mardi 31 août 2021

NAISSANCE AU CIEL DU VENERABLE ABBE HENRI-MARIE BOUDON

Vue de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux dont M. Boudon était chanoine

« Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon », par Mgr. Matthieu, Archevêque de Besançon
Chanoine en aumusse

Depuis cette époque jusqu’aux temps désastreux qui semblaient avoir anéanti dans les cœurs jusqu’aux traces de toute pensée édifiante et de tout pieux souvenir, on continua de révérer à Evreux la mémoire de Boudon et ses livres y furent recherchés avec empressement parmi les personnes d’une piété tendre et solide.

Les tristes jours de la révolution firent déserter sa tombe en même temps qu’ils souillèrent les autels près desquels il reposait mais ses restes ne furent point profanés et son cœur était resté dans la muraille de l’ancienne chapelle du séminaire, convertie depuis en tribunal criminel, sans que personne songeât à ce vénérable dépôt.

Ce fut alors que Mgr. Bourlier, que la Providence avait appelé à l’évêché d’Evreux pour y réparer les maux de l’Eglise désolée, résolut de le faire enlever d’un endroit où il ne pouvait convenablement rester pour être replacé, suivant l’honneur et le respect qui lui étaient dus. En conséquence il donna commission à M. de Narbonne, grand vicaire et archidiacre de la cathédrale d’Evreux, et à deux autres chanoines de la même église, d’aller reconnaître si le cœur de Boudon existait toujours au lieu où il avait été placé d’abord. Ces MM. ayant attesté que l’épitaphe qui le recouvrait n’avait subi aucune altération ni dérangement pendant la révolution, et que l’urne de plomb qu’ils avaient trouvée derrière renfermait sans aucun doute le cœur du serviteur de Dieu, Mgr l’évêque d’Evreux ordonna, le 6 juillet 1812, que la boîte et l’inscription qui la recouvrait seraient placées convenablement et le plus près que faire se pourrait de la chapelle où reposait le corps de Boudon.

Chapelle Notre-Dame des Anges,
Cathédrale d'Evreux, où repose le corps
de notre vénérable ami céleste

MM. les ecclésiastiques qui furent chargés de l’exécution de ses ordres en dressèrent un procès-verbal qui fut inséré dans les archives de l’évêché. Dès l’instant qu’il prit possession de l’évêché d’Evreux, ce prélat s’était empressé de relever la confrérie des saints Anges qui n’avait pas cessé d’être florissante depuis la mort de Boudon jusqu’ à la révolution. Il publia un mandement dans lequel il exhortait les âmes pieuses à faire partie de cette confrérie si longtemps respectable par le nombre la qualité et les vertus de ses associés mais bien plus encore par l’éminente piété de son premier fondateur : le vénérable Henri Marie Boudon, grand archidiacre d’Evreux. Il publia de nouveau les indulgences que pouvait gagner chacun des associés d’après les bulles des souverains pontifes Clément XIV, Pie VI et Pie VII, nomma deux chanoines administrateurs de l’association et en renouvela les statuts.

Mgr du Chatelier, maintenant évêque d’Evreux, jaloux d’encourager tout ce qui peut soutenir la piété dans sa ville épiscopale, accorde aux associés de la confrérie des saints Anges qui est fort nombreuse la même protection que lui avait accordée Mgr Bourlier.

Les mardis et vendredis de chaque semaine, on dit dans la chapelle où repose le corps de Boudon, près du pilier où est placé son cœur, une messe en l’honneur des saints Anges et pour le repos de l’âme des associés défunts. La fête et l’octave des saints Anges s’y célèbre avec beaucoup de solennité ; le Saint-Sacrement y réside toute l’année ; un grand nombre de personnes pieuses y reçoivent fréquemment les sacrements et s’y rendent journellement pour prier.

On doit croire qu’elles n’y oublient pas le serviteur de Dieu ; nous en connaissons plusieurs qui ne l’ont point invoqué en vain dans leurs incertitudes et dans leurs peines. Mais du moins son âme sainte doit être réjouie de voir du séjour de la gloire que sa pieuse institution s’est soutenue au milieu des tristes agitations qui ont bouleversé tant d’autres œuvres et qu’elle attire encore à Dieu dans ce sanctuaire, ainsi qu’aux anges qui entourent son trône, de fervents et respectueux hommages.

 

Stalle, église Saint-Taurin d'Evreux

lundi 30 août 2021

Sainte Maryam, priez pour l'ordre du Carmel, la France et la Terre Sainte. Priez pour la conversion des cœurs au Christ, Dieu unique et vrai

Carmel de Bethléem où se mêlent pour l'occasion les Carmélites aux religieuses et consacrées d'autres congrégations

Sainte Mariam de Bethléem,
en religion Sœur Mariam de Jésus-Crucifié, carmélite

Mariam (ou Maryam) Baouardy, surnommée « La Petite Arabe », est née à Abellin, un petit village situé entre Nazareth et le Mont Carmel le 5 janvier 1845. Elle est née galiléenne comme JésusLa famille Baouardy était gréco-catholique, de rite melkite et d'origine libanaise. Ses parents virent leurs douze garçons mourir en bas âge.

Ils décidèrent de faire un pèlerinage de 170 km jusqu'à Bethléem pour prier Dieu de leur accorder une fille par l'intercession de la Vierge Marie. Mariam naquit neuf mois plus tard et on lui donna naturellement le nom de Marie : MariamElle fut baptisée et confirmée suivant le rite grec melkite catholique. L'année d'après, un garçon, Boulos, vint agrandir la famille.

Orpheline à trois ans, elle fut séparée de son frère et ne le reverra plus. Mariam fut recueillie par son oncle paternel. Alors qu’elle n'était encore qu'une enfant, elle décida de laver deux petits oiseaux, qui en moururent. Toute attristée, elle entendit une voix intérieure « C’est ainsi que tout passe, si tu veux me donner ton cœur, Je te resterai toujours. »

A 8 ans, elle fit sa première communion, et peu de temps après toute la famille partit s’installer en Egypte. A 14 ans, son oncle voulut la marier, mais elle refusait et fit le vœu de se donner totalement au Seigneur. Dans une impulsion, Mariam se coupa les cheveux. Alors que la coutume voulait qu'elle se pare de ses plus beaux bijoux et se montre à son avantage pour servir au repas des fiançailles, elle se présenta avec un plateau sur lequel se trouvait sa chevelure et ses bijoux. Son oncle la gifla violemment. La fureur de son oncle éclata en mauvais traitements de toutes sortes. Les domestiques reçurent l'ordre de la commander et de ne rien lui épargner.

Au bout de trois mois, Mariam ressentit le besoin de renouer avec son frère et lui écrivit. Le soir du 8 septembre 1859, elle porta la lettre à un ancien domestique turc de la famille, qui partait pour Nazareth. Invitée à table, elle exposa sa situation malheureuse. Le domestique lui suggéra alors de passer à l’Islam, Mariam refusa en réaffirmant sa foi chrétienne alors que celui-ci parlait en termes injurieux de l'EvangileElle lui répondit : "Je suis fille de l'église catholique, apostolique et romaine; avec la grâce de Dieu, j'espère persévérer jusqu'à la fin dans une religion qui est la vraie."

N'y tenant plus, il la jeta alors à terre, puis, saisissant son cimeterre (sorte de couteau), lui trancha une partie de la gorge. Elle en gardera toute sa vie une trace impressionnanteSon agresseur la croyait morte, il l’enveloppa dans un voile et la déposa dans un bois derrière la maison, tandis que la nuit camouflait son crime. Elle ne se souvenait de rien, si ce n'est d'avoir cru mourir et voir son âme séparée de son corps. Elle aurait aperçu alors Notre Sauveur, sa Mère, des Saints et des Anges.

Elle raconte : "Il n'y avait ni soleil ni lampe, et pourtant tout y resplendissait d'une manière divine." Puis Notre Seigneur lui aurait dit : "Notre page n'est pas encore finie, vos labeurs ne sont pas terminés. Il vous faut retourner sur la terre." Après quoi la vision se serait évanouie. Mariam se réveilla dans une grotte où une Sœur vêtue en bleu la soigna pendant plusieurs mois. Mariam racontera plus tard (à ses collègues religieuses) avoir reconnue en cette femme la Vierge Marie. Sa protectrice lui pansa sa blessure, l’enseigna puis l'emmena dans une Eglise d’Alexandrie. Alors que Miriam se confessait, Elle disparut.

A cette époque-là, Mariam étant seule au monde, travailla comme servante là où le destin la conduisait: Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth, puis elle aboutit à Marseille. À 19 ans, elle entra comme novice chez les Sœurs de Saint Joseph de l'Apparition à Marseille.

Elle ne savait ni lire ni écrire, et ne parlait pas bien le français. Elle était heureuse de se consacrer à Dieu, et elle faisait la lessive et la cuisine. Mais elle avait une mauvaise santé, deux jours par semaine, elle revivait la passion du Christ et reçut les stigmatesDans sa simplicité, elle croyait que c’était une maladie, ce qui déconcerta énormément les sœurs. Au bout de deux ans, elle ne fut pas admise à prononcer ses premiers vœux. Sa maitresse des novices, Mère Véronique de la Passion l'orienta vers un autre ordre religieux : le Carmel.

Elle entra en religion au Carmel de Pau et devint carmélite converse sous le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle avait 21 ans, mais on ne lui en donnait pas plus de douze. Ses compagnes religieuses l’appelaient affectueusement « la petite sœur ».

Trois ans plus tard, en 1870, Mariam fit partie d'un petit groupe qui partait fonder le premier Carmel en Inde, à MangaloreElle prononça ses Vœux perpétuels à Mangalore le 21 novembre 1871, après un noviciat très long, à cause de ses stigmates.

Une persécution éclata contre elle, à cause de ses dons, on l’accusait d’être possédée par le démon, et on lui dit que sa profession était invalideEn 1872, elle fut renvoyée au Carmel de Pau en France par l'évêque de Mangalore. C’est au Carmel de Pau que Mariam appelait « sa maison paternelle », qu’elle fera la majeure partie de ses prédictions.

Elle était toujours stigmatisée et favorisée de révélations de la Sainte Vierge et de notre Seigneur. Pour elle, le surnaturel était devenu naturel, elle restait humble, obéissante, dévouée. Les religieuses du couvent étaient témoins de ses possessions diaboliques, possessions angéliques, de ses extases, lévitations, stigmates, bilocations, apparitions, prophéties.

Le 24 mai 1868, Mariam fut l’objet d’une transverbération du cœur, ce terme désigne le transpercement du cœur par un trait enflammé d’amour. C’est très rare, car on ne dénombre qu’un petit nombre de ce cas : Padre Pio, Sainte Thérèse d’Avila, Ursula Macaela Morata et enfin Mariam Baouardy. La personne qui en est victime voit un personnage (soit Jésus Christ, soit l'Esprit Saint, soit un ange) armé d'une lance flamboyante lui percer le flanc, comme le cœur de Jésus fut percé alors qu'Il agonisait sur la croix. Le cœur est touché et saigne de manière ininterrompue, plus particulièrement à certaines dates particulières, telle le Vendredi SaintIl s'agit du prélude à l'union du "Verbe" et d'une âme, sous forme de noces ou mariage mystique. Thérèse d'Avila qui raconte cette scène, parle d'un "dard enflammé" qui la laisse "enflammée de l'amour de Dieu".

Elle avait connaissance de choses qui lui sont cachées, comme lorsque dans une de ses visions, elle a pu contribuer à l’identification du lieu saint d’'Emmaüs. Mariam prédit la mort de Pie IX, et assista en esprit à l’élection de son successeur, le Pape Léon XIII. Elle prononça à l’avance à ses compagnes de religion le nom du Cardinal Pecci. Mariam pénétra à distance les sentiments les plus intimes du nouvel élu. A diverses reprises, Mariam fit parvenir au Saint Siège d’importantes communications les intérêts de l’Eglise.

Sa renommée la précédait, et très vite des religieux, des intellectuels et des paysans voisins venaient la consulter. Pour tous, elle avait une parole ou un conseil très simple à donner. Ils repartaient éclairés et fortifiés de l’avoir rencontré.

A Pau, Mariam fut victime une possession diabolique qui dura 40 joursElle l’avait annoncé « Jésus va donner à Satan le pouvoir de me tourmenter pendant 40 jours ; je souffrirai beaucoup. Le démon n’aura de puissance que sur mon corps, mon âme sera cachée, Jésus m’a promis de l’enfermer dans une boite, où Satan ne saurait l’atteindre. Le démon me fera commettre beaucoup de fautes extérieures sans que je pèche ; ma volonté n’y sera pour rien. »

Dans une vision la Sainte Vierge dit à Mariam « L'âme ne doit pas dire : ‘’Je voudrais souffrir ; je désirerais telle croix, telle privation, telle humiliation’’, parce que la volonté propre gâte tout. Il vaut mieux avoir moins de privations, moins de souffrances, moins d'humiliations par la volonté de Dieu, qu'un très grand nombre par sa propre volonté. L'essentiel est d'accepter, avec amour et avec une entière conformité à sa volonté, tout ce qu'il plaira au Seigneur de nous envoyer. Il y a, dans l'enfer, des âmes qui demandaient à Dieu des Croix, des humiliations. Dieu les a exaucées, mais elles n'ont pas su profiter de ces grâces : l'orgueil les a perdues. Sans rien demander, acceptez avec reconnaissance tout ce que le Bon Dieu vous enverra».

«La Vierge me montra ensuite la terre comme dans un souterrain ; elle m'apparaissait.....dirai-je comme une pièce de cinq francs ou comme une pomme ?

Je ne sais pas l'exprimer. Ce que je sais, c'est que l'univers tout entier était renfermé dans ce petit rond. Oh ! Que les hommes s'égarent ! S'ils songeaient qu'ils ne sont que des voyageurs sur cette terre, et que, à chaque instant, ils peuvent être cités au tribunal de Dieu !»

« Le Seigneur dit : ‘’Quiconque cherchera à donner la lumière de ce dont il n’est pas cherché n’aura que ténèbres et angoisses. »

«Ce n'est pas Jésus qui condamnera le pécheur quand il paraitra devant lui, c'est l'âme elle-même. Le soleil, la lune, les étoiles, l'air, tout ce qu'il aura foulé se tournera contre lui ; et quand il verra Dieu, sa bonté, son amour, il ne pourra le supporter et il se précipitera lui-même dans l'abime. Mais Dieu présente à l'âme fidèle, quand elle parait devant lui, son amour, sa bonté, sa miséricorde et elle en est toute confuse, et elle se perd comme une goutte d'eau dans le sein de Dieu».

Elle possèdait un charisme inattendu chez une illettrée. Elle avait un talent pour la poésie, quelle perfectionnait avec des couleurs orientales et des senteurs bibliques. Les personnes qui l'avaient connues témoignaient que même à la fin de sa vie Mariam ne savait pas lire ni écrire le français correctement, qu'elle le parlait avec des fautes grammaticales, mais néanmoins, elle est l'auteur de poèmes qui impressionnent par leur qualité.

En 1875, elle fit partie du groupe de 10 carmélites dirigées par Mère Véronique de la Passion, qui quittèrent Pau pour fonder un nouveau Carmel à Bethléem, en Terre Sainte. Elle s'occupait particulièrement des travaux de construction du nouveau couvent dont elle avait inspiré les plans, étant la seule à parler l'arabe.

Carmel de Pau
Elle mourut le 26 août 1878, à 33 ans comme le Christ, à la suite d'une chute et d'une fracture du bras tandis qu’elle apportait à boire aux ouvriers (qui a entrainé une gangrène).

Le 26 août 1878, à la mort de Sœur Marie de Jésus Crucifié au Carmel de Bethléem, on procéda à l’extraction de son cœur en présence de témoins qualifiés. Elle avait voulu que son cœur fût envoyé au Carmel de Pau. Un chirurgien de Jérusalem M. Carpani, vint le matin du décès pour procéder à l’opération.

Tous les témoins purent constater que le cœur portait la cicatrice d’une blessure qu’on aurait dite produite par une large pointe de fer. Les docteurs Aris et Ecot déclarent qu’il « est difficile de donner une explication scientifique », les deux lèvres de la plaie étaient desséchées, signes de l’ancienneté de la blessure. Le cœur placé dans un plat, passait de main en main et tous les prêtres et religieux présents ont pu le constater.

Ce cœur fut volé dans les années 1990, à la chapelle de l’ancien Carmel de Pau. C’est un homme, catholique pratiquant, paraissant normal au premier abord, qui ne supportait pas que l’on puisse vénérer un morceau de cadavre. Après l’avoir volé, il emporta le reliquaire dans un cimetière voisin, certainement pour enterrer le cœur, mais il fut dérangé et abandonna là le reliquaire ouvert et vide.

Sainte Sœur Marie Jésus Crucifié fut béatifiée 13 novembre 1983 par le Pape Jean Paul II, et elle est célébrée le 26 août.


(*sa mémoire liturgique a été déplacée au 30 août, le 26 étant la fête de la Transverbération de Sainte Thérèse d'Avila)



dimanche 29 août 2021

Martyre de S. Jean Baptiste


Saint Augustin d'Hippone, Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87

Jusqu'à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d'annoncer l'avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l'annonce de plus près.

Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l'accomplissement de ce qu'ils discernaient déjà dans cet avenir dont l'Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu » (Mt 13,17). C'est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu'il était « plus que prophète » et qu'« aucun des enfants des femmes ne l'a surpassé » (Mt 11,9-11).

En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d'annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l'annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C'est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l'annonce du Christ qui vient, mais à l'extrême limite de l'attente. Jusqu'à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame

 


mercredi 25 août 2021

Saint Louis de France


Voyage apostolique Paris et Lisieux, homélie de S. Jean Paul II au Bourget, le dimanche 1er juin 1980 

 

Je commencerai par remercier du fond du cœur tous ceux qui ont tenu à se rassembler ici ce matin, en venant même des lointaines provinces de la France. A tous, mes souhaits les plus fervents, et en particulier aux mères de famille, en ce jour de la fête des mères. Je vous convie maintenant à vous recueillir avec moi.

1. Les paroles que nous venons d’entendre ont une double signification: elles terminent l’Evangile comme temps de la révélation du Christ, et en même temps elles l’ouvrent vers l’avenir comme temps de l’Eglise, celui d’un devoir incessant et d’une mission.

Le Christ dit: Allez!

Il indique la direction de la route: toutes les nations.

Il précise la tâche: Enseignez-les, baptisez-les.

L’Eglise se remémore ces paroles en ce jour solennel, où elle veut tout spécialement adorer Dieu dans le mystère intérieur de la Vie de la Divinité: Dieu comme Père, Fils et Saint-Esprit.

Que ces paroles constituent le fondement essentiel de notre méditation, alors que nous nous trouvons tous, par une disposition admirable de la Providence, tout près de Paris, qui est la capitale de la France, l’une des capitales de l’Europe, une parmi bien d’autres, certes, mais unique en son genre, et l’une des capitales du monde.

Dans la dernière phrase que rapporte l’Evangile, le Christ a dit: « Allez dans le monde entier ».

Je suis aujourd’hui avec vous, chers Frères et Sœurs, en un de ces lieux depuis lesquels, d’une manière particulière, on voit « le monde », on voit l’histoire de notre « monde » et on voit le « monde » contemporain, le lieu d’où ce monde se connaît et se juge lui-même, connaît et juge ses victoires et ses défaites, ses souffrances et ses espérances.

Permettez que je me laisse prendre, avec vous, à l’éloquence inouïe des paroles que le Christ a adressées à ses disciples. Permettez qu’à travers elles nous fixions les yeux, au moins un instant, sur le mystère insondable de Dieu, et que nous touchions ce qui, dans l’homme, est durable et par conséquent le plus humain.

Permettez que nous nous préparions de cette façon à la célébration de l’Eucharistie, en la solennité de la Sainte Trinité.

2. Le Christ a dit aux Apôtres: « Allez..., enseigne toutes les nations... ». De même qu’aujourd’hui je me trouve pratiquement dans la capitale de la France, de même, il y a un an, en ce même jour du premier dimanche après la Pentecôte, je me trouvais dans une grande prairie de l’ancienne capitale de la Pologne, à Cracovie, dans la ville où j’ai vécu et d’où le Christ m’a appelé au Siège romain de l’Apôtre Pierre. J’ai eu là-bas devant les yeux les visages connus de mes compatriotes, et j’ai eu devant les yeux toute l’histoire de ma nation, depuis son baptême. Cette histoire riche et difficile avait commencé, d’une manière admirable, presque exactement au moment où a été réalisée la dernière parole du Christ adressée aux Apôtres: « Enseignez toutes les nations, baptisez-les... ». Avec le baptême la nation est née et son histoire a commencé.

Cette nation  la nation dont je suis le fils  ne vous est pas étrangère. Dans les périodes les plus difficiles, surtout, de son histoire, elle a trouvé chez vous l’appui dont elle avait besoin, les principaux formateurs de sa culture, les porte-parole de son indépendance. Je ne peux pas ne pas m’en souvenir en ce moment. J’en parle avec gratitude...

Bien plus tard qu’ici, les voies missionnaires des successeurs des Apôtres ont atteint la Vistule, les Carpates, la Mer Baltique... Ici, la mission donnée par le Christ aux Apôtres après la Résurrection a trouvé très vite un commencement de réalisation, sinon de manière certaine dès l’époque apostolique, du moins dès le second siècle, avec Irénée, ce grand martyr et père apostolique, qui fut évêque de Lyon. Par ailleurs, dans le Martyrologe romain, on fait très souvent mention de Lutetia Parisiorum...

D’abord la Gaule, et ensuite la France: la Fille aînée de l’Eglise!

Aujourd’hui, dans la capitale de l’histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté: Fille aînée de l’Eglise.

Et j’aimerais, en reprenant ce titre, adorer avec vous le mystère admirable de la Providence. Je voudrais rendre hommage au Dieu vivant qui, agissant à travers les peuples, écrit l’histoire du salut dans le cœur de l’homme.

Cette histoire est aussi vieille que l’homme. Elle remonte même à sa « préhistoire », elle remonte au commencement. Quand le Christ a dit aux Apôtres: « Allez, enseignez toutes les nations... », il a déjà confirmé la durée de l’histoire du salut, et en même temps il a annoncé cette étape particulière, la dernière étape.

3. Cette histoire particulière est caché au plus intime de l’homme, elle est mystérieuse et pourtant réelle aussi dans sa réalité historique, elle est revêtue, d’une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. Un très grand chapitre de cette histoire a été inscrit dans l’histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il serait difficile de les nommer tous, mais j’évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie: Jeanne d’Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, Sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld, et tous les autres. Ils sont tellement présents dans la vie de toute l’Eglise, tellement influents par la lumière et la puissance de l’Esprit Saint!

Ils vous diraient tous mieux que moi que l’histoire du salut a commencé avec l’histoire de l’homme, que l’histoire du salut connaît toujours un nouveau commencement, qu’elle commence en tout homme venant en ce monde. De cette façon, l’histoire du salut entre dans l’histoire des peuples, des nations, des patries, des continents.

L’histoire du salut commence en Dieu. C’est précisément ce que le Christ a révélé et a déclaré jusqu’à la fin lorsqu’il a dit: « Allez.... enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ».

« Baptiser » veut dire « plonger », et le « nom » signifie la réalité même qu’il exprime. Baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit veut dire plonger l’homme dans cette Réalité même que nous exprimons par le nom de Père, Fils et Saint-Esprit, la Réalité qu’est Dieu dans sa Divinité: la Réalité tout à fait insondable, qui n’est complètement reconnaissable et compréhensible qu’à elle-même. Et en même temps, le baptême plonge l’homme dans cette Réalité qui, comme Père, Fils et Saint-Esprit, s’est ouverte à l’homme. Elle s’est ouverte réellement. Rien n’est plus réel que cette ouverture, cette communication, ce don à l’homme du Dieu ineffable. Quand nous entendons les noms du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ils nous parlent justement de ce don, de cette « communication » inouïe de Dieu qui, en lui-même, est impénétrable à l’homme... Cette communication, ce don est du Père, il a atteint son sommet historique et sa plénitude dans le Fils crucifié et ressuscité, il demeure encore dans l’Esprit, qui « intercède pour nous en des gémissements ineffables ».

Les paroles que le Christ, à la fin de sa mission historique, a adressées aux Apôtres, sont une synthèse absolue de tout ce qui avait constitué cette mission, étape par étape, de l’Annonciation jusqu’à la Crucifixion... et finalement à la Résurrection.

4. Au cœur de cette mission, au cœur de la mission du Christ, il y a l’homme, tout homme. A travers l’homme, il y a les nations, toutes les nations.

La liturgie d’aujourd’hui est théocentrique, et pourtant c’est l’homme qu’elle proclame. Elle le proclame, parce que l’homme est au cœur même du mystère du Christ, l’homme est dans le cœur du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Et cela depuis le début. N’a-t-il pas été crée à l’image et à la ressemblance de Dieu? Hors de cela, l’homme n’a pas de sens. L’homme n’a un sens dans le monde que comme image et ressemblance de Dieu. Autrement il n’a pas de sens, et on en viendrait à dire, comme l’ont affirmé certains, que l’homme n’est qu’une « passion inutile ».

Oui. C’est l’homme qui est proclamé lui aussi par la liturgie d’aujourd’hui.

« A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, / la lune et les étoiles, que tu fixas, / qu’est donc l’homme, que tu en gardes mémoire, / le fils d’Adam, que tu en prennes souci? / A peine le fis-tu moindre qu’un dieu, / le couronnant de gloire et de splendeur; / tu lui as donné pouvoir sur les œuvres de tes mains, / tout fut mis par toi sous ses pieds ».

5. L’homme... l’éloge de l’homme... l’affirmation de l’homme.

Oui, l’affirmation de l’homme tout entier, dans sa constitution spirituelle et corporelle, dans ce qui le manifeste comme sujet extérieurement et intérieurement. L’homme adapté, dans sa structure visible, à toutes les créatures du monde visible, et en même temps intérieurement allié à la sagesse éternelle. Et cette sagesse, elle aussi, est annoncée par la liturgie d’aujourd’hui, qui chante son origine divine, sa présence perceptible dans toute l’œuvre de la création pour dire à la fin qu’elle « trouve ses délices avec les fils des hommes ».

Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont-là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme.

Pour nous, l’alliance intérieure avec la sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme.

Le développement contemporain et le progrès auxquels nous participons sont-ils le fruit de l’alliance avec la sagesse? Ne sont-ils pas seulement une science toujours plus exacte des objets et des choses, sur laquelle se construit le progrès vertigineux de la technique? L’homme, artisan de ce progrès, ne devient-il pas toujours plus l’objet de ce processus? Et voilà que s’effondre toujours plus en lui et autour de lui cette alliance avec la sagesse, l’éternelle alliance avec la sagesse qui est elle-même la source de la culture, c’est-à-dire de la vrai croissance de l’homme.

6. Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Au nom de cette alliance, il est né de la Vierge Marie et il a annoncé l’Evangile. Au nom de cette alliance, « crucifié... sous Ponce Pilate » il est allé sur la croix et il est ressuscité. Au nom de cette alliance, renouvelée dans sa mort et dans sa résurrection, il nous donne son Esprit...

L’alliance avec la sagesse éternelle continue en Lui. Elle continue au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Elle continue comme le fait d’enseigner les nations et de baptiser, comme l’Evangile et l’Eucharistie. Elle continue comme l’Eglise, c’est-à-dire le Corps du Christ, le peuple de Dieu.

Dans cette alliance, l’homme doit croître et se développer comme homme. Il doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité, c’est-à-dire comme image et ressemblance de Dieu lui-même. Il doit croître et se développer comme fils de l’adoption divine.

Comme fils de l’adoption divine, l’homme doit croître et se développer à travers tout ce qui concourt au développement et au progrès du monde où il vit. A travers toutes les œuvres de ses mains et de son génie. A travers les succès de la science contemporaine et l’application de la technique moderne. A travers tout ce qu’il connaît au sujet du macrocosme et du microcosme, grâce à un équipement toujours plus perfectionné.

Comment se fait-il que, depuis un certain temps, l’homme ait découvert dans tout ce gigantesque progrès une source de menace pour lui-même? De quelle façon et par quelles voies en est-on arrivé à ce que, au cœur même de la science et de la technique modernes, soit apparue la possibilité de la gigantesque autodestruction de l’homme; à ce que la vie quotidienne offre tant de preuves de l’emploi, contre l’homme, de ce qui devait être pour l’homme et devait servir l’homme?

Comment en est-on arrivé là? L’homme en marche vers le progrès n’a-t-il pas pris un seul chemin, le plus facile, et n’a-t-il pas négligé l’alliance avec la sagesse éternelle? N’a-t-il pas pris la voie « spacieuse », en négligeant la voie « étroite »?

7. Le Christ dit: « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ». Il le dit alors que le pouvoir terrestre  le Sanhédrin, le pouvoir de Pilate  a montré sa suprématie sur Lui, en décrétant sa mort sur la croix. Il le dit aussi après sa résurrection.

« Le pouvoir au ciel et sur la terre » n’est pas un pouvoir contre l’homme. Ce n’est même pas un pouvoir de l’homme sur l’homme. C’est le pouvoir qui permet à l’homme de se révéler à lui-même dans sa royauté, dans toute la plénitude de sa dignité. C’est le pouvoir dont l’homme doit découvrir dans son cœur la puissance spécifique, par lequel il doit se révéler à lui-même dans les dimensions de sa conscience dans la perspective de la vie éternelle. Alors se révélera en lui toute la force de baptême, il saura qu’il est « plongé » dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, il se retrouvera complètement lui-même dans le Verbe éternel, dans l’Amour infini.

C’est à cela que l’homme est appelé dans l’alliance avec la sagesse éternelle.

Tel est aussi ce « pouvoir » qu’a le Christ « au ciel et sur la terre ».

L’homme d’aujourd’hui a beaucoup augmenté son pouvoir sur la terre, il pense même à son expansion au-delà de notre planète.

On peut dire en même temps que le pouvoir de l’homme sur l’autre homme devient toujours plus lourd. En abandonnant l’alliance avec la sagesse éternelle, il sait de moins en moins se gouverner lui-même, il ne sait pas non plus gouverner les autres. Combien pressante est devenue la question des droits fondamentaux de l’homme!

Quel visage menaçant révèlent le totalitarisme et l’impérialisme, dans lesquels l’homme cesse d’être le sujet, ce qui équivaut à dire qu’il cesse de compter comme homme. Il compte seulement comme une unité et un objet!

Ecoutons encore une fois ce que dit le Christ par ces mots: « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre », et méditons toute la vérité de ces paroles.

8. Le Christ, à la fin, dit encore ceci: « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »; cela signifie donc aussi: aujourd’hui, en 1980, pour toute époque.

Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas.

Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout: le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vrai culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit!

Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger: France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?

Permettez-moi de vous demander: France, Fille de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle?

Pardonnez-moi cette question. Je l’ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l’ai posée par sollicitude pour l’Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l’homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père Fils et Saint-Esprit.




dimanche 22 août 2021

Couronnement de la très sainte Vierge Marie

Ô Vierge très sainte, Mère du Seigneur des armées d’en Haut, Reine du Ciel et de la terre, toute puissante intercession de notre ville et de notre pays : reçois cette hymne de louange et de remerciement de nous, tes serviteurs indignes, et porte nos prières jusques au trône de Dieu, ton Fils, afin qu'Il puisse être miséricordieux envers notre injustice et étendre sa grâce à ceux qui honorent ton nom entre tous honorables et se prosternent devant ton icône miraculeuse avec foi et amour. Car nous ne sommes pas dignes qu’Il nous prenne en pitié. C'est pourquoi nous accourons vers toi comme vers notre intercession indubitable et prompte: écoute-nous qui te supplions.

Couvre-nous de l’ombre de ta protection toute puissante, et demande à Dieu ton Fils, zèle et vigilance concernant les âmes de nos pasteurs, sagesse et force pour les autorités civiles, justice et équité pour les juges, connaissance et humilité pour ceux qui enseignent, amour et concorde entre les époux et les épouses, obéissance pour les enfants, patience pour les opprimés, crainte de Dieu pour les oppresseurs; force d'esprit pour les affligés; modération pour ceux qui sont joyeux, et pour nous tous, esprit de compréhension et de piété, esprit de miséricorde et de mansuétude, esprit de pureté et de justice.

Oui, ô très sainte Dame, prends pitié de ton peuple affligé: rassemble les dispersés, guide vers le droit chemin ceux qui sont égarés, soutiens les vieillards, enseigne aux jeunes gens la sobriété, nourris les nourrissons, et abaisse tes yeux avec ton regard d’aide miséricordieuse sur nous tous. Relève-nous de l'abîme du péché et ouvre les yeux de nos cœurs à la vision du salut. Aie pitié de nous, ici et maintenant - à la fois dans le pays de notre séjour terrestre et au Redoutable Tribunal de ton Fils. Fais que nos pères et nos frères qui ont quitté cette vie dans la foi et la repentance demeurent dans la vie éternelle avec les anges et tous les saints, car toi, ô Vierge, tu es leur gloire dans le ciel et leur espérance sur la terre. Après Dieu, tu es notre espoir et le secours de tous ceux qui accourent vers toi avec foi. C’est pourquoi nous te prions, et comme à une aide toute-puissante, nous nous confions nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie, à toi Mère de Dieu, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

 


samedi 21 août 2021

Saint Pie X - Pape de la divine Eucharistie


Prière avant la sainte Communion, par Saint Syméon Métaphrastes 

Seigneur toi qui seul es pur et sans péché, toi qui, dans l’indicible compassion de ton amour pour les hommes as assumé notre nature tout entière, la prenant du sang pur et virginal de celle qui t’a enfanté, d’une manière qui dépasse la nature, par la venue de l’Esprit divin et par la bienveillance du Père éternel, ô Christ Jésus, Sagesse, Paix et Puissance de Dieu, toi qui, ayant ainsi assumé notre humanité, as daigné souffrir ta Passion vivifiante et salutaire, la Croix, les clous, la lance et la mort, mets à mort les passions de mon corps qui tuent mon âme.

Toi qui, par ton ensevelissement, as dépouillé l’enfer de sa domination, ensevelis mes pensées mauvaises par tes bonnes inspirations et disperse les esprits du mal.

Toi qui, par ta résurrection vivifiante au troisième jour, a relevé notre premier père qui était tombé, relève-moi aussi, enfoncé que je suis dans le péché, en me suggérant les voies du repentir.

Toi qui, par ta glorieuse Ascension, as déifié la chair assumée par toi et l’as comblée d’honneur en la faisant siéger à la droite du Père, rends-moi digne, par la communion à tes Saints Mystères, de prendre place à ta droite parmi les sauvés.

Toi qui, par la descente de l’Esprit consolateur as fait de tes saints disciples des vases d’honneur, fais de moi un réceptacle digne de sa venue.

Toi qui dois venir à nouveau pour juger l’univers avec justice, permets que je vienne, moi aussi, au-devant de toi, sur les nuées avec tous les saints, ô mon Juge et mon Créateur, pour te louer et te chanter sans fin, ainsi que ton Père éternel et ton très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

mercredi 18 août 2021

Impératrice Ste Hélène, inventrice de la sainte Croix


Extraits du sermon 74 de Saint Augustin

~ Notre vie lui déplaisait, tout ce que nous faisions lui déplaisait, mais non pas ce que lui-même a fait en nous. Par conséquent, il condamnera ce que nous avons fait, et il sauvera ce que lui-même a fait. ~ Donc, nous n'étions pas bons. Et Dieu a eu pitié de nous ; il a envoyé son Fils, qui mourrait non pour des bons mais pour des méchants, non pour des justes mais pour des impies. En effet, le Christ est mort pour des impies. Et quelle est la suite du texte ? Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile, peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. On peut trouver peut-être quelqu'un qui ait le courage de mourir pour un homme de bien. Mais pour un injuste, pour un impie, pour un criminel, qui donc voudrait mourir, sinon le Christ seul, lui qui est tellement juste qu'il justifie même les injustes ?

 

Nous n'avions donc, mes frères, aucune œuvre bonne ; toutes nos œuvres étaient mauvaises. Alors que les hommes agissaient ainsi, la miséricorde de Dieu ne les a pas abandonnés. Et Dieu a envoyé son Fils pour qu'il nous rachète, non à prix d'or ou d'argent, mais au prix de son sang répandu. Il a été l'agneau sans tache conduit à l'abattoir pour les brebis tachées (si du moins elles étaient seulement tachées et non pas profondément viciées !). Nous avons donc reçu cette grâce. Vivons d'une manière qui en soit digne, pour ne pas lui faire injure. Un si grand médecin est venu à nous, il a fait partir tous nos péchés. Si nous voulons retomber malades, nous nuirons à nous-mêmes, et en outre nous serons ingrats envers le médecin.


Suivons donc ses chemins, ceux qu'il nous a montrés, surtout le chemin d'humilité qu'il est devenu pour nous. En effet, il nous a montré le chemin de l'humilité par ses enseignements, et il l'a réalisé en souffrant pour nous. ~ Le Verbe s'est fait chair et a fait sa demeure parmi nous afin de pouvoir mourir, lui qui ne pouvait pas mourir. L'immortel a adopté la mortalité afin de mourir pour nous et, par sa mort, de tuer notre mort.

 

Voilà ce que le Seigneur a fait, ce qu'il nous a donné. Grand, il s'est abaissé ; abaissé, il a été tué ; tué, mais aussi ressuscitant et élevé dans les hauteurs, afin de ne pas nous abandonner, morts, au séjour des morts. Il voulait au contraire nous faire monter en lui, lors de la résurrection des morts, nous que, naguère, il a fait monter en nous donnant la foi et la profession de foi qui rendent justes. Donc, il nous a enseigné le chemin de l'abaissement. Si nous gardons ce chemin, nous rendrons grâce au Seigneur, car ce n'est pas sans motif que nous chantons: Nous te rendrons grâce, Seigneur, nous te rendrons grâce, et nous invoquerons ton nom.