samedi 6 août 2016

Et si on parlait des saints Anges ?

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dévotion angélique », 12e Pratique
Procurer par toutes sortes de voies l'établissement de la dévotion
des neuf chœurs des saints anges


Si les saints anges font tout ce qui se peut faire pour le service des hommes, les hommes sont bien obligés de ne pas s'épargner, et de se servir de tous les moyens possibles dans l'ordre de Dieu pour l'augmentation de leur gloire ; et puisque non-seulement les anges du dernier chœur, mais les anges de toutes les hiérarchies veillent avec amour sur nous, nos reconnaissances doivent être générales, aussi bien que nos devoirs ; et puis Dieu seul est le grand et pressant motif qui nous doit faire agir et comme il règne dans tous les chœurs des anges, et d'une manière plus spéciale dans ceux qui sont les plus élevés, qui ont plus aimé ce Dieu tout aimable, et qui en ont été plus aimés, c'est ce qui nous doit suffire pour leur avoir à tous une singulière dévotion, et pour la procurer dans les autres par toutes sortes de voies. Un bon cœur entrera volontiers dans ces justes sentiments : il ne faut qu'aimer pour en être persuadé, et prendre de fortes résolutions de travailler de toutes ses forces à l'établissement de la gloire des anges.
 
Si vous me demandez après cela ce que vous avez à faire, je vous ai tout dit en vous disant que vous devez n'omettre rien, que vous devez tout faire, et travailler de toutes vos forces, dans l'ordre de Dieu, à l'établissement de la dévotion des saints anges. Faites réflexion sur ce peu de paroles, et vous verrez qu'elles vous fournissent une ample matière ; et que si vous les entendez bien et les pratiquez, on pourra croire que votre amour pour les anges est bien sincère ; seulement souvenez-vous d'avoir de l'amour pour des objets si aimables ; car s'il est véritable, je n'ai encore qu'à vous dire le beau mot de saint Augustin : « Aimez, et faites ce qu'il vous plaira. » L'amour est tout plein d'industrie et de riches inventions ; il vous en insinuera tout plein pour faire honorer ces princes du ciel ; car c'est le propre de l'amour cordial et véritable.

Cependant, pour vous dire simplement mes pensées, il me semble qu'un des moyens qui peut servir à les faire honorer, c'est de distribuer des images de ces glorieux esprits, et particulièrement dans les campagnes, à ces pauvres gens qui les habitent ; comme aussi aux pauvres des villes, où l'on trouve de l'ignorance plus que l'on ne pense ; l'expérience faisant voir que grande quantité de personnes, même dans les plus grandes villes, ne savent pas les mystères de notre sainte religion. On peut insinuer aux riches et à ses amis d'en avoir dans leurs chambres ; leur vue porte à ce qu'elles représentent, et touche souvent sensiblement le cœur. Saint Chrysostome ayant vu l'image du saint ange qui défit l'armée de Sennachérib, en fut touché jusqu'aux larmes. Si on a le moyen d'en donner des tableaux pour placer dans les églises, en quelque chapelle ou autel, c'est un moyen excellent pour en donner la dévotion aux peuples. Constantin le Grand fit faire quatre images des saints anges ; mais elles étaient d'une grandeur extraordinaire, et toutes brillantes de l'éclat des pierres précieuses dont elles étaient richement ornées.

Un autre moyen excellent, et l'un ce me semble des meilleurs, est de faire une bonne et ample distribution des livres composés en leur honneur, ou d'inviter doucement à avoir de ces livres. Je ne sais rien qui soit plus capable de procurer leur honneur. Ce moyen renferme presque tous les autres, puisqu'il les enseigne et les donne. Entre plusieurs de ces livres, l'Horloge de l'ange gardien, du P. Drexelius ; la Dévotion aux anges, du P. de Barry ; la Dévotion aux anges, du P. Nouet : la Dévotion des saints anges gardiens, du P. de Coret, tous quatre religieux de la Compagnie de Jésus, inspirent avec tant de douceur et de force l'amour et le culte de ces bienheureux esprits, que j'estime qu'il est très difficile de les lire sans en être vivement touché, et sans concevoir de grands désirs de les honorer grandement le reste de sa vie. On trouve les trois premiers dans la plupart des grandes villes, ou à Paris ; et le dernier se vend en la ville de Caen, chez Jean Gaultier.

Les personnes qui ont des richesses, contribueront beaucoup à la gloire des anges, de les employer à l'édifice de quelque église, chapelle, ou autel en leur honneur ; et cela d'autant plus qu'elles ne travailleront pas seulement pour les saints anges pendant leur vie, mais autant de temps que ces édifices dureront, qui serviront d'occasion à toutes sortes de personnes pour les honorer, et à un grand nombre qui n'y auraient jamais pensé. Ç'a été la dévotion de Constantin, empereur, qui fit bâtir deux magnifiques temples en l'honneur de saint Michel. L'empereur Justinien en fit bâtir six en l'honneur de ce saint archange et des autres anges. Sainte Hélène en fit édifier en l'honneur de ces mêmes intelligences, au lieu où l'on croit qu'apparut l'ange aux pasteurs. Il y en a qui ne pouvant fournir à une si grande dépense, peuvent au moins donner des ornements à leurs chapelles, y faire brûler des cierges, et y donner des tableaux. Nous avons dit en un autre lieu que Jules III, Souverain Pontife, dédia une église en l'honneur des sept premiers princes qui sont auprès du trône de Dieu.

Les prédicateurs zélés serviront beaucoup à l'établissement de la dévotion des anges, s'ils veulent en instruire les peuples, et de temps en temps les y animer puissamment. J'en connais qui seraient bien fâchés de passer par un lieu sans y donner quelque sermon touchant ces glorieux esprits ; et les effets qui en arrivent font connaître que ce qu'aux l'un des plus avantageux : il ne tiendra qu'aux prédicateurs que Dieu appelle à prêcher en différentes villes et provinces, de s'en servir utilement ; et je ne doute pas, si cela était, que l'on ne vît dans peu, avec consolation, la dévotion des saints anges établie de tous côtés. Qui empêcherait un prédicateur, pendant son Avent et Carême, de destiner un jour ou deux pour y donner des sermons en leur honneur ? Les missionnaires pendant leurs missions pourraient facilement faire la même chose, y ajoutant quelques catéchismes pour instruire les âmes de leurs perfections et bontés. Les personnes séculières peuvent fonder ces sermons et catéchismes en quelques églises, donnant quelque revenu pour cette fin. Un maître de famille en sa maison, un père parmi ses enfants, une personne à la campagne parmi les paysans, ou en la visite de quelques pauvres, ou lorsqu'on leur donne l'aumône, peuvent établir cette dévotion, en apprenant ce que l'on doit croire des anges, et les secours que les hommes en reçoivent, insinuant quelques pratiques pour leur rendre ses devoirs, les faisant faire par ceux sur qui on a quelque pouvoir, et rapportant quelques exemples qui y portent et y incitent. On peut faire la même chose parmi ceux avec qui l'on voyage, prenant occasion de tant d'anges qui sont dans les lieux par où l'on passe, les saluant même publiquement et devant les autres, pour avoir sujet de s'en entretenir.

Les archidiacres (N.B. aujourd'hui: les vicaires généraux) et autres visiteurs des églises paroissiales peuvent exhorter tous les curés de faire tous les ans quelques exhortations ou catéchismes touchant cette dévotion. C'est encore un des plus grands moyens de l'établir de tous côtés. Les visiteurs réguliers peuvent aussi beaucoup y contribuer dans les monastères et couvents y de leurs juridictions ; tous les supérieurs dans les maisons qui dépendent d'eux, mais surtout les prélats dans leurs évêchés, établissant quelque association en l'honneur de ces nobles esprits dans beaucoup de lieux de leurs diocèses, recommandant de temps en temps à leurs curés et aux prédicateurs, pendant l'Avent et le Carême, d'en instruire les peuples, témoignant en cela les désirs qu'ils en ont, et donnant à connaître combien ce leur sera une chose agréable.

Enfin, les personnes zélées peuvent se voir, pour traiter ensemble des moyens d'établir et augmenter cette dévotion ; elles pourront en parler aux prélats avec lesquels elles ont quelque accès, aux curés et autres supérieurs ; elles pourront en écrire dans les provinces où elles ont de l'habitude, y faire de saintes liaisons pour ce sujet, y envoyer quelques livres et y procurer quelque sainte association.



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