dimanche 2 septembre 2012

Saints Martyrs des Carmes - 2 septembre 1792

Chapelle Saint-Joseph des Carmes, gravure

Il y a 220 ans, ce sont 193 de nos frères : 3 évêques, 127 prêtres séculiers, 56 religieux, 2 diacres et 5 laïcs, qui furent arrêtés par les révolutionnaires comme ennemis de la Patrie et rebelles à la Constitution civile du clergé.

On les entasse dans diverses maisons religieuses transformées en prisons improvisées : les Carmes, l'Abbaye, la Force. Le 2 septembre 1792, elles sont investies par des "sans culottes" exaltés. Les assassinats qui inaugurent le carnage sont suivis d'un simulacre de jugement et tous répondent : 

" J'appartiens à l'Eglise catholique, apostolique et romaine." 

A ce titre, exécution immédiate. Plus d'un millier d'entre ces prisonniers sont tombés en ces jours sous une fureur populaire incontrôlée. Pour 193 d'entre eux on a pu établir qu'ils sont morts certainement à cause de leur foi, mais tous les autres partagèrent leurs souffrances et leur témoignage pour le Christ.


Les "Bleus", troupes révolutionnaires, massacrant prêtres, religieux et fidèles chrétiens
pour la "gloire" de la Révolution en scandant "Liberté - Egalité - Fraternité" ...

 Extraits de la relation autographe de l’abbé de La Pannonie,
rescapé et blessé au couvent des Carmes le 2 septembre 1792.
Archives du procès de béatification au Séminaire Saint-Sulpice, Paris


            (Le deux septembre…) vers les quatre heures, nos entendons de grandes clameurs au voisinage. Peu de temps après nous apercevons un groupe de forcenés qui nous montrent leurs piques au travers des barreaux d’une fenêtre. Nous ne doutâmes plus alors qu’ils ne vinssent pour nous égorger et nous nous empressâmes de nous demander et donner les uns aux autres l’absolution.

            Je ne quittai point Mgr l’Archevêque (d’Arles) ; la force et la tranquillité qu’il conservait à la vue du danger que nous courions, me soutenaient au milieu de mes alarmes. Notre garde ne tarda pas à disparaître. Les assassins entrent dans le jardin armés de fusils à baïonnettes, de piques et de pistolets. Ils massacrent le premier qu’ils rencontrent. Un d’eux devance les autres et vint au devant de Mgr l’Archevêque et de moi.
Dans la crypte de la chapelle Saint-Joseph se trouvent
les ossements des Martyrs qui ont confessés la foi au divin Ressuscité
et leur attachement au successeur de Saint Pierre.

 « Es-tu l’Archevêque d’Arles ? » me dit-il en frémissant de rage. Je ne lui fis d’autre réponse que de hausser les épaules. « C’est donc toi ? » reprit le furieux en s’adressant cette fois à Mgr l’Archevêque. « Oui, je le suis », répondit-il aussitôt avec une contenance ferme et modeste. « C’est donc toi, reprit ce monstre, qui a fait répandre tant de sang à Arles.
Moi, répond encore Mgr l’Archevêque, je ne sache pas avoir fait de mal à personne.
Tu n’as fait de mal à personne, scélérat ! répartit encore ce misérable. Eh bien je vais t’en faire à toi », et aussitôt il fond sur lui comme un tigre furieux et lui décharge un grand coup de sabre sur la tête.

            A ce premier coup, Mgr l’Archevêque joint ses mains et s’en couvre le visage et, sans faire la moindre plainte, reçoit de ce forcené la mort à laquelle il s’était si bien préparé pendant sa captivité. (…) Ce qui étonnera sans doute, c’est que je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que je vis massacrer.
Plusieurs de ceux qui avaient été se réfugier dans la chapelle (du jardin) reçurent la mort en offrant à Dieu le sacrifice de leurs vies. Après avoir un peu assouvi leur rage, les assassins nous ordonnent de rentrer dans l’église, sans cesser de nous tirer des coups de fusils (…)

            Nous restâmes là quelque temps à prier et à gémir de tous les blasphèmes et de toutes les horreurs que vomissaient ces forcenés (…) On nous ordonne de cesser nos prières et de nous lever, ce que nous fîmes aussitôt. Un d’eux nous demande alors d’un ton terrible et menaçant : « Avez-vous prêté le serment ? » (1) Comme je me trouvais près de l’un d’eux, je leur répondis que pas un de nous n’avait prêté ni ne prêterait ce serment ; que je devais leur faire observer que la plupart d’entre nous n’y étaient pas obligés et que la loi laissait la liberté aux autres de le prêtre ou non. « C’est égal, reprirent-ils alors ; passez, passez, votre compte est fait » (…)

____________
(1) Il s'agit du serment à la Constitution civile du Clergé. Tout ecclésiastique prêtant serment s'excommuniait en se séparant de facto de la communion avec le Souverain Pontife et de l'Eglise catholique. Les révolutionnaires l'avaient imaginé pour semer la discorde dans l'Eglise et chez les fidèles, pour séparer les catholiques français du Saint-Père, et pour créer une "Eglise gallicane" à la solde de la Révolution. 
  

Martyrs des Lucs sur Boulogne, vitrail.
Ce n'est pas seulement Paris, c'est toute la France qui vit ces honteux massacres dont personne ne fait mémoire encore aujourd'hui, sinon l'Eglise.

Saint Joseph, dont l’église des Carmes qui vous est consacrée a vu le glorieux martyr des Chrétiens durant la Révolution, priez pour nous.

Saint Pierre, premier protecteur du Monastère de Montmartre qui vit le martyre courageux de ses religieuses et de son Abbesse, Marie-Louise de Laval-Montmorency, priez pour nous.

Saints François-Joseph de la Rochefoucauld-Maumont (Evêque de Beauvais), Pierre-Louis de la Rochefoucauld-Bayers (Evêque de Saintes) et Jean-Marie du Lau d’Allemans (Archevêque d’Arles) et vos compagnons morts en haine de la foi, priez pour nous.

Vous tous, saints martyrs des Carmes, Evêques, Prêtres et diacres, religieux et consacrés, fidèles serviteurs du Seigneur qui avez offerts vos vies pour la France en Septembre 1792, priez pour nous.

Bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin et vous toutes Bses. Carmélites de Compiègne qui avez données vos vies en réparation des erreurs funestes de la Révolution et de la Terreur au chant du "Veni Creator" quand vous montiez à l’échafaud, priez pour nous.

Vous tous, saints Martyrs du divin Crucifié, 
priez pour nous, priez pour la France.


(Extrait des litanies des Saints de Paris)




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