mardi 29 novembre 2011

Neuvaine à l’Immaculée Conception

Vitrail de la chapelle de la Mère de Dieu, Cathédrale Notre-Dame d'Evreux : 
Le Couronnement de Marie, fruit de l'arbre de Jessé



30 novembre – 8 décembre 2010
Neuvaine à l’Immaculée Conception


            1°) Chaque jour une dizaine de chapelet, suivie de 3 fois l'invocation : 
"O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous."
     
     2°) Une communion le jour du 8 décembre ou un jour de l'octave et confession sacramentelle (très recommandée).


Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul

             Très Sainte Vierge Marie, nous croyons qu'à la fin de votre vie terrestre, Vous avez été élevée corps et âme au Ciel, parce que Vous êtes la Mère de Dieu, Immaculée.
            
             La Très Sainte Trinité Vous a couronnée Reine de l'univers, et avec tous les Anges et les Saints du Ciel, Vous intercédez pour nous, pèlerins de la terre, et pour les âmes des défunts qui ont encore besoin de purification.

            Aidez-nous à orienter notre vie vers Dieu qui a un dessein d'amour sur chacun de nous, à prier, à recourir aux sacrements de l'Église et à faire le bien, pour notre bonheur véritable dès ici-bas.

          Donnez-nous une Foi et une Espérance inébranlables en l'Amour infini de Dieu, au milieu des luttes et des épreuves inévitables et nécessaires de cette vie, car les souffrances du temps présent ne sont rien en comparaison du bonheur qui nous attend. Ainsi-soit-il.


Tota pulchra es, Maria, et macula originalis non est in te.
Vestimentum tuum candidum quasi nix, et facies tua sicut sol.
Tota pulchra es, Maria, et macula originalis non est in te.
Tu gloria Jerusalem, tu laetitia Israel, tu honorificentia populi nostri.
Tota pulchra es, Maria.

Vous êtes toute belle, Marie, et la faute originelle n'est point en vous.
Votre vêtement est blanc comme neige, et votre visage pareil au soleil.
Vous êtes toute belle, Marie, et la faute originelle n'est point en vous.
Vous, la gloire de Jérusalem ; Vous, la joie d'Israël ; Vous qui êtes l'honneur de notre peuple.
Vous êtes toute belle, Ô Marie.

Oraison de M. Boudon à l’Immaculée Conception : 

            Je vous salue Marie Mère de Dieu, Reine du Ciel, porte du Paradis, Dame du monde ; vous êtes Vierge singulière, vous êtes conçue sans le péché originel, et pour cela très immaculée. Vous avez été très véritablement Vierge avant l’enfantement, en l’enfantement et après l’enfantement, ordonnez nous de vivre saintement, et priez pour nous Jésus vôtre Fils bien-aimé, et recevez moi après ma mort : délivrez moi par vos prières de tous maux d’esprit, et de corps, et faites que je puisse contribuer au bien des autres, pour acquérir les œuvres de miséricorde, et me réjouir éternellement avec vous en Paradis. Amen. 

(in « La Dévotion à l’Immaculée Vierge Marie » ; conclusion de l'ouvrage)

lundi 28 novembre 2011

Veillez et priez !



« La Dévotion au Règne de Dieu », chap. VI, Les amours immenses de l’adorable Jésus envers le Chrétien

            Venez, mettez toujours dans notre cœur ce désir ardent de la venue de notre adorable Rédempteur.

            Que nous célébrions avec allégresse la venue de ce Roi notre Seigneur. Que la mer en soit émue avec tout ce qu’elle renferme la terre et tous ceux qui y habitent.

            Que les Fleuves en témoignent par leur applaudissement et que les montagnes en tressaillent de joie en sa présence. Amen.

            Venez, Seigneur Jésus.


De la Crèche à l'Autel ; Saint François d'Assise "inventeur" de la crèche


« De l’Amour de Jésus Christ au Très Saint Sacrement de l’Autel », 4e motif : Jésus est au Très Saint Sacrement continuellement

            Ô enfants des hommes, l'amour excessif que le grand Dieu des éternités a eu pour vous, l'a rendu votre captif, l'a rendu votre esclave.
          Ô Cieux, soyez grandement étonnés, votre souverain est détenu, enfermé sous la clef dans un petit tabernacle ; l'amour le tient lié sous des espèces fragiles.

            En vérité la vue d'un amour si étonnant, si excessif, est un motif bien pressant pour nous obliger à nous rendre souvent en nos églises, à y demeurer le plus que nous pourrons, à n'en sortir jamais qu'a regret, à laisser nos cœurs et toutes nos affections sur nos autels, aux pieds de notre ciboire, quand la nécessité nous oblige de nous en séparer de corps ; à tendre continuellement et sans cesse au lieu où sont toutes nos véritables délices ; à penser tout le jour, au milieu de nos affaires, de nos occupations, des compagnies et des conversations avec les créatures, à l'aimable Jésus qui réside continuellement en la divine Eucharistie par amour, pour nous exciter d'y envoyer nos soupirs, lorsque nous serons éveillés les nuits, regrettant amèrement l'impuissance où nous sommes de n'être pas toujours et de corps et d'esprit en un lieu où Jésus habite avec son âme, avec son corps, avec sa divinité.

            Ô qu'il serait juste de dire sur ce sujet avec le Psalmiste : « C'est ici qu'est mon repos dans tous les siècles des siècles : c'est ici la demeure que j'ai élue, parce que le Seigneur l'a choisie ! »
            Ô mon âme, chacun fera ce qu'il voudra ; mais j'entends que ce lieu soit pour nous notre plus douce et plus continuelle retraite.

dimanche 27 novembre 2011

Premier Dimanche de l'Avent



Temps de l’Avent

            Le temps de l’Avent est un temps pénitentiel, un temps violet. Cette couleur évoque celle de la nuit des ténèbres et du péché qui environne toute chose depuis la révolte d’Adam et Eve, nos premiers parents. Elle évoque nos peines mais aussi notre désir de voir se lever le Jour véritable. L’Avent est donc le temps de l’attente. Et l’Eglise, comme le peuple d’Israël et l’humanité entière, attend l’Avènement (Adventus) de son Sauveur.

            Comme le rappellent les Pères et la liturgie eucharistique, le Seigneur est déjà venu, dans la pauvreté – né de la Vierge Marie – il y a 2000 ans. Il nous a apporté le Salut, Lui « le Soleil de Justice » (Malachie chap. III,20), « l’Etoile brillante du matin » (Apocalypse chap. XXII,16). Et nous attendons son retour dans la Gloire quand Il viendra, Lui le Roi des rois, juger les vivants et les morts.

            Prenons appui sur les enseignements du vénérable abbé Henri-Marie Boudon pour nous préparer à ce face à Face avec le Seigneur dans ce que les Pères de l’Eglise appelaient le troisième avènement. Car s’Il est déjà venu ; si nous L’attendons ; nous nous préparons à cette rencontre que nous pouvons faire dès maintenant, dans la foi, face à Face, avec Jésus au Très Saint Sacrement de l’Autel.

            Et n’oublions pas l’Immaculée Mère de Dieu, la Très Sainte Vierge Marie. Durant ce temps de l’Avent, nous accompagnerons la véritable « Arche d’Alliance » (Fœderis Arca, ora pro nobis !) vers Bethléem, le lieu de son repos, la Cité du grand Roi. C’est elle qui porte le seul et unique Grand-Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle. C’est elle qui porte la Manne véritable, le Pain de Vie. C’est elle qui porte la Parole du Père, son Fils Unique et Bien-Aimé, son Verbe, sa Loi et sa Sagesse.

Saint Avent à tous !

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« De l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ », chap. VII, Jésus au Très Saint Sacrement de l’Autel

            En sa première venue au monde il n'habita qu'en quelques lieux, & dans un petit endroit de la terre ; en sa seconde au très-Saint Sacrement de l'Autel il sera en autant de lieux qu'il y aura d'Eglises, de Chapelles & d'Autels où l'on célébrera le très-saint Sacrifice de la Messe ;

            En sa première (venue) il ne s’unira qu'à la nature humaine ; en la seconde il s'unira, quoi que d'une autre manière, à tous les individus de la nature humaine qui seront en état de le recevoir par la très-sacrée Communion ;

            En la première peu de personnes peuvent l'aborder, & encore souvent avec grande peine ; en la seconde l’accès en est tout à fait facile, tout le monde peut entrer en nos Eglises, les portes en sont ouvertes aux dernières des créatures, aussi bien qu'aux plus élevées. Chose admirable, il ne se rend pas seulement présent dans un Royaume, non seulement dans une Province, non seulement dans un Diocèse en quelque lieu particulier, mais partout, dans toutes les Villes, Bourgs & Villages. II y a plus ô homme, dans les grandes Villes en autant de lieux presque qu'il y a de rues, au moins dans tous les quartiers de ces Villes, pour t'épargner tes pas, pour t'ôter la moindre peine, & cependant quelle compagnie lui tiens-tu ? oui s'il n'était qu'en un seul lieu de la terre, que ne ferais-tu pas pour y aller ? combien de pas fait-on tous les jours ? & l’on fait bien, & il y a grande bénédiction pour aller en des lieux de dévotion où reposent les Reliques des Saints.  Voilà le Dieu de tous les Saints qui est à nos portes, & l'on est insensible. Est-il possible que si Dieu n'aimait pas tant les hommes, les hommes n'auraient pas tant de dureté, est-il possible que les excès de l'Amour d'un Dieu, ne causent que des excès de froideurs & de glaces ? 

            Jésus durant sa vie de voyage n'a demeuré avec les hommes que durant trente-trois ans accomplis ; après en avoir reçue la mort, il y restera tout le long des jours & des nuits, jusqu'à la consommation des siècles, & en tous les endroits habitables du monde, où il y aura des Chrétiens.

            Il est écrit de sa première venue qu'il obéissait à la très-sacrée Vierge & à S. Joseph, c'est ce qui a fait l'admiration de tous les Saints ; en la seconde, à autant de personnes qu'il y a eu, qu'il y aura, & qu'il y a de Prêtres ; & cela à quatre paroles (celles de la consécration) d'un Prêtre sans y manquer une seule fois ; ah combien de fois déjà depuis plus de mille & six cents ans ! & d'un Prêtre dont il prend l'heure & la commodité, & d'un Prêtre qui quelque fois est l'un de ses plus grands ennemis (à cause de ses péchés personnels), d'un Prêtre qui en fera ce qu'il lui plaira, d'un Prêtre qui le portera où il voudra, d'un Prêtre qui le livrera à qui bon lui semblera.


samedi 26 novembre 2011

Vigile du premier Dimanche de l'Avent - Prière pour la vie naissante de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI



Seigneur Jésus,
qui, fidèlement, visite et comble de ta Présence
l'Eglise et l'histoire des hommes,
Toi qui, dans l'admirable Sacrement de ton Corps et de ton Sang
nous fais participer de la Vie divine
et nous donnes un avant-goût de la joie de la Vie éternelle,
nous t'adorons et nous te bénissons.

Prosternés devant toi, la source de la vie, et qui l'aime,
réellement présent et vivant au milieu de nous, nous te supplions :
Réveille en nous le respect pour toute vie humaine naissante,
rends-nous capables de discerner dans le fruit du sein maternel
l'œuvre admirable du Créateur,
dispose nos cœurs à l'accueil généreux de tout enfant
qui vient à la vie.

Bénis les familles,
sanctifie l'union des époux,
rends fécond leur amour.

Accompagne de la lumière de ton Esprit
les choix des assemblées législatives,
pour que les peuples et les nations reconnaissent et respectent
le caractère sacré de la vie, de toute vie humaine.

Guide le travail des scientifiques et des médecins,
afin que le progrès contribue au bien intégral de la personne
et qu'aucun être ne soit supprimé ou ne souffre l'injustice.

Donne une charité créative aux administrateurs et aux financiers,
pour qu'ils sachent pressentir et promouvoir des moyens suffisants
afin que les jeunes familles puissent s'ouvrir sereinement
à la naissance de nouveaux enfants.

Console les époux qui souffrent
de l'impossibilité d'avoir des enfants
et, dans ta bonté, pourvois!

Eduque-nous tous à prendre soin des enfants orphelins ou abandonnés,
afin qu'ils puissent faire l'expérience de la chaleur de ta charité,
de la consolation de ton divin Cœur.

Avec Marie, ta Mère, la grande croyante,
dans le sein de laquelle tu as assumé notre nature humaine,
nous attendons de toi, notre unique et vrai Bien et Sauveur,
la force d'aimer et de servir la vie,
dans l'attente de vivre toujours en toi,
dans la Communion de la Trinité Bienheureuse. Amen.


mardi 22 novembre 2011

Mémoire des saints martyrs Cécile, vierge et patronne des musiciens, Valérien et Tiburce



« Cécile, vierge très illustre, issue d'une famille noble parmi les Romains, et nourrie dès le berceau dans la foi chrétienne, portait constamment l’évangile du Christ caché sur sa poitrine. Ses entretiens avec Dieu et sa prière ne cessaient ni le jour ni la nuit, et elle sollicitait le Seigneur de lui conserver sa virginité. Elle avait été fiancée à un jeune homme appelé Valérien, et au moment où ses noces devaient être célébrées, elle portait, sur sa chair, un cilice que recouvraient des vêtements brodés d'or ; et pendant que le chœur des musiciens chantait, Cécile chantait aussi dans son cœur, à celui qui était son unique soutien, en disant : « Que mon cœur, Seigneur, et que mon corps demeurent toujours purs, afin que je n'éprouve ; point de confusion. » Elle passa, dans la prière et le jeûne, deux ou trois jours, en recommandant au Seigneur ses appréhensions. Enfin, arriva la nuit où elle se retira avec son époux dans le secret de l’appartement nuptial.
Elle adresse alors ces paroles à Valérien : « O jeune et tendre ami, j'ai un secret à le confier, si tu veux à l’instant me jurer que tu le darderas très rigoureusement. » Valérien jure qu'aucune contrainte ne le forcera à le dévoiler, qu'aucun motif ne le lui fera trahir. Alors Cécile lui dit : « J'ai pour amant un ange de Dieu qui veille sur mon corps : avec une extrême sollicitude. S'il s'aperçoit le moins du monde que tu me touches, étant poussé par un amour qui me souille, aussitôt il te frappera, et tu perdrais la fleur de ta charmante jeunesse ; mais s'il voit que tu  m’aimes d'un amour sincère, il t'aimera comme il  m’aime, et il te montrera sa gloire. » Alors Valérien, maîtrisé par la grâce de Dieu, répondit : « Si tu veux que je te croie, fais-moi voir cet ange, et si je  m’assure que c'est vraiment un ange de Dieu, je ferai ce à quoi tu  m’exhortes ; mais si tu aimes un autre homme, je vous frapperai l’un et l’autre de mon glaive. » Cécile lui dit : « Si tu veux croire au vrai Dieu et que tu promettes de te faire baptiser, tu pourras le voir. Alors, va : sors de la ville par la voie qu'on appelle Appienne, jusqu'à la troisième colonne milliaire, et tu diras aux pauvres que tu trouveras là : « Cécile  m’envoie vers vous, afin que vous me fassiez voir le saint vieillard Urbain ; j'ai un message secret à lui transmettre. » Quand tu seras devant lui, rapporte toutes mes paroles, et après qu'il t'aura purifié, tu reviendras, et tu verras l’ange lui-même. »
Alors Valérien se mit en chemin, et, d'après les renseignements qu'il avait reçus, il trouva le saint évêque Urbain caché au milieu des tombeaux des martyrs. (…)

             Valérien reçut le baptême dés mains d'Urbain. En rentrant, il trouva, dans la chambre, Cécile qui s'entretenait avec l’ange. Or, cet ange tenait à la main deux couronnes tressées avec des roses et des lys ; il en donna une à Cécile et l’autre a Valérien, en disant : « Gardez ces couronnes d'un cœur sans tache et d'un corps pur ; car c'est du paradis de Dieu que je vous les ai apportées. Jamais elles ne se faneront, ni ne perdront leur parfum ; elles ne seront visibles qu'à ceux qui aimeront la chasteté. Quant à toi, Valérien, pour avoir suivi un conseil profitable, demande ce que tu voudras, et tu l’obtiendras. » Valérien lui, répondit : « Rien ne m’est plus doux en cette vie que l’affection de mon unique frère. Je demande donc qu'il connaisse la vérité avec moi. » L'ange lui dit : « Ta demande plaît au Seigneur, et tous deux vous arriverez auprès de lui avec la palme du martyre. » (…)

Valérien et Tiburce distribuaient d'abondantes aumônes : ils donnaient la sépulture aux corps des saints que le préfet Almachius faisait tuer. Almachius les fit mander devant lui et les interrogea sur les motifs qui les portaient à ensevelir ceux qui étaient condamnés comme criminels. (…) Alors les saints furent livrés à la garde de Maxime. Celui-ci leur dit : « O noble et brillante fleur de la jeunesse romaine ! ô frères unis par un amour si tendre ! Comment courez-vous à la mort ainsi qu'à un festin ? » Valérien lui dit que s'il promettait de croire, il verrait lui-même leur gloire après leur mort : « Que je sois consumé par la foudre, dit Maxime, si je ne confesse pas ce Dieu unique que vous adorez ; quand ce que vous dites arrivera ! » Alors Maxime, toute sa famille et tous les bourreaux crurent et reçurent le baptême d'Urbain qui vint les trouver en secret.

Quand donc l’aurore annonça la fin de la nuit, Cécile s'écria en disant : « Allons, soldats du Christ, rejetez les œuvres des ténèbres, et revêtez-vous des armes de la lumière. » Les saints sont alors conduits au quatrième mille hors de la ville, à la statue de Jupiter ; et comme ils ne voulaient pas sacrifier, ils sont décapités l’un et l’autre. Maxime affirma avec serment, qu'au moment de leur martyre, il avait vu des anges resplendissants, et leurs âmes comme des vierges qui sortent de la chambre nuptiale. Les anges les portaient au ciel dans leur giron. Quand Almachius apprit que Maxime s'était fait chrétien, il le fit assommer avec des fouets armés de balles de plomb, jusqu'à ce qu'il eût rendu l’esprit.

            Cécile ensevelit son corps à côté de Valérien et de Tiburce. Cependant Almachius fit rechercher les biens de ces deux derniers ; et il ordonna que Cécile comparût devant lui comme la femme de Valérien, et sacrifiât aux idoles, sinon qu'il serait lancé contre elle une sentence de mort. Comme les appariteurs la poussaient à obéir et qu'ils pleuraient beaucoup de ce qu'une jeune femme si belle et si noble se livrât de plein gré à la mort, elle leur dit : « O bons jeunes gens, ceci n'est point perdre sa jeunesse, mais la changer; c'est donner de la boue pour recevoir de l’or ; échanger une vile habitation et en prendre une précieuse : donner un petit coin pour recevoir une place brillamment ornée. Si quelqu'un voulait donner de l’or pour du cuivre, n'y courriez-vous pas en toute hâte ? Or, Dieu rend cent pour un qu'on lui a donné. Croyez-vous ce que je viens de vous dire ? » « Nous croyons, répondirent-ils, que le Christ qui possède une telle servante, est le vrai Dieu. » On appela l’évêque Urbain et plus de quatre cents personnes furent baptisées.

            Alors Almachius se fit amener sainte Cécile. (… Almachius interroge la sainte puis il) la fit reconduire chez elle, et il ordonna qu'elle serait brûlée pendant une nuit et un jour dans un bain de vapeur bouillante. Elle y resta comme dans un endroit frais ; sans même éprouver la moindre sueur. Quand Almachius le sut, il ordonna qu'elle eût la tête tranchée dans le bain. Le bourreau la frappa par trois fois au cou, sans pouvoir lui couper la tête. Et parce qu'une loi défendait de frapper quatre fois la victime, le bourreau ensanglanté laissa Cécile à demi morte. Durant les trois jours qu'elle survécut, elle donna tout ce qu'elle possédait aux pauvres, et recommanda à l’évêque Urbain tous ceux qu'elle avait convertis : « J'ai demandé, lui dit-elle, ce délai de trois jours afin de recommander ceux-ci à votre béatitude, et pour que vous consacriez cette maison qui  m’appartient afin d'en faire une église. » Or, saint Urbain ensevelit son corps avec ceux des évêques, et consacra sa maison qui devint une église, comme elle l’avait demandé (c’est aujourd’hui la Basilique de Santa Cecilia in Trastevere).

            Elle souffrit vers l’an du Seigneur 223, du temps de l’empereur Alexandre. On lit cependant ailleurs qu'elle souffrit du temps de Marc-Aurèle, qui régna vers l’an du Seigneur 220. »

 ***

Que les saints Martyrs nous apprennent à chanter par toute notre vie les gloires de la Sainte Trinité, en compagnie de tous les saints Anges du Ciel qui veillent sur nos corps et nos âmes.

dimanche 20 novembre 2011

Dimanche du Christ – Roi de l’Univers



QUAS PRIMAS
LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XI

« DE L'INSTITUTION DE LA FÊTE DU CHRIST-ROI »

Du 11 décembre de l'Année sainte 1925 :

(…)      « Depuis longtemps, dans le langage courant, on donne au Christ le titre de Roi au sens métaphorique ; il l'est, en effet, par l'éminente et suprême perfection dont il surpasse toutes les créatures. Ainsi, on dit qu'il règne sur les intelligences humaines, à cause de la pénétration de son esprit et de l'étendue de sa science, mais surtout parce qu'il est la Vérité et que c'est de lui que les hommes doivent recevoir la vérité et l'accepter docilement. On dit qu'il règne sur les volontés humaines, parce qu'en lui, à la sainteté de la volonté divine correspond une parfaite rectitude et soumission de la volonté humaine, mais aussi parce que sous ses inspirations et ses impulsions notre volonté libre s'enthousiasme pour les plus nobles causes. On dit enfin qu'il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs : car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus

(…)      Il en résulte que les anges et les hommes ne doivent pas seulement adorer le Christ comme Dieu, mais aussi obéir et être soumis à l'autorité qu'il possède comme homme ; car, au seul titre de l'union hypostatique, le Christ a pouvoir sur toutes les créatures.

(…)      C'est ici Notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine. Nous le faisons en prescrivant à l'univers catholique le culte du Christ-Roi. La peste de notre époque, c'est le laïcisme, ainsi qu'on l'appelle, avec ses erreurs et ses entreprises criminelles.
Comme vous le savez, Vénérables Frères, ce fléau n'est pas apparu brusquement ; depuis longtemps, il couvait au sein des Etats. On commença, en effet, par nier la souveraineté du Christ sur toutes les nations ; on refusa à l'Eglise le droit - conséquence du droit même du Christ - d'enseigner le genre humain, de porter des lois, de gouverner les peuples en vue de leur béatitude éternelle. Puis, peu à peu, on assimila la religion du Christ aux fausses religions et, sans la moindre honte, on la plaça au même niveau. On la soumit, ensuite, à l'autorité civile et on la livra pour ainsi dire au bon plaisir des princes et des gouvernants. Certains allèrent jusqu'à vouloir substituer à la religion divine une religion naturelle ou un simple sentiment de religiosité. Il se trouva même des Etats qui crurent pouvoir se passer de Dieu et firent consister leur religion dans l'irréligion et l'oubli conscient et volontaire de Dieu.

Les fruits très amers qu'a portés, si souvent et d'une manière si persistante, cette apostasie des individus et des Etats désertant le Christ, Nous les avons déplorés dans l'Encyclique Ubi arcano. Nous les déplorons de nouveau aujourd'hui. Fruits de cette apostasie, les germes de haine, semés de tous côtés ; les jalousies et les rivalités entre peuples, qui entretiennent les querelles internationales et retardent, actuellement encore, l'avènement d'une paix de réconciliation ; les ambitions effrénées, qui se couvrent bien souvent du masque de l'intérêt public et de l'amour de la patrie, avec leurs tristes conséquences : les discordes civiles, un égoïsme aveugle et démesuré qui, ne poursuivant que les satisfactions et les avantages personnels, apprécie toute chose à la mesure de son propre intérêt. Fruits encore de cette apostasie, la paix domestique bouleversée par l'oubli des devoirs et l'insouciance de la conscience ; l'union et la stabilité des familles chancelantes ; toute la société, enfin, ébranlée et menacée de ruine.

(…)      Il faut donc qu'il règne sur nos intelligences : nous devons croire, avec une complète soumission, d'une adhésion ferme et constante, les vérités révélées et les enseignements du Christ. Il faut qu'il règne sur nos volontés : nous devons observer les lois et les commandements de Dieu. Il faut qu'il règne sur nos cœurs : nous devons sacrifier nos affections naturelles et aimer Dieu par-dessus toutes choses et nous attacher à lui seul. Il faut qu'il règne sur nos corps et sur nos membres : nous devons les faire servir d'instruments ou, pour emprunter le langage de l'Apôtre saint Paul, d'armes de justice offertes à Dieu pour entretenir la sainteté intérieure de nos âmes. Voilà des pensées qui, proposées à la réflexion des fidèles et considérées attentivement, les entraîneront aisément vers la perfection la plus élevée.

Plaise à Dieu, Vénérables Frères, que les hommes qui vivent hors de l'Eglise recherchent et acceptent pour leur salut le joug suave du Christ ! Quant à nous tous, qui, par un dessein de la divine miséricorde, habitons sa maison, fasse le ciel que nous portions ce joug non pas à contrecœur, mais ardemment, amoureusement, saintement ! Ainsi nous récolterons les heureux fruits d'une vie conforme aux lois du royaume divin. Reconnus par le Christ pour de bons et fidèles serviteurs de son royaume terrestre, nous participerons ensuite, avec lui, à la félicité et à la gloire sans fin de son royaume céleste. »


Du vénérable abbé H.M. Boudon,
De l’amour de Jésus Christ au Très Saint Sacrement de l’Autel, conclusion de l’ouvrage

            « …Ouvrons-nous donc, mon cœur, ouvrons-nous, éclatons d'amour, mourons d'amour ; perdons-nous, soyons pour jamais abîmés dans l'amour.
            Aimables Séraphins, embrasez-nous de vos feux !
            Incomparable Reine du pur amour, consumez-nous dans vos flammes, afin que, brûlés de toutes parts si saintement, nous puissions être des victimes à l'amour même, le grand et divin Roi Jésus au très saint Sacrement.
           
            Chacun fera ce qu'il voudra ; mais tant que j'aurai une mémoire, je penserai à l'amour de mon Dieu : tant que j'aurai un cœur, je l'aimerai : tant que j'aurai une langue, je prêcherai, j'irai partout publier les amours admirables de Jésus. Je crierai à tous les hommes, je dirai en toute occasion, qu'il ne faut plus vivre que de l'amour de Dieu seul, pour mourir uniquement dans la pureté de cet amour.

            Je veux finir tous mes discours, comme faisait le grand saint Ignace, lorsqu'il exhortait les peuples, en pressant tous les cœurs de se donner tout à l'amour, mais à l'amour de Dieu seul, car il suffit.

Finissons donc de la manière,
Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul ;
et il est doux, plus qu'on ne peut dire, de le répéter :
Dieu seul, Dieu seul, toujours Dieu seul,
à la vie, à la mort, après la mort. »

mercredi 16 novembre 2011

Prière à Saint Michel Archange pour nos chers Défunts



     GRAND SAINT MICHEL, vous que Dieu a chargé d'introduire au ciel les âmes des élus, je vous prie pour tous ceux que j'ai aimé et qui ne sont plus.
     Daignez les visiter, les assister et les secourir au milieu des flammes où ils brûlent, dans l'obscure prison où ils pleurent. Faites que Dieu les admette au plus tôt dans le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix.
     Et quand viendra pour mon âme, l'heure de descendre en ce sombre séjour, je vous en conjure, intercédez pour elle et venez la secourir. Ainsi soit-il.


Lux aeterna


Lux aeterna luceat eis, Domine, cum sanctis tuis in aeternam ; quia pius es. 
Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis.

Que la lumière, Seigneur, brille à jamais sur eux,avec tes Saints dans l'éternité ; car tu es bon. Donne-leur, Seigneur, le repos éternel,et que la lumière brille à jamais sur eux.


vendredi 11 novembre 2011

Saint Martin de Tours, apôtre des Gaules. De "La légende dorée" de Mgr de Voragine


     « Saint Martin, un jour de fête, allant à l’église, fut suivi par un pauvre qui était nu. Le saint ordonna à son archidiacre de revêtir cet indigent ; mais celui-là ayant tardé à le faire, Martin entra dans la sacristie, donna sa tunique au pauvre en lui commandant de sortir aussitôt. Or, comme l’archidiacre l’avertissait qu'il était temps de commencer les saints mystères, saint Martin répondit qu'il n'y pouvait aller avant que le pauvre n'eût reçu un habit. C'était de lui-même qu'il parlait. L'archidiacre qui ne comprenait pas, parce qu'il voyait saint Martin revêtu de sa chape de dessus, sans se douter qu'il eût été nu sur lui, répond qu'il n'y a pas de pauvre. Alors le saint dit : « Qu'on m’apporte un habit, et il n'y aura pas de pauvre à vêtir. » L'archidiacre fut forcé d'aller au marché et prenant pour cinq pièces d'argent une tunique sale et courte, qu'on appelle pénule, comme on dirait presque nulle, il la jeta en colère aux pieds de Martin, qui se retira à l’écart pour la mettre : or, les manches de la pénule n'allaient que jusqu'au coude et elle descendait seulement à ses genoux. Néanmoins, Martin s'avança ainsi revêtu pour célébrer la messe.

     Mais pendant le saint Sacrifice, un globe de feu apparut sur sa tête, et beaucoup de personnes l’y remarquèrent. C'est pour cela qu'on dit qu'il était l’égal des apôtres. A ce miracle, Maître Jean Beleth ajoute que le saint levant les mains vers Dieu à la préface de la messe, comme c'est la coutume, les manches de toile venant à retomber sur elles-mêmes, parce que ses bras n'étaient ni gros, ni gras et que la tunique dont il vient d'être parlé, n'allait que jusqu'aux coudes, ses bras restèrent nus. Alors des bracelets miraculeux, couverts d'or et de pierreries, sont apportés par des anges pour couvrir ses bras avec décence.

     (…) Martin connut longtemps d'avance l’époque de sa mort, qu'il révéla aussi à ses frères. Sur ces entrefaites, il visita la paroisse de Candé pour apaiser des querelles. Dans sa route, il vit, sur la rivière, des plongeons qui épiaient les poissons et qui en prenaient quelques-uns :  « C'est, dit-il, la figure des démons : ils cherchent à surprendre ceux qui ne sont point sur leur garde ; ils les prennent sans qu'ils s'en aperçoivent ; ils dévorent ceux qu'ils ont saisis ; et plus ils en dévorent moins ils sont rassasiés.» Alors il commanda à ces oiseaux de quitter ces eaux profondes et d'aller dans des pays déserts.

     Etant resté quelque temps dans cette paroisse, ses forces commencèrent à baisser, et il annonça à ses disciples que sa fin était prochaine. Alors tous se mirent à pleurer : « Père, lui dirent-ils, pourquoi nous quitter, et à qui confiez-vous des gens désolés ? Les loups ravisseurs se jetteront sur votre troupeau. » Martin, ému par leurs prières et par leurs larmes, se mit à prier ainsi en pleurant lui-même : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse point le travail ; que votre volonté soit faite. » Il balançait sur ce qu'il avait à préférer ; car il ne voulait pas les quitter comme aussi il ne voulait pas être séparé plus longtemps de Jésus-Christ. La fièvre l’ayant tourmenté pendant quelque temps, ses disciples le priaient de leur laisser mettre un peu de paille sur le lit où il était couché sur la cendre et sous le silice : « Il n'est pas convenable, mes enfants, leur dit-il, qu'un chrétien meure autrement que sous un silice et sur la cendre si je vous laisse un autre exemple, je suis un pécheur. » 

     Toujours les yeux et les mains élevés au ciel, il ne sait pas donner de relâche à son esprit infatigable dans la prière ; or, comme il était toujours étendu sur le dos et que ses prêtres le suppliaient de se soulager en changeant de position : « Laissez, dit-il, mes frères, laissez-moi regarder le ciel plutôt que la terre, afin que l’esprit se dirige vers le Seigneur. » Et en disant ces mots, il vit le diable auprès de lui : « Que fais-tu, ici, dit-il, bête cruelle ? tu ne trouveras en moi rien de mauvais : c'est le sein d'Abraham qui me recevra. » En disant ces mots, sous Ariade et Honorius, qui commencèrent à régner vers l’an du Seigneur 395, et de sa vie la quatre-vingt-unième, il rendit son esprit à Dieu. Le visage du saint devint resplendissant ; car il était déjà dans la gloire. Un chœur d'anges se fit entendre, dans l’endroit même, de beaucoup de personnes. 

     A son trépas les Poitevins comme les Tourangeaux se rassemblèrent, et il s'éleva entre eux une grande contestation. Les Poitevins disaient : « C'est un moine de notre pays ; nous réclamons ce qui nous a été confié. » Les Tourangeaux répliquaient : « Il vous a été enlevé, c'est Dieu qui nous l’a donné. » Mais au milieu de la nuit, les Poitevins s'endormirent tous sans exception ; alors les Tourangeaux faisant passer le corps du saint par une fenêtre, le transportèrent dans une barque, sur la Loire, jusqu'à la ville de Tours, avec une grande joie. Saint Séverin, évêque de Cologne, faisait par un dimanche, selon sa coutume, le tour des lieux saints, quand, à l’heure de la mort du saint homme, il entendit les Anges qui chantaient dans le ciel, et il appela l’archidiacre pour lui demander s'il entendait quelque chose. Sur sa réponse qu'il n'entendait rien, l’archevêque l’engagea à prêter une sérieuse attention ; il se mit donc à allonger le cou, à tendre les oreilles et à se tenir sur l’extrémité de ses pieds en se soutenant sur son bâton : Et tandis que l’archevêque priait pour lui, il dit qu'il entendait quelques voix dans le ciel, et l’archevêque lui dit : « C'est mon seigneur Martin qui est sorti de ce monde et en ce moment les anges le portent dans le ciel. Les diables se sont présentés aussi, et voulaient le retenir, mais ne trouvant rien en lui qui leur appartînt, ils se sont retirés confus. » Alors l’archidiacre prit note dit jour et de l’heure et il apprit qu'à cet instant saint Martin mourait. 

     Le moine Sévère, qui a écrit sa vie, s'étant endormi légèrement après matines, comme il le raconte lui-même dans une épître, vit lui apparaître saint Martin revêtu d'habits blancs, le visage en feu, les yeux étincelants, les cheveux comme de la pourpre et tenant, à la main droite le livre que Sévère avait écrit sur sa vie : et comme il le voyait monter au ciel, après l’avoir béni, et qu'il souhaitait y monter avec lui, il s'éveilla. Alors, des messagers vinrent lui apprendre que, saint Martin était mort cette nuit-là. »

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Prions le saint Evêque de bénir notre terre de France, particulièrement nos Evêques, nos diocèses et nos paroisses. Prions-le pour les successeurs des archidiacres, les Vicaires généraux. Puissent-ils être comme le vénérable Henri Marie Boudon. Et prions saint Martin pour nous-mêmes, que la divine Eucharistie que nous recevons avec foi et pureté de cœur nous donne de porter de saints fruits de charité chrétienne. 
Et en ce 11 novembre, n'oublions pas ceux qui, comme saint Martin de Tours, ont donné et donnent leur vie pour la paix.