mardi 31 décembre 2013

Sainte et heureuse année 2014

Homélie du Pariarche Fouad Twal de Jérusalem
pour la nuit très sainte de Noël
en la Basilique de la Nativité de Bethléem


« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. » (Lc 2,14)

Monsieur le Président, M.Mahmoud Abbas, Président de la Palestine,
Monsieur le Premier Ministre, M. Rami Al Hamadallah,
Monsieur Nasser Judeh, ministre des Affaires étrangères pour la Jordanie,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et consuls, et autres représentants des Eglises,

Chers pèlerins, Chers fidèles,

De la grotte de Bethléem, je vous présente mes meilleurs vœux de joie et de paix.
Monsieur le Président, merci d’être venu aujourd’hui pour célébrer Noël avec nous. Nous prions pour vous et pour votre mission afin de trouver une solution juste et équitable pour le conflit actuel, pour l’unité entre les palestiniens, pour la paix et la prospérité de votre pays.
Nous demandons à Dieu de vous donner la sagesse et le courage. Nous prions également pour tous les dirigeants du Moyen-Orient, plus particulièrement pour Sa Majesté le Roi Abdallah II Ben Al-Hussein, le gardien des Lieux Saints en Palestine.

Chers frères,

La nuit de Noël a été dramatique pour la Sainte Famille, qui n’a pas trouvé de place dans l’auberge (Lc 2,7). Cette nuit historique nous rappelle la longue nuit dans laquelle est plongé notre monde et notre Moyen-Orient.

Le monde vit une longue nuit de conflits, de guerres, de destruction, de peurs, de haine, de racisme et en ces jours du froid et de la neige. De ce Lieu Saint, nous nous rappelons tous les drames de l’humanité sur les cinq continents : des guerres civiles en Afrique au typhon aux Philippines, en passant par la situation difficile en Egypte et en Irak et la tragédie syrienne, sans oublier nos problèmes locaux : les prisonniers, leurs familles qui gardent toujours l’espoir de leur libération, les pauvres qui ont perdu leurs terres et leurs maisons démolies, les familles qui attendent d’être réunies, les chômeurs et tous ceux qui souffrent de la crise économique.

O Enfant de Bethléem, nous sommes fatigués. Face à cette réalité douloureuse, nous prions avec ce chant de l’Avent : « Víde Dómine afflictiónem pópuli túi … Regarde, Seigneur, l’affliction de ton peuple, Envoie, Seigneur, celui que tu dois envoyer, envoie l’Agneau (…), pour qu’il nous délivre lui-même du joug de notre captivité. »

Sainte Marie Mère de Dieu, détail de la Nativité,
Charles le Brun
Mais, il ne faut jamais céder au désespoir, parce que Jésus Sauveur nous annonce que la paix est possible, que la flamme de l’espérance restera vive, que la justice, la paix et la réconciliation viendront. De Bethléem est parti le message du Salut; et c’est vers Bethléem que nous devons regarder. Car en cette nuit, se renouvèle la promesse divine, chantée par les anges: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. » A notre tour, nous sommes invités à l’optimisme et à renouveler notre foi que cette Terre, patrie des trois religions monothéistes, pourra devenir un jour un havre de paix pour tous les peuples.

«Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. » (Lc 2,14)
La paix du Christ est une paix universelle et basée sur la justice. Elle nous fait voir en chaque personne une créature de Dieu. C’est une paix qui redonne la vie. Personne n’est autorisé à nous la voler au nom d’un Dieu qui tue et qui rend vengeance. Pour cette raison, avec les mots du Pape François,  « je désire adresser un appel fort à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort : redécouvrez votre frère en celui qu’aujourd’hui vous considérez seulement comme un ennemi à abattre, et arrêtez votre main ! Renoncez à la voie des armes et allez à la rencontre de l’autre par le dialogue, le pardon, et la réconciliation, pour reconstruire la justice, la confiance et l’espérance autour de vous ! « Dans cette optique, il apparaît clair que, dans la vie des peuples, les conflits armés constituent toujours la négation délibérée de toute entente internationale possible, en créant des divisions profondes et des blessures déchirantes qui ont besoin de nombreuses années pour se refermer. » (Message pour le 47ème journée mondiale de la paix).

Nous vivons en Terre Sainte un conflit qui ne semble pas connaître de solution à court terme et qui pèse sur les habitants de la Terre Sainte y compris les chrétiens. Cette douloureuse réalité suscite de nombreuses questions concernant notre avenir dans ce pays, et nous cause beaucoup d’inquiétude. Nous avons besoin de la réponse de la foi. La réponse n’est ni l’émigration ni le repli sur soi-même. Elle consiste à rester ici et à vivre et mourir ici. Notre Terre est Sainte et mérite notre attachement à elle car notre permanence sur cette terre est une vocation divine, une bénédiction, voire un privilège. La flamme de la foi y restera vive comme l’étoile des mages pour nous indiquer le chemin. Nous avons besoin du réconfort venant de notre foi absolue dans la Providence de Dieu : « dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu. » ( 2 Cor 1 : 4-5)

La lumière de la foi peut éclairer tous les aspects de notre vie, notre présent et notre avenir.  Grâce à la foi, notre vision se fait plus intense, plus profonde, plus sublime et plus vaste que l’œil humain seul ne peut atteindre. Nous voyons un peu, dans un certain sens, comme  Dieu Lui-même voit ! Par conséquent, la foi est une sagesse qui  nous fait prendre les bonnes décisions en temps opportun.  Mais  si cette lumière manque, « tout devient confus, il est impossible  de distinguer le bien du mal, la route qui conduit à destination  de celle qui nous fait tourner en rond, sans direction. » (Lumen Fidei,3). Ce qui renforce notre foi, c’est que Dieu est tout puissant, omniscient, fidèle et nous aime. C’est pourquoi rien ne doit nous faire peur, ni le présent, ni l’avenir, ni les troubles qui affectent notre Moyen-Orient.

O divin Enfant, qui a expérimenté la fuite en Egypte, après la menace d’Hérode qui a tué il y a 2000 ans les enfants de Bethléem, aie pitié de nos enfants, de tous les enfants du monde. Aie pitié des détenus, des pauvres, des marginalisés et des plus vulnérables. En cette nuit, prions pour les évêques et les religieuses de Syrie qui ont été enlevés. Nous prions pour leur retour et que leur dignité leur soit rendue. Rappelez-vous d’eux Seigneur ainsi que de tous les réfugiés. Donne leur un signe d’espérance en un avenir meilleur afin qu’ils puissent revenir dans leur pays et retrouver leur maison.

O divin Enfant, Dieu de bonté et  de miséricorde, jette un regard de bonté sur la Terre Sainte et nos peuples qui vivent en Palestine, en Israël et Jordanie et sur tous les peuples du Moyen-Orient. Donne-leur tous la réconciliation pour qu’ils deviennent tous frères – fils d’un seul Père.

O divin Enfant, nous demandons ta paix par l’intercession de ta mère la Sainte Vierge marie, fille de notre terre. Joyeux Noël et que la bénédiction de l’enfant de Bethléem vous comble.


+ Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem



vendredi 27 décembre 2013

28 décembre, fêtes des Saints Innocents, martyrs, et début de la Neuvaine pour l'établissement du Règne de Dieu, en nous, en France, dans le monde

Giotto, le roi Hérode "le grand" ordonne le massacre des Saints Innocents.
Si la vie dans sa plus grande fragilité n'est pas respectée par les hommes, qu'en sera-t-il de la paix et de l'avancement du Règne de Dieu en ce monde ?

Dieu Créateur de l'Univers, Maître et Seigneur
de toute chose et de tous les êtres,
visibles et invisibles
Du 28 décembre au 5 janvier


Neuvaine du vénérable
abbé Henri-Marie Boudon
pour l'établissement du Règne de Dieu

"C'est une pratique très-louable de plusieurs communautés, et d'autres personnes particulières, qui a commencé de s'établir en différentes provinces, et même en différents royaumes, de finir et de commencer toutes les années par une application spéciale au règne de Dieu. Que nous serions heureux si nous y donnions l'attention de tous nos esprits, et l'affection de tous nos cœurs durant toute notre vie, et à la mort, pour le pouvoir faire éternellement après notre mort ! On ne peut jamais ni mieux finir, ni mieux commencer les années. Pour cela on commence une neuvaine de dévotions le jour de la fête des saints Innocents, qui se termine la veille de la fête de la sainte Epiphanie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qui est le jour qu'Il a commencé de régner sur nous autres Gentils en la personne des Mages ; et ainsi c'est la grande fête de tout le Christianisme."

Tous les jours de cette neuvaine on pense aux moyens de l'établissement du règne de Dieu ; on recherche en nous tout ce qui est contraire à l’établissement de ce Règne et on se confesse pour permettre à Dieu d’établir ce Règne en nous plus pleinement. Le vénérable abbé Henri Marie Boudon demande même que l’on assiste tous les jours à la Messe et que, lorsqu’on communie c’est pour que le règne de Dieu vienne en nous, mais aussi sur toute la terre.
Offrir ses peines quotidiennes, recourir à l'immaculée Mère de Dieu et à son Cœur immaculé ainsi qu’aux neuf chœurs des bons Anges, nous aidera à devenir des saints. 
Chaque jour de la neuvaine peut être consacré à chacun des chœurs des esprits bienheureux.

  1. On révère le premier jour les saints Anges du dernier chœur ; et c'est de ce chœur dont la divine Providence les prend ordinairement pour être les gardiens des hommes ;
  2. le second jour, les Archanges ; ce sont ces esprits bienheureux qui ont soin des provinces et des affaires publiques ;
  3. le troisième, les Principautés, qui veillent sur l'Eglise et sur les royaumes, et sur ceux qui les gouvernent ;
  4. le quatrième, les Vertus ; Dieu S'en sert pour prendre soin des cieux, de la terre, des eaux, des éléments, et ce sont les ministres de Ses grandes merveilles et de Sa toute-puissance ;
  5. le cinquième, les Puissances ; ce sont les anges qui résistent spécialement aux démons, et qui en empêchent le pouvoir ;
  6. le sixième, les Dominations, qu'Il emploie pour détruire ce qui est opposé à son divin empire, et pour l'établir ;
  7. le septième, les Trônes ; ce sont les anges de Sa paix divine dans les particuliers et dans les Etats ;
  8. le huitième, les Chérubins ; ce sont les esprits de Sa science et de Ses admirables lumières ;
  9. le neuvième, les Séraphins ; c'est par-eux qu'Il opère les grands effets de Son plus saint amour.
Christ-Roi, Baptistère de la Cathédrale de Padoue
On implorera aussi le secours de tous les Saints, de saint Joseph, de saint Jean-Baptiste, des saints Apôtres et en particulier de saint Pierre et de saint Paul et de saint Jean l'Evangéliste.

Ô très-sainte et suradorable Trinité, que Votre nom soit sanctifié, que Votre règne vienne. Que le moment de la mort est aimable dans cette vue ! Ainsi soit-il. Venez, Seigneur Jésus.
La Sainte Famille par Francesco Raibolini, Bologne, vers 1450

Oraison à la Très Sacrée Vierge Marie

Je vous salue, ô Marie, la fille bien-aimée de Dieu le Père ;
Je vous salue, ô Marie, Mère de Dieu le Fils ;
Je vous salue, ô Marie, la très-digne épouse du Saint-Esprit Dieu ;
Je vous salue, ô Marie, le divin Temple de toute la très-sainte et adorable Trinité.

Icône contemporaine de la fuite en Egypte et de l'évocation
du massacre des saints Innocents.
Les petits martyrs sont portés dans les bras de leurs
Anges gardiens vers la gloire du Ciel
Ô très-sacrée Vierge, abîmé dans mon néant, je vous demande en toute humilité, par toutes ces divines qualités qui vous unissent d'une manière ineffable avec toute la très-sainte Trinité, que mon esprit et mon cœur soient entièrement purifiés par la grâce de votre Fils, l'adorable Jésus, afin que mon âme n'apporte plus d'obstacle à tout ce que les trois Personnes divines voudront opérer en elle, afin qu'étant net de cœur je les puisse voir partout, où elles son plus véritablement qu'aucune des choses visibles qui y sont.

Que je puisse voir en toutes choses le Père éternel engendrant Son Fils, et le Père et le Fils produisant le Saint-Esprit.

Que comme il est vrai que nous marchons, que nous nous reposons, que nous touchons, que nous voyons, que nous entendons, que nous pensons, que nous parlons, voulons et faisons tout dans l'être infini de Dieu, dans les trois Personnes adorables de la très-glorieuse Trinité.

Ah ! qu'il puisse aussi être vrai qu'en toutes choses, sans réserve, adorant, bénissant, aimant, et glorifiant cette Trinité suradorable, nous accomplissions avec une parfaite soumission Ses ordres, à ce que Son règne soit établi au-dedans de nous et par tous les siècles des siècles.


Amen, amen. Fiat, fiat. Ô Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul !


Les saints Innocents.


jeudi 26 décembre 2013

Noël à Bethléem, la Cité de David


Lu sur le site de la Custodie de Terre Sainte (http://fr.custodia.org)

Arrivée du Patriarche dans la Cité de David. Derrière lui,
le mur de séparation, le "mur de la haine"
« Je ne m'en lasse pas », ainsi s’exprime Mary habitante de Bethléem qui parcourt la place de la Nativité cherchant désespérément à se faufiler le long des barrières pour voir passer le patriarche. « Je viens chaque année et chaque année le miracle de la fête se produit. » 
« Ce que j'aime le plus ? C'est que toute la ville est à la fête et qu'une journée par an au moins, avec cette foule venue du monde entier, nous oublions tous nos soucis quotidiens. » 

Pour Michelle et Alexis venus à pied de France et qui espéraient bien arriver à temps, l'émotion est grande au pont de retenir difficilement leurs larmes. « Nous allons d'émotion en émotion. Après le choc de la barrière de séparation, nous trouvons toute cette joie. Nous trouvons des gens qui sortent dans la rue pour accueillir la joie de Noël ce qui ne se voit pas chez nous. » Pour Alexis, « Musulmans et chrétiens sont réunis ici qui fêtent ensemble la naissance d'un prophète, c'est une image très forte. »
Vêpres patriarcales, église Sainte-Catherine, attenante à la
Basilique de la Nativité tenue par les Orthodoxes

Nous sommes le 24 décembre et comme traditionnellement, le Patriarche latin de Jérusalem fait son entrée solennelle dans la cité de David.

En attendant le cortège qui l'emmène de Jérusalem, la fête bat son plein dans la ville avec le défilé des scouts.
Procession
Entrée dans la grotte de la Nativité, sous le 
Pour frère Jason qui vient de passer neuf mois au service à la Custodie, c'est une grande joie d'être là. Samedi il retournera dans son pays, Singapour. « Mon provincial voulait que je rentre avant Noël, mais j'ai demandé à pouvoir rester car je désirais vraiment vivre cette dernière grâce de la Terre Sainte. »

Enfin le cortège du patriarche Fouad Twal arrive, avec un retard dû à la foule particulièrement importante cette année sur son passage, au point que les voitures ont souvent du s’arrêter et par prudence et aussi pour que le patriarche puisse serrer quelques-unes des mains qui lui était tendues.

Sur la place de la mangeoire, c’est la bousculade. L’accueil du patriarche par le frère gardien, Ricardo Bustos, ramène un peu d’ordre et de calme, c’est le début de la prière.

Une fois entrée l’église Sainte-Catherine, au chant du Te Deum, l’assemblée entre dans le mystère qui se prépare. Une prière qui se prolonge par le chant des vêpres présidé par le Patriarche.
Le Patriarche, les Evêques et les frères de la Custodie
adorent l'Enfant Dieu dans la chapelle de la Crèche

Après les vêpres, les franciscains et séminaristes du patriarcat latin se retrouvent pour la procession solennelle dans la grotte conduite par frère Ricardo. La joie continue de monter et à la fois se fait plus intérieure au lieu même de la naissance de Jésus.

Il ne reste plus que quelques heures avant la célébration de la nuit.

Mais avant cela, et aussitôt la procession terminée, les franciscains s’affairent dans l’église pour la préparer à accueillir quelque 1600 personnes. Devant les pèlerins venus du monde entier, prendront place le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et sa suite, mais aussi Catherine Ashton haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères pour l'Union européenne en visite privée, et les Consuls généraux des Nations Latines (Espagne, France, Belgique et Italie) protectrices des communautés chrétiennes de Terre Sainte.

En attendant, dans l’ombre, nombre de franciscains sont de service cette nuit, qui pour servir les messes qui vont se succéder toute la nuit, qui pour aider la centaine de prêtres et évêques concélébrants de la messe de minuit à revêtir aubes et chasubles. A Beit Sahour, au champ des bergers, ce sont rien moins que 70 messes qui sont prévues dans la nuit, dans toutes les langues.
Procession de l'Enfant Jésus dans les bras du Patriarche de Jérusalem
Dans les sous sols de la basilique de la Nativité, le Franciscan Media Center qui travaille à envoyer de nombreuses images de Bethléem et qui fera suivre les images de retransmission de la messe à de nombreuses chaines de télévisions catholiques, connait un vent de panique quand le réseau internet tombe en panne, mais pour encourager les équipes en place, le patriarche leur fait une visite surprise.

Il est 23 heures, et la célébration de la veillée de Noël commence. Elle est suivie à minuit du début de la messe. Mais à la même heure, Frère Nerwan et Frère Badie, assistés de quelques frères s’apprêtent à vivre un moment privilégié, Ils vont célébrer deux messes dans la grotte, sur l’autel de la Crèche. « Je n’ai jamais pensé, pas même en rêve, que je viendrai en terre Sainte, dit frère Nerwan qui est irakien. Et me voici curé de Bethléem et il me revient de présider la première messe dans la grotte. C’est une émotion indescriptible. » Au début de la célébration, dans la grotte bondée de paroissiens, il demande à l’assemblée de faire silence et de prendre conscience de la grâce qui leur est faite de vivre un tel moment sur le lieu même de la naissance de Jésus.

Quand il remonte de la grotte vers 1 h 20 du matin, le patriarche s’apprête à prononcer la bénédiction finale de la messe avant de partir en procession avec tous les concélébrant pour la grotte, où sera déposé, d’abord sur l’étoile de la Nativité, puis dans la crèche l’enfant nouveau-né.

Dans l’église la foule commence à se disperser, non sans se souhaiter un joyeux Noël, en s’embrassant, en échangeant ses premières impressions. Les mots manquent, l’émotion est trop forte, on peine à réaliser que le rêve est devenu réalité, on a fêté Noël à Bethléem.


Le Christ, notre Dieu et notre Roi, petit Enfant, l'Innocent, couché dans la chapelle de la Mangeoire sous le regard bienveillant de Marie et de Joseph.
Gloire à Dieu, et paix aux hommes de bonne volonté !


mercredi 25 décembre 2013

Noël - Venez, adorons notre Seigneur couché entre les bras de Marie et de Joseph !

Extraits d’une homélie du
pseudo – Jean Chrysostome
pour la fête de la Nativité du Sauveur (2/3)


(…) O grâce qui surpasse tout langage ! Le Fils unique, qui est avant tous les siècles, que le sens du toucher ne peut atteindre, qui est simple, incorporel, a revêtu un corps mortel et visible comme le mien ! Et pour quelle cause, sinon pour que son aspect nous enseigne, et qu’ainsi enseignés il nous conduise par la main vers les choses invisibles ? Parce que les hommes ont plus de confiance dans ce que leurs yeux voient que dans ce que leurs oreilles entendent, et qu’ils hésitent lorsqu’ils n’ont point vu, il a voulu parler aux yeux par le moyen de son corps, de telle sorte que tout prétexte fût enlevé à l’incrédulité.

(…) Que dirai-je donc ou comment parlerai-je ? Ce mystère me frappe d’admiration. L’Ancien des jours devient enfant ; Celui qui est assis sur un trône élevé et inaccessible repose dans la crèche ; Celui que le sens du toucher ne peut connaître, qui est simple, sans composition de parties et qui n’a point de corps est touché par des mains humaines ; Celui qui brise les liens de l’iniquité est retenu dans les liens que forment ses langes, parce qu’il l’a ainsi voulu.

Bassano, l'annonce des Anges aux bergers
Il a résolu de changer l’ignominie en honneur, l’infamie en un titre de gloire, l’outrage extrême en une preuve de vertu. C’est pourquoi il a pris mon corps, afin que je puisse porter en moi son Verbe ; et prenant ma chair, il m’a donné son Esprit, afin que donnant et recevant il puisse amasser pour moi un trésor de vie. Il a pris ma chair, afin de me sanctifier ; il m’a donné son Esprit afin de me sauver.

(…) La synagogue gardait la promesse écrite ; l’Eglise possède l’objet de la promesse. L’une a possédé le livre et l’autre les trésors promis par ce livre ; l’une a su teindre la laine et l’autre a revêtu la robe de pourpre qui en a été tissue. La Judée l’a enfanté ; la terre entière l’a reçu. La synagogue l’a nourri et élevé ; l’Eglise le possède et recueille les fruits de sa présence. Celle-là eut le cep de la vigne et près de moi sont les fruits mûrs de la vérité. Celle-là a vendangé les raisins ; mais les nations boivent le breuvage mystique. Celle-là a semé le grain du froment dans la Judée ; mais les nations ont moissonné avec la faux la moisson de la foi. Les nations ont recueilli avec piété la rose, tandis que l’épine de l’incrédulité est demeurée parmi les Juifs. Le petit s’est envolé et les insensés restent assis auprès du nid demeuré vide. Les Juifs interprètent la lettre, qui est semblable à la feuille, et les nations recueillent le fruit de l’Esprit.


Vierge à l'Enfant, Chalons
(…) Il naît aujourd’hui d’une vierge (…) Le Seigneur n’a point voulu se construire un autre temple, ni se revêtir d’un corps formé d’une autre manière, pour faire connaître qu’il ne méprisait pas le limon d’Adam. Et, parce que l’homme trompé était devenu l’instrument de Satan, il a fallu qu’il prît comme un temple animé celui-là même qui avait été séduit, afin que par cette union avec son Créateur, il l’arrachât à l’union et au service de Satan. Et, toutefois, se faisant homme, le Christ n’est pas mis au monde comme un homme, mais comme un Dieu, parce que s’il était issu, comme l’un de nous, d’un mariage ordinaire, la foule n’eût pas voulu croire en lui.

(…) Dis-moi donc, ô juif, si la Vierge a enfanté ou non ? Si elle a enfanté, reconnais la merveille de cet enfantement. Mais si elle n’a point enfanté, pourquoi as-tu trompé Hérode ? C’est toi-même qui as répondu lorsqu’il demandait où devait naître le Christ : « A Bethléem, dans la terre de Juda. » (Matth. II, 5.) Est-ce que je connaissais cette bourgade ou ce lieu ? Est-ce que j’étais informé de la dignité de Celui qui venait de naître ? Est-ce que ce n’est pas Isaïe qui fait mention de lui comme d’un Dieu ? «Elle enfantera un fils - dit-il – et on l’appellera Emmanuel. » (Isaïe, VII, 14.) « Et toi, - dit-il – Bethléem, maison de paix, tu n’es pas la dernière entre les principales villes de Juda ; car c’est de toi que sortira le chef qui gouvernera mon peuple d’Israël.» (Mich. V, 2 ; Matth. 2, 6.). Le prophète a dit avec raison : De toi, car c’est de vous qu’il est sorti, pour être donné au monde.


Les Anges à la Crèche,
mosaïques de la Basilique du Mont Thabor
(…) Il était de toute éternité comme Dieu, gouvernant le monde. Aujourd’hui, il se manifeste comme homme afin de gouverner son peuple, mais comme Dieu il sauve toute la terre.

(…) Venez donc et célébrons cette fête ; venez et que ce soit pour nous un jour de solennité. Que la manière de célébrer cette fête soit extraordinaire, puisque le récit de cette naissance est extraordinaire.
Aujourd’hui, le lien antique est brisé, le diable est couvert de confusion, les démons se sont enfuis, la mort est détruite, le paradis est ouvert, la malédiction est effacée, le péché a été banni, l’erreur a été vaincue, la vérité est revenue, et la parole de la piété est répandue et propagée en tous lieux.

HIC VERBUM CARO FACTUM EST
ICI, à Bethléem, le Verbe s'est fait chair et s'est donné à adorer à
tous les peuples. Basilique de la Nativité, sous l'Autel de la mangeoire.
La vie du ciel est implantée sur la terre, les anges communiquent avec les hommes, les hommes ne craignent point de s’entretenir avec les anges. Et pourquoi ? Parce qu’un Dieu est venu sur la terre et l’homme dans le ciel, et qu’ainsi tout a été uni et mêlé. Il est venu sur la terre, lui qui est tout entier dans le ciel, et, étant tout entier dans le ciel, il est tout entier sur la terre. Etant Dieu, il s’est fait homme, sans renoncer à sa divinité. Etant le Verbe, non sujet au changement, il s’est fait chair : il s’est fait chair afin d’habiter parmi nous. Il n’est point devenu Dieu, mais il était Dieu. Mais il s’est fait chair, afin qu’une crèche pût recevoir Celui que le ciel ne pouvait contenir. Il est donc posé dans la crèche, afin que Celui qui nourrit toute créature reçoive d’une vierge mère la nourriture qui convient à un petit enfant.






mardi 24 décembre 2013

Vigile de Noël : accueillons l'Enfant Dieu, Jésus notre Roi


Extraits d’une homélie du pseudo – Jean Chrysostome
pour la fête de la Nativité du Sauveur (1/3)

Je vois un mystère nouveau et admirable ; la voix des pasteurs retentir à mes oreilles, non semblable aux accords agrestes du chalumeau, mais au chant des hymnes célestes. Les anges chantent, les archanges font entendre leurs accords et les chérubins leurs cantiques, les séraphins rendent gloire, tous célèbrent cette fête dans laquelle ils contemplent un Dieu sur la terre et l'homme dans les cieux : Celui qui était élevé abaissé par son incarnation et celui qui était abaissé élevé par la miséricorde.

Aujourd'hui, Bethléem imite le ciel : les astres de son firmament sont les anges qui chantent leurs cantiques ; son soleil est le Soleil de justice qui ne peut être circonscrit. Et ne cherchez pas comment cela a pu être accompli, car lorsque Dieu veut, l'ordre de la nature doit céder. Il a voulu, il a eu la puissance, il est descendu, il nous a sauvés : la volonté de Dieu s'accomplit en toutes choses.

Aujourd'hui, Celui qui est prend naissance, Celui qui est devient ce qu'il n'était pas. Etant Dieu, il devient homme et n'abandonne pas sa divinité. Car, ce n'est point par la perte de sa divinité qu'il devient homme, ni par addition de qualité que d'homme il devient Dieu ; mais il est le Verbe, et, sa nature demeurant la même à cause de son immutabilité, il s'est fait chair.

Mais lorsqu'il vint à naître, les Juifs refusaient de croire à cet enfantement merveilleux, les pharisiens interprétaient à contre-sens les livres sacrés, les scribes enseignaient le contraire de la loi, enfin Hérode cherchait Celui qui venait de naître non pour l'honorer, mais pour le faire périr. Dans ce jour, tout ce qu'ils voyaient était contradiction. « Car, - ainsi que le dit le Psalmiste - ces choses n'ont point été cachées à leurs fils dans la génération suivante. » (Ps. LXXVII, 4.)

Des rois arrivèrent, et c'était pour vénérer le roi céleste qui venait sur la terre, non pas accompagne des anges, des archanges, des trônes, des dominations, des puissances, des vertus ; mais parcourant un chemin nouveau, une route non frayée, et sortant d'un sein immaculé. Cependant, il n'abandonnait pas le gouvernement des légions célestes, ni ne se dépouillait de sa divinité lorsqu'il se faisait homme : les rois vinrent l'adorer comme le céleste Roi de gloire ; les soldats le reconnurent comme le Seigneur des armées ; les femmes le vénérèrent comme né de la femme et changeant les douleurs de la femme en joie et en allégresse ; les vierges le proclamèrent comme fils d'une vierge.

Admirant Celui qui a fait le lait et les mamelles et qui a donné au sein de la femme d'être une source intarissable reçoive d'une mère vierge la nourriture des petits enfants.
Les enfants l'ont vu devenir petit enfant afin que de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle sortît sa louange parfaite ; les enfants ont vu en lui l'enfant qui s'est servi de la fureur d'Hérode pour donner à leur âge la gloire du martyre ;
Adoration des Mages
Les hommes faits ont reconnu Celui qui s'est fait homme pour apporter remède aux maux de ceux qui vivaient sous le joug;
Pour les pasteurs, il est le bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis ; pour les prêtres, il est le souverain Pontife selon l'ordre de Melchisédech (Hébr. VII, 17 ; Ps. CIX, 4);
Pour les esclaves, il est Celui qui a pris la forme de l'esclave afin de nous racheter de la servitude (Philip. II, 7);
Pour les pécheurs, il est Celui qui a tiré de leurs filets ceux qui ont été envoyés pour ramener les hommes;
Pour les publicains, Celui qui a choisi un publicain afin d'en faire un évangéliste;
Pour les femmes de mauvaise vie, Celui dont les pieds furent arrosés des larmes d'une courtisane;
Et, pour tout dire en un mot, les pécheurs ont pu voir en lui l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du inonde ; les mages lui ont fourni sa garde royale, les pasteurs font environné de leurs bénédictions, les publicains ont annoncé son Evangile, les courtisanes l'ont embaumé avec la myrrhe, la Samaritaine a eu soif de la source de vie qu'il fait connaître, et la Cananéenne a montré envers lui sa foi inébranlable.

Puisque tous se réjouissent ainsi, je veux aussi me réjouir, je veux former des chœurs, je veux célébrer une fête, mais je formerai des chœurs non en pinçant la cithare, non en agitant le thyrse, non en m'accompagnant de la flûte, noir en portant des torches allumées, je veux, ni lieu d'instruments de musique, porter les langes du Christ. Ces langes sont mon espérance, ma vie, mon salut ; ils me tiennent lieu de flûte et de cithare. C'est pourquoi je m'avance en les portant, afin que leur puissance soit toute la force de mon discours et que je puisse dire avec l’ange : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » avec les pasteurs « Et la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » (Luc, II, 14.)

Aujourd'hui, celui qui est né du Père d'une manière ineffable est né de la Vierge, pour l'amour de moi, d'une manière inexplicable et merveilleuse.
Très riches Heures des Ducs de Berry, détail
de l'annonce aux bergers
Il est né du Père, avant les siècles, conformément aux lois de sa nature et Celui qui l’a engendré le sait ; aujourd'hui, il est né en dehors des lois de la nature et la grâce de l'Esprit-Saint en est témoin.

Sa génération céleste est légitime et la génération terrestre ne l'est pas moins ; il est vraiment le Dieu engendré de Dieu, il est vraiment homme né d'une vierge. Dans le ciel, il est le seul Fils unique d'un seul ; sur la terre, il est le seul Fils unique d'une vierge seule. De même que dans sa génération céleste il serait impie de lui chercher une mère, de même dans sa génération terrestre ce serait un blasphème de lui chercher un père. Le Père a engendré sans écoulement de sa substance et la Vierge a enfanté sans connaître la corruption. Dieu n'a point souffert d'écoulement de sa substance, car il a engendré comme il convenait à un Dieu, et la Vierge n'a point connu la corruption lorsqu'elle enfantait, parce qu'elle a enfanté spirituellement (NB. C’est-à-dire par l’opération du Saint Esprit). D'où il suit que sa génération céleste ne peut être expliquée par des paroles humaines et que sa venue dans le temps ne peut être le sujet de nos investigations. Je sais qu'une vierge a enfanté aujourd’hui, et je crois qu'un Dieu a engendré en dehors du temps. 

(…) Que l'on scrute ce qui est conforme à la nature, j'y consens, mais on doit honorer par le silence ce qui est au-dessus de la nature, non parce qu'il faut s'éloigner de tels sujets, mais parce qu'ils sont ineffables et dignes d'être célébrés autrement que par des paroles.

Mosaïques de la Nativité, église Santa Maria dell'Ammiragliode, Palerme
Tous les membres de l'Archiconfrérie
du Tres Saint Sacrement de l'Autel
et des Saints Anges vous souhaitent
de très joyeuses fêtes de la
Nativité du Sauveur,
à vous, ainsi qu'à vos familles.

Saint Noël