Chapelle Saint-Joseph des Carmes, gravure |
Il y a 220 ans, ce sont 193 de nos frères : 3 évêques, 127 prêtres séculiers, 56 religieux, 2 diacres et 5 laïcs, qui
furent arrêtés par les révolutionnaires comme ennemis de la Patrie et rebelles
à la Constitution civile du clergé.
On les entasse dans diverses maisons religieuses transformées
en prisons improvisées : les Carmes, l'Abbaye, la Force. Le 2 septembre 1792, elles sont investies par des "sans
culottes" exaltés. Les assassinats qui inaugurent le carnage sont suivis
d'un simulacre de jugement et tous répondent :
"
J'appartiens à l'Eglise catholique, apostolique et romaine."
A ce titre, exécution immédiate. Plus d'un millier d'entre ces prisonniers sont tombés en ces jours sous
une fureur populaire incontrôlée. Pour 193 d'entre eux on a pu établir
qu'ils sont morts certainement à cause de leur foi, mais tous les autres
partagèrent leurs souffrances et leur témoignage pour le Christ.
Les "Bleus", troupes révolutionnaires, massacrant prêtres, religieux et fidèles chrétiens pour la "gloire" de la Révolution en scandant "Liberté - Egalité - Fraternité" ... |
rescapé et
blessé au couvent des Carmes le 2 septembre 1792.
Archives du
procès de béatification au Séminaire Saint-Sulpice, Paris
(Le
deux septembre…) vers les quatre heures, nos entendons de grandes clameurs
au voisinage. Peu de temps après nous
apercevons un groupe de forcenés qui nous montrent leurs piques au travers des
barreaux d’une fenêtre. Nous ne doutâmes plus alors qu’ils ne vinssent pour nous
égorger et nous nous empressâmes de nous demander et donner les uns aux autres
l’absolution.
Je ne quittai point Mgr l’Archevêque
(d’Arles) ; la force et la tranquillité qu’il conservait à la vue du
danger que nous courions, me soutenaient au milieu de mes alarmes. Notre garde
ne tarda pas à disparaître. Les assassins
entrent dans le jardin armés de fusils à baïonnettes, de piques et de
pistolets. Ils massacrent le premier qu’ils rencontrent. Un d’eux devance les
autres et vint au devant de Mgr l’Archevêque et de moi.
Dans la crypte de la chapelle Saint-Joseph se trouvent les ossements des Martyrs qui ont confessés la foi au divin Ressuscité et leur attachement au successeur de Saint Pierre. |
« Es-tu l’Archevêque d’Arles ? » me dit-il en frémissant de
rage. Je ne lui fis d’autre réponse que de hausser les épaules. « C’est donc toi ? » reprit le
furieux en s’adressant cette fois à Mgr l’Archevêque. « Oui, je le suis », répondit-il
aussitôt avec une contenance ferme et modeste. « C’est donc toi, reprit ce monstre, qui a fait répandre tant de sang à Arles.
–
Moi, répond encore Mgr l’Archevêque, je ne sache pas avoir fait de mal à personne.
–Tu n’as fait de mal à personne, scélérat !
répartit encore ce misérable. Eh bien je
vais t’en faire à toi », et aussitôt il fond sur lui comme un tigre
furieux et lui décharge un grand coup de sabre sur la tête.
A
ce premier coup, Mgr l’Archevêque joint ses mains et s’en couvre le visage et,
sans faire la moindre plainte, reçoit de ce forcené la mort à laquelle il s’était
si bien préparé pendant sa captivité. (…) Ce qui étonnera sans doute, c’est
que je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que je vis massacrer.
Plusieurs de ceux qui avaient
été se réfugier dans la chapelle (du jardin)
reçurent la mort en offrant à Dieu le sacrifice de leurs vies. Après avoir un
peu assouvi leur rage, les assassins nous ordonnent de rentrer dans l’église,
sans cesser de nous tirer des coups de fusils (…)
Nous restâmes là quelque temps à
prier et à gémir de tous les blasphèmes et de toutes les horreurs que
vomissaient ces forcenés (…) On nous ordonne de cesser nos prières et de nous
lever, ce que nous fîmes aussitôt. Un d’eux nous demande alors d’un ton terrible
et menaçant : « Avez-vous prêté
le serment ? » (1) Comme je me trouvais près de l’un d’eux, je leur
répondis que pas un de nous n’avait prêté ni ne prêterait ce serment ; que
je devais leur faire observer que la plupart d’entre nous n’y étaient pas
obligés et que la loi laissait la liberté aux autres de le prêtre ou non. « C’est égal, reprirent-ils alors ; passez, passez, votre compte est fait »
(…)
(1) Il s'agit du serment à la Constitution civile du Clergé. Tout ecclésiastique prêtant serment s'excommuniait en se séparant de facto de la communion avec le Souverain Pontife et de l'Eglise catholique. Les révolutionnaires l'avaient imaginé pour semer la discorde dans l'Eglise et chez les fidèles, pour séparer les catholiques français du Saint-Père, et pour créer une "Eglise gallicane" à la solde de la Révolution.
Martyrs des Lucs sur Boulogne, vitrail. Ce n'est pas seulement Paris, c'est toute la France qui vit ces honteux massacres dont personne ne fait mémoire encore aujourd'hui, sinon l'Eglise. |
Saint Joseph,
dont l’église des Carmes qui vous est consacrée a vu le glorieux martyr des
Chrétiens durant la Révolution, priez pour nous.
Saint Pierre,
premier protecteur du Monastère de Montmartre qui vit le martyre courageux de
ses religieuses et de son Abbesse, Marie-Louise de Laval-Montmorency, priez
pour nous.
Saints François-Joseph de la
Rochefoucauld-Maumont (Evêque de Beauvais), Pierre-Louis de la Rochefoucauld-Bayers (Evêque de Saintes) et Jean-Marie du Lau d’Allemans
(Archevêque d’Arles) et vos compagnons
morts en haine de la foi, priez pour nous.
Vous tous, saints martyrs des
Carmes, Evêques, Prêtres et diacres, religieux et consacrés,
fidèles serviteurs du Seigneur qui avez offerts vos vies pour la France en
Septembre 1792, priez pour nous.
Bienheureuse Thérèse de
Saint-Augustin et vous toutes Bses. Carmélites de Compiègne qui
avez données vos vies en réparation des erreurs funestes de la Révolution et de
la Terreur au chant du "Veni Creator" quand vous montiez à l’échafaud, priez
pour nous.
Vous tous, saints Martyrs du
divin Crucifié,
priez pour nous, priez pour
la France.
(Extrait des litanies des Saints de Paris)
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