dimanche 30 décembre 2018

La prime enfance cachée de Notre Seigneur. Célébrons dans la joie la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

La fuite en Egypte, par Carducho Bartolome

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « La dévotion à la Très Sainte Trinité », 2e traité

La gloire de son corps lui est due dès ce moment et il s’en prive volontairement durant sa vie voyagère. Il veut naître à trente lieues de Nazareth où il doit passer la plus grande partie de sa très sainte vie afin que l’on n’y sache rien des merveilles qui arrivent à sa naissance : de la musique, des anges et des adorations, des mages.

Il naît même hors de la petite ville de Bethléem, dans une grotte, et par ce moyen la très heureuse Vierge et saint Joseph passent quarante jours sans être visités de personne. S’il se découvre dans ce lieu, c’est à des bergers qui sont des gens solitaires, privés de conversation, dans la pénitence, exposés aux rigueurs du froid et du chaud et il ne s’y manifeste pas aux grands ni aux sages d’Israël ; ce sont de pauvres bergers à qui il veut faire ressentir le premier effet de sa naissance.

Il est vrai qu’il se manifeste ensuite aux mages mais, comme c’étaient des personnes très éloignées, ce qui se passa entre eux et le saint Enfant fut bientôt oublié et même c’est ce qui a été ignoré à l’égard du particulier.

Icône de l'arrivée en Egypte. Les idoles païennes se brisent et tombent de
leurs piédestaux face au Roi des rois et Seigneur des seigneurs.
Notre bon Sauveur se cache toujours : il ne dit point à saint Joseph de s’enfuir en Egypte, c’est par un ange qu’il l’avertit et aussitôt la sainte Vierge et cet incomparable saint partent la nuit sans dire adieu à personne et en temps d’hiver par un chemin où il y avait beaucoup de montagnes à traverser, et ainsi leur voyage demeura caché à leurs plus proches même.

Mais ce qui est plus étonnant c’est qu’étant âgé de sept ans et qu’il parle, lui qui est la parole éternelle et la sagesse infinie, ce n’est pourtant pas lui qui déclare qu’il faut retourner en Judée : il veut encore que ce soit un ange.




vendredi 28 décembre 2018

Saints Innocents, priez pour nous, ayez pitié de nous

La fuite en Egypte

Discours de Sainte Mère Teresa de Calcutta pour la réception du prix Nobel de la paix

Remercions Dieu pour cette merveilleuse circonstance grâce à laquelle nous pouvons, tous ensemble, proclamer la joie de répandre la paix, la joie de nous aimer les uns les autres et la joie de savoir que les plus pauvres des pauvres sont tous nos frères et sœurs.

Comme nous sommes réunis ici pour remercier Dieu de ce don de paix, je vous ai fait remettre la « Prière de la paix » que saint François d’Assise a dite il y a de nombreuses années. Je me demande s’il n’a pas ressenti, alors, exactement ce que nous ressentons aujourd’hui, ce pourquoi nous prions.

Je pense que vous avez tous un texte. Nous allons dire ensemble :
« Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix.
Afin que là où il y a de la haine, je puisse apporter l’amour ;
là où règne le mal, je puisse apporter l’esprit de pardon ;
là où est la discorde, je puisse apporter l’harmonie ;
là où est l’erreur, je puisse apporter la vérité ;
là où il y a le doute, je puisse apporter la foi ;
là où il y a le désespoir, je puisse apporter l’espérance ;
là où il y a les ténèbres, je puisse apporter la lumière ;
là où règne la tristesse, je puisse apporter la joie ;
Seigneur, faites que je cherche plutôt
à réconforter qu’à être réconforté ;
à comprendre qu’à être compris ;
à aimer qu’à être aimé ;
car c’est en s’oubliant soi-même que l’on trouve ;
en pardonnant qu’on est pardonné ;
en mourant qu’on s’éveille à la vie éternelle. Amen ! »

Icône moderne. Le Christ bénissant un petit enfant
dans le sein de sa mère.
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils ». Et il l’a donné à une Vierge, la Sainte Vierge Marie. Et elle, dès l’instant où il vint au monde, s’empressa de le donner aux autres. Et que fit-elle alors ? Elle travailla pour les malheureux ; elle répandit simplement cette joie d’aimer en prodiguant des bienfaits.
Et Jésus-Christ vous a aimés et m’a aimée et il a donné sa vie pour nous. Et comme si ce n’était pas encore assez, il n’a cessé de dire : « Aimez comme je vous ai aimés, comme je vous aime maintenant. » Et il nous a dit comment nous devons aimer en donnant. Car il a donné sa vie pour nous et il continue de la donner. Et il continue de la donner ici même et partout, dans nos propres vies et dans la vie des autres.

Ce ne fut pas assez, pour lui, de mourir pour nous. Il a voulu que nous nous aimions les uns les autres, que nous le reconnaissions dans tous nos prochains. C’est la raison pour laquelle il a dit : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu. » Et pour être sûr que nous comprenions sa pensée, il a dit que, à l’heure de notre mort, nous serons jugés sur ce que nous aurons été pour les pauvres, les affamés, les nus, les sans-logis. Et il se fait lui-même cet affamé, ce nu, ce sans-logis. Pas seulement affamé de pain, mais affamé d’amour; pas seulement dénué d’un morceau de tissu, mais dénué de dignité humaine ; pas seulement sans-logis par manque d’un lieu où vivre, mais sans-logis pour avoir été oublié, mal aimé, mal soigné, pour n’avoir été personne pour personne, pour avoir oublié ce qu’est l’amour humain, le contact humain, ce que c’est que d’être aimé par quelqu’un.

Et il a dit encore : « Ce que vous avez fait pour le plus petit de mes frères, vous l’avez fait pour moi. » C’est si merveilleux, pour nous, de devenir saints par cet amour ! Car la sainteté n’est pas un luxe réservé à un petit nombre, c’est simplement un devoir pour chacun de nous et, à travers cet amour, nous pouvons devenir saints — par cet amour des uns pour les autres.

Icône moderne. Le Christ recueillant
un petit enfant victime de l'avortement
Et aujourd’hui, lorsque j’ai reçu ce prix — dont, personnellement, je suis indigne —, et ayant approché la pauvreté d’assez près pour être à même de comprendre les pauvres, je choisis la pauvreté de nos pauvres gens. Mais je suis reconnaissante, je suis très heureuse de le recevoir au nom des affamés, des nus, des sans-logis, des infirmes, des aveugles, des lépreux, de tous ces gens qui ne se sentent pas voulus, pas aimés, pas soignés, rejetés par ta société, ces gens qui sont devenus un fardeau pour la société et qui sont humiliés par tout le monde.

C’est en leur nom que j’accepte ce prix. Et je suis sûre que ce prix va susciter un amour compréhensif entre les riches et les pauvres. Et c’est là-dessus que Jésus a tellement insisté. C’est la raison pour laquelle Jésus est venu sur la terre pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Et par ce prix, et à travers notre présence ici, nous voulons tous annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres : que Dieu les aime, que nous les aimons, qu’ils sont quelqu’un pour nous, que, eux aussi, ont été créés par la même main amoureuse de Dieu pour aimer et pour être aimés.

Nos pauvres gens, nos splendides gens, sont des gens tout à fait dignes d’amour. Ils n’ont pas besoin de notre pitié ni de notre sympathie. Ils ont besoin de notre amour compréhensif, ils ont besoin de notre respect, ils ont besoin que nous les traitions avec dignité. Et je pense que nous faisons là l’expérience de la plus grande pauvreté ; nous la faisons devant eux, eux qui risquent de mourir pour un morceau de pain. Mais ils meurent avec une telle dignité !

Je n’oublierai jamais l’homme que j’ai ramassé un jour dans la rue. Il était couvert de vermine, son visage était la seule chose propre. Et cependant cet homme, lorsque nous l’avons amené à notre mouroir, a dit cette phrase : « J’ai vécu comme une bête dans la rue, mais je vais mourir comme un ange, aimé et soigné. » Et il mourut merveilleusement bien. Il s’en alla dans sa maison, chez Dieu, car la mort n’est pas autre chose que de rentrer chez soi, dans la maison de Dieu. C’est parce qu’il avait éprouvé cet amour, parce qu’il avait eu le sentiment d’être désiré, d’être aimé, d’être quelqu’un pour quelqu’un, que, dans ses derniers instants, il a ressenti cette joie dans sa vie.

Et je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous. Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naîtrE.
Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu’est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? L’Écriture déclare elle-même : « Même si une mère peut oublier son enfant, moi, je ne vous oublierai pas. Je vous ai gardés dans la paume de ma main. » Même si une mère pouvait oublier... Mais aujourd’hui on tue des millions d’enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l’admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l’avortement. Ces nations sont les plus pauvres. Elles ont peur des petits, elles ont peur de l’enfant à naître et cet enfant doit mourir ; parce qu’elles ne veulent pas nourrir un enfant de plus, élever un enfant de plus, l’enfant doit mourir.

Et ici, je vous demande, au nom de ces petits... car ce fut un enfant à naître qui reconnut la présence de Jésus lorsque Marie vint rendre visite à Elisabeth, sa cousine. Comme nous pouvons le lire dans l’Evangile, à l’instant où Marie pénétra dans la maison, le petit qui était alors dans le ventre de sa mère tressaillit de joie en reconnaissant le Prince de la Paix.

C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance de naître. Et que ferons-nous pour cela ? Nous lutterons contre l’avortement par l’adoption. Le Bon Dieu a déjà si merveilleusement béni le travail que nous avons fait, que nous avons pu sauver des milliers d’enfants. Et des milliers d’enfants ont trouvé un foyer où ils sont aimés. Nous avons apporté tant de joie dans les maisons où il n’y avait pas d’enfant !

C’est pourquoi, aujourd’hui, en présence de Sa Majesté et devant vous tous qui venez de pays différents, je vous le demande : prions tous d’avoir le courage de défendre l’enfant à naître et de donner à l’enfant la possibilité d’aimer et d’être aimé. Et je pense qu’ainsi —avec la grâce de Dieu — nous pourrons apporter la paix dans le monde. Nous en avons la possibilité. Ici, en Norvège, vous êtes — avec la bénédiction de Dieu — vous êtes assez à l’aise. Mais je suis sûre que dans les familles, dans beaucoup de nos maisons, peut-être que nous n’avons pas faim pour un morceau de pain, mais peut-être qu’il y a quelqu’un dans la famille qui n’est pas désiré, qui n’est pas aimé, qui n’est pas soigné, qui est oublié. Il y a l’amour. L’amour commence à la maison. Un amour, pour être vrai, doit faire mal.

Le massacre des Saints Innocents. Mais jusqu'où ira la barbarie humaine ?
Je n’oublierai jamais le petit enfant qui m’a donné une merveilleuse leçon. Les enfants avaient entendu dire, à Calcutta, que la Mère Teresa n’avait pas de sucre pour les enfants. Or une petit garçon hindou, de 4 ans, rentra à la maison et dit à ses parents : « Je ne veux pas manger de sucre pendant trois jours. Je veux donner mon sucre à Mère Teresa. » Combien un petit enfant peut-il manger ? Après trois jours, ses parents l’amenèrent chez moi et je vis ce petit Il pouvait à peine prononcer mon nom. Il aimait d’un grand amour ; il aimait à en avoir mal.

Et voici ce que je vous propose : nous aimer les uns les autres jusqu’à en avoir mal. Mais n’oubliez pas qu’il y a beaucoup d’enfants, beaucoup d’enfants, beaucoup d’hommes et de femmes qui n’ont pas ce que vous avez. Souvenez-vous de les aimer jusqu’à en avoir mal.

Il y a quelque temps — cela peut vous sembler très étrange — j’ai recueilli une petite fille dans la rue. Je pus voir sur son visage que cette enfant avait faim. Dieu sait depuis combien de jours elle n’avait pas mangé ? Je lui ai donné un morceau de pain. Et la petite fille se mit à manger ce pain miette par miette. Et comme je lui disais : « Mange ce pain », elle me regarda et dit : « J’ai peur de manger ce pain parce que j’ai peur d’avoir de nouveau faim quand il sera fini. » Telle est la réalité.

Les âmes des saints Innocents accompagnant
la Sainte Famille fuyant en Egypte, par William Holman Hunt
Et puis il y a encore cette grandeur des pauvres. Un soir, un monsieur vint chez nous pour nous dire : « Il y a une famille hindoue de huit enfants qui n’a pas eu à manger depuis longtemps. Faites quelque chose pour eux. » J’ai pris du riz et je m’y suis rendue immédiatement. Et j’ai trouvé là cette mère et ces visages de petits enfants, leurs yeux brillants de réelle faim. Elle me prit le riz des mains, le divisa en deux parts et sortit. Lorsqu’elle revint, je lui demandai : « Où êtes-vous allée ? Qu’avez-vous fait ? » Et l’une des réponses qu’elle me fit fut : « Ils ont aussi faim. » Elle savait que ses voisins, une famille musulmane, étaient affamés. Qu’est-ce qui m’a le plus surpris ? Non pas qu’elle ait donné le riz, mais ce qui m’a le plus étonnée c’est que, dans sa souffrance, dans sa faim, elle savait que quelqu’un d’autre avait faim. Et elle avait le courage de partager ; et elle avait l’amour de partager.

Et c’est cela que je vous souhaite : aimer les pauvres. Et ne jamais tourner le dos aux pauvres. Car, en tournant le dos aux pauvres, vous vous détournez du Christ. Parce qu’il s’est fait lui-même l’affamé, le misérable, le sans- logis, afin que vous, comme moi, ayez l’occasion de l’aimer.

Car où est Dieu ? Comment pouvons-nous aimer Dieu ? Il ne suffit pas de dire : « Mon Dieu, je vous aime. » Mais il faut dire : « Mon Dieu, je vous aime ici. Je puis jouir de cela, mais j’y renonce. Je pourrais manger ce sucre, mais, ce sucre, je le donne. »

Si je restais ici toute la journée et toute la nuit, vous seriez étonnés par les merveilles que font les gens pour partager la joie de donner. C’est pourquoi je prie Dieu pour vous, afin qu’il apporte la prière dans vos foyers et que le fruit de cette prière soit, en vous, la conviction que, dans les pauvres, se trouve le Christ. Et, alors, vous croirez vraiment, vous commencerez d’aimer ; puis vous aimerez tout naturellement et vous essayerez de faire quelque chose. Tout d’abord dans votre propre maison, puis chez votre voisin, dans le pays où vous vivez et dans le monde entier.

Et maintenant, unissons-nous tous dans cette prière : « Seigneur, donnez-nous le courage de protéger l’enfant à naître ! »

Car l’enfant est le plus beau présent de Dieu à une famille, à un pays et au monde entier. Dieu vous bénisse !



mercredi 26 décembre 2018

Noël ! Noël !



Ce Noël normand du XVIIIème passe pour avoir reçu son texte actuellement en usage du fameux abbé Pellegrin, librettiste de Rameau et auteur de nombreux textes sur les mélodies de Noëls anciens qu’il remettait au goût du jour. Ce texte est en tout cas une vraie réussite, en voici les 8 strophes :

1. Silence, ciel ! Silence terre !
Demeurez dans l’étonnement ;
Un Dieu pour nous se fait enfant :
L’amour vainqueur en ce mystère
Le captive aujourd’hui,
Tandis que toute la terre est à lui.

2. Disparaissez, ombres, figures,
Faites place à la vérité :
De notre Dieu l’humanité
Vient accomplir les Ecritures.
Il naît pauvre aujourd’hui,
Tandis que toute la terre est à lui.

3. A minuit, une Vierge mère
Produit cet astre lumineux :
A ce moment miraculeux,
Nous appelons Dieu notre frère.
Qui croirait aujourd’hui
Hélas ! que toute la terre est à lui ?

4. Il a pour palais une étable,
Pour courtisans deux animaux,
Pour lit la paille et les roseaux ;
Et c’est cet état lamentable
Qu’il choisit aujourd’hui,
Tandis que toute la terre est à lui.

5. Glaçons, frimas, saison cruelle,
Suspendez donc votre rigueur ;
Vous faites souffrir votre auteur,
Qui veut, de sa gloire éternelle,
S’abaisser aujourd’hui,
Tandis que toute la terre est à lui.

6. Venez pasteurs, en diligence,
Adorez votre Dieu Sauveur ;
Il est jaloux de votre cœur,
Il vous donne la préférence
Sur les rois aujourd’hui,
Tandis que toute la terre est à lui.

7. Et nous aussi, pleins d’allégresse,
Volons au berceau de Jésus,
Mettre à ses pieds tous les tributs
De l’amour et de la tendresse ;
Tous ensemble aujourd’hui
Chantons que toute la terre est à lui.

8. Noël, Noël, en cette fête,
Noël, Noël, avec ardeur
Noël, Noël, au Dieu Sauveur
Faisons de nos cœurs sa conquête.
Chantons tous aujourd’hui
Noël par toute la terre,
Car toute la terre est à lui.



mardi 25 décembre 2018

25 décembre - Nativité du Seigneur

L'âge d'Auguste et la naissance de Jésus-Christ, par Jean-Léon Gérôme, 1855

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « La vie cachée avec Jésus en Dieu », partie I, chap. 4

Oh qui a jamais entendu parler d’une si extrême pauvreté dans une personne royale ? Il a pour palais en sa naissance une chétive étable ; pour courtisans de vils animaux ; pour tapisseries et ameublements les pierres des murailles ; les toiles d’araignées pour berceau ; une crèche, de la paille, du foin pour soulagement ; au milieu d’une nuit froide une étable sans porte exposée aux injures du temps et aux incommodités de la saison rigoureuse de l’hiver.

La sainte Famille entourée des Anges
Dans la suite des temps il mange son pain à la sueur de son front, soutenant sa vie par le travail de ses mains, exerçant le métier de charpentier, ou bien il vivra des aumônes que de saintes dames lui donneront, le suivant dans ses voyages, comme il est rapporté dans l’Evangile. Enfin il sera dans un dépouillement de toutes choses à la mort n’ayant pas même un pauvre morceau de toile pour couvrir la nudité de son corps exposé sur une croix, et pendant que les oiseaux ont des nids et les renards les tanières pour se retirer, le Fils de l’homme n’aura pas où reposer sa tête.

O aimable Jésus ! il faut bien dire que vos plus fortes et plus tendres inclinations vous portent à vous cacher en toutes manières.
O hommes ! quelles marques de royauté pouvez-vous découvrir par toutes vos lumières naturelles au milieu d’une pauvreté si affreuse et si rebutante !
O mon âme ! celui que tu vois tout nu sur un gibet, est-ce le Seigneur à qui appartient tout le monde et toute la rondeur de la terre, ô mon Seigneur, c’est la foi seule qui me découvre dans un si grand dépouillement, que vous êtes le roi des siècles, le roi des anges et des hommes, le maître absolu de tout l’univers.

C’est cette vue de foi qui a touché si puissamment les cœurs de plusieurs rois et reines, de plusieurs grands princes et princesses que, quittant volontairement leurs royaumes et principautés, ils ont préféré l’obscurité des solitudes et des cloîtres où ils se sont retirés à tout l’éclat de leurs couronnes et de leurs honneurs. C’est cette vue qui a porté tant de personnes riches à se dépouiller de leurs biens pour s’ensevelir tout vivants dans le tombeau de la religion. Oh ! qu’il vaut bien mieux vivre inconnu que de demeurer avec bruit et réputation dans les palais des grands du monde !



lundi 24 décembre 2018

Vigile de la Nativité du Seigneur. Viens, Seigneur Jésus !

La Sainte Famille arrivant à Bethléem


De Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, au lendemain de la publication de Spe salvi, 2007

Notre espérance est inséparablement liée à la connaissance de la Face de Dieu, cette Face que Jésus, le Fils unique, nous a révélée à travers son Incarnation.

Voilà alors la découverte surprenante : notre espérance est précédée par l’attente que Dieu cultive à notre égard !
Oui, Dieu attend que nous ouvrions notre cœur à son amour, que nous nous rappelions que nous sommes ses enfants.




dimanche 23 décembre 2018

4e Dimanche de l'Avent


Extrait de « Intimité divine – méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année », par le Révérend Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, ocd., au premier dimanche de l’Avent

Mon Dieu, Verbe du Père, qui Vous êtes fait chair pour notre amour, qui avez assumé un corps mortel afin de pouvoir souffrir et Vous immoler pour nous, je voudrais me préparer à Votre venue avec les ardents désirs des prophètes et des justes qui, dans l’Ancien Testament, ont soupiré après Vous, l’unique Sauveur et Rédempteur. « Oh ! Seigneur, envoyez Celui que Vous devez envoyer… Comme Vous l’avez promis, venez et délivrez-nous ! » (…)

O mon très doux Sauveur, Vous venez à ma rencontre avec un amour infini, avec l’abondance de Votre grâce ; Vous voulez envahir mon âme avec des torrents de miséricorde et de charité, afin de l’attirer à Vous. Venez, ô Seigneur, venez ! Moi aussi je veux courir avec amour à Votre rencontre mais, malheureusement, mon amour est si limité, si faible, si imparfait ; rendez-le fort et généreux, rendez-moi capable de me surmonter moi-même pour me donner totalement à Vous. (…)

Accordez-moi, ô Seigneur un amour fort ! Je le désire ardemment, non seulement pour échapper, un jour, à Votre regard sévère de juge, mais aussi et surtout pour payer de retour, en quelque manière, Votre charité infinie.

O Seigneur, ne permettez pas, je Vous prie, que cet amour excessif, qui Vous a conduit à Vous incarner pour mon salut, m’ait été donné en vain ! Ma pauvre âme a tant besoin de Vous ! Elle soupire après Vous comme après le médecin très compatissant qui, seul, peut guérir ses blessures, la tirer de la langueur et de la tiédeur où elle gît, et lui infuser enfin une vigueur nouvelle, un nouvel élan, une nouvelle vie. Venez, Seigneur, venez !

Je me prépare à accueillir Votre œuvre d’un cœur humble et docile, prêt à se laisser guérir, purifier, pétrir par Vous. Oui, avec Votre aide, je veux faire n’importe quel sacrifice, je veux renoncer à tout ce qui pourrait retarder en moi Votre œuvre rédemptrice.

Déployez, Seigneur, Votre puissance et venez ! venez sans plus tarder !


vendredi 21 décembre 2018

"Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu"


De Saint Irénée, « Contre les hérésies » 111, 18, 7

« Le Seigneur est compatissant et miséricordieux » (Ps 102,8) et il aime le genre humain. Il a donc mélangé et uni l’homme à Dieu.

Car si ce n’était pas un homme qui avait vaincu l’adversaire de l’homme, l’ennemi n’aurait pas été vaincu en toute justice. D’autre part, si ce n’était pas Dieu qui nous avait octroyé le salut, nous ne l’aurions pas reçu de façon stable. Et si l’homme n’avait pas été uni à Dieu, il n’aurait pu recevoir en participation l’incorruptibilité.

Car il fallait que le « médiateur de Dieu et des hommes » (1 Tm 2,5), par sa parenté avec chacune des deux parties, les ramenât l’une et l’autre à l’amitié et à la concorde, en sorte que tout à la fois Dieu accueillît l’homme et que l’homme s’offrît à Dieu. Comment aurions-nous pu en effet avoir part à la filiation adoptive à l’égard de Dieu, si nous n’avions pas reçu, par le Fils, la communion avec Dieu ?

Et comment aurions-nous reçu cette communion avec Dieu, si son Verbe n’était pas entré en communion avec nous en se faisant chair ? C’est d’ailleurs pourquoi il est passé par tous les âges de la vie, rendant par-là à tous les hommes la communion avec Dieu.


mardi 18 décembre 2018

Voici la Servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole




Saint Amédée de Lausanne, 3ème homélie mariale 

« L'Esprit Saint viendra sur toi ». Il surviendra en toi, Marie. En d'autres saints il est venu, en d'autres il viendra ; mais en toi, il surviendra... Il surviendra par la fécondité, par l'abondance, par la plénitude de son effusion en tout ton être.

Quand il t'aura remplie, il sera encore sur toi, il planera sur tes eaux pour faire en toi une œuvre meilleure et plus admirable que lorsque, porté sur les eaux au commencement, il faisait évoluer la matière créée jusqu'en ses diverses formes (Gn 1,2). « Et la force du Très Haut te prendra sous son ombre ». Le Christ, force et sagesse de Dieu, te prendra sous son ombre ; alors de toi il prendra la nature humaine, et la plénitude de Dieu que tu ne pourrais pas porter, il va la garder tout en assumant notre chair. Il va te prendre sous son ombre parce que l'humanité qui sera prise par le Verbe fera écran à la lumière inaccessible de Dieu ; cette lumière, tamisée par son écran, pénétrera tes entrailles très chastes... 

Vierge Mère, bénie entre toutes, priez pour nous.
Nous t'en prions donc, Souveraine, très digne Mère de Dieu, ne méprise pas aujourd'hui ceux qui demandent avec crainte, ceux qui cherchent avec piété, ceux qui frappent avec amour. Nous t'en prions, dis-nous quel sentiment t'a émue, quel amour t'a saisie...lorsque cela s'est accompli en toi, lorsque le Verbe a pris chair de toi ? Dans quel état se trouvait ton âme, ton cœur, ton esprit, tes sens et ta raison ? Tu flambais comme le buisson qui jadis a été montré à Moïse, et tu ne brûlais pas (Ex 3,2). Tu te fondais en Dieu, mais tu ne te consumais pas. Ardente, tu fondais sous le feu d'en haut ; mais de ce feu divin tu reprenais des forces, pour être toujours ardente et te fondre encore en lui... Tu es devenue plus vierge — et même plus que vierge, parce que vierge et mère. Nous te saluons donc, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes et le fruit de tes entrailles est béni.


dimanche 16 décembre 2018

Gaudete ! Réjouissez-vous, soyez dans la joie ! Le Seigneur est à notre porte, Il vient pour nous sauver



De Saint Paisios l’Athonite

C'est seulement auprès du Christ que l'on peut trouver la joie réelle et authentique, parce que seul le Christ donne la joie et la consolation réelles.

Partout où le Christ est présent, c'est là que la vraie joie et le plaisir du Paradis sont présents. Ceux qui sont loin du Christ n'ont pas la vraie joie. Ils font des plans et rêvent : "Je vais faire ceci. Vais-je faire cela ? J'irai ici. J'irai là-bas." Ils apprécient les honneurs mondains, ou assistent à toutes sortes d'événements et sont heureux, mais le bonheur qu'ils ressentent ne peut remplir leur âme.



vendredi 14 décembre 2018

Venez divin Messie !

Venez divin Messie, nous vous attendons !
Bienheureux Jan van Ruysbroeck, chanoine régulier, « Les Noces spirituelles »

« Voici l'époux qui vient. » (Mt 25,6)
Le Christ, notre époux, prononce ce mot. En latin le mot « venit » contient en lui deux temps du verbe : le passé et le présent ; ce qui ne l'empêche pas de viser aussi le futur.

C'est pourquoi nous allons considérer trois avènements chez notre époux, Jésus Christ.
Lors du premier avènement, il se fit homme à cause de l'homme, par amour.
Le second avènement a lieu tous les jours, souvent et en mainte occasion, dans chaque cœur qui aime, accompagné de nouvelles grâces et de nouveaux dons, selon la capacité de chacun.
Dans le troisième avènement, l'on considère celui qui aura lieu le jour du Jugement ou à l'heure de la mort...

Le motif pour lequel Dieu a créé les anges et les hommes est sa bonté infinie et sa noblesse, puisqu'il a voulu le faire afin que la béatitude et la richesse qu'il est lui-même soient révélées aux créatures douées de raison, et que celles-ci puissent le savourer dans le temps, et jouir de lui au-delà du temps, dans l'éternité.

Le motif pour lequel Dieu s'est fait homme est son amour insaisissable et la détresse des hommes, car ils étaient altérés par la chute du péché originel et incapables de s'en guérir.

Mais le motif pour lequel le Christ a accompli toutes ses œuvres sur terre non seulement selon sa divinité mais aussi selon son humanité est quadruple : à savoir son divin amour, qui est sans mesure ; l'amour créé, ou charité, qu'il possédait dans son âme, grâce à l'union avec le Verbe éternel et grâce au don parfait que lui en a fait son Père ; la grande détresse en laquelle se trouvait la nature humaine ; enfin, l'honneur de son Père. Voilà les motifs de l'avènement du Christ, notre époux, et de toutes ses œuvres.