Mgr Nourrichard -, pour tous ses fidèles et confrères dans le Sacerdoce.



Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « A la sainte Trinité »

O grand et unique Tout, manifestez-vous à vos pauvres et chétives créatures qu’elles voient votre Tout infini et le rien de tout l’être créé devant vous. Donnez votre sainte bénédiction à ce petit ouvrage tout dédié à votre seule gloire, afin qu’il serve à vous glorifier en votre divine vertu par votre sainte connaissance.

O Seigneur vous êtes mon Dieu, dès le ventre de ma mère j’ai été jeté entre vos bras, dès que j’en suis sorti.
Vous êtes mon appui dès que je suis venu au monde.
Vous êtes mon protecteur, dès ma jeunesse vous m’avez conduit et il ne m’a rien manqué, vous avez été avec moi dans tous mes maux et votre miséricorde m’a accompagné tous les jours de ma vie.
Ne me rejetez pas dans le temps de ma vieillesse et ne m’abandonnez pas lorsque ma force s’affaiblira.

Votre divine Providence, qui m’a toujours servi de la meilleure et de la plus fidèle des mères qui dispose des temps comme il lui plaît et qui en tient tous les moments en sa puissance, a voulu que le jour de ma naissance en cette terre d’exil fût un jour de samedi dédié à la très sainte Vierge, me l’ayant destinée pour être mon refuge dans tous mes besoins, et le quatorzième de janvier consacré en l’honneur du très doux Nom de Jésus : j’écris ceci le jour de cette solennité.

Ah ! Seigneur, souvenez-vous de vos bontés et de vos miséricordes que vous avez exercées envers votre pauvre chétif et indigne serviteur durant tout le cours de ma vie.

A cause de ce saint Nom et pour sa gloire, pardonnez tous mes péchés qui sont en grand nombre, comblez ma vieillesse de votre miséricorde, ne m’abandonnez pas dans les dernières années de ma vie, afin que je fasse connaître que vous avez rempli de vos biens celui qui était dans l’indigence, que vous vous plaisez à élever les petits, que vous êtes prompt à faire du bien, tendre à pardonner les fautes, patient dans les injures et magnifique dans vos faveurs.

O vous qui êtes mon espérance dès que j’ai sucé la mamelle, faites-moi la grâce de raconter vos assistances salutaires durant toute ma vie, et que ce qui m’en reste de moments soient tous des moments de votre gloire.

Seigneur, comme j’ai mis toute mon espérance en vous, que je ne sois jamais confondu ; soyez-moi un Dieu qui me protège et un asile assuré, vous êtes ma force, vous êtes mon refuge, continuez à donner ordre à vos Anges de me garder en toutes mes voies, afin que je marche sur l’aspic et le basilic et que je foule aux pieds le lion et le dragon, et que mon âme vous glorifie et vous bénisse, ô Père, ô Fils, ô Saint Esprit, et célèbre vos louanges et votre gloire éternellement.

Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !




samedi 27 août 2016

Saint Louis, priez pour la France !


Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou,

de jure 
Sa Majesté le Roi Louis XX.

Mes chers compatriotes,

La date du 25 août, fête de la Saint-Louis, mon aïeul et mon saint patron et aussi le modèle largement reconnu de la sagesse en politique, m’offre l’occasion de m’exprimer. Je n’ai pas voulu le faire au moment où les dramatiques événements de l’été se sont produits car ma voix aurait peu apporté à ce qui fut dit alors. La compassion devant les victimes s’imposait et continue à s’imposer car les conséquences de ces attaques barbares sont loin d’être terminées ; les encouragements aux forces de sécurité et de secours ou aux équipes de soins s’imposaient elles-aussi et s’imposent encore devant l’ampleur du mal. Mais au-delà ? Que pouvait-on dire devant l’horreur des actes commis ? Les assassinats aussi monstrueux que lâches, d’êtres innocents, n’ont jamais aucune justification et les commettre au nom d’une religion encore moins. Fanatisme et politique n’ont jamais fait bon ménage. L’histoire nous le rappelle.

Or c’est justement au nom de l’histoire, mais sans nostalgie et dans un souci d’avenir meilleur, que je peux apporter quelque chose, au moment où la France, mon pays, subit une grave crise. Il me semble que les seuls remèdes politiques habituels ne suffiront pas à conjurer les dégâts et la profondeur du mal. Vu avec le recul des siècles et surtout l’expérience que cela donne, le mal qui atteint la France me parait double. Il y a d’abord une guerre de civilisation, déclarée par un ennemi plus ou moins visible et insidieux, et que désormais les gouvernants semblent enfin désigner par son nom mais, surtout, une très profonde et grave crise morale ou d’identité, sorte de cancer de l’intérieur qui nous affaiblit tout autant, peut-être même davantage, que l’ ennemi désigné.

De la guerre qui est menée à la France, à l’Europe, à la Chrétienté, que dire ? Accepter de mettre un nom sur les choses et donc les qualifier est déjà le meilleur moyen pour combattre. L’ennemi identifié, il s’agit de concevoir et de mettre en œuvre une politique étrangère et une politique intérieure qui répondent aux intérêts de la France et de l’Europe chrétienne dont nous sommes solidaires. Il s’agit ensuite d’avoir une stratégie et une tactique. Je ne doute pas que l’une et l’autre soient à la portée de nos gouvernants quels qu’ils fussent, s’ils acceptent de se remettre en cause, de se donner les moyens de la lutte et de faire confiance aux spécialistes. Faire parler la raison plus que le sentiment et l’idéologie. La France a toujours su mener les combats, ses forces armées sont reconnues par tous et partout, et le pays entier trouvera l’énergie nécessaire pour les soutenir. Déjà, force est de constater que de saines réactions ont commencé à apparaître.

"Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain
que veillent les gardes". C'est dans la prière que
Dieu inspire l'action juste et droite.
La crise morale est plus grave. Les causes internes sont toujours plus complexes à combattre que les ennemis déclarés. Elles le sont notamment parce qu’elles ont souvent des origines plus profondes, plus lointaines. Mais l’histoire dont par ma naissance je suis en quelque sorte le représentant comme héritier et successeur des souverains qui, patiemment, siècle après siècle, ont façonné la France, l’histoire montre que les crises de conscience ne sont pas insurmontables. C’est même souvent de l’épreuve et de la rupture avec des habitudes passées qui endorment plus qu’elles ne font progresser, que la France s’est constituée. Dès l’origine ! Epreuves et rupture, avec Clovis qui fait passer la Gaule du rang de province romaine à celui de royaume libre et autonome ; épreuves et rupture avec la renaissance carolingienne ; puis avec le renouveau de la souveraineté au XIIIe siècle, celui de Bouvines et de Saint Louis ; et je continue avec le renouveau d’après la guerre de Cent ans qui avait pourtant laissé la France exsangue et quasi à la merci d’une dynastie étrangère. Que dire de la Renaissance qui a suivi le désastre de Pavie, de celle d’après les Guerres de Religion ou encore du sursaut admirable de tout le pays dans les premières années du XVIIIe siècle alors que Louis XIV devait faire face à une Europe une nouvelle fois coalisée. Oui, il y a un ressort très français qui veut que notre pays même malmené, même quasiment abattu, ne capitule pas.

Ces sursauts proviennent de la nature très particulière de la France. Ce n’est pas un état comme les autres. Le pouvoir ne s’y confond pas avec la force. La France a toujours reposé sur ses familles, sur des communautés d’intérêt, sur un état de droit mis en place alors que l’Europe connaissait encore régime féodal et droit du plus fort. Si la France présente cette spécificité cela lui vient de ses origines. Clovis, ne fut pas seulement le premier des rois, mais ce fut surtout le premier des rois chrétiens. Ainsi dès l’aube de la civilisation française il y avait, venant couronner au sens propre comme figuré le pouvoir, une transcendancePolitique et mystique allaient de pair. Jamais le roi ne fut un monarque tout puissant. La royauté française a toujours été vécue comme un service, imposant des devoirs garantis par Dieu. Au-dessus du roi il y avait toujours la nécessité de conserver les préceptes de l’évangile qui sont aussi ceux du droit naturel : respect de la personne humaine, respect de la famille. La France a mérité le titre de « Fille aînée de l’Eglise », parce que plus que toute autre nation, elle a su mettre ses devoirs avant ses droitsElle a puisé dans la religion une éthique qui donnait à la politique une autre dimension. Ainsi, elle devint un modèle.
Saint Michel protégeant les grandes
armes de France

Certes cela a pris des contours bien différents selon les âges, mais le principe a toujours subsisté ; certes il y a eu parfois de mauvaises politiques mais justement reconnues comme telles. Mais l’histoire nous enseigne aussi qu’il y a des limites à ne pas franchir, des principes non négociables : la souveraineté de l’état, le primat du bien commun contre les intérêts particuliers, les libertés notamment collectives pour garantir les particularismes hérités de l’histoire des lieux, etc.

L’histoire nous apprend aussi et surtout qu’un peuple est grand quand il a des motifs de partager une vision commune de sa destinée c’est-à-dire de son avenir ; de donner de lui-même pour des causes qui le dépassent mais qui le font entrer dans l’histoire. Tel est bien ce qui a produit les grands artistes, les grands savants, les grands capitaines et les conquérants ; les gloires nationales que nos livres, nos mémoires, nos chansons exaltaient. Durant longtemps, de l’épopée des grognards de l’Empire au « debout les morts ! » de la Guerre de 14-18, les régimes nouveaux ont continué à évoquer ce récit national. La mystique de la Patrie avait su remplacer l’amour pour le Roi et la Couronne. Mais qu’en est-il actuellement ? Quelle « mystique » est-elle offerte aux jeunes depuis deux ou trois générations ? Celle du consumérisme et du matérialisme ; celle de la culture de la mort ; celle du jeu et du moindre effort, celle de la toute-puissance de l’argent. Depuis des décennies ont été élevés au rang de nouvelles valeurs l’individualisme, l’abandon de la notion de service et de sacrifice, le relativisme, l’immanence et, comble, la négation des épisodes glorieux de notre histoire dont il faudrait s’excuser ! Tout cela a détruit peu à peu les fondements de la société qui n’a plus su intégrer ceux qui frappaient à sa porte et qui, surtout, a ôté tout souhait et désir de s’intégrer à la France devenue plus un contre-modèle qu’un modèle.

Mgr Louis de Bourbon, de jure Louis XX de France,
et son épouse Marie Marguerite
Il me semble que la cause première de ce triste état des lieux est avant tout l’abandon des repères notamment religieux par notre pays c’est-à-dire ces limites sans lesquelles les libertés ne sont plus que des licences dangereuses tant pour l’homme que pour la société. Ainsi, en un peu plus de deux siècles a été porté profondément atteinte à notre identité, française et chrétienne. Les repères perdus, l’avenir est difficile à construire ! Aussi, nourrie de bonnes intentions comme le prétendent ses partisans, la laïcité républicaine n’en est pas moins un leurre. Elle nous coupe en réalité de nos racines séculaires et le vide idéologique laisse la place à toutes les idéologies mortifères.

Les jeunes ont besoin de grandeur, besoin d’espérance. Une société qui désespère et désenchante sa jeunesse n’a plus sa place. Il faut revenir de cet esprit d’abandon. Il faut retrouver enthousiasme, désir de se dépasser et, surtout, volonté. Retrouver la ferveur de Bouvines et de Patay, celle que montrent les champions sportifs prenant exemple sur les saints ou les militaires. Offrir des perspectives qui présentent leur part de gratuité et de grandeur. Ces occasions ne manquent pourtant pas aujourd’hui où les combats à mener sont nombreux : ceux pour redonner à la vie humaine sa place avec ses multiples facettes depuis l’éthique oubliée dans les états riches jusqu’aux problèmes de malnutrition dans les pays pauvres ; ceux pour rendre notre planète plus durable après qu’elle a été souvent saccagée par l’inconscience de plusieurs générations ; ceux pour faire accéder le plus grand nombre à l’instruction sans laquelle il n’y a pas d’échanges possibles entre les hommes. Savoir se parler et pouvoir se comprendre !

Vitrail aux armes de France
Redonner le goût du bien commun et se souvenir que la France est d’abord une communauté forte de son identité façonnée par ses racines gréco-latines et chrétiennes.

Heureusement, bon nombre de jeunes l’ont retrouvé d’eux-mêmes dépassant les faux maîtres qui les trompaient plus qu’ils ne les formaient. Depuis plusieurs années on les voit veiller sur leur pays ; retrouver les fondamentaux de la philosophie notamment politique, renouer avec les valeurs du don, de la gratuité sans lesquelles il n’y pas de bien commun possible. On les voit surtout retrouver le sens de la famille et de la vie sur lequel ils assoient leurs perspectives d’avenir. Le monde appartient aux jeunes et à ceux qui donnent du sens à leur vie. L’histoire de France nous l’enseigne.
J’ai voulu le rappeler car, en invoquant l’aide de Saint-Louis, mon aïeul, mais aussi celle de tous les saints et saintes de France, si nombreux, et en n’oubliant pas le dernier d’entre eux, le père Hamel, mort en martyr pour sa Foi, je crois plus que jamais en mon pays et en son avenir.


Louis de Bourbon, duc d’Anjou.


jeudi 25 août 2016

Saint Louis IX de France, priez pour nous

Saint Louis, roi de France.
Vitrail de la Paroisse Sainte-Marguerite,
Paris
Entretien intégral du prince Louis de Bourbon par Stéphane Bern (Le Figaro du 24 avril 2014), publié dans Communication des princes, le vendredi 25 avril 2014

« Le message de Saint Louis est bien actuel »

Il y a 800 ans, naissait Louis IX. Né le même jour que lui, un 25 avril, son descendant nous parle de l’héritage laissé par celui qui est entré dans l’histoire sous le nom de Saint Louis.
La France va célébrer, ce vendredi, le 800ème anniversaire de la naissance de Louis IX, Saint Louis pour l’histoire. Un timbre commémoratif, une exposition à Poissy, où il est né le 25 avril 1214, des concerts à la Sainte-Chapelle de Paris vont accompagner cet événement. Tandis que le prince Jean de France, duc de Vendôme, rendra un hommage à la chapelle Saint-Louis de Dreux, nécropole de la famille d’Orléans, le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, participera aux cérémonies organisées à Aigues-Mortes, d’où le roi partit pour les Croisades. A cette occasion, l’aîné des Capétiens s’est confié en exclusivité au Figaro.

LE FIGARO. – Que représente pour vous cette date du 25 avril ?
Fonts baptismaux dans lesquels le jeune Louis IX
fut plongé pour recevoir la vie divine
Louis de Bourbon. – Une date importante ! Celle de mon anniversaire, mais surtout celle de la naissance et du baptême de Saint Louis, dont nous fêtons, en 2014 le 800ème anniversaire. En effet, nous sommes nés tous les deux le 25 avril, de sorte que 760 ans, jour pour jour, nous séparent. J’ai souhaité cette année solenniser spécialement cette date. C’est mon saint protecteur, comme il est aussi celui de la France et, plus largement, de tous ceux qui sont préoccupés par le bien commun. Cette date est donc à la fois émouvante et importante.

Pourquoi avoir souhaité marquer l’anniversaire de Saint Louis, ici, à Aigues-Mortes ?
Beaucoup de villes commémorent cette année la naissance de Saint Louis. En mars, je suis allé à Poissy, qui était associée à un très beau triduum de vénération de la sainte couronne d’épines, organisé par les diocèses de Versailles et de Paris. Pour le 25 avril, j’ai souhaité un geste fort, et il m’a semblé qu’être, en ce jour, à Aigues-Mortes était symbolique. Aigues-Mortes est une ville importante de l’histoire de France, dont l’image est totalement attachée au souvenir de Saint Louis, qui l’a fait bâtir en 1240 pour donner au royaume une porte sur la Méditerranée. Par la suite, il lui a octroyé une des premières chartes communales ouvrant la voie à une profonde réforme des institutions. Cela a permis d’affranchir les villes du pouvoir des féodaux. Le roi y est venu plusieurs fois, et la ville est toujours fidèle au souvenir de Saint Louis, qu’elle fête chaque 25 août. Que le chef de la maison capétienne y vienne est une occasion de rendre hommage à cette fidélité. C’est d’ailleurs ici qu’en 1992, j’ai effectué un de mes premiers déplacements de chef de maison, successeur des rois de France, en venant y déposer solennellement des reliques du saint roi. En 2014, je tenais à y revenir aussi, car j’ai le souci de ne pas associer les commémorations du 800ème anniversaire de Saint Louis aux seules grandes villes, mais à l’ensemble des cités – quelle que soit leur taille – où les rois ont laissé une trace. Les rois, en particulier Louis IX, ont toujours été de grands voyageurs, laissant le souvenir de leur passage de ville en ville.

Né le même jour que Saint Louis et portant son prénom, quels liens filiaux et sentimentaux entretenez-vous avec cette figure historique ?
Au-delà du prénom qui nous relie et qui est celui de la majorité des rois de France depuis Clovis, dont Louis n’est qu’une déformation, il y a cette similitude dans nos dates de naissance. Je ne peux qu’y voir un encouragement à regarder le souvenir de mon aïeul comme un modèle. Le roi Louis IX fut à la fois un grand souverain sachant réformer son Etat et imposer la paix, un  mari et un père de famille exemplaire et ce fut aussi un grand saint. Cette triple qualité n’est pas très courante. Bel et lourd héritage, car comment pourrait-on l’égaler ? Saint Louis est un modèle et je partage avec lui quelques liens intimes. D’abord, nos épouses portent le même prénom, Marguerite. Ensuite, le roi Louis à sa naissance n’était pas le successeur, puisqu’il avait un frère aîné, Philippe, mort alors qu’il avait à peine une dizaine d’année. Avec la mort de mon frère aîné, François, j’ai vécu le même deuil. Enfin, Saint Louis est devenu roi à 12 ans, et j’en avais à peine plus grand quand je suis devenu chef de famille.

Que retenez-vous de Saint Louis après huit siècles d’histoire ?
S. Louis en procession avec la sainte Couronne
d'épines et quelques reliques de la Passion.
Les trois qualités que je viens de signaler : un bon mari et un excellent père de famille ; un souverain reconnu par tous ses contemporains ; et un saint. Il me semble que ces trois vertus sont toujours actuelles dans notre monde en pleine mutation où la jeunesse est inquiète. La société contemporaine manque de repères et se replie sur elle-même. J’ai été frappé de voir, ces dernières années, que l’abstention domine dans les élections, même au niveau le plus local. Comment peut-on s’abstenir de la vie sociale ? Voilà quelque chose que Louis IX n’aurait pas compris ! Nos contemporains ne croient malheureusement plus dans leurs institutions et préfèrent l’individualisme à l’ouverture aux autres. Ils manquent de confiance en l’avenir. Pourtant, la petite lueur de l’espérance n’est pas éteinte.

Saint Louis peut-il servir d’exemple pour ranimer cette espérance ?
Pourquoi pas ? Le roi est souvent présenté comme celui qui rend la justice sous le chêne de Vincennes. Belle image. Cette aspiration n’est-elle pas toujours celle de notre temps ? Les gouvernements doivent être les garants de la justice et de l’intérêt général. Ce message est bien actuel. Saint Louis demeure l’un des fondateurs de la France et de ses institutions. Il faut s’en souvenir au moment où, comme au XIIIe siècle, un cycle historique s’achève, pour ouvrir de nouvelles pages de notre histoire commune. Mais ces pages ne peuvent s’écrire qu’en respectant les valeurs qui ont toujours fait la grandeur de la France. Le respect du beau, du vrai et du bien et, comme le rappelle notamment le pape François, il faut remettre l’homme au centre de l’action politique.

Quel sens voulez-vous donner à votre 40e anniversaire ?
Le 40ème anniversaire est toujours un tournant important. Milieu de la vie, c’est l’époque où tout homme se pose le problème de sa destinée et du sens de son existence. Cet anniversaire correspond au moment où l’on peut véritablement s’affirmer. Deviens ce que tu es ! A notre époque, la génération des quadras aspire à prendre toutes ses responsabilités.

Quel rôle peut encore jouer la monarchie en France ? N’est-elle pas une nostalgie regardée avec sympathie, mais sans avenir, par les Français ?
Avec ma position d’héritier de l’une des plus vieilles dynasties d’Europe, j’ai du mal à parler de la royauté en termes nostalgiques. Pour moi, elle est beaucoup plus concrète. En observant les huit siècles de monarchie ininterrompue, j’ai plutôt envie de parler d’une continuité. Ce régime a fait ses preuves et il y a deux manières de le regarder. Ceux qui parlent de nostalgie se retournent vers le passé et essayent d’y voir un âge d’or qui serait meilleur que le présent. Ce n’est pas ma manière de voir. Ceux qui ont fait la royauté française, c’est-à-dire les rois et les Français, eux, n’étaient pas des nostalgiques. Ils ont toujours cherché à aller de l’avant. A faire progresser leur pays. A l’agrandir, à lui donner la première place en Europe, à faire triompher ses lettres et ses industries, ses arts et sa langue. La royauté « à la française », comme Saint Louis nous le rappelle, est avant tout un esprit, une volonté d’agir, guidée par la foi, qui donne les principes, et la raison, qui permet de rester dans le réel. Cet esprit est celui de l’unité contre la division, de la vérité contre le scepticisme qui mine nos sociétés, d’un sens de l’aventure commune contre les individualismes, d’un monde qui respecte l’homme de sa conception à sa mort plus que l’argent, d’une société qui protège la famille.

Quelle place entendez-vous occuper aujourd’hui ?
A la suite de mes aïeux, je suis là pour continuer à donner cette envie, de faire mieux demain qu’aujourd’hui. Rappeler que l’espoir peut animer notre société, que les jeunes y ont toute leur place et que l’on compte sur leurs idées et leur énergie, qu’ils doivent avoir confiance dans l’avenir. Certes, cela n’est peut-être pas facile, mais est-ce que cela le fut à Bouvines que l’on commémore aussi en 2014, ou après la guerre de Cent Ans ou celles de religions, quand il a fallu reconstruire un royaume ruiné ?
Personnellement, parce que j’ai 40 ans, parce que j’ai une famille et trois enfants, bien plus que d’une quelconque nostalgie, j’ai envie d’un lendemain et d’un avenir.


Source : Le Figaro du 24 avril 2014 – propos recueillis par Stéphane Bern


Paroisse Saint-Ouen de Rouen, vitrail

lundi 22 août 2016

Fête du couronnement de Marie, Mère de Dieu, Reine des hommes et des anges



Vitrail du couronnement de la Vierge Marie



Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
« Dieu seul »


A la divine Marie toute sainte en sa très pure Conception, toujours immaculée,
toujours Vierge,
la véritable Mère de Dieu,
la Fille du Père éternel,
l’Epouse du Saint Esprit,
Reine des Anges,
Impératrice du ciel et de la terre,
ma très chère,
très admirable,
très fidèle Mère en Dieu seul,
et pour Dieu seul mon espérance,
ma vie et ma douceur.






vendredi 19 août 2016

La beauté due à Dieu seul, même durant les visites pastorales du grand Archidiacre d'Evreux, le vénérable Monsieur Boudon

Carte ancienne du département de l'Eure qui correspond au Diocèse d'Evreux
dont le vénérable abbé Boudon était le grand Archidiacre.
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, Lettre 272

Messieurs nos curés à Evreux me reçoivent processionnellement, et presque tous avec la croix. Nous chantons le « Veni Creator » ensuite, et dans les campagnes le « Laudate Pueri » en allant aux fonts (baptismaux) puis nous faisons des prières pour les morts, ce qui ne se devrait jamais omettre.

Étole pastorale
Comme je suis le premier qui ai introduit l’usage de l’étole, car on ne la portait point de temps immémorial dans l’archidiaconé d’Evreux, ni à la ville ni à la campagne, ces messieurs, de leur côté, m’ont accordé ce qui ne s’était pratiqué qu’en quelques lieux et à l’égard de quelques archidiacres, et je crois que notre bon Sauveur est plus glorifié de cette manière.

Messieurs du Vaucel et de Gauville ne permettent à personne de porter l’étole, aussi on les reçoit sans aucune cérémonie et d’une manière, ce me semble, qui ne marque pas assez l’esprit de l’Eglise dans les visites.

Il y en a encore quelques-uns dans l’archidiaconé d’Evreux qui aiment mieux ne point porter l’étole et ne point observer de cérémonie, disant qu’ils veulent faire comme par le passé. C’est ce qui est en leur liberté, je ne saurais agir plus doucement que de leur laisser le choix mais il va des doyennés où il n’y a plus qu’un seul curé de cette humeur ; ainsi il n’y a presque plus personne qui n’observe les cérémonies !
Fermoir en émaux aux armes d'Evreux

Il me semble que c’est la très sainte Vierge à qui j’ai dédié de prime abord l’archidiaconé (ce dont j’ai été heureusement bien raillé et que j’estime à grand honneur), qui y a obtenu cette bénédiction, ainsi que les bons anges et les saints

Car cela est arrivé dans le temps que mon Évêque m’était entièrement opposé et que j’étais contredit de toute part ; ainsi, sans appui humain et dans l’abjection et sans pouvoir :
«Lapidem quem reprobaverunt aedificantes hic factus est in caput anguli. A Domino factum est istud et est mirabile in oculis nostris» (Psal CXVII, 22-23 : «La pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. Voici ce que fit le Seigneur, une merveille devant nos yeux»).


Et après une visite pastorale menée en bonne et due forme...
le réconfort avec les fruits bénis que Dieu nous donne !

lundi 15 août 2016

Assomption de la Très Sainte Vierge Marie

Le roi Louis XIII offrant sa couronne et son royaume à la Reine des cieux

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Le triomphe de la Croix », partie III

Assomption de la Très Sainte Vierge Marie,
Reine des Anges, Modèle des Saints

C’est une sainte pratique de remettre entre ses mains (celles de la B. Vierge Marie) tout ce que l’on a de considérable, en en faisant la maîtresse ; et c’est avec l’édification de l’Eglise et pour le bonheur du royaume que le roi très chrétien Louis treizième, de glorieuse mémoire, lui a offert tous ses Etats, offrande qui a été renouvelée par Louis quatorzième, heureusement régnant.



Lettre Apostolique de Sa sainteté le bienheureux Pape Pie XI
« Galliam, Ecclesiæ filiam primogenitam »
Pour perpétuelle mémoire

Les Pontifes Romains Nos prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée Fille aînée de l’Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui eut profondément à cœur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.

La couronne de France offerte à Notre Dame.
Que, du haut du Ciel, elle continue de protéger notre pauvre pays
et les lys.
En effet, lorsque, récemment, Nos Vénérables Frères les cardinaux, archevêques et évêques de France, d’un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre Vénérable Frère Stanislas Touchet, évêque d’Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu’il daignât proclamer patronne principale de la nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde patronne céleste sainte Jeanne, Pucelle d’Orléans, Notre prédécesseur fut d’avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu’il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d’être élevé par la grâce divine sur la Chaire sublime du Prince des Apôtres, il Nous est doux et agréable de remplir le vœu de notre très regretté prédécesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une cause de bien, de prospérité et de bonheur.

Il est certain, selon un ancien adage, que le Royaume de France a été appelé le Royaume de Marie, et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l’Eglise jusqu’à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de France, passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d’autres saints docteurs, ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII° siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.

Le voeu de Louis XIII, Cathédrale Notre-Dame de Paris
Même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère de Dieu, parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres, celles qui s’élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen. L’immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple la piété envers la Mère de Dieu et plusieurs fois par an la basilique de Lourdes, si vaste qu’elle soit, paraît incapable de contenir les foules innombrables des pèlerins.

La Vierge en personne, trésorière de toutes les grâces de Dieu, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple françaisBien plus, les princes et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge.

Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s’empresse, sur les ruines d’un temple druidique, de poser les fondements de l’Eglise Notre-Dame, qu’acheva son fils Childebert.
Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation
Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l’office de la Vierge.
Louis XI, pour l’accomplissement d’un voeu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. 
Enfin, Louis XIII consacre le Royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l’Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, Nous n’ignorons pas qu’elles continuent de se dérouler chaque année.

Sainte Jeanne d'Arc, église de Bellecombe
En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu’elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France ; car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un cœur viril une si grande œuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.

C’est pourquoi, après avoir pris les conseils de nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine préposés aux Rites, de Notre propre initiative, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.

De plus, écoutant les vœux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons l’illustre Pucelle d’Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de la France comme l’héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne en second de la France, choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore d’après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.

En conséquence, nous prions Dieu, auteur de tous biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Eglise Romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.

Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française, le gage le plus large des secours célestes ; qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment.
Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l’anneau du Pécheur, le 2 du mois de mars de l’année 1922, de Notre Pontificat la première année.

Pie pp. XI
P. cardinal Gasparri, secrétaire d’Etat