dimanche 29 décembre 2019

Sainte Famille de Nazareth, priez pour nous et nos familles

La Sainte Famille

Ô Jésus, notre très aimable Rédempteur qui, étant envoyé du ciel pour éclairer le monde par votre doctrine et vos exemples, avez passé la plus grande partie de votre vie mortelle dans l’humble demeure de Nazareth, soumis à Marie et à Joseph, et avez consacré cette Famille, qui devait servir d’exemple à toutes les familles chrétiennes, daignez accepter avec bonté notre paroisse qui se dévoue tout entière à vous.

Protégez-la, gardez-la, affermissez-y votre sainte crainte, avec la paix et la concorde de la charité chrétienne; afin qu’elle devienne semblable au modèle divin de votre Famille et que tous ses membres sans exception participent à son bonheur éternel.

Ô Marie, Mère très aimante de Jésus-Christ, et aussi notre Mère, faites par votre affection et votre clémence que Jésus accepte cette consécration que nous lui faisons et qu’il nous prodigue ses bienfaits et ses bénédictions.

Ô Joseph, très saint gardien de Jésus et de Marie, secourez-nous par vos prières dans toutes les nécessités de notre âme et de notre corps, afin qu’avec vous et avec la Bienheureuse Vierge Marie, nous puissions louer éternellement Jésus-Christ notre divin Rédempteur.

Jésus, Marie, Joseph, soyez notre soutien et notre modèle


samedi 28 décembre 2019

Saints Innocents d'hier et d'aujourd'hui

La fuite en Egypte accompagnée des saints Innocents, par William Holman Hunt

La complainte de l’embryon, Actuailes n° 86 – 30 mai 2018

Le Christ pleurant ses petits martyrs
Je ne vois pas encore le jour. Je suis au creux de ma mère, lové tout au centre de celle qui me porte. Je suis minuscule, en moi se concentre toute la puissance de ce qui deviendra un homme. Je suis un embryon. L’homme et la femme qui m’ont conçu, mon père et ma mère, ont été embryon avant moi. Un embryon est fait pour grandir, devenir homme ou femme. Devenu grand, je pourrai à mon tour concevoir des embryons. Je suis un maillon dans la chaîne de l’existence.

Ma vie ne tient qu’à un fil, ma vie ne tient qu’à ce cordon qui me relie à ma mère. Par ce fil, je reçois tout. Comme un poisson dans un aquarium, je vis et flotte dans un liquide qui me protège. Je suis en sécurité, recroquevillé au creux de ma mère.
Tout concentré, les yeux fermés, les poings serrés, je me déploie lentement, minute par minute. Peu à peu, je sens, j’entends ce monde qui entoure le ventre de ma mère. Mystérieusement, je grandis dans cette chambre secrète, silencieuse, où tous les sons me parviennent assourdis comme si je vivais dans du coton. Je distingue déjà des sons graves, des sons aigus. Il y a un monde au dehors et je me prépare à le conquérir. Je grandis pour le découvrir.

Icône des saints Innocents
Mais le fil de ma vie est trop ténu, mon existence est trop secrète, ma présence est trop cachée. Je ne peux me défendre avec mes yeux fermés et mes petits poings serrés. Je ne peux crier. Je suis trop petit, je suis minuscule, je ne suis qu’un embryon.

Je suis là, mais on ne me voit pas. Je suis là, mais on ne veut pas de moi. Je ne blesse personne, mais on en veut à ma vie. Je ne fais rien et je suis déjà un danger. Je suis innocent, mais je suis déjà condamné.

Le monde du dehors a décidé que moi au-dedans je n’étais pas attendu, que je n’étais pas le bienvenu. Je suis là, dedans, mais dehors personne ne veut s’occuper de moi. On ne veut pas de moi. Je suis minuscule, mais je dérange. Je ne crie pas, je ne fais pas de bruit, je ne bouge presque pas, mais je gêne déjà.

Ma vie va s’arrêter à l’intérieur. L’extérieur m’est interdit. On va m’éliminer. On va me tuer. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas demandé à venir à l’existence. Maintenant que j’existe, on veut me faire retourner au néant. On veut briser la chaîne. Je ne comprends pas. Je ne suis qu’un embryon, dont le monde ne veut pas. Je vais rester dans la nuit. Je ne verrai pas le jour.

Aidez-moi !

Père Augustin-Marie



vendredi 27 décembre 2019

Saint l’Évangéliste, dit "le Théologien"

Saint Jean lors de la célébration de la Cène

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dieu seul ou le saint esclavage de l’admirable Mère de Dieu »

AU GRAND SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE
ENTRE LES APÔTRES LE TRÈS AIMANT,
ENTRE LES DISCIPLES LE BIEN-AIMÉ,
ENTRE LES SAINTS LE TOUT AIMABLE



Grand apôtre de la dilection, cher favori de l'adorable Jésus, le Fils bien-aimé de l'admirable mère de Dieu, le chérubin de la loi nouvelle, le séraphin du christianisme, la merveille et le prodige de l'Évangile, après m'être prosterné aux pieds de la Souveraine des anges et des hommes, je viens me jeter aux vôtres, et vous présenter ce petit ouvrage, tout consacré à la gloire de cette auguste impératrice du ciel et de la terre : car à qui pourrais-je mieux le confier qu'à celui à qui la divine princesse qui en a fait le sujet, a été si amoureusement confiée par les soins de l'aimable Jésus, à celui qui l'a reçue pour mère de la propre bouche de Dieu même, à celui qui lui a été substitué en qualité d'enfant à la place de son bon maître, qui lui était comme un autre Jésus, qui a été son ange visible, pour la servir dans tous ses besoins, qui en a pris des soins si amoureux durant tout le cours de sa très sainte vie, soit pour les choses corporelles, soit pour les spirituelles, selon les ordres que notre débonnaire Sauveur lui en avait donnés ?
Au pied de la Croix avec Notre Dame
Cet amour non pareil, grand saint, que vous avez eu pour cette mère du bel amour, engage indispensablement les esclaves de cette incomparable reine à être les vôtres ; et il n'est pas possible de n'être pas tout dévoué au service de celui qui a servi avec une fidélité si inviolable celle qui mérite tous les respects des créatures du ciel et de la terre. Un cœur qui aimera véritablement la divine Marie, ne pourra jamais, ô disciple de l'amour, se défendre de vous aimer. La liaison ineffable que le Dieu de toute charité a mise entre votre cœur virginal et le cœur très pur de la très sacrée Vierge, ne permet pas que l'on ait du zèle pour la Mère de Dieu, qu'à même temps l'on n'en conçoive pour la gloire de son cher favori.

Il est vrai que toutes sortes de motifs pressent fortement les fidèles de vous honorer d'une manière particulière. L'amour que Jésus, notre Dieu, a eu pour vous, nous impose une nécessité entière de vous aimer, et la grande faveur que vous avez eue auprès de cet aimable Roi de nos âmes, nous invite puissamment à vous rendre tous les respects possibles. Vous avez donné un spectacle d'amour au monde, aux anges et aux hommes. Les séraphins ont trouvé de quoi s'étonner dans l'ardeur de vos flammes, et la pureté des feux sacrés qui a consommé si divinement votre sainte vie, fait l'admiration des âmes les plus éclairées. Les effusions du cœur de Jésus sur votre sainte personne sont ineffables ; aussi êtes-vous par excellence le disciple bien-aimé. Partout où l'on prêchera l'Évangile, cette vérité sera publiée, et aucun fidèle ne la pourra révoquer en doute. L'amour d'un Dieu-Homme pour vous était si grand et si extraordinaire que vous étiez connu par la qualité du disciple de l'amour ; et l'on pouvait dire que l'amour était votre nom, vos possessions, votre honneur, votre gloire, vos plaisirs et votre grâce. Mais si vous pouviez dire certainement, mon bien-aimé est tout à moi, vous pouviez ajouter avec vérité, je suis tout à lui. Si vous étiez très aimé, vous étiez très aimant : aussi dans le temps que votre cher Maître expirait ignominieusement sur une croix, vous paraissiez debout sur le Calvaire, donnant des preuves de l'amour le plus constant qui fut jamais. Tous les autres apôtres quittent ce divin Sauveur, et vous lui demeurez fidèle. L'infamie du supplice honteux où il est exposé, les blasphèmes des Juifs, les ris et les moqueries des peuples, la cruauté et la confusion de ses peines, la honte de son supplice et l'arrêt de sa mort, sont des eaux qui ne peuvent éteindre les ardeurs de vos flammes. Vous aimez, lorsque ceux qui sont destinés pour tenir le premier rang dans son amour cessent d'aimer, et cet amour qui est plus fort que la mort, vous fera mépriser mille morts, vous fera souffrir pour votre bien-aimé jusqu'au dernier soupir de votre précieuse vie, les bannissements, les exils, les fouets, les chaudières d'huile bouillante, et tous ces grands travaux inséparables des fonctions et de la vie apostolique.

Ecrivant l'Evangile
Mais si une âme n'est grande que par la grandeur de l'amour qui l'enflamme, à quel point de gloire, incomparable saint, avez-vous été élevé, puisque l'amour qui vous a animé a été si admirable ? Cet amour que vous aviez puisé dans le propre cœur de celui qui est le prince et le Dieu de l'amour et qui est l'amour même, avait rempli votre charitable cœur de tant de tendresses pour tous les hommes, qu'il n'y a point de paroles qui le puissent expliquer. Il me semble qu'il était devenu tout charité, s'ouvrant par des profusions inconcevables à toutes sortes de personnes. Vous étiez la lumière des personnes les plus éclairées, le guide des parfaits, l'exemplaire des plus saints, la règle des hommes apostoliques, le docteur des peuples, le prédicateur aussi bien que l'écrivain de l'Évangile. Votre voix comme un tonnerre se faisait entendre par toute la terre, publiant les amours de votre bien-aimé, et il en sortait des éclairs si puissants, des clartés si touchantes qui en faisaient voir les divines beautés, et qui les apprenaient aux hommes, que les cœurs ne pourraient pas s'empêcher de les aimer. Vous étiez le soutien des faibles, la consolation des affligés, l'espérance des plus désespérés. Les plus malheureux trouvaient en vous un accès favorable pour être secourus dans tous leurs besoins, pour être assistés dans toutes leurs misères. Vous faisiez des miracles étonnants pour les soulager, vous préveniez les plus misérables par vos soins, vous alliez chercher les âmes les plus perdues jusque dans les forêts et les bois, vous couriez après les plus infâmes et les plus cruels, vous étiez tout à tous, à vos amis, à vos ennemis, aux personnes connues, aux inconnues, aux domestiques et aux étrangers ; c'était la charité qui vous inspirait toutes vos pensées, qui formait toutes vos paroles, qui pressait vos pas, et qui animait toutes vos actions. C'était la charité qui faisait l'unique sujet de vos sermons apostoliques, vous en parliez à tout le monde, vous en parliez toujours, et vous en avez parlé jusqu'au dernier soupir de votre vie. Vous alliez avec ferveur aux assemblées des fidèles pour leur publier les excellences de cette vertu, et ne pouvant plus marcher, vous vous faisiez porter entre les bras de vos disciples pour exhorter les Chrétiens à s'entr'aimer les uns les autres, selon le grand commandement que notre divin Maître en a fait.

Les Epîtres
Les siècles qui ont suivi ont fait voir une suite continuelle de vos admirables bontés : où est celui qui a eu recours à vos charitables intercessions, qui n'en ait ressenti les effets ? Vous avez fait voir en vos fidèles dévots, que le ciel n'a rien de réservé pour ceux qui vous appartiennent ; et il est doux et si avantageux d'avoir quelque part en votre faveur, que non seulement vos amis, mais les personnes qui les touchent en quelque manière, sont dans une heureuse expérience de votre protection.
Mais enfin, vous êtes le saint tout aimable par les rares qualités dont votre divin Maître vous a favorisé. Plusieurs âmes ont amassé des richesses, mais les trésors que vous possédez sont incomparables. Il semble que toutes les grâces ont fait choix de votre cœur virginal, pour y faire leur bienheureuse demeure ; et tous les dons que l'esprit de Dieu communique avec tant de différence à ses saints, se trouvent tous ramassés en votre seule personne, qui est comme l'abrégé de toutes les merveilles de la grâce. Vous êtes patriarche, prophète, apôtre, évangéliste, martyr, docteur, confesseur, vierge, anachorète, et vous possédez toutes ces glorieuses qualités dans un degré très éminent ; c'est ce qui fait que toutes sortes de personnes doivent vous prendre pour leur patron, et fidèle protecteur, et vous avoir une dévotion singulière. Ceux qui sont dans la vie active, ceux qui sont dans la vie contemplative, ceux qui vivent dans les villes, ceux qui sont retirés dans les déserts. Les personnes engagées dans le monde, celles qui en sont heureusement séparées. Les hommes apostoliques, les pontifes, les prêtres, les religieux, les vierges, les veuves, les personnes mariées. Les parfaits, les imparfaits, les pécheurs les plus abandonnés et les plus misérables : les riches, les pauvres, les grands, les petits, les princes, les magistrats, les artisans : mais particulièrement les personnes qui vivent dans la persécution et dans la souffrance : puisque vous êtes le disciple de la croix, aussi bien que de l'amour.

Et l'Apocalypse, sur l'île de Patmos
Mais que chacun porte ses dévotions où il voudra, pour moi, aimable saint vous serez toujours le grand saint de ma dévotion. Les grandes obligations que je vous ai, m'obligent indispensablement à vous aimer : à peine ai-je commencé à connaitre les choses que les bienfaits que j'ai reçus de vous, m'ont donné lieu de reconnaître que vous étiez le saint non pareil en bonté. J'ai commencé presque aussitôt à ressentir les effets de votre douce protection, que j'ai commencé de vivre ; et je n'ai point de termes pour expliquer les biens que vous m'avez procurés durant tout le cours de ma vie. Je vois bien que je demeure comme opprimé sous leur grandeur, et qu'il ne m'est pas possible de produire des remerciements qui leur soient convenables, mais au moins je veux vous louer et vous bénir de toute la force de mon cœur, et que jamais les actions de grâces n'y tarissent. Je veux dire partout les obligations incroyables que j'ai à vos charitables bontés, et publier de toute l'étendue de ma voix qu'entre les saints vous êtes le très aimant, le très aimé et le tout aimable. Ah ! que je prends de plaisir de savoir que vous êtes le cher favori de Jésus et de Marie ! et que les grâces que vous en avez reçues sont inestimables ! Que je suis content de votre gloire, et que je prends de part à tous les honneurs qui vous sont rendus ! Que le ciel puisse tous les jours accroître le nombre de vos fidèles serviteurs, et les combler de ses plus saintes bénédictions ! Je ne puis assez bénir mon Dieu, quand je pense qu'il y a un ordre saint dans l'Église, qui est tout dédié pour honorer la qualité de mère, que la très pure Vierge a eue en votre endroit, et la qualité d'enfant que vous avez portée à son égard. Que le Seigneur bénisse de la sainte Sion cet ordre sacré et qu'il ne se lasse jamais de le favoriser de ses plus pures grâces ! Qu'il répande de plus en plus dans son Église un instinct général d'amour et de révérence pour vos bontés et excellentes perfections ; qu'il les fasse connaître jusqu'aux extrémités de la terre. Que toutes les nations sachent les amours que Jésus et Marie ont eus pour vous ; et que votre nom soit grand parmi tous les peuples et depuis un bout du monde jusqu'à l'autre. Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul.

jeudi 26 décembre 2019

Saint Etienne protomatryr


Enfants d'un jour, ô nouveau-nés!
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses!

Enfants d'un jour, ô nouveau-nés!
Pour le bonheur que vous donnez
A vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids,
Soyez bénis,
Chers anges!

Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez,
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu'en vous,
Etres si doux,
On aime!

Pour tout ce que vous gazouillez,
Soyez bénis, baisés, choyés,
Gais rossignols, blanches fauvettes!
Que d'amoureux
Et que d'heureux
Vous faites!

Lorsque sur vos chauds oreillers
En souriant vous sommeillez,
Près de vous, tout bas, ô merveille!
Une voix dit :
Dors, beau petit, Je veille!

C'est la voix de l'Ange gardien;
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez sous ses ailes de neige :
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège!

Enfants d'un jour, ô nouveau-nés!
Au paradis d'où vous venez,
Un léger fil d'or vous rattache
A ce fil d'or
Tient l'âme encor
Sans tache.

Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu'au ciel est l'étoile blanche,
Ce qu'un peu d'eau
Est au roseau
Qui penche.

Mais vous avez de plus encor
Ce que n'a pas l'étoile d'or,
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :
Malheur à nous!
Vous avez tous
Des ailes.

Alphonse Daudet

mercredi 25 décembre 2019

Noël, Noël, c'est la Nativité du Sauveur !


Noël, c'est la Nativité du Seigneur
De Saint Théophane le Reclus

Gloire à Toi, ô Seigneur !
Encore une fois, nous saluons les lumineux jours attendus de la Nativité du Christ. Soyons joyeux et réjouissons-nous. Afin d'élever nos festivités à un niveau supérieur en ces jours, la Sainte Église a intentionnellement mis en place un jeûne qui les précède, un certain obstacle, de sorte que lorsque nous entrons dans la période des fêtes, nous puissions nous sentir comme libérés. 

Néanmoins, l'Église ne désire en aucune façon que nous nous adonnions à des délices purement sensuelles et à des plaisirs purement charnels. Puisque que l'Église a depuis les temps anciens appelé ces jours sviatki, ou "jours saints", ces jours-ci exigent que notre fête soit sainte, car ils sont saints. Afin que ceux qui se réjouissent ne puissent pas l'oublier, l'Église a placé une petite hymne sur nos lèvres pour glorifier le Christ né, chant par lequel la chair est sobre et l'âme s'élève, montrant quelles occupations sont propres à ces jours. Cette hymne dit : "Le Christ est né, glorifiez-Le", et ainsi de suite. 

Glorifiez le Christ ; glorifiez-Le, de sorte que par cette glorification le cœur et l'âme exultent, et réduisent au silence toute envie de divers autres actes et occupations qui pourraient promettre certaines consolations. Glorifier le Christ ne signifie pas l'élaboration de longues hymnes de louanges au Christ. Mais si, au moment de contempler ou d'entendre parler de la naissance du Christ Sauveur, vous clamez involontairement des profondeurs de votre âme, "Gloire à Toi, ô Seigneur, que le Christ soit né !" - Cela est suffisant. Ce sera une hymne calme venant du cœur, qui atteint néanmoins les Cieux et atteint Dieu Lui-même. Répétez un peu plus clairement pour vous ce que le Seigneur a fait pour nous, et vous verrez comment cette exclamation est alors naturelle. ~

Les nuages menaçants de la colère de Dieu étaient sur nous. Le Seigneur est venu, le pacificateur, et Il a dispersé ce nuage. Nous étions couverts de blessures des péchés et des passions ; le guérisseur des âmes et des corps est venu et Il nous a guéris. Nous avons été liés par les chaînes de l'esclavage ; le libérateur est venu et a ouvert nos fers. Rapportez tous ces exemples au plus près de votre cœur et assimilez-les avec vos sens, et vous ne serez pas en mesure de vous empêcher de clamer : "Gloire à Toi, ô Seigneur, que le Christ soit né !"

Je ne vais pas essayer de vous transmettre cette joie par des mots, elle est inaccessible par les mots. L'œuvre que le Seigneur Qui est né a forgée, touche chacun d'entre nous. Ceux qui entrent en communion avec Lui reçoivent de Lui la liberté, la guérison et la paix, ils possèdent tout cela et goûtent à Sa douceur. Il n'y a aucune raison de dire "réjouissez-vous" à ceux qui vivent cela en eux-mêmes, car ils ne peuvent s'empêcher de se réjouir, mais à ceux qui n'en ont pas l'expérience, pourquoi dire "réjouissez-vous" ? Ils ne peuvent pas se réjouir. Peu importe combien vous dites "réjouissez-vous" à quelqu'un qui est pieds et poings liés, il ne se réjouira pas. D'où peut venir la joie de la guérison à celui qui est couvert des blessures des péchés ? Comment celui qui est menacé par la foudre de l'ire de Dieu peut-il respirer librement ? Vous ne pouvez lui dire : "Va vers le nouveau-né enveloppé de langes dans la crèche, et demande-Lui la délivrance par de tous les maux qui t'affligent, car cet enfant, le Christ, est le Sauveur du monde."

Je voudrais voir tout le monde se réjouir de cette joie même, et ne pas vouloir connaître toute autre joie, mais tout ce qui vient d'Israël, n'est pas Israël : Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; Elles me sont à charge; Je suis las de les supporter. (Isaïe 1:14) ! En vérité, beaucoup de nos festivités sociales sont vraiment des abominations païennes, c'est-à-dire que certaines d'entre elles nous sont transmises directement à partir du monde païen, tandis que d'autres, si elles apparaissent plus tard dans le temps, sont pénétrées de l'esprit du paganisme. Et elles surgissent comme d'un fait exprès en grande quantité pour les fêtes de Noël et de Pâques. En se faisant prendre en elles, nous donnons au prince de ce monde, notre bourreau, l'ennemi de Dieu, une excuse pour dire à Dieu : "Qu'as-tu fait pour moi avec Ta Nativité et Ta Résurrection ? Ils viennent tous à moi." Mais que les paroles du Psaume 50 soient répétées plus souvent dans la profondeur de nos cœurs : J'ai péché contre toi seul, Et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux, En sorte que tu seras juste dans ta sentence, Sans reproche dans ton jugement. (Psaume 50:4). Peu importe combien vous dites à ces gens d'arrêter, ils ferment leurs oreilles et n'y prêtent pas attention ; ils amènent ces beaux jours de la fête à une telle extrémité que le Seigneur est obligé de détourner les yeux de nous ~.

Nous sommes intéressés par l'Europe éclairée. Oui, les abominations du paganisme qui ont été chassées du monde ont d'abord été restaurées là-bas, elles nous viennent de là-bas. Après avoir respiré le poison infernal, on court comme des fous, nous oubliant nous-mêmes. ~ Si nous reprenions nos sens, bien sûr, rien ne se passera. Mais si nous n'arrivons pas à reprendre nos sens, qui sait ? Peut-être que le Seigneur enverra à nouveau des enseignants similaires, afin qu'ils nous fassent revenir à nos sens et nous mettent sur la voie de la correction. Telle est la loi de la justice de Dieu : guérir quelqu'un du péché par la chose qui l'a incité à le commettre. Ce ne sont pas de vaines paroles, mais une question qui a été confirmé par la voix de l'Église. Sachez, vous orthodoxes, qu'on ne se moque pas de Dieu, et sachez, vous qui êtes joyeux et vous réjouissez en ces jours avec crainte. Illuminez la fête lumineuse avec des actes, des occupations, et des festivités lumineux, de sorte que tous ceux qui nous regardent diront : "Ils ont des jours saints, et non des jeux sauvages comme les fêtards injustes qui ne connaissent pas Dieu.



mardi 24 décembre 2019

24 décembre, dernier jour de l'Avent... Allons à Bethléem

L'arrivée à Bethléem

Du Cardinal Joseph Ratzinger, homélie de Noël 1980

 « Transeamus usque Bethlehem : Allons, et partons à Bethlehem ! Ces paroles des bergers en la Nuit Sainte ont été prononcées et chantées maintes et maintes fois depuis. Elles ont fait de Noël une occasion toujours renouvelée ; elles expliquent ce que signifie célébrer Noël : invitation à se mettre en route, à devenir soi-même berger, afin d’entendre la voix de l’ange, qui annonce la joie de Dieu aujourd’hui. Car la joie qui vient de Dieu demeure. C’est une exhortation à partir à la recherche de l’Enfant, qui naît aujourd’hui encore sur nos autels, pour apporter au monde la Gloire de Dieu en vue de la Paix aux hommes

Transeamus usque Bethlehem : ces paroles des bergers ont trouvé en nous un écho lumineux comme peu d’autres paroles bibliques. Dans d’innombrables chants de Noël et de bergers, nés de cette manière, cet écho retentit de façon vivante et chaleureuse dans notre actualité. Transeamus usque Bethlehem : ces paroles interpellèrent nos ancêtres. Ils n’étaient pas à même de se livrer à de grandes considérations sur le Dieu Trinitaire et ses innombrables mystères, mais ils purent s’identifier aux bergers : c’étaient eux les bergers ; suivant leur chemin vers un Dieu qu’ils pouvaient comprendre et aimer parce qu’Il s’était fait tout proche, venu dans leur monde à eux.

Cela nous est plus difficile à nous, même si nous reprenons ces mêmes chants car nous sommes bien loin de la simplicité des bergers et de leur univers. Ce qui peut toutefois nous consoler, c’est que les mages venus d’Orient, représentants d’une civilisation tardive et sur-raffinée et en qui nous sommes également représentés, aient trouvé le chemin de la crèche. A cet égard, songeons aux paroles qu’Evelyne Waugh fait - en pensée - prononcer à l’impératrice Hélène découvrant la Croix : « Vous êtes arrivés tard, tout comme moi », dit-elle en s’adressant aux mages du pays du Levant. « Les bergers et même les animaux, étaient là avant vous. Leurs voix se joignaient déjà au cœur des anges, tandis que vous ne vous étiez pas encore mis en chemin. L’ordre strict du Ciel dut même pour vous être quelque peu assoupli. (…) »

Hommes de peu de foi, nous avons certes besoin de prier pour les âmes lentes à croire, afin de voir l’Etoile nous aussi, de percevoir la voix de l’ange et de trouver le chemin de Bethlehem. Quel en est le parcours à vrai dire ?

Penchons-nous sur l’Evangile de Noël et demandons-nous : quels hommes sont donc devenus ces bergers, qui connaissaient le chemin et n’avaient qu’à le suivre ? Que faire pour reconnaître ce chemin ? La Tradition a toujours considéré deux données comme très importantes : les bergers vivaient aux champs et ils étaient éveillés ; comme Joseph et Marie, ils étaient sans domicile fixe. Ceux qui vivaient dans les palais, dans les maisons n’entendaient pas les anges : ils dormaient. Les bergers étaient des hommes éveillés. Cela nous montre une réalité plus profonde qui peut - qui doit - interpeller celui qui a un toit. Nous devons garder un cœur vigilant, rester capables de voir au-delà des apparences et nous laisser interpeller par Dieu. Cette vigilance du cœur, cette interpellation de Dieu, qui n’était pas éteinte, c’est elle qui lie les mages venus d’Orient, (les âmes lentes à croire) aux bergers, et leur fait trouver le chemin, même s’ils le font plus lentement, plus difficilement et par plus de détours et de questionnements.

La question est donc celle-ci : sommes-nous éveillés ? Sommes-nous vraiment libres ? Sommes-nous malléables et souples dans la main du potier ? Ne souffrons-nous pas terriblement de snobisme et d’un scepticisme orgueilleux ?

Peut-il entendre la voix de l’ange, celui qui sait d’avance avec certitude qu’il n’existe pas ? Quand bien même il l’entendrait, il ne pourrait s’empêcher de l’interpréter à sa manière. Et celui qui a pris l’habitude de toujours juger de tout du haut de sa grandeur, de tout savoir mieux que les autres, de tout passer au crible, comment pourrait-il acquiescer ?

L'annonce aux bergers
Il m’apparaît de plus en plus clairement que la mort de l’humilité est la véritable raison de notre incapacité à croire et, ainsi, le mal de notre époque ; je comprends de mieux en mieux que saint Augustin ait déclaré que l’humilité était le noyau du mystère du Christ. Lui-même était une de ces âmes lentes à croire qui ont bien du mal à descendre de leur piédestal et à trouver péniblement, après bien des détours, le chemin de la crèche.

Notre cœur n’est pas éveillé, notre cœur n’est pas libre. Il est rempli de préjugés et de suffisance ; il est étourdi par les affaires et les devoirs, paralysé par l’agitation. Et pourtant le chemin existe pour les âmes vulnérables, et c’est consolant ; elles aussi peuvent devenir bergers, à condition d’avoir une chose en commun avec eux : l’éveil et la liberté. Ainsi, profitons de ce temps non pas pour nous laisser étourdir une fois de plus, mais pour reprendre souffle, pour devenir des êtres libres, afin que notre cœur réapprenne à entendre et à voir.

Les bergers nous disent autre chose d’important dans l’Evangile de Noël : ils partirent en hâte vers Bethlehem et rapportèrent ce qu’ils avaient entendu. Ces hommes plutôt silencieux louèrent Dieu, leurs lèvres débordant du trop-plein de leur cœur. Ils se hâtèrent, d’une hâte qui ressort à plusieurs reprises des Saintes Écritures : Marie se rend en tout hâte chez sa cousine Elisabeth, les bergers se hâtent vers la crèche, Pierre et Jean courent vers le Ressuscité.

Gloria in excelcis Deo !
Cette hâte n’a rien à voir avec celle des hommes tourmentés par leurs agendas. C’est l’inverse : toute cette fausse hâte disparaît quand il s’agit de l’essentiel et de quelque chose de grand. C’est la Joie qui donne des ailes à l’homme. La grâce de l’Esprit Saint exclut la lourdeur, dit saint Ambroise. Cela veut dire que le poids qui pèse sur notre cœur et nos pieds tombe au cours de notre marche vers Dieu. Elle signifie que les doutes, la suffisance, les fausses lumières qui nous empêchent d’aller à Lui se dissipent. Cette grâce signifie que nous apprenons à marcher dans un élan plein de joie. Cette hâte ne vient pas de la précipitation, mais de sa disparition, et de la légèreté de notre cœur.

Les anges peuvent voler parce qu’ils ont le cœur léger, déclara Chesterton avec esprit. Laissons Richard Dehmel nous redire que rien n’est difficile, si nous restons dans la légèreté, et le pape Jean XXIII, ces mots puisés dans la profonde expérience de sa vie et de son combat : tout devient facile lorsque nous nous séparons de nous-même et lâchons prise. Lâcher prise, voilà la réponse : ne plus placer en nous-mêmes, mais en Dieu seul notre centre de gravité. Alors notre cœur s’allège, il devient libre, capable d’écouter et de nous guider.

En conclusion, il me revient un jeu de mots, par lequel saint Jacques, dans sa lettre aux chrétiens, dans le Nouveau Testament, caractérise la différence entre les bergers et les âmes lentes à croire, nous montrant ainsi comment nos âmes rebelles peuvent trouver le Seigneur. Il commence par fustiger les riches, les snobs, les esprits dits « éclairés », qui se prennent pour le véritable Israël. Et il leur reproche ceci : vous avez nourri vos cœurs. Puis il se tourne vers les pauvres, les simples, les croyants ; il les affermit, les console et les exhorte : Affermissez vos cœurs (Jc 5,8). Là réside toute la différence : gaver notre cœur jusqu’à le rendre sourd à Dieu. Seul un cœur affermi a des oreilles, occupe la place centrale en l’homme, et lui permet de trouver l’unité de son être. Gaver notre cœur, n’est-ce donc pas, hélas, l’exacte description de ce que nous faisons à Noël la plupart du temps, en nous gavant le corps et l’esprit, afin d’étourdir notre cœur, le réduire au silence, parce que nous ne voulons pas l’entendre ? C’est l’inverse que nous devrions faire : non pas se gaver le cœur, mais l’éveiller, l’affermir, pour qu’il nous redonne notre capacité de voir, et d’entendre la voix de l’ange.

Dans une histoire juive, on raconte qu’un savant, ayant peur de perdre la foi, alla voir un homme pieux pour lui demander conseil. Le sage, le hassid, ne s’engagea pas dans un discours philosophique. Il récita seulement plusieurs fois avec le savant sceptique les prières qu’il avait apprises par cœur dans son enfance. C’est tout. L’homme pieux ne discute pas avec celui qui doute, il prie avec lui. Il récite les prières de son enfance, par lesquelles son cœur s’est éveillé à Dieu. Il affermit le cœur. 

C’est exactement ce que l’Eglise veut faire avec nous à Noël. Elle fait avec nous ce que cet homme pieux fit avec cet homme pris de doute ; elle ne discute pas ; elle prie avec nous. Elle prononce avec nous les prières que nous avons apprises par cœur dans notre enfance, par lesquelles notre cœur s’est éveillé à Dieu. Elle prie avec nous pour affermir notre cœur et nous rendre la santé.

Transeamus usque Bethlehem !
Prions le Seigneur qu’il nous aide sur ce chemin et veuille nous offrir des Noëls aussi heureux !


dimanche 22 décembre 2019

4e dimanche de l'Avent

L'Annonciation et le mystère de l'incarnation,
par Gentileschi

Sainte Gertrude d'Helfta,
Exercices VI

Que jubile la glorieuse Vierge Marie, ta mère !

Que te bénisse, mon Dieu, ô ma douceur, la sainte gloire de ta divinité dont tu as daigné remplir et combler durant neuf mois les chastes entrailles de la Vierge Marie.

Que te bénisse la très haute puissance de ta divinité, qui s’est inclinée jusque dans les profondeurs de cette vallée virginale. Que te bénisse la toute-puissance si ingénieuse, ô Dieu très-haut, qui a répandu sur la rose virginale tant de vertu, de grâce et de beauté, que toi-même as pu la désirer. Que te bénisse ton admirable sagesse, dont la grâce abondante a fait que toute la vie de Marie, en son corps en même temps qu’en son âme, fût conforme à ta dignité.

L'arrivée à Bethléem
Que te bénisse ton amour fort, sage et très doux, qui a fait que toi, fleur et époux de la virginité, tu deviennes le fils d’une vierge.

~ Que jubilent à toi, pour moi, le cœur très digne et l’âme de la très glorieuse Vierge Marie, ta mère, que tu as choisie pour être ta mère à cause des nécessités de mon Salut, afin que toujours soit accessible pour moi sa maternelle clémence.

Voici que la Vierge concevra et elle enfantera.
Que jubile à toi le soin très fidèle que tu as pris de moi, en me procurant une si puissante et si bonne avocate et patronne, par qui je puisse si facilement obtenir ta grâce, et en qui, je le crois avec confiance, tu m’as réservé ton éternelle miséricorde.

Que jubile à toi cet admirable tabernacle de ta gloire, qui seul t’a servi dignement quand il t’offrait une sainte habitation, et par lequel tu peux, pour toi-même, parfaitement suppléer en ma place, à la mesure de la louange et de la gloire que je te dois.




jeudi 19 décembre 2019

Que vienne ton Règne, Seigneur !

Jésus, Roi de l'Univers, Fils de Dieu, Sauveur ! Sauvez-nous, l'Eglise et le monde entier.

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « La science de la pratique du chrétien »

O Anges de Jésus ! O Saints de Jésus ! Venez, venez à notre secours, hâtez-vous de nous aider dans les désirs, dans les desseins que la grâce nous inspire, pour l’établissement du règne du pur amour de votre Roi et du nôtre !

Combattez pour nous, combattez avec nous, mais combattez pour l’empire de l’amour de notre commun Souverain dans tous les cœurs. Chassez-en en sa force son ennemi – l’amour propre – détruisez, ruinez, anéantissez tout ce qui s’y oppose : que le grand Roi Jésus en soit le Maître absolu, que tout lui soit soumis, que tout y reconnaisse son divin pouvoir.

~ Ah ! qu’il soit aimé, qu’il soit aimé ce tout aimable Jésus ! Quiconque n’aime pas notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème !


mardi 17 décembre 2019

Sainte Marie, Immaculée Mère de Dieu, Terreur des démons, priez pour nous !

Marie Immaculée piétinant le Serpent, le Dragon et
toutes les puissances du démon, par Rubens


Prière de Saint Anselme de Canterbury en l'honneur de la Très Sainte Vierge Marie, lecture de l'office des Vigiles de la solennité de l'Immaculée Conception


Le ciel et les astres, la terre et les fleuves, le jour et la nuit, et tout ce qui obéit ou sert à l'homme, se félicite d'être par toi, ô notre Dame, rendu en quelque sorte à sa beauté première, et même doté d'une grâce nouvelle et ineffable. Car tous, pour ainsi dire, étaient morts, alors que dépouillés de leur dignité naturelle, qui est d'être au pouvoir et au service de ceux qui louent Dieu — c'est là le motif même de leur création — ils étaient opprimés et dégradés par un culte idolâtrique, étranger au but de leur existence. Ils se réjouissent donc d'être comme ressuscités, puisque désormais les voilà soumis à la domination et embellis par l'usage des adorateurs du vrai Dieu. Ils ont comme exulté lorsque leur fut accordée la faveur, nouvelle et inestimable, non seulement de sentir invisiblement au-dessus d'eux la royauté de Dieu, leur propre Créateur, mais encore de le voir les sanctifier visiblement, dans leur sphère à eux, en en faisant lui-même usage. Tels sont les si grands biens échus à l'univers, par le fruit béni du sein de Marie, la bénie.

Basilique Saint Pierre de Rome, objets païens et idoles portés en
procession dans la basilique vaticane
Par la plénitude de ta grâce, Marie, les êtres retenus en enfer se réjouissent d'être libérés, et les créatures au-delà du ciel d'être restaurées. Oui, c'est bien par ce glorieux Fils de ta glorieuse virginité que tous les justes disparus avant sa mort vivifiante exultent de voir la fin de leur captivité, et les anges, le relèvement de leur cité à moitié détruite. Ô femme remplie et plus que remplie de grâce, dont la surabondante plénitude se répand sur toute la création pour la rétablir ! Ô Vierge bénie et plus que bénie, dont la bénédiction est source de bénédictions pour toute la nature, non seulement pour la nature créée, de la part de son Créateur, mais aussi pour le Créateur, de la part de sa création !

Cérémonie païenne dans les jardins du Vatican
Dieu a donné son Fils, fruit unique de son cœur, qui était son égal et qu'il aimait comme lui-même : il l'a donné à Marie, et, du sein de Marie, il en fait son Fils, non pas quelqu'un d'autre, mais le même en personne, de sorte qu'il est par sa nature le même Fils unique de Dieu et de Marie.
Toute la création est l'œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie !
Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! 
Dieu qui a tout formé, s'est formé lui-même du sein de Marie, et ainsi il a refait tout ce qu'il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien, n'a pas voulu refaire sans Marie sa création détruite. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées.
Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé.
Culte à la "déesse terre" dans les jardins du Vatican
Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n'existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n'est bon. Oui, le Seigneur est vraiment avec toi : il t'a fait un don tel que la nature entière t'est grandement redevable, à toi, en même temps qu'à lui.