lundi 28 janvier 2013

Saint Thomas d'Aquin, op.


Vitrail.
Saint Thomas écrivant la Somme Théologique.
Les Anges sont des créatures spirituelles, pures, saintes et parfaites, comme Adam et Ève avant la faute. Mais, créés libres, ils sont capables de se pervertir. Réfléchissons un peu sur cette question du Mal qui a fait de certains Anges, des Démons.

Pour cela, le Docteur Angélique, saint Thomas d’Aquin, illustre dominicain, le plus grand théologien de tous les temps, consacré comme le Docteur Commun par le dernier Concile, va nous aider quelque peu.


Somme Théologique, Ia pars, Question 63 :
Le mal des Anges quant à la faute

            Article 1 : Le mal de faute peut-il exister chez l’Ange ?

Nous lisons dans Job (Jb 4,18)  cette parole : « Dieu découvre du mal dans ses anges. »
      
Réponse : L'ange, aussi bien qu'une créature rationnelle quelconque, si on le considère dans sa seule nature, peut pécher ; et, s'il arrive qu'une créature ne puisse pécher, cela lui vient du don de la grâce et non de la condition de sa nature.

La raison en est que le péché n'est pas autre chose qu'une déviation par rapport à la rectitude de l'acte qu'on doit accomplir.

(…) Or la volonté divine seule est la règle de sa propre action, car elle n'est pas ordonnée à une fin supérieure. La volonté de la créature, au contraire, ne parvient à la rectitude de son acte qu'en se réglant sur la volonté divine à laquelle ressortit la fin dernière. Ainsi, le vouloir d'un inférieur doit-il se régler sur le vouloir du supérieur, le vouloir du soldat sur celui de son chef. Dans la seule volonté divine, par conséquent, il ne peut y avoir de péché. En retour, le péché peut exister dans n'importe quelle volonté créée, à ne considérer que sa condition naturelle.

            Article 2 : Quelles sortes de péché peut-il y avoir chez l’Ange ?

S. Augustin écrit que « le démon n'est ni fornicateur, ni ivrogne, ni rien de semblable ; il est cependant orgueilleux et envieux ».

Velasquez, XVIIe.
Saint Thomas soutenu par un bon Ange.
Réponse : Un péché peut se trouver chez un individu de deux manières : sous forme de culpabilité et sous forme d'attachement. Selon la culpabilité, il arrive que tous les péchés existent chez les démons, car, en portant les hommes à les commettre, ils encourent la culpabilité. Selon l'attachement, seuls les péchés qui ont rapport à la nature spirituelle se trouvent chez les anges. Une nature spirituelle, en effet, ne s'attache pas aux biens proprement corporels, mais aux biens qui peuvent se trouver dans les réalités spirituelles. Car on ne désire que ce qui peut convenir de quelque manière à sa propre nature. Or, il n'y a péché à s'attacher aux biens spirituels que si on le fait sans tenir compte de la règle établie par le supérieur. Et c'est un péché d'orgueil de ne pas se soumettre à son supérieur lorsqu'on le doit. C'est pourquoi le premier péché de l'ange ne peut être qu'un péché d'orgueil.

Mais, par voie de conséquence, il a pu y avoir chez lui un péché d'envie. Le même motif, en effet, qui porte l'affectivité à désirer quelque chose, lui fait aussi repousser tout ce qui s'y oppose. Or l'envieux se désole du bien d'autrui parce qu'il y voit un obstacle à son propre bien ; c'est ce qui arrive à l'ange mauvais qui, désirant une excellence singulière, voit cette singularité lui échapper du fait de l'excellence d'un autre. C'est pourquoi, après son péché d'orgueil, l'ange éprouve le péché d'envie, parce qu'il se désole du bien de l'homme ; il en veut même à l'excellence divine, car Dieu utilise ce bien à sa gloire et contrarie ainsi la volonté du diable.

            Article 3 : A cause de quel désir l’Ange a-t-il péché ?

Isaïe (Is 14,13-14)  fait dire au diable : « Je monterai au ciel, et je serai semblable au Très-Haut. » Et S. Augustin écrit que dans son orgueil, le diable « voulut être appelé Dieu ».

Gargouille. Carcassonne
Réponse : Sans aucun doute l'ange a péché en désirant être comme Dieu. Mais cela peut s'entendre d'une double manière : soit par égalité, soit par similitude.

(...) Quant à désirer être comme Dieu par similitude, cela peut se produire de deux façons.
Premièrement, quand un être désire avec Dieu la similitude à laquelle l'ordonne sa nature. En ce sens, il ne pèche pas, à condition toutefois que ce désir soit dans l'ordre, c'est-à-dire l'incline à recevoir de Dieu cette similitude. Il y aurait péché au contraire à considérer comme un droit d'être semblable à Dieu comme si cela dépendait de ses propres forces et non de la Toute-puissance divine.

A un second point de vue, on peut désirer acquérir avec Dieu une ressemblance qui ne nous est pas naturelle, c'est le cas de celui qui voudrait être capable de créer le ciel et la terre, pouvoir qui est propre à Dieu. Un tel désir serait un péché. Et c'est en ce sens que le diable a désiré être comme Dieu ; non pas qu'il ait prétendu n'être, comme Dieu, soumis à qui que ce soit, car en ce cas il eût désiré ne pas être, puisqu'aucune créature ne peut être que soumise à Dieu et participant de lui l'existence. Mais l'ange a désiré ressembler à Dieu en désirant comme fin ultime de sa béatitude ce à quoi il pourrait parvenir par ses forces naturelles, et en détournant son désir de la béatitude surnaturelle qu'il ne pouvait recevoir que de la grâce de Dieu.

Ou bien, s'il a désiré comme fin ultime cette ressemblance avec Dieu que donne la grâce, il a voulu l'avoir par les forces de sa nature, et non la tenir de l'intervention de Dieu et selon les dispositions prises par lui. Et cette opinion est conforme à la manière de voir de S. Anselme pour qui l'ange a désiré ce à quoi il fût parvenu s'il était resté droit. D'ailleurs, les deux opinions reviennent au même ; car dans les deux cas l'ange a désiré posséder sa béatitude dernière par ses propres forces, ce qui n'appartient qu'à Dieu.

Enfin, étant donné que ce qui est par soi est principe et cause de ce qui est dérivé, il suit de là que l'ange a désiré également une certaine principauté sur les créatures, en quoi il a voulu d'une façon perverse s'assimiler à Dieu. Par ce que nous venons de dire, nous avons répondu à toutes les objections.

            Article 8 : Le péché du premier Ange a-t-il causé le péché des autres ?

Il est dit dans l'Apocalypse que le dragon a entraîné avec lui « le tiers des étoiles du ciel ».

Réponse : Le péché du premier ange fut cause du péché des autres, non par mode de coaction, mais par une sorte de suggestion persuasive.
Le signe en est que tous les démons sont soumis au démon suprême, comme le montre manifestement le Seigneur quand il dit (Mt 25,41) : « Allez, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. » Cela relève de la justice divine en effet, que celui qui a consenti aux suggestions de quelqu'un dans la faute, soit soumis à sa puissance dans le châtiment, selon cette parole de l'Écriture (2P 2,19) : « On est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre. »

Chute des Anges.
Très riches Heures du Duc de Berry. Enluminures.
            Article 9 : Y a-t-il autant d’Anges déchus que d’Anges restés fidèles ?

Il est dit dans l'Écriture (2R 6,16) : « Ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux », parole que l'on applique aux bons anges qui nous portent secours, et aux mauvais qui nous sont contraires.

Réponse : Il y eut plus d'anges fidèles que de pécheurs. Car le péché va à l'encontre de l'inclination naturelle de la créature ; or, ce qui est contre la nature ne se produit qu'accidentellement dans un petit nombre de cas. La nature, en effet, obtient son résultat soit toujours, soit le plus souvent.


Ière Epître de S. Pierre, chap.5, vv.7-9 

   Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisque le Seigneur s'occupe de vous. 
Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. 
Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances.



vendredi 25 janvier 2013

25 janvier - Conversion de S. Paul

Des Actes des Apôtres, chap. 9, vv.1-19


Tintoret,
Conversion de Saint Paul, détail
Saul était toujours animé d'une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur. Il alla trouver le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin de faire prisonniers et de ramener à Jérusalem tous les adeptes de la Voie de Jésus, hommes et femmes, qu'il découvrirait.

Comme il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel l'enveloppa soudain de sa clarté.

Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? »
Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? » « Je suis Jésus, celui que tu persécutesRelève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. »
Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne.

Tintoret,
Conversion de Saint Paul, détail
Saul se releva et, bien qu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils le prirent par la main pour le faire entrer à Damas. Pendant trois jours, il fut privé de la vue et il resta sans manger ni boire

Or, il y avait à Damas un disciple nommé Ananie. Dans une vision, le Seigneur l'appela : « Ananie ! » Il répondit : « Me voici, Seigneur. » Le Seigneur reprit : « Lève-toi, va dans la rue Droite, chez Jude : tu demanderas un homme appelé Saul, de Tarse. Il est en prière, et il a eu cette vision : un homme, du nom d'Ananie, entrait et lui imposait les mains pour lui rendre la vue. »
Ananie répondit : « Seigneur, j'ai beaucoup entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu'il a fait à tes fidèles de JérusalemS'il est ici, c'est que les chefs des prêtres lui ont donné le pouvoir d'arrêter tous ceux qui invoquent ton Nom. »
Baptême de saint Paul par Ananie,
Pierre de Cortone
Mais le Seigneur lui dit : « Va ! cet homme est l'instrument que j'ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d'lsraël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu'il lui faudra souffrir pour mon Nom. »

Ananie partit donc et entra dans la maison. Il imposa les mains à Saul, en disant : « Saul, mon frère, celui qui m'a envoyé, c'est le Seigneur, c'est Jésus, celui qui s'est montré à toi sur le chemin que tu suivais pour venir ici. Ainsi, tu vas retrouver la vue, et tu seras rempli d'Esprit Saint. » 

Aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se leva et il reçut le baptême. Puis il prit de la nourriture et les forces lui revinrent.



Notre Dame du Mur, Bethléem.


En ce 25 janvier culmine la semaine de prière pour l'unité des Chrétiens. C'est un véritable scandale que des Chrétiens soient divisés alors que S. Paul nous demande de ne pas avoir l'esprit de parti et que l'amour de Dieu et du prochain, dans la vérité et la justice, ne devrait être que notre seule préoccupation. 

L'homme est l'homme et le Malin se love en nos coeurs de manière subtile. Voilà la sale bête qu'il nous faut écraser comme Notre Mère, la Très Sainte Vierge Marie ! 
Si le Christ Jésus a abattu le mur de la haine, ce n'est pas pour que nous en construisions d'autres

Votre blogue vous propose en ce jour de fête cette magnifique prière. Vous le savez, pour séparer les Palestiniens et les diviser, l'Etat d'Israël construit un mur de séparation dont nous, Européens, ne mesurons pas les terribles conséquences au quotidien. 
Le mur passe dans le jardin des Soeurs de l'Emmanuel, à Bethléem, amputé illégalement d'une partie de ce qui leur appartenait. Elles ont décidé de faire écrire cette icône - "Notre Dame qui fait tomber les murs" - à même le béton, et nous offrent cette prière qui sera utile dans bien des situations. 



Prière à Notre-Dame qui fait tomber les murs

Très sainte Mère de Dieu, nous t'invoquons comme Mère de l'Eglise, Mère de tous les chrétiens souffrants.

Nous te supplions, par ton ardente intercession, de faire tomber ce mur, les murs de nos cœurs, et tous les murs qui génèrent haine, violence, peur et indifférence, entre les hommes et entre les peuples.

Toi qui par ton Fiat as écrasé l'antique serpent, rassemble nous et unis-nous sous ton manteau virginal, protège-nous de tout mal, et ouvre à jamais dans nos vies la porte de l'Espérance.

Fais naître en nous et en ce monde, la civilisation de l'Amour jaillie de la Croix et de la Résurrection de ton Divin Fils, Jésus-Christ, notre Sauveur, qui vit et règne dans siècles des siècles. Amen


lundi 21 janvier 2013

21 janvier 1793 - Mort du Roi Louis XVI

Vœu par lequel Louis XVI a dévoué sa Personne, sa Famille et tout son  Royaume, au Sacré-Cœur de Jésus. 

Portrait du roi Louis XVI, décapité le 21 janvier 1793.
Mort en haine de ce qu'il représentait : son pays, sa foi, sa fidélité, une histoire pluriséculaire.

Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l’abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m’environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure m’avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n’ai pas réprimé la licence du peuple et l’irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j’ai fourni moi-même des armes à l’hérésie qui triomphe, en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l’audace de tout oser.

Vitrail.
Le Sacré-Coeur adoré par les Anges.
Je n’aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David, qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi Manassès, qui avait entraîné son peuple dans l’idolâtrie. Désarmé par leur pénitence, vous les avez rétablis l’un et l’autre sur le trône de Juda ; vous les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd’hui pour un fils de saint Louis, qui prend ces rois pénitents pour modèles, et qui, à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur? Ô Jésus-Christ, divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c’est dans votre Cœur adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J’appelle à mon secours le tendre Cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma mère, et l’assistance de saint Louis, mon patron et le plus illustre de mes aïeux.

Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire que la confiance m’inspire et que je vous offre comme l’expression naïve des sentiments de mon cœur.

Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :
 1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l’intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution civile du clergé ;
2° De rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéficiers institués par l’Eglise, dans les bénéfices dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d’une puissance incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus aux besoins de l’Etat;
3° De prendre, dans l’intervalle d’une année, tant auprès du pape qu’auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d’une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;
4° D’aller moi-même en personne, sous trois mois à compter du jour de ma délivrance, dans l’église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l’offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse de donner à tous mes sujets l’exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur adorable ;
5° D’ériger et de décorer à mes frais, dans l’église que je choisirai pour cela, dans le cours d’une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré ;
6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu’on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l’acte de consécration exprimé dans l’article quatrième, et d’assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.

Je ne puis aujourd’hui prononcer qu’en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s’il le fallait, et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.

Ô Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j’oublie ma main droite et que je m’oublie moi-même, si jamais j’oublie vos bienfaits et mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation. Ainsi soit-il.
Armes de France

mercredi 16 janvier 2013

16 janvier - Coeur de Marie - Refuge des pécheurs


S.Exc.Mgr de Quélen,
galerie des portraits,
palais de l'Archevêché.
Alors que S.Exc. Mgr de Quélen, Archevêque de Paris, faisait frapper la Médaille miraculeuse (1832), l'abbé Desgenettes était nommé Curé de Notre-Dame des Victoires. 
Devant l'incroyance, l'idolâtrie de l'argent et du pouvoir, l'oubli de Dieu et de son Amour répandu dans les Sacrements, il consacra sa Paroisse au Cœur immaculé de Marie
En effet, au cours de la célébration de sa Messe, le 3 décembre 1836, il entendit une voix intérieure l'invitant à cet acte de confiance. Notre Dame, Reine et Mère du Bel Amour, prenait aussi le beau titre de victorieuse du péché et de Refuge des pécheurs en son Cœur rempli d'amour pour ses enfants égarés

Bernardino Luini, détail.
La tendresse de Marie pour son Fils bien-aimé et pour nous.

 De saint Joseph l’Hymnographe (né probablement à Palerme et vers 816 - mort à  Constantinople le 3 avril 886) :


Vénérons le saint Palais du Roi,
où il a voulu établir Sa demeure.
Et à celle qui ne connaît point d’homme,
la seule Mère de Dieu, grâce à qui nous sommes élevés jusqu’à la Divinité,
chantons nos hymnes !

Nous vous voyons, ô Mère et Vierge,
véritablement pure avant, pendant et après l’enfantement ;
et vous avez porté Dieu
qui fut prêché à haute voix par l’assemblée des Apôtres.
Le chœur bienheureux de ceux qui prophétisaient dans l’Esprit
vous a appelée, en un saint oracle inspiré par Dieu,
la Porte et la Montagne ombragée,
ô toute pure !

 Illuminez, ô Vierge , les yeux de mon cœur,
donnez-moi la clarté de la pénitence,
arrachez-moi aux ténèbres éternelles,
ô Porte de la Lumière et Refuge des chrétiens
qui chantent fidèlement votre gloire !

Je vous chante,
ô vous qui êtes plus que toute autre digne de louange ;
je veux toujours vous rendre gloire,
vous à qui Dieu rend gloire ;
je vous magnifie,
vous que magnifient toutes les générations,
ô vous, Vierge magnifiée par Dieu !

Vous êtes toujours un refuge pour les pécheurs,
ô toute pure,
vous qui avez enfanté d’une manière surnaturelle Celui qui ôte le péché du monde,
le Christ auquel nous chantons :
Béni soyez-Vous, Seigneur et Dieu de nos pères !

O Miracle qui dépasse tout miracle !
Comment êtes-vous mère et demeurez-vous vierge,
ô toute pure Epouse de Dieu ?
Vous avez enfanté le Verbe,
qui est de toute éternité semblable au Père ;
pour Lui nous chantons tous :
louez le Seigneur, vous toutes Ses œuvres,
et exaltez-le dans toute l’éternité !

L’éclair de votre maternité a brillé et resplendi,
et tout ce qui est sous le soleil a rayonné :
le prince des ténèbres est abattu,
ô très pure Mère de Dieu,
gloire des Anges et salut de tous les hommes,
qui ne cessent de vous louer et de vous chanter.


mardi 15 janvier 2013

15 janvier - Saint Remi, celui par qui la France fut baptisée


Saint Grégoire de Tours, « Histoire des Francs », Livre second :

Miniature enluminée :
La reine sainte Clotilde en prière
      La reine  (sainte Clotilde) ne cessait de supplier le roi de reconnaître le vrai Dieu et d’abandonner les idoles ; mais rien ne put l’y décider, jusqu’à ce qu’une guerre s’étant engagée avec les Allemands (c’est la bataille de Tolbiac), il fut forcé, par la nécessité, de confesser ce qu’il avait jusque-là voulu nier. Il arriva que les deux armées se battant avec un grand acharnement, celle de Clovis commençait à être taillée en pièces ; ce que voyant, Clovis éleva les mains vers le ciel, et le cœur touché et fondant en larmes, il dit : Jésus-Christ, que Clotilde affirme être Fils du Dieu vivant, qui, dit-on, donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, j’invoque avec dévotion la gloire de ton secours : si tu m’accordes la victoire sur mes ennemis, et que je fasse l’épreuve de cette puissance dont le peuple, consacré à ton nom, dit avoir relu tant de preuves, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom ; car j’ai invoqué mes dieux, et, comme je l’éprouve, ils se sont éloignés de mon secours ; ce qui me fait croire qu’ils ne possèdent aucun pouvoir, puisqu’ils ne secourent pas ceux qui les servent. Je t’invoque donc, je désire croire en toi ; seulement que j’échappe à mes ennemis.
Ampoule de Saint Chrême
sous la forme d'une
colombe. Trésor de
Notre-Dame de Paris
Comme il disait ces paroles, les Allemands, tournant le dos, commencèrent à se mettre en déroute ; et voyant que leur roi était mort, ils se rendirent à Clovis, en lui disant : Nous te supplions de ne pas faire périr notre peuple, car nous sommes à toi. Clovis, ayant arrêté le carnage et soumis le peuple rentra en paix dans son royaume, et raconta à la reine comment il avait obtenu la victoire en invoquant le nom du Christ.

      Alors la reine manda en secret saint Remi, évêque de Reims, le priant de faire pénétrer dans le cœur du roi la parole du salut. Le pontife, ayant fait venir Clovis, commença à l’engager secrètement à croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et à abandonner ses idoles qui n’étaient d’aucun secours, ni pour elles-mêmes, ni pour les autres. Clovis lui dit : Très saint père, je t’écouterai volontiers ; mais il reste une chose, c’est que le peuple qui m’obéit ne veut pas abandonner ses dieux ; j’irai à eux et je leur parlerai d’après tes paroles.

Baptême de Clovis
            Lorsqu’il eut assemblé ses sujets, avant qu’il eût parlé, et par l’intervention de la puissance de Dieu, tout le peuple s’écria unanimement : Pieux roi, nous rejetons les dieux mortels, et nous sommes prêts à obéir au Dieu immortel que prêche saint Remi. On apporta cette nouvelle à l’évêque qui, transporté d’une grande joie, ordonna de préparer les fonts sacrés. On couvre de tapisseries peintes les portiques intérieurs de l’église, on les orne de voiles blancs ; on dispose les fonts baptismaux ; on répand des parfums, les cierges brillent de clarté, tout le temple est embaumé d’une odeur divine, et Dieu fit descendre sur les assistants une si grande grâce qu’ils se croyaient transportés au milieu des parfums du Paradis. Le roi pria le pontife de le baptiser le premier. Le nouveau Constantin s’avance vers le baptistère, pour s’y faire guérir de la vieille lèpre qui le souillait, et laver dans une eau nouvelle les tâches hideuses de sa vie passée. Comme il s’avançait vers le baptême, le saint de Dieu lui dit de sa bouche éloquente : Sicambre, abaisse humblement ton cou : adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré.

            Saint Remi était un évêque d’une grande science, et livré surtout à l’étude de la rhétorique ; il était si célèbre par sa sainteté qu’on égalait ses vertus à celles de saint Silvestre. Nous avons un livre de sa vie où il est dit qu’il ressuscita un mort.

            Le roi, ayant donc reconnu la toute-puissance de Dieu dans la Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême avec le signe de la croix ; plus de trois mille hommes de son armée figent baptisés. On baptisa aussi sa sœur Alboflède, qui, quelque temps après, alla joindre le Seigneur. Comme le roi était affligé de cette perte, saint Remi lui envoya, pour le consoler, une lettre qui commençait ainsi : Je suis affligé autant qu’il faut de la cause de votre tristesse, la mort de votre soeur Alboflède, d’heureuse mémoire ; mais nous pouvons nous consoler, car elle est sortie de ce monde plus digne d’envie que de pleurs.

Reliquaire de la Sainte Ampoule confectionné à la demande du roi Charles X
Détail de la nouvelle ampoule et l'aiguillette d'or pour appliquer le Baume sacré

lundi 14 janvier 2013

Bon anniversaire, M. Boudon !

C'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance et de Baptême de M. Henri Marie Boudon. 
Nous aurons à coeur de de lui demander de nous aider à devenir aussi saint que lui et de vivre en plénitude des dons reçus à notre propre Baptême. 

Baptême, par Antonio Castillo

Angelus du Pape Benoît XVI, Place Saint-Pierre, Dimanche 3 janvier 2013
Chers frères et sœurs,
Avec ce dimanche après l’Epiphanie se conclut le Temps liturgique de Noël : temps de lumière, la lumière du Christ qui, comme nouveau soleil apparu sur l’horizon de l’humanité, disperse les ténèbres du mal et de l’ignorance
Nous célébrons aujourd’hui la fête du Baptême de Jésus : cet enfant, fils de la Vierge, que nous avons contemplé dans le mystère de sa naissance, nous le voyons aujourd’hui adulte s’immergeant dans les eaux du fleuve du Jourdain, et sanctifier ainsi toutes les eaux du cosmos entier – comme le met en évidence la tradition orientale. Mais pourquoi Jésus, en qui il n’y avait pas l’ombre du péché, est-il allé se faire baptiser par Jean ? Parce qu’il voulait accomplir ce geste de pénitence et de conversion, avec toutes les personnes qui ainsi voulaient se préparer à la venue du Messie. 
Ce geste – qui marque le commencement de la vie publique du Christ – est dans la même ligne que l’Incarnation, la descente de Dieu du plus haut des cieux jusqu’à l’abîme des enfers. Le sens de ce mouvement d’abaissement divin se résume en un seul mot : amour, qui est le nom même de Dieu. L’apôtre Jean écrit : « Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui », et il l’a envoyé « comme la victime offerte pour nos péchés » (1 Jn 4,9-10). Voici pourquoi le premier acte public de Jésus fut de recevoir le baptême de Jean, qui a dit, en le voyant arriver : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).
Lambert Sustris, Baptême du Christ
L’évangéliste Luc raconte qu’alors que Jésus priait, après avoir reçu le baptême, « le ciel s'ouvrit. L'Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : C'est toi mon Fils : moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. » (3,21-22).
Ce Jésus est le Fils de Dieu qui est totalement plongé dans la volonté d’amour du Père. Ce Jésus est Celui qui mourra sur la croix et ressuscitera par la puissance de l’Esprit qui aujourd’hui descend sur Lui et le consacre. Ce Jésus est l’homme nouveau qui veut vivre en fils de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour ; l’homme qui, en face du mal du monde, choisit la voie de l’humilité et de la responsabilité, choisit non pas de se sauver lui-même mais d’offrir sa vie pour la vérité et la justice. Etre chrétien signifie vivre ainsi, mais ce genre de vie comporte une renaissance : renaître d’en-haut, de Dieu, de la Grâce. Cette renaissance est le Baptême, que le Christ a donné à l’Eglise pour régénérer les hommes à une vie nouvelle. Un texte ancien attribué à saint Hippolithe l’affirme : « Qui descend avec foi dans ce lavage de régénération, renonce au diable et se range avec le Christ, renie l’ennemi et reconnaît que le Christ est Dieu, se déshabille de l’esclavage et revêt l’adoption filiale » (Discours sur l’Epiphanie, 10).
Selon la tradition, ce matin j’ai eu la joie de baptiser un bon groupe d’enfants qui sont nés ces derniers trois ou quatre mois. A cette occasion je voudrais étendre ma prière et ma bénédiction à tous les nouveau-nés ; mais surtout inviter tous à faire mémoire de notre Baptême, de cette renaissance spirituelle qui nous a ouvert le chemin de la vie éternelle. Que chaque chrétien puisse, en cette Année de la foi, redécouvrir la beauté d’être renés d’en-haut, de l’amour de Dieu, et de vivre comme enfant de Dieu.


Sur les bords du Jourdain où Jésus fut plonger dans les eaux
par S. Jean Baptiste