jeudi 31 décembre 2020

Mère Mère de Dieu. Invoquons souvent le cœur maternel et immaculé de Notre Dame

Sainte Marie proclamée Mère de Dieu au saint Concile d'Ephèse (431)

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dieu seul ou le saint esclavage de l’admirable Mère de Dieu », chap. 3, Honorer arec toute sorte de respect la maternité divine, et l'amour incomparable du précieux cœur de la glorieuse Vierge

C'est une chose qui n'avait jamais été ouïe, dit le dévot saint Bernard, qu'une Vierge fût mère et vierge tout ensemble : mais si vous considérez de qui elle est Mère, où est-ce que nous portera l'admiration d'une si éminente dignité ? N'est-ce pas Marie, qui peut sans crainte appeler le Dieu et le Seigneur des anges, son fils, disant : Mon Fils, pourquoi avez-vous fait cela ? (Luc, II, 48) Qui est-ce des anges qui oserait parler de la sorte ? Mais Marie se connaissant mère, donne avec assurance le nom de fils à cette sublime Majesté que les anges adorent avec respect ; ce Dieu à qui les anges font hommage, à qui les principautés et puissances obéissent, était sujet à Marie, et non-seulement à Marie, mais aussi à Joseph pour l'amour de Marie.

Qu'une Vierge, poursuit ce Père, domine dessus un Dieu, c'est une sublimité qui n'a jamais eu et qui n'aura jamais de pareille. Mais toutes ces élévations si éminentes ont pris leur origine de ses humiliations abyssales : c'est par l'humilité qu'elle a conçu, disent les Pères, s'abîmant devant l'infinie majesté de Dieu, qui s'anéantissait pour nous dans ses pures entrailles au moment de l'incarnation : et ce fut pour lors qu'étant élevée à une dignité presque infinie par la qualité de Mère de Dieu, que le ciel lui donnait, elle ne prit que celle de sa servante, et l'on peut bien croire qu'elle choisit même le plus bas et vil degré de servitude, qui est celui de l'esclavage. Dieu ayant arrêté les yeux sur cette humilité de sa servante, comme elle le chante elle-même dans son divin cantique (Luc., I, 46 et seq.), c'est la cause pour laquelle toutes les nations la disent bienheureuse : mais plus grand bonheur, et qui est la source de toutes les autres faveurs dont le ciel l’a comblée, est sa maternité divine, qui, lui donnant la qualité de souveraine des anges et des hommes, de reine du ciel et de la terre, fait le fondement de la dévotion de son saint esclavage. C'est pourquoi tous ses esclaves doivent avoir tous les respects possibles pour sa maternité ; ils doivent vivre et mourir dans une dépendance très étroite d'une dignité si glorieuse ; invoquer souvent la très-sainte Vierge sous le nom de Mère de Dieu : qualité admirable, qui a fait le sujet de toutes les plus tendres et plus fortes affections des premiers fidèles, et de tous les plus zélés catholiques.

Les fidèles esclaves doivent de plus honorer grandement l'amour de cette mère de la belle dilection, et son cœur virginal, qui a été le siège de cet amour et le principe de la vie humaine et sensible du saint enfant Jésus, puisque pendant que l'enfant est dans le ventre de sa mère, le cœur de la mère est tellement la source de la vie de l'enfant, aussi bien que de sa propre vie, que la vie de l'enfant n'en dépend pas moins que celle de la mère. Cœur, principe de deux vies si nobles et si précieuses, principe de la vie très pure et très sainte de la Mère de Jésus, principe de la vie humainement divine, et divinement humaine du fils de Marie : cœur sur lequel le divin enfant Jésus a pris tant de fois son repos, qui par sa chaleur naturelle a produit et formé le très pur lait dont il a été nourri ; cœur, la partie la plus noble et la plus vénérable du corps virginal qui a donné un corps au Verbe éternel, qui sera éternellement l'objet des adorations de tous les esprits bienheureux. C'est ce qui donne à ce cœur, lorsqu'il est considéré non-seulement comme matériel et corporel, mais encore en tant qu'il signifie tout l'intérieur de l'admirable Vierge Mère de Dieu, des grandeurs qui sont entièrement ineffables : car je rencontre dans ce cœur l'amour des séraphins, la plénitude de la science chérubins, la paix des trônes, la grandeur des dominations, la force des puissances, le gouvernement des principautés, l'excellence des vertus, le soin, le zèle, la charité, la pureté des archanges et des anges. Ô cœur ! Que tu es admirable ! J'y trouve la justice des patriarches, la connaissance des prophètes, la religion d'Abel, la piété d'Enoch, l'a foi d'Abraham, l'obéissance d'Isaac, la constance de Jacob, le zèle de Moïse et d'Elie, et tous les plus fervents désirs des anciens Pères. Ô cœur glorieux, qui renferme en toi seul toutes les excellences et vertus de l'Ancien Testament ! Je remarque dans ce cœur la charité des apôtres, la force des martyrs, la fidélité des confesseurs, la pureté des vierges, la retraite des solitaires et toute la sainteté des âmes les plus éminentes. Ô cœur tout divin, rempli de toutes les grâces de la loi nouvelle ! Est totum quod vides, tout ce qui s'entend, tout ce qui se lit, tout ce qui se voit, tout ce qui y a de grand au ciel et en la terre, c'est ce cœur sacré et tout précieux. Ramassez en un toutes les lumières du soleil, de la lune et des étoiles ; mettez vous devant les yeux toutes les clartés des corps des bienheureux : ô mon Dieu quel spectacle ! Il n'y a point de corps de bienheureux qui n'ait plus de clarté que le soleil. Mais combien y en aura-t-il dans l'Empyrée ? Combien donc d'aimables soleils dans ce séjour de félicité ? Cependant ce cœur glorieux a plus lui seul de lumières. Figurez-vous toute la puissance des anges, dont un seul vaut plus qu'une armée, selon le témoignage de l'Écriture. Considérez la force du moindre des démons, qui n'ayant plus de grâce ne jouit plus que de ce qu'il a en sa nature, et ne laisse pas d'être terriblement redoutable ; méditez ensuite qu'elle doit être la puissance d'un bon ange, et de tous les saints anges ensemble ; ce grand et digne cœur est lui seul plus puissant. Joignez en eux tous les amours, ce cœur très aimant en a plus et pour Dieu et pour les hommes : Est totum quod vides, et totum quod non vides. Hélas ! après avoir tout dit, nous n'avons rien dit encore. Ce cœur n'aime pas comme les séraphins, ne connaît pas comme les chérubins, n'est pas saint comme les plus grands saints, puisque tous ces amours, toutes ces lumières, toutes ces saintetés ne sont que des amours, des lumières et des saintetés de serviteurs ou d'amis ; mais les grandeurs de Marie sont des grandeurs d'une mère qui a pour fils un Dieu : et ces grandeurs sont plus hautes que le ciel, plus profondes que les abîmes, plus larges que la région des airs, et aussi longues que l'éternité même. Il n'y a que celui-là seul qui l'a faite, qui la connaisse pleinement. Si l'on mettait d'un coté ce cœur virginal, et de l'autre tous les anges et tous les saints ensemble, ce seul cœur, le très uniquement unique cœur entre tous les bons cœurs des pures créatures l'emporterait. Dieu fait plus d'état de lui seul, Dieu en est plus glorifié, et il est plus cher à Dieu.

Ah ! Cœur donc la merveille de tous les cœurs ! Ah ! Cœur dont l'amour est le miracle de tous les amours ! Cœur le plus ravissant de tous les cœurs, puisque tu as ravi le cœur du Père éternel, son Fils bien-aimé ; cœur, le roi de tous les cœurs, puisque tu es le cœur de la Mère d'un Dieu ; cœur béni entre tous les cœurs, puisque tu es une source inépuisable de bénédictions ; cœur le plus obligeant de tous les cœurs après l'incomparable cœur de Jésus, puisque les obligations que nous lui avons, sont presque infinies et en quantité et en qualité. Qu'un chacun porte ses dévotions où il voudra : pour moi, j'entends qu'après mon Dieu, ô aimable, ô doux, ô ravissant objet, tous les désirs qui s'écloront dans mon cœur, tous les mouvements qui s'élèveront dans mon âme, tous les actes qui se formeront dans ma volonté, toutes mes actions soient consacrées à ta gloire pour la gloire de Jésus, qui doit lui seul être aimé et loué en tous les amours et en toutes les louanges.

Ô cœur inestimable ! Je t'aime plus que mes yeux, plus que mon cœur, plus que ma propre vie, plus que les anges, plus que les saints. Mais c'est ici, mon cœur, où il faut s'élargir dans l'aveu que ce cœur mérite plus d'amour que tous les cœurs, puisqu'il y a plus de Dieu seul. Repassons par notre esprit, considérons toutes les dévotions des âmes les plus ferventes de l'ancienne et de la nouvelle loi. Quel zèle pour les saints anges, quelle ferveur pour tant de saints et de saintes dans les cœurs de leurs dévots ! Mettons en suite et joignons ensemble tout ce zèle, toutes ces ferveurs, ce n'est pas encore assez pour ce cœur admirable, qui mérite l'empire de tous les cœurs. S'ils étaient tous en mon pouvoir, ils en deviendraient bientôt la conquête, ils en seraient bientôt les esclaves, puisque Dieu même s'y est bien voulu assujettir : et c'est ce qui l'a rendu un abîme de grâces, qui contient en soi un nombre presque infini de toutes sortes de bénédictions. Il faudrait être sans cœur pour ne pas honorer d'une manière très spéciale ce cœur maternel de notre très bonne mère et très glorieuse dame, particulièrement après que Notre-Seigneur a bien voulu de sa propre bouche en enseigner la dévotion, en la personne de sainte Mathilde, de l'ordre de Saint-Benoit, qui, étant en peine quelle dévotion elle pratiquerait pour se rendre plus agréable à la très sainte Vierge, cet adorable Sauveur lui apprit à saluer son béni cœur. Le bienheureux Herman, de l'ordre de Saint-Dominique, l'honorait tous les jours par quelque pratique pieuse : sainte Gertrude lui était singulièrement dévote.



lundi 28 décembre 2020

Saints Innocents d'hier et d'aujourd'hui, ayez pitié, pardonnez nous et intercédez pour notre conversion

 

Fuite en Egypte, aquarelle

Massacre des saints Innocents à Bethléem

Du Pape François Ier 

 

Jésus est présent et caché dans ces jeunes, dans ces enfants, dans ces personnes.

Sur l’autel, nous adorons la Chair de Jésus : en eux, nous trouvons les plaies de Jésus. Jésus caché dans l’Eucharistie et Jésus caché dans ces plaies. Elles ont besoin d’être écoutées ! Sans doute pas tant sur les journaux, comme des nouvelles ; c’est une écoute qui dure un, deux, trois jours, et puis en vient une autre, et encore une autre... Elles doivent être écoutées par ceux qui se disent chrétiens.

Le chrétien adore Jésus, le chrétien cherche Jésus, le chrétien sait reconnaître les plaies de Jésus. Et aujourd’hui, nous tous ici, avons la nécessité de dire : « Ces blessures doivent être écoutées ! ». Mais c’est une autre chose qui nous donne l’espérance. Jésus est présent dans l’Eucharistie, là se trouve la Chair de Jésus ; Jésus est présent parmi vous, c’est la Chair de Jésus : ce sont les plaies de Jésus dans ces personnes.

La société hélas est polluée par la culture du rebut qui s'oppose à la culture de l'accueil. Et les victimes de la culture du rebut sont précisément les personnes les plus faibles.



dimanche 27 décembre 2020

Sainte Famille de Nazareth, priez pour nous, nos familles, la sainte Eglise, notre pays

 

Nativité de la Renaissance

De Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, « Carnet jaune », 20 août 1897, n.14

Que ce sera gentil de connaître au Ciel tout ce qui s'est passé dans la Sainte Famille !

Quand le petit Jésus commença à grandir, peut-être qu'en voyant jeûner la Sainte Vierge, il lui disait : « Moi je voudrais bien jeûner aussi. » Et la Sainte Vierge répondait : « Non, mon petit Jésus, tu es trop petit encore, tu n'as pas la force. » Ou bien peut-être n'osait-elle pas l'en empêcher.

Et le bon St Joseph ! Oh ! que je l’aime ! Lui ne pouvait pas jeûner à cause de ses travaux. Je le vois raboter, puis s'essuyer le front de temps en temps. Oh ! qu'il me fait pitié ! Comme il me semble que leur vie était simple !

Les femmes du pays venaient parler à la Sainte Vierge familièrement. Quelquefois elles lui demandaient de leur confier son petit Jésus pour aller jouer avec leurs enfants. Et le petit Jésus regardait la Sainte Vierge pour savoir s'il devait y aller. Quelquefois même les bonnes femmes allaient tout droit à l'Enfant Jésus et lui disaient sans cérémonie : « Viens jouer avec mon petit garçon » etc...

Ce qui me fait du bien quand je pense à la Sainte Famille, c'est de m'imaginer une vie toute ordinaire. Pas tout ce qu'on nous raconte, tout ce qu'on suppose. Par exemple que l'Enfant Jésus après avoir pétri des oiseaux de terre soufflait dessus et leur donnait la vie. Ah ! mais non, le petit Jésus ne faisait pas de miracles inutiles comme ça, même pour faire plaisir à sa Mère. Ou bien alors pourquoi n'ont-ils pas été transportés en Egypte par un miracle qui eût été autrement nécessaire et si facile au bon Dieu. En un clin d'œil, ils auraient été rendus là. Mais non, tout dans leur vie s'est fait comme dans la nôtre. Et combien de peines, de déceptions ! Combien de fois a-t-on fait des reproches au bon St Joseph ! Combien de fois a-t-on refusé de payer son travail ! Oh ! comme on serait étonné si on savait tout ce qu'ils ont souffert ! etc… etc

[Elle m'a parlé très longuement sur ce sujet et je n'ai pu tout écrire.]

 

Noël en famille

samedi 26 décembre 2020

Prière à la crèche

La crèche de S. François d'Assise

O Saint Enfant-Jésus

qui répandez vos grâces sur ceux qui vous invoquent,
regardez-nous prosternés devant votre sainte image
et écoutez notre prière.

Nous vous recommandons tous les nécessiteux
qui se confient à votre Divin Cœur.

Etendez sur eux votre main toute-puissante
et venez au secours de leur indigence.

Etendez la main sur les malades
pour les guérir et sanctifier leurs peines ;
sur les affligés pour les consoler ;
sur les pécheurs pour les attirer
à la lumière de votre grâce ;
sur ceux qui, accablés par la douleur et la misère,
invoquent avec confiance votre  aide pleine d’amour.

Etendez la main encore sur nous pour nous bénir,

bénir ceux que l'on aime.

Accordez ô Petit Roi,
les trésors de votre miséricorde au monde entier
et gardez-nous maintenant et toujours
dans la grâce de votre  amour !

Amen.

 


vendredi 25 décembre 2020

Joyeux et saint Noël à tous !



L'Archiconfrérie des Saints Anges et du Très Saint Sacrement de l'Autel est heureuse de vous souhaiter un saint, un beau, un joyeux Noël !

En ces temps difficiles que nous avons traversés nous avons pu mesurer combien la plus grande des grâces est d'être chrétien : disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ, comblés des dons du Saint Esprit, enfants adoptifs de Dieu notre Père depuis le jour de notre baptême.

Rendons gloire à l'adorable et très sainte Trinité qui nous a élue pour vivre au milieu de l'assemblée céleste pour l'éternité. Accueillons le Fils de Dieu venu dans la chair pour nous sauver. Remercions Notre Dame et Saint Joseph pour le Don qu'ils font au monde entier en nous offrant le Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Saint et joyeux NOËL !

Carlo Maratta, Sainte Vierge Marie, Théotokos

Conseils de Saint Charles de Foucauld à sa sœur, dans une lettre de Terre Sainte, où il résidait alors, datée du 17 décembre 1898

Bon Noël, bonne année, ma chérie, à toi et à tous tes enfants.

Je prierai l’Enfant Jésus pour vous tous en cette belle nuit de Noël. Te rappelles-tu les Noëls de l’enfance ? J’espère que tu fais à tes enfants une crèche et un arbre. Ce sont des souvenirs, qui font du bien toute la vie.

Ann Macbeth, la Nativité aux Anges

Tout ce qui fait aimer Jésus, tout ce qui fait aimer le foyer paternel est si salutaire ! Ces joies de l’enfance, où s’unit la religion dans ce qu’elle a de plus doux à la vie de famille dans ce qu’elle a de plus attendrissant, font un bien qui dure jusqu’à la vieillesse. Mais, il y aura des Noëls plus beaux encore, ce seront ceux du Ciel.

Ma chérie, fais à tes enfants une belle crèche et un bel arbre et un beau Noël, et fais tout ton possible pour que leurs fêtes de Noël leur soient douces, douces, leur laissant ce souvenir ineffaçable d’une suavité infinie. Mais, surtout, prépare-leur un beau Noël au Ciel, en te sanctifiant le plus possible et en les élevant non pour être du monde, cela ne vaut pas la peine ; le monde passe trop vite et il n’est d’ailleurs pas digne de nous, il ne mérite pas notre estime, ni même nos regards.

Nous sommes faits pour mieux que cela ; notre cœur a soif de plus d’amour que le monde ne peut lui en donner ; notre esprit a soif de plus de vérité que le monde ne peut lui en montrer ; tout notre être a soif d’une vie plus longue que celle que la terre peut lui faire espérer ; n’élève pas tes enfants pour ce qui est méprisable.


Crèche vivante à Gaza


mercredi 23 décembre 2020

Montons à Bethléem !

 


Saint Grégoire de Nysse, Sermon sur la Nativité

« Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David »

Frères, avertis du miracle, comme Moïse allons voir cette chose extraordinaire (Ex 3,3) : en Marie, le buisson embrasé ne se consume pas ; la Vierge enfante la Lumière sans subir d'atteinte. (...) Courons donc à Bethléem, le bourg de la Bonne Nouvelle !

Si nous sommes de vrais bergers, si nous demeurons éveillés en notre garde, c'est à nous que s'adresse la voix des anges qui annoncent une grande joie (...) : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, car la paix descend sur la terre ! » Là où, hier, il n'y avait plus que malédiction, théâtres de guerre et exil, voici que la terre reçoit la paix, car aujourd'hui « la vérité sort de la terre et la justice vient du ciel » (Ps 85,12). Voilà le fruit que la terre donne aux hommes, en récompense de la bonne volonté qui règne chez les hommes (Lc 2,14).

Dieu s'unit à l'homme pour élever l'homme jusqu'à la hauteur de Dieu. À cette nouvelle, frères, partons pour Bethléem afin de contempler (...) le mystère de la crèche : un petit enfant enveloppé de langes repose dans une mangeoire.

Vierge après son enfantement, la Mère incorruptible embrasse son fils. Avec les bergers répétons la parole du prophète : « Ce qu'on nous avait annoncé, nous l'avons vu dans la cité de notre Dieu » (Ps 47,9).

Mais pourquoi est-ce que le Seigneur cherche refuge dans cette grotte de Bethléem ? Pourquoi dormir dans une mangeoire ? Pourquoi se mêler au recensement d'Israël ? Frères, celui qui apporte au monde la libération vient naître dans notre esclavage à la mort. Il naît dans cette grotte pour se montrer aux hommes plongés dans les ténèbres et l'ombre de la mort. Il est couché dans une mangeoire parce que il est Celui qui fait croître l'herbe pour le bétail (Ps 103,14), c'est lui le Pain de Vie qui nourrit l'homme d'un aliment spirituel pour qu'il vive lui aussi dans l'Esprit. (...)

Quelle fête plus heureuse que celle d'aujourd'hui ? Christ, Soleil de justice (Ml 3,20), vient éclairer notre nuit. Ce qui était tombé se relève, ce qui était vaincu est libéré (...), ce qui était mort revient à la vie. (...) Aujourd'hui, chantons tous d'une seule voix, sur toute la terre : « Par un homme, Adam, était venu la mort ; par l'homme, aujourd'hui vient le salut » (cf Rm 5,17).

dimanche 20 décembre 2020

4e dimanche de l'Avent, confions-nous à Notre-Dame du Oui



Notre Dame, qui par votre « oui » avez changé la face du monde, prenez en pitié ceux qui veulent dire « oui » pour toujours.

Vous qui savez à quel prix ce mot s’achète et se tient, obtenez-nous de ne pas reculer devant ce qu’il exige de nous.

Apprenez-nous à le dire comme vous dans l’humilité, la pureté, la simplicité et l’abandon à la volonté du Père.

Faites que tout au long de notre vie les « oui » que nous dirons après celui-là ne soient pas autre chose qu’un moyen d’adhérer encore plus parfaitement à la volonté de Dieu pour notre salut et celui du monde entier. Amen.




vendredi 18 décembre 2020

Pour se préparer à Noël, demeurons humbles et petits pour accueillir le Roi des rois

 Messe avec les membres de la commission théologique internationale, Homélie de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, Chapelle Pauline, le mardi 1er décembre 2009

Chers frères et sœurs, 

Les paroles du Seigneur, que nous venons d’entendre dans le passage évangélique, constituent un défi pour nous théologiens, ou peut-être, pour mieux dire, une invitation à un examen de conscience: qu’est-ce que la théologie? Que sommes-nous, nous les théologiens? Comment bien faire de la théologie? Nous avons entendu que le Seigneur loue le Père, car il a caché le grand mystère du Fils, le mystère trinitaire, le mystère christologique, aux sages, aux savants — ceux-ci ne l’ont pas reconnu —, mais il l’a révélé aux petits, aux nèpioi, à ceux qui ne sont pas savants, qui n’ont pas une grande culture. C’est à eux qu’a été révélé ce grand mystère.

Avec ces mots, le Seigneur décrit simplement un fait de sa vie; un fait qui commence déjà au temps de sa naissance, lorsque les Rois mages d’Orient demandent à ceux qui sont compétents, aux scribes, aux exégètes le lieu de la naissance du Sauveur, du Roi d’Israël. Les scribes le savent, car ce sont de grands spécialistes; ils peuvent dire immédiatement où naît le Messie: à Bethléem! Mais ils ne se sentent pas invités à y aller: pour eux, cela reste une connaissance académique, qui ne touche pas leur vie; ils restent en dehors. Ils peuvent donner des informations, mais l’information ne devient pas formation de leur propre vie.

Ensuite, au cours de toute la vie publique du Seigneur, nous trouvons la même chose. Il est impossible aux savants de comprendre que cet homme qui n’est pas savant, galiléen, puisse être réellement le Fils de Dieu. Il reste inacceptable pour eux que Dieu, le grand, l’unique, le Dieu du ciel et de la terre, puisse être présent chez cet homme. Tous savent, connaissent également Isaïe 53, toutes les grandes prophéties, mais le mystère reste caché. Il est en revanche révélé aux petits, à commencer par la Vierge, jusqu’aux pêcheurs du lac de Galilée. Ils reconnaissent, de même que le capitaine romain sous la croix reconnaît: celui-ci est le Fils de Dieu!

Les faits essentiels de la vie de Jésus n’appartiennent pas seulement au passé, mais sont présents, de manière différente, dans toutes les générations. Et ainsi, à notre époque également, au cours des 200 dernières années, nous observons la même chose. Il y a de grands sages, de grands spécialistes, de grands théologiens, des maîtres de la foi, qui nous ont enseigné de nombreuses choses. Ils ont pénétré dans les détails de l’Ecriture Sainte, de l’histoire du salut, mais ils n’ont pas pu voir le mystère lui-même, le véritable noyau: que Jésus était réellement le Fils de Dieu, que le Dieu trinitaire entre dans notre histoire, à un moment historique déterminé, dans un homme comme nous. L’essentiel est resté caché! On pourrait facilement citer de grands noms de l’histoire de la théologie de ces deux cents ans, dont nous avons beaucoup appris, mais le mystère ne s’est pas ouvert aux yeux de leur cœur.

En revanche, il y a aussi à notre époque des petits qui ont connu ce mystère. Nous pensons à sainte Bernadette Soubirous; à sainte Thérèse de Lisieux, avec sa nouvelle lecture de la Bible « non scientifique », mais qui entre dans le cœur de l’Ecriture Sainte; jusqu’aux saints et bienheureux de notre époque: sainte Joséphine Bakhita, la bienheureuse Teresa de Calcutta, saint Damien de Veuster. Nous pourrions en citer tant!

Mais de tout cela naît la question: pourquoi en est-il ainsi? Le christianisme est-il la religion des sots, des personnes sans culture, non formées? La foi s’éteint-elle là où la raison se réveille? Comment cela s’explique-t-il? Peut-être devons-nous encore une fois regarder l’histoire. Ce que Jésus a dit, ce que l’on peut observer au cours de tous les siècles, reste vrai. Mais il y a toutefois une « espèce » de petits qui sont également savants. Sous la croix se trouve la Vierge, l’humble servante de Dieu et la grande femme illuminée par Dieu. Et il y a également Jean, pêcheur du lac de Galilée, mais c’est ce Jean qui sera justement appelé par l’Eglise « le théologien », car il a réellement su voir le mystère de Dieu et l’annoncer: avec un œil d’aigle, il est entré dans la lumière inaccessible du mystère divin. Ainsi, après sa résurrection également, le Seigneur, sur le chemin de Damas, touche le cœur de Saul, qui est l’un des savants qui ne voient pas. Lui-même, dans la première Lettre à Timothée, se définit « ignorant » à cette époque, malgré sa science. Mais le Ressuscité le touche: il devient aveugle et, dans le même temps, il devient réellement voyant, il commence à voir. Le grand sage devient un petit, et c’est précisément pour cela qu’il voit la folie de Dieu qui est sagesse, une sagesse plus grande que toutes les sagesses humaines.

Nous pourrions continuer à lire toute l’histoire de cette manière. Une dernière observation encore. Ces sages savants, sofòi et sinetòi, dans la première lecture, apparaissent d’une autre manière. Ici sofìa et sìnesis sont des dons de l’Esprit Saint qui reposent sur le Messie, sur le Christ. Qu’est-ce que cela signifie? Il apparaît qu’il existe un double usage de la raison et une double façon d’être sages ou petits. Il y a une manière d’utiliser la raison qui est autonome, qui se place au-dessus de Dieu, dans tout l’éventail des sciences, en commençant par les sciences naturelles, où une méthode adaptée pour la recherche de la matière est universalisée: Dieu n’a rien à voir dans cette méthode, donc Dieu y est absent. Et, enfin, il en est également de même en théologie: on pêche dans les eaux de l’Ecriture Sainte avec un filet qui ne permet de prendre que des poissons d’une certaine taille; tout ce qui dépasse cette taille ne peut pas entrer dans le filet et donc ne peut pas exister. Ainsi, le grand mystère de Jésus, du Fils qui s’est fait homme, se réduit à un Jésus historique: une figure tragique, un fantôme sans chair ni os, un homme qui est resté dans le sépulcre, qui s’est corrompu et qui est réellement mort. La méthode sait « attraper » certains poissons, mais exclut le grand mystère, car l’homme se fait lui-même la mesure: il a cette prétention, qui dans le même temps est une grande sottise, car elle rend absolues certaines méthodes qui ne sont pas adaptées aux grandes réalités; elle s’inscrit dans cet esprit académique que nous avons vu chez les scribes, qui répondent aux Rois mages: cela ne me concerne pas; je reste enfermé dans mon existence, qui n’est pas touchée. C’est la spécialisation qui voit tous les détails, mais qui ne voit plus la totalité.

Et il y a l’autre manière d’utiliser la raison, d’être sages, celle de l’homme qui reconnaît qui il est; et qui reconnaît sa propre mesure et la grandeur de Dieu, en s’ouvrant dans l’humilité à la nouveauté de l’action de Dieu. Ainsi, précisément en acceptant sa propre petitesse, en se faisant petit comme il l’est réellement, il arrive à la vérité. De cette manière, la raison aussi peut exprimer toutes ses possibilités, elle n’est pas éteinte, mais elle s’élargit, elle devient plus grande. Il s’agit d’une autre sofìa et sìnesis, qui n’exclut pas du mystère, mais qui est précisément communion avec le Seigneur dans lequel reposent savoir et sagesse, et leur vérité.

En ce moment, nous voulons prier pour que le Seigneur nous donne la véritable humilité. Qu’il nous donne la grâce d’être petits pour pouvoir être réellement sages; qu’il nous illumine, qu’il nous fasse voir son mystère de la joie de l’Esprit Saint, qu’il nous aide à être de véritables théologiens, qui puissent annoncer son mystère car ils ont été touchés dans la profondeur de leur cœur, de leur existence. Amen.



mardi 15 décembre 2020

Préparer tout autant son corps que son âme à Noël

Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem sous la neige

Saint Jean de Shanghai, “Sermons et Homélies”

Vous ne pouvez pas préparer Noël et vous amuser en même temps.

Tout d'abord, nous devons nous rappeler quotidiennement le jour où le Fils de Dieu lui-même est apparu miraculeusement sur la terre en tant que bébé. En regardant Bethléem, nous devons nous rendre compte à quel point nos routines quotidiennes sont banales et risibles par rapport à la splendeur du festin à venir. Avant les vacances, nous devrions mettre de côté toutes les haines, toutes les malveillances et faire de notre mieux pour être aimables, même avec ceux avec qui nous avons rompu et dont nous nous opposons aux actes. Rappelons-nous que les gentils parents aiment leurs enfants désobéissants, même s'ils les punissent parfois. Nous sommes tous des enfants de notre Père céleste!

Nous devrions observer le jeûne établi par l'Église. C’est grâce à cette aide que nous pourrons garder nos passions à distance en évitant à la fois les aliments interdits et les divertissements. Nous ne devons absolument pas négliger le jeûne, même quand il y a des gens autour de nous qui célèbrent la fête de la Nativité à leur manière.

Jésus-Christ n'est pas né deux fois. Il est né de la Vierge Marie juste une fois. Vous ne pouvez pas vous préparer pour Noël et vous amuser en même temps, donc piétinez essentiellement les traditions et les règles établies par l'Église! Ce n'est pas une façon de célébrer la première venue du Christ sur cette terre. C'est une façon de gâter notre envie de nous amuser, ce qui ne nous profite pas du tout.

Préparons-nous pour le jour où la chorale chantera solennellement ‘‘Ta nativité, ô Christ notre Dieu, a montré au monde la lumière de la sagesse’’. C'est alors que nous ressentirons la joie de la Nativité. C'est à ce moment-là que nos âmes arriveront à Bethléem et que notre cœur accueillera Christ.


dimanche 13 décembre 2020

Gaudete - Soyez toujours dans la joie car le Seigneur vient !

Le Christ, la vraie lumière du monde.

Homélie d'Angélus de Benoît XVI, 11 décembre 2011 (14/12/2014)

 

Chers frères et sœurs ;

Les textes liturgiques de cette période de l'Avent nous renouvellent l'invitation à vivre dans l'attente de Jésus, à ne pas cesser d'attendre sa venue, afin de garder une attitude d'ouverture et de disponibilité à la rencontre avec Lui. La vigilance du cœur, que le chrétien est appelé à toujours exercer, dans la vie de tous les jours, caractérise particulièrement ce temps où nous nous préparons avec joie au mystère de Noël.

L'environnement extérieur offre les messages habituels de nature commerciale, peut-être à un degré moindre en raison de la crise économique. Le chrétien est appelé à vivre l'Avent sans se laisser distraire par les lumières, mais en sachant donner aux choses leur juste valeur, pour fixer le regard intérieur sur le Christ. En effet, si nous persévérons «vigilants dans la prière et exultants dans la louange» , nos yeux seront capables de reconnaître en Lui la vraie lumière du monde, qui vient éclairer nos ténèbres.
En particulier, la liturgie de ce dimanche, appelé « Gaudete », nous invite à la joie, à une vigilance non pas triste, mais joyeuse; « Gaudete in Domino semper »- écrit saint Paul: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » ( Phil. 4.4). 

La vraie joie n'est pas le résultat de se divertir, entendu au sens étymologique du mot di-vertere, c'est-à-dire s'extraire des devoirs de la vie et de ses responsabilités. La vraie joie est liée à quelque chose de plus profond. Bien sûr, dans les rythmes quotidiens, souvent frénétiques, il est important de trouver des espaces de temps pour le repos, la détente, mais la vraie joie est liée à la relation avec Dieu. Celui qui a rencontré le Christ dans sa propre vie, expérimente dans son cœur une sérénité et une joie que rien ni personne ne lui peut enlever. Saint Augustin l'avait très bien compris: dans sa recherche de la vérité, de la paix, de la joie, après avoir essayé en vain beaucoup de choses, conclut par l'expression célèbre que le cœur de l'homme est agité, ne peut pas trouver la sérénité et la paix jusqu'à ce qu'il repose en Dieu (cf. Confessions , I, 1.1).

La vraie joie n'est pas seulement une humeur passagère, ni quelque chose que l'on peut atteindre par ses propres efforts, mais c'est un don, elle naît de la rencontre avec la personne vivante de Jésus, de lui faire de la place en nous, d'accueillir l'Esprit Saint qui guide nos vies. C'est l'invitation de l'apôtre Paul, qui dit: « Que le Dieu de la paix vous sanctifie totalement, et que toute votre personne, esprit, âme et corps, soit conservée irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Thessaloniciens 5.23).

En ce temps de l'Avent, renforçons la certitude que le Seigneur est venu parmi nous et renouvelle sans cesse sa présence d'encouragement, d'amour et de joie. Ayons foi en lui; comme le dit encore saint Augustin, à la lumière de son expérience: le Seigneur est plus proche de nous que nous ne le sommes de nous-mêmes - « “interior intimo meo et superior summo meo” »( Confessions , III, 6 , 11).

Confions notre chemin à la Vierge Immaculée, dont l'esprit a exulté en Dieu, le Sauveur. Qu'elle guide nos cœurs dans l'attente joyeuse de la venue de Jésus, une attente riche de prière et d'œuvres bonnes.




samedi 12 décembre 2020

Notre Dame de Guadalupe

 


PRIÈRE POUR LES ENFANTS À NAÎTRE ET LEURS DÉFENSEURS

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit,

Par l'intercession de Notre-Dame,
de Saint Joseph
et de toute la cour céleste,
préservez les enfants à naître
et leurs défenseurs
de toutes les forces du mal.
Illuminez de Votre Lumière
les cœurs des femmes enceintes
et fortifiez-les de Votre Amour.
Obtenez la conversion
des ennemis de la vie,
nous vous en prions.
Ainsi soit-il.


Notre-Dame de Guadalupe, qui portez
en vous l'Enfant-Jésus, exaucez nous !



mercredi 9 décembre 2020

O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dieu seul ou le saint esclavage de

l’admirable Mère de Dieu », Chap. 2, Avoir une dévotion particulière à l'immaculée Conception de la très pure Vierge

Si sainte Brigitte, au livre VIe de ses Révélations, déclare que la bienheureuse Vierge lui a manifesté que Dieu avait permis que plusieurs personnes pieuses avaient douté de la vérité de son Immaculée Conception, afin de donner plus de lieu à ses dévots de faire paraître leur zèle en un sujet qui lui était si glorieux, quoique la vérité en fût cachée à quelques-uns qui le révoquaient en doute ; il n’y a point à délibérer pour ses esclaves en cette rencontre, qui doivent faire une haute profession de soutenir tout ce qui regarde la gloire de leur bonne maîtresse. Et c'est une maxime enseignée par les plus saints et plus braves théologiens que nous devons accorder à la Mère de Dieu tous les privilèges qui lui peuvent être donnés sans préjudice de la foi. Nous avons dit que le véritable esclave est autant que l'on peut être selon Dieu à la divine Marie : il faut donc qu'il soit pour sa Conception Immaculée, il doit en soutenir hautement la vérité en toutes sortes d'occasions, il doit se déclarer ouvertement et en public et dans le particulier pour ce mystère, qui doit être le sujet de sa dévotion particulière, en faisant la fête avec toute la solennité possible, en s'y préparant par des pratiques spéciales d'une vertu solide, et en l'honorant souvent le long de l'année par les dévotions que l'amour de sa chère mère lui inspirera. Ce n'est pas de merveille, si lorsque l'on considère une personne, on demeure d'accord touchant ses intérêts de toutes les choses où tout le monde ne trouve aucune difficulté ; mais c'est lui rendre des témoignages d'une amitié sincère, de prendre son parti dans une cause fâcheuse, où elle est puissamment combattue. Disons de même, qu'il ne faut pas s'étonner si des catholiques honorent la très sainte Vierge en des mystères qu'ils sont obligés de croire par la foi, s'ils célèbrent des fêtes qui sont reçues des schismatiques même, comme celles de l'Annonciation que les Moscovites solennisent avec des respects tout extraordinaires, quoiqu'ils ne reçoivent pas les autres fêtes des mystères de Notre-Seigneur. Les marques d'un zèle véritable que l'on peut donner, doivent paraître en une matière qui est contestée : et nous devons nous réjouir de la liberté qui nous est accordée, pour avoir lieu de témoigner à notre divine princesse notre bonne volonté. Comme c'est elle qui a détruit toutes les hérésies, selon que le chante l'Église ; c'est le propre des hérétiques de s'opposer aux honneurs qui lui sont rendus par les fidèles. Dans le dernier siècle, le misérable Luther osait bien dire que les fêtes de la très sainte Vierge lui déplaisaient beaucoup ; mais surtout la fête de sa très pure Conception. C'est ce qui doit animer le zèle de ses dévots, dont l'ardeur se doit redoubler par les contradictions de l'enfer et de ses suppôts : aussi voyons-nous que le Saint-Esprit inspire plus que jamais la dévotion de l'Immaculée Conception dans le cœur des fidèles.

Le roi catholique Philippe III obtint de Paul V par ses ambassadeurs, qu'il avait envoyés tout exprès, une bulle par laquelle il était défendu de soutenir dans les sermons, leçons, ou autres actes publics, l'opinion contraire à l'Immaculée Conception : mais il n'est pas possible d'exprimer la joie de tout le royaume d'Espagne à la nouvelle de la bulle : il fit une grande fête depuis le 6 d'octobre jusqu'au 8 de décembre, partout l'on faisait des processions solennelles en actions de grâces, ce n'était que feux de joie de tous côtés, c'était une réjouissance publique de toute sorte d'états et de conditions, qui tâchaient de faire paraître à l'envi l'un de l'autre leur amour pour les intérêts de la souveraine du ciel et de la terre. Grand nombre de princes, plusieurs universités, quantité de chapitres, de collèges et de confréries s'obligèrent par vœu de ne dire jamais rien de contraire à la vérité de ce privilège de la Mère de Dieu ; mais de le croire inviolablement jusqu'au dernier soupir de leur vie, autant que l'Église le permettait. L'on en institua la confrérie, que Charles-Quint avait déjà fait établir en d'autres lieux, où le roi, les princes et princesses, les ducs, marquis, comtes, et enfin les plus grands du royaume, plusieurs universités, collèges, cent quatre-vingt monastères, et plus de vingt mille hommes ayant donné leur nom, ils firent tous vœu de soutenir l'Immaculée Conception ; le roi catholique embrassant cette dévotion avec une telle ferveur qu'il serait allé volontiers à pied à Rome, s'il avait cru pouvoir obtenir quelque chose de plus du Saint-Siège en faveur de ce mystère. Philippe IV, digne héritier du zèle d'un roi si pieux, aussi bien que de ses États, impétra de Grégoire XV, l'an 1622, une bulle par laquelle il était défendu non-seulement, comme en la précédente, de soutenir l'opinion contraire dans les actes publics, mais encore dans les entretiens particuliers : et à présent cette dévotion s'est tellement augmentée en ce royaume catholique que la plupart des prédicateurs commencent leurs sermons par ces saintes paroles : Loué soit à jamais le très saint Sacrement de l'autel et l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu.

Il y a déjà longtemps que notre France s'est déclarée pour le glorieux privilège de celle qu'elle reconnaît pour sa puissante protectrice, étant plus que jamais en sa dépendance, à raison du vœu et de la donation que lui en a faite le feu roi Louis le Juste (XIII), de glorieuse mémoire, renouvelée et confirmée par le roi Louis Dieu-Donné (XIV), à présent régnant, et ratifiée et acceptée par tous ses sujets catholiques. Sa plus florissante université n'accorde la qualité de docteur qu'à condition de défendre un privilège si avantageux à la mère de toute la science des saints : et ces années dernières l'on a vu dans la capitale du royaume une maison de saintes religieuses établies par la piété de notre grande reine, qui sont toutes dédiées en l'honneur de la très pure Conception, après la solennité d'une grande fête, suivie d'octave, dans laquelle pendant tous les jours de ladite octave plusieurs princes de l'Église et autres fameux prédicateurs publiaient les grandeurs, aussi bien que la vérité du mystère.

Il est bien difficile d'en douter à celui qui considérera que la très sainte Vierge, si elle n'avait été exempte de péché originel, aurait été sujette du démon : car quelle apparence que celle qui devait briser la tête du serpent infernal en fût l'esclave ? Quelle apparence que celle qui devait triompher avec tant de gloire de enfer, y fût assujettie ? Non, dit un ancien Père, la justice ne permettait pas que ce vaisseau d'élite fût déshonoré par des misères qui sont communes au reste des hommes. Mais peut-on croire, que si dans la terre où il y a si peu d'ordre, les maitres cependant y sont préférés aux valets, les rois à leurs sujets ; que dans le ciel l'on considère davantage les serviteurs, que celle qui en est l'auguste reine ? Si Marie a été sujette au péché originel, il faut dire qu'en cela Adam a eu plus de privilège, et que les anges ont été plus heureux, leur pureté n'ayant jamais été souillée de la moindre tache d'aucun péché. Disons de plus, qu'il y allait de l'honneur de son Fils qu'elle en fût préservée ; parce que comme la gloire des pères descend jusqu'à leurs enfants, de même leur ignominie retourne en quelque manière sur eux. Saint Thomas se sert de cette raison pour prouver que la très sainte Vierge n'a jamais commis aucun péché véniel. Mais si cette preuve est forte à l'égard du péché véniel, elle l'est bien plus à l'égard du péché originel, puisque l'âme par le péché véniel ne sort pas de la grâce et de l'amitié de Dieu, et n'est pas sous la domination du démon : ce qui arrive par le péché originel. Si donc, l'Angélique docteur ne peut souffrir la pensée du plus petit péché véniel en l'âme de la très sainte Vierge, s'il estime que son Fils en aurait été déshonoré, qu'il y allait de ses divins intérêts de ne le pas permettre ; comment pourra-t-on se persuader que cette âme toute sainte ait tombé dans le péché d'origine, qui est un péché mortel, qui prive du paradis et de la grâce ? En vérité la seule idée en donne l'horreur : car serait-il bien possible que Marie, la plus aimée, aussi bien que la pus aimante des créatures, eût été le sujet de la haine de son Fils, eût été le sujet de l'aversion d'un Dieu qui l'avait destiné pour sa Mère ? Serait-il bien possible que le diable pût se vanter de l'avoir eue sous son empire, et de l'avoir détenue captive sous ses fers, et garrottée en ses chaînes ?

Il est vrai qu'il y a eu quelques saints dans des sentiments contraires ; mais c'était dans des temps où ce mystère n'était pas encore assez connu. Ils disaient que la fête qui en était célébrée, n'était pas approuvée des Souverains Pontifes ; ils disaient qu'il n'y avait que des églises particulières qui en faisaient la solennité. Mais ces raisons pourraient-elles aujourd'hui avoir quelque force, puisque la fête est reçue par le Saint-Siège, et de toute l'Église universelle ? De plus, il y a de graves auteurs, et des chroniques d'un grand ordre, qui rapportent que ces saints paraissant visiblement après leur mort, se sont rétractés de leurs opinions, et ont avoué la vérité de la Conception Immaculée. L'on peut encore remarquer que les oppositions de ces saints n'ont servi qu'à faire paraître avec plus d'éclat la pureté sans tache de la bienheureuse Vierge en sa conception toute sainte : car si l'on objecte que leur autorité est grande, c'est ce qui doit persuader davantage la vérité qu'ils ont impugnée, quoi qu'avec respect, puisque toutes les écoles de théologie ayant tant de déférence pour leur doctrine, si elles ne la suivent pas en quelque matière, c'est une des marques les plus fortes que l'on puisse avoir qu'elle n'est pas vraie.

Mais y a-t-il rien de plus puissant, pour nous convaincre les esprits, que l'inclination générale de l'Église universelle ? Si elle parle du péché originel dans le dernier concile œcuménique, elle déclare qu'elle n'y comprend pas l’Immaculée Mère de Dieu. Dès les premiers siècles, le grand saint Augustin a enseigné que lorsqu’il s'agit du péché il ne voulait en aucune façon parler de la bienheureuse Vierge. Et, de vrai, le Saint-Esprit ne lui dit-il pas, dans les Cantiques, qu'elle est toute belle et sans aucune tache ? Et ne pouvons-nous pas assurer avec justice que c'est ce même Esprit qui unit les esprits de presque tous les fidèles, pour conspirer unanimement à la pieuse croyance de cette vérité ? En sorte que, si l'on demande à tous les peuples qui viennent en foule louer le Seigneur en sa sainte Mère par toute la terre habitable, en autant de lieux qu'il y a des églises, le jour de la fête de sa Conception, ce qu'ils viennent honorer en la solennité de ce mystère, sans doute qu'ils répondront qu'ils ont dessein d'honorer la Conception Immaculée de la Mère de Dieu. Et en cette rencontre, toutes les chaires de nos temples retentissant de cette vérité, toute la terre fait comme un écho à toutes les voix qui s'y font entendre, répétant cette vérité, qui s'y publie par autant de bouches qu'il y a de personnes qui les écoutent. Ajoutons à ceci que les souverains pontifes ont approuvé l'office de l'immaculée Conception, qui se fait dans tout l'ordre de Saint François, non-seulement le jour de la fête, mais tous les samedis de l'année, hors le temps de carême, quand ils ne sont pas empêchés par quelque fête ; qu'il y a des ordres institués en l'honneur de ce mystère, de grandes indulgences accordées à ceux qui y ont une dévotion spéciale.

Davantage le ciel conspire avec la terre pour l'établissement d'une si sainte dévotion, qu'il ne peut autoriser plus efficacement que par le grand nombre de miracles qu'il fait en sa faveur. Le fameux Avila, prédicateur apostolique d'Espagne, qui vivait dans une extrême pauvreté, n'ayant rien et ne possédant rien, quoiqu'il ne fût pas religieux, mais prêtre dans le siècle, annonçant d'une force merveilleuse les vérités de l'Évangile, exhortait tous les fidèles à la dévotion de la toute sainte Conception, et assurait que c'était un singulier moyen pour être délivré de l'impureté, rapportant de grands miracles que Dieu, tout bon, faisait pour soutenir une dévotion si avantageuse à sa très-sainte Mère. Ces miracles continuent tous les jours, et il y a peu d'années qu'il s'en est fait d'admirables. La séraphique Thérèse avait une dévotion très spéciale à ce privilège de la glorieuse Vierge ; et c'est une des plus anciennes dévotions de l'ordre du mont Carmel, qui tient par tradition que la connaissance en avait été donnée par révélation au saint patriarche Elie. Elle le faisait honorer particulièrement tous les samedis par sa communauté ; et elle rapporte qu'un religieux ayant été délivré d'une attache déshonnête qu'il avait pour une malheureuse, qui s'était servie d'un petit portrait qu'elle lui avait donné, où était attaché un maléfice pour le gagner, s'étant défait de ce portrait, elle estime que cette grâce lui a été donnée à raison de la dévotion qu'il portait à l'Immaculée Conception. L'on doit ici remarquer que les maléfices, et tous les démons qui en sont les auteurs, ne peuvent pas forcer la volonté, et que la seule cause du consentement que les hommes donnent au péché par ces maléfices est le mauvais usage de la grâce de Dieu, qui est donnée pour y résister ; le peu de soin que nous avons de nous servir des moyens propres pour ne nous pas laisser vaincre, comme des sacrements, de l'oraison, des veilles, des jeûnes, du recours à la protection de la sainte Vierge et des saints anges ; et enfin notre faiblesse à nous laisser aller à nos inclinations et à ne pas éviter les occasions, et autres choses qui contribuent à notre perte. Le vénérable P. Jean de la Croix, premier Carme déchaussé, et singulièrement dévot à la très pure Conception, après avoir mené une vie toute cachée avec Jésus en Dieu, par l'amour des humiliations et mépris, et s'étant rendu une belle image vivante de l'adorable crucifié en sa vie et en sa mort, a participé à la gloire de sa résurrection, Dieu l'avant honoré de plusieurs miracles ; et il semble que le ciel ait pris plaisir à le faire paraître aux yeux des hommes, après sa mort, à proportion qu'il s'y était voulu caché pendant sa vie, faisant voir des images miraculeuses de différents mystères et de divers saints dans les moindres parcelles de sa chair très pure, pour marquer qu'il avait l'esprit de ces mystères et les grâces de ces saints. Mais ce qui est bien considérable, c'est que le mystère de l'Immaculée Conception y paraissait d'une manière tout extraordinaire, comme si cet homme, tout de croix en son nom et en ses actions, cet homme de vertus et de prodiges, n'eût pas été content de n'avoir qu'une bouche et qu'une langue, durant sa vie, pour en persuader la dévotion, et qu'il eût obtenu de Dieu, après sa mort, que les moindres parties de son corps fussent changées comme en autant de langues admirables, pour l'enseigner d'une manière toute-puissante aux âmes les moins zélées.

Disons donc que la raison nous porte à honorer ce mystère, et que l'autorité nous en persuade le respect. Disons que l'inclination de l'Église universelle, les approbations, indulgences et autres grâces du Saint-Siège, n'en doivent laisser aucun doute dans nos esprits, qui doivent être tout convaincus par les miracles. Mais disons encore que le ciel ayant parlé clairement sur ce sujet, il n'y a plus d'apparence de ne se pas rendre. Les Révélations de sainte Brigitte ont été approuvées de l'Église, et cette grande sainte assure qu'il lui a été révélé que la très pure Vierge a été conçue sans péché originel. Je sais que le cardinal Cajetan, répondant à cette objection, cite sainte Catherine de Sienne, qui a été dans un sentiment contraire. Mais ce n'est pas répondre à la difficulté de l'objection, dont la force n'est pas dans l'autorité seulement d'une sainte, mais dans la révélation qu'elle en a eue de Dieu. Sainte Brigitte dit nettement qu'elle en a eu révélation du ciel ; et sainte Catherine de Sienne ne parle que selon ses pensées, dont il ne faut pas s'étonner, puisqu'en cela elle suit l'opinion de la plupart des docteurs de son ordre. Davantage, plusieurs ont estimé que ce qui se lit de cette matière dans les écrits de cette grande sainte y a été ajouté, et n'est nullement d'elle. Mais supposons qu'il en soit ainsi, les prophètes ne parlent pas toujours en prophètes ; ils ont leurs lumières propres, dans lesquelles ils se peuvent tromper.

Enfin, l'on me dira que la foi ne nous oblige pas de croire ce privilège de la Mère de Dieu, et il est vrai : c'est pourquoi, comme nous l'avons déjà dit, étant en liberté de le croire, ou de ne nous y pas arrêter, c'est en cela que nous pouvons donner des marques de notre zèle. Un célèbre théologien, dans un gros volume qu'il a intitulé Theologia Mariana, qui est l'un des plus savants et des plus dévots ouvrages que l'on ait composés en l'honneur de notre incomparable maîtresse, dit que si l'on disputait la noblesse à une personne considérable en la présence d'un grand roi, et le roi ne décidant pas absolument la chose, déclarât cependant qu'on lui ferait plaisir de tenir cette personne pour noble, sans doute qu'elle aurait juste sujet de se plaindre de ceux qui combattrait sa noblesse, et elle pourrait dire qu'ils seraient ses ennemis : car pourquoi attaquer de gaieté de cœur une qualité qui lui est avantageuse ? Le roi même aurait lieu de s'en offenser, pour la résistance que l'on ferait à ses inclinations. Or de même, dit ce savant homme, ne semble-t-il pas que c'est se déclarer contre la sainte Vierge, que de lui disputer un de ses plus grands privilèges ? Pourquoi ne pas lui donner une faveur, et ne demeurer pas d'accord d'une grâce qui lui est si glorieuse, le pouvant faire en bonne conscience ? N'a-t-elle pas lieu de demander pourquoi on lui envie sa gloire ? Mais l'Église n'y oblige pas. Faut-il pour prendre des sentiments avantageux de la Mère de Dieu, y être obligé ? Quelle preuve serait-ce de l'amitié que nous aurions vouée à une personne que nous considérerions beaucoup, d'attendre à la servir quand nous y serions contraints ? Quelle apparence donc d'être au service de la reine du ciel à de telles conditions ? Pour peu de zèle que l'on puisse avoir pour ses intérêts, y a-t-il occasion que l'on n'embrasse quand il s'agit de les soutenir ? Mais disons plus, que si l'Église ne nous oblige pas à croire l'Immaculée Conception, elle nous le permet, et même elle nous y invite, et propose des faveurs, et n'a que des grâces pour ceux qui se rangent de cette pieuse croyance. Après cela, qui nous empêche d'entrer dans le parti de ses fidèles dévots ? Nous le pouvons, c'est ce qui est incontestable : pourquoi donc ne le pas faire ! L'Église nous y invite, pourquoi résister à ses mouvements ? Elle nous accorde de grandes grâces pour ce sujet : pourquoi nous priver de ces bénédictions ? Reprenons ces pensées, et nous mettant en présence de la divine Marie, considérons-les un peu avec attention. Ô très sainte Vierge, je puis vous obliger en prenant des sentiments très glorieux touchant vos privilèges : mais je n'en veux rien faire, n'y étant pas obligé par la foi : cependant il est entièrement en ma liberté de vous marquer en cette rencontre mon zèle : mais je n'en ferai rien : ce n'est pas que je ne connaisse assez que les inclinations de l'Église en vont là ; mais j'aime mieux suivre les mouvements de quelques particuliers et les lumières de mon esprit. Je vois, de plus, qu'il y a de grandes bénédictions et des faveurs et grâces non pareilles, mais je choisis plutôt de perdre toutes ces grâces, et de me priver de toutes ces bénédictions, que de vous accorder une faveur que soutiennent toutes les plus fameuses écoles de théologie, et qui fait le sentiment  presque universel de tout le monde : je veux faire bande à part, et m'attacher à une opinion que l'on n'oserait enseigner publiquement, que l'on ne peut plus prêcher, et dont même il n'est pas permis de disputer dans les entretiens particuliers. Voilà ce que font ceux qui tiennent l'opinion contraire de la toute sainte Conception, et en vérité c'est ce que je ne comprends pas : nous ne les condamnons pas, mais nous nous étonnons comme ils peuvent agir de la sorte envers la très sainte Mère de Dieu.

Il faut ici ajouter que les Turcs reconnaissent qu'entre les enfants d'Adam, Marie a été conçue sans péché. Après cela serait-il bien possible que nous voulussions lui dénier un privilège que les mahométans, ses plus cruels ennemis lui accordent ? Quoi ! Il serait vrai de dire qu'un malheureux Turc, qu'un misérable infidèle aurait des sentiments plus avantageux de la Conception de la toute aimable Marie ! C'est ce qu'un bon cœur aura toujours bien de la peine à supporter.

Le dévot Jean Berchmans, de la Compagnie de Jésus, avait signé de son sang qu'il défendrait toujours l'Immaculée Conception, et c'était un ange de la terre, aussi n'y est-il pas longtemps demeuré ; ces âmes innocentes sont plus propres pour l'empirée que pour le monde qui n'en est pas digne, étant tout rempli de corruption : et comme l'on rapportait au grand cardinal Bellarmin la dévotion de cette âme angélique, il s'écria fortement : « Ô sainte Vierge ! Vous l'avez voulu avoir de votre parti. » Il ne faut pas en être surpris, puisque le dévot Alphonse Rodriguez a eu révélation qu'une des raisons pour lesquelles Dieu a suscité la Compagnie de Jésus dans son Eglise, est de soutenir l'opinion de la Conception Immaculée ; et de vrai, l'effet qui en est suivi, en a bien fait voir la vérité, tant de savantes plumes de cette société s'étant employées pour la défendre, tant d'éloquents prédicateurs en ayant prêché avec des persuasions si vives la vérité, tant de célèbres docteurs l'ayant enseignée dans les écoles avec une force nonpareille , tant de congrégations de cette Compagnie en ayant établi la dévotion en toutes les contrées du monde.