mercredi 29 août 2012

31 août - naissance au ciel du vénérable abbé Henri Marie Boudon

Messire Henry Marie Boudon, Prêtre
Docteur en Théologie, Grand Archidiacre d'Evreux
Illustre par sa piété, ses écrits, son zèle, son
abandon à la divine Providence et sa dévotion
à l'Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu.
Décédé le 31 août 1702. Âgé de 79 ans.
Zelo zelatus sum pro Domino Deo exercitum
III Reg. 19.

Vie brève du Vénérable abbé Henri-Marie Boudon
Grand Archidiacre du diocèse d'Evreux


1. Jeunesse.

Henri-Marie Boudon naît à La Fère, en Haute-Picardie, le 14 janvier 1624.

Instruit dans sa jeunesse par un prêtre nommé Duhavel, il suit à Rouen les classes des Jésuites et, à vingt ans, se rend à Paris pour étudier sous l’autorité du Père Bagot la philosophie et la théologie au collège de Clermont. Il fonde avec ses amis la congrégation de Marie, mettant en commun prières et bonnes oeuvres, s’exerçant à l’observance la plus parfaite de toutes les vertus chrétiennes pour mieux adorer Dieu et honorer le saint Cœur de Marie (dévotion qui se propagea rapidement par les soins de saint Jean Eudes). De nombreux étudiants s’agrègent à la société des bons amis (tel fut leur surnom) pour s’occuper spirituellement et matériellement des plus démunis, en particulier des enfants. Leurs modestie, recueillement conduite édifiante inspirent l’admiration de tout Paris.

Le Père Alexandre de Rhodes, religieux jésuite, revenu des Indes chercher des ecclésiastiques pour ses missions, trouva dans ces jeunes gens des dispositions plus parfaites que celles [que j’ai] cherchées dans les séminaires et les autres lieux de l’Europe. Quelque temps après un des «bons amis», Bernard de Sainte Thérèse (futur Evêque de Babylone), offrit sa maison de la rue du Bac, et ainsi la congrégation qu’avait formée M. Boudon devint vers 1648 le séminaire des Missions Étrangères (érigé par lettres patentes en septembre 1663).

M. Boudon, se jugeant trop indigne, n’osait penser au sacerdoce. Il acheva, à 23 ans, ses études de théologie. N’ayant plus de communauté il se trouva sans ressources et sans asile.

Bienheureux François de
Montmorency-Laval, vitrail
Un jour qu’il était allé dans l’église de Notre-Dame de Paris pour demander l’aumône, la Providence lui fit connaître M. de Montmorency, frère du jeune abbé de Laval. Ces deux frères ne tardèrent pas à apprécier le trésor de sa présence et voulurent régler leur conduite sur ses conseils et ses exemples. Ils devinrent ses protecteurs aussi bienveillants que délicats.

On a peine à concevoir comment un jeune homme, qui n’était rien dans l’Église, qu’aucun emploi, aucune action d’éclat n’avait pu recommander encore, avait déjà acquis cette sorte de célébrité qui portait les âmes les plus pieuses à se mettre en rapport avec lui. Une correspondance s’établit dans presque toutes les provinces de France avec des supérieures de communauté religieuses qui le consultaient avec toute la confiance et la soumission qu’elles auraient eues pour le directeur le plus solide et le plus expérimenté. (Citons entre autres la Mère prieure des Ursulines de Tours ; la Mère Mechtilde du Saint-Sacrement, fondatrice de l’adoration perpétuelle, le 12 mars 1654).


2. Ministère.

Son ami François de Laval-Montmorency, archidiacre du diocèse d’Évreux, est alors désireux de partir pour les missions du Canada. Le futur évêque de Québec jette les yeux sur Henri-Marie Boudon afin de lui transmettre sa charge à Évreux. L’abbé Laval et le P. Bagot, toujours son directeur spirituel, l’encouragèrent à accepter l’emploi qui effrayait son humilité.
  
Docteur de l’université de Bourges le 7 octobre 1653, le titre de grand archidiacre d’Évreux lui sera conféré le 28 février 1654 par Gilles Boutault, évêque d’Évreux.

Le 19 septembre 1654, il est ordonné sous-diacre à Evreux et recevra le Diaconat à Verneuil-sur-Avre, dans l’église abbatiale de Saint-Nicolas. (monastère de bénédictines fondé en 1627 par Charlotte de Hautemer, comtesse de Grancey). Six mois plus tard, le 1er janvier 1655, dans le palais épiscopal, Mgr Gilles Boutault lui confère le sacerdoce. À trente ans il entre pour la première fois dans les emplois de l’Église, prenant sous sa responsabilité 160 paroisses en devenant grand-Archidiacre et grand-vicaire (et alors administrateur du diocèse d'Évreux).

À peine en possession de sa charge, il travaille à restaurer la dignité du culte, oblige les pasteurs à enseigner régulièrement le catéchisme, travaille à susciter des vocations de qualité. Il fonde le Grand Séminaire d’Évreux, financé en partie de ses deniers, qu’il mettra sous  la direction du futur saint Jean Eudes.

Chaire de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux.
Ces mesures rigoureuses ne vont pas sans susciter contre lui l’opposition des prêtres tièdes ou indignes, qu’il écarte des charges paroissiales. Cependant lorsque, le 11 mars 1661, Mgr Boutault meurt, son successeur, Mgr Henri de Maupas du Tour, n’hésite pas à maintenir l’archidiacre dans ses fonctions. Mais dans le diocèse d’Évreux, les jansénistes étaient nombreux et organisés, aussi l’archidiacre se voit dans la nécessité de les dénoncer. Ces sectaires, démasqués, font leur jonction avec tous les prêtres médiocres et suscitent une opposition.

De toutes parts, des lettres de plainte parviennent à l’évêque ; mais l’accusé se défend vigoureusement, expose ses preuves et reçoit l’approbation de son supérieur. Les plus affreuses calomnies ruinèrent si bien sa réputation qu’il fut déposé de ses fonctions et interdit. Dans cette terrible épreuve, il pratiqua la vertu d’abnégation qu’il aimait tant. Cette disgrâce dura de juillet 1665 à décembre 1674 ou son principal accusateur, touché de repentir, se rétracte. Cet aveu tardif éclaire l’évêque d’Évreux, qui rend au condamné toute sa faveur, se réconcilie avec lui, proclame son innocence. disant : M. Boudon est un ange, un archange.

M. Boudon prêcha des missions retentissantes en Bavière, en Flandre, à Strasbourg, Metz, Nancy, à Cambrai, Valenciennes, Chartres, Paris, Bourges, dans le Bordelais, le Limousin, le Poitou, le Bourbonnais, l’Orléanais, le Nivernais, la Bretagne, l’Anjou ; son zèle pour le salut des âmes l’entraînait dans toute la France.


3. Mort.

Enfin, après avoir été capricieusement ballotté du faîte des honneurs aux plus extrêmes mépris pour retrouver, à l’heure de Dieu, l’estime et la vénération qui couronnent la vraie vertu, M. Boudon meurt le 31 août 1702, en odeur de sainteté, à l’âge de 79 ans (dans sa maison, anciennement rue du Trou Bailly devenue rue Traversière, entre le canal de l’Iton et la rue de la Petite-Cité). L’homme de Dieu seul s’en alla, comme il le dit en expirant, dans le pays de Dieu seul, où tout le monde sera obligé de reconnaître par force ou par amour qu’il n’y avait que cela à faire en ce monde.
Dalle mortuaire de M. Boudon.

Le corps de M. Boudon repose dans la chapelle des saints Anges Gardiens (fondée en juillet 1348, par Robert d’Heudebouville et Doyen d’Évreux) dans la Cathédrale d’Évreux, où il avait  célébré les saints mystères, entendu les confessions et donné des conseils qu’on venait demander de si loin. Cette chapelle ne tarda pas à devenir le siège de l’Archiconfrérie des Saints Anges, fondée par lui, qui jusqu’alors se trouvait au sanctuaire de Saint-Michel-des-Vignes où elle avait pris naissance.

Le 19 juin 1868, à la prière de Mgr Devoucoux, le Pape Pie IX, par indult, érigea en archiconfrérie l’Association des Saint-Anges et ajouta de nouvelles faveurs à celles dont l’avaient enrichie Clément XII (1730-1740), Pie VI (24 avril 1782) et Grégoire XVI (13 novembre 1837).


4. Doctrine.

Son idée dominante est l’amour de Dieu seul. Dieu seul, c’est le titre de son premier ouvrage, c’est le mot qui commence toutes ses œuvres, c’est la devise qu’il place en tête de toutes ses lettres, c’est la conclusion de plusieurs chapitres de ses livres.

Sa grande dévotion à l’Immaculée Conception lui fait développer le culte du Cœur Immaculé de Marie, que puisa chez lui, de son propre aveu, le futur saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Clocher de la Chapelle
Saint Michel des Vignes
Enfin, il a une dévotion toute  spéciale envers saint Michel et les Esprits bienheureux. Il choisit la chapelle de Saint Michel des Vignes (XIème siècle) pour instaurer la messe du premier mardi du mois, précédée d’un pèlerinage entre la Cathédrale et ce sanctuaire, et pour y établir son Association des Saints-Anges en 1667

C’est Anne d’Autriche - épouse de Louis XIII, qui régna de 1610 à 1643 - future Régente de 1643 à 1661, qui, lors de la Fronde de 1652, instaurera sur le conseil de M. Olier la messe des premiers mardis des mois en l’honneur de saint Michel archange afin d’obtenir la paix à l’Église et à l’État.

M. Boudon dont le cœur débordait d’amour pour Dieu, semblait puiser cette flamme près des célestes Intelligences au milieu desquelles il paraissait vivre. Il en parlait à tous, aux riches, aux pauvres, dans ses voyages, dans ses pèlerinages. La dévotion de M. Boudon excellait en ardeur envers saint Michel : il était persuadé que l’illustre Archange jouit auprès de Dieu d’un crédit considérable, que rien ne doit entraver les causes qu’il prend en main.

Saint Michel Archange et les Esprits bienheureux
terrassant le démon, enluminure
5. Ouvrages.

Les livres d’Henri-Marie Boudon (une trentaine) ont eu un succès extraordinaire de son vivant, (dont quelques-uns toujours rééditer avec succès dans le monde entier, trois cent ans après sa naissance au Ciel) principalement en France et au Canada, mais aussi en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Pologne, en Flandre, puisqu’ils furent traduits dans la langue de ces pays. Ils furent lus généralement dans toute l’Europe cultivée, qui pouvait y accéder grâce à la traduction latine. Le petit livre intitulé La dévotion aux saints Anges opéra plus d’un miracle auprès de fidèles qui le tenaient. En certaines églises de Flandre et des Pays-Bas, son ouvrage intitulé L’amour de Jésus au très Saint-Sacrement de l’Autel était attaché avec une petite chaîne à la table de communion pour que les fidèles puissent s’enivrer d’amour pour celui qu’ils allaient recevoir ou lors de leurs visites au Saint-Sacrement. 


6. Aujourd’hui.

La dévotion à saint Michel archange et aux saints anges gardiens est perpétuée par des fidèles qui viennent de nouveau se recueillir sur la tombe du vénérable Henri-Marie, et après la messe de chaque premier mardi du mois effectuent le pèlerinage institué par lui.

L'Archiconfrérie des saints Anges, fondée à Évreux vers 1667 par le vénérable abbé Henri-Marie Boudon (1624-1702), est une association de fidèles catholiques romains ayant pour but d'honorer Dieu seul par l'intermédiaire de Notre-Dame, Reine des Anges, de saint Michel, leur Prince, et de tous les neuf chœurs angéliques. Elle oeuvre à l'établissement du règne de Dieu dans la ville et le diocèse d'Évreux, en France, et prie pour ses membres, tant les vivants que les défunts.
           
Plaque en face de l'autel de la
chapelle des S. Anges
où repose M. Boudon
Relevée le mardi 2 août anno Domini 2005, en la fête de Notre-Dame-des-Anges, l'association des saints Anges, après la visite solennelle de Mgr Christian Nourrichard le dimanche 17 juin 2006 sur la tombe de M. Boudon pour demander sa béatification, reçoit le 19 décembre 2006 le soutient de  celui-ci pour le projet de relèvement de l’Archiconfrèrie.

L'Archiconfrérie relève du Saint-Siège par indult (19 juin 1868) du bienheureux pape Pie IX, et célèbre son Seigneur dans la Liturgie latine traditionnelle, dans la pleine communion aux Successeurs de Saint Pierre et de Saint Taurin, premier évêque d'Évreux. 

Ses fêtes sont le 2 août (Notre-Dame-des-Anges), le 29 septembre (S. Michel Archange et tous les Anges) ainsi que les autres fêtes michaëliques (à savoir le 8 mai et le 16 octobre) et angéliques (24 mars, S. Gabriel ; 2 octobre, S. Anges gardiens ; 24 octobre, S. Raphaël), auxquelles est inclus le premier mardi de chaque mois. Elle tient également à honorer les fêtes propres à la France et au diocèse d'Évreux, en tête desquelles la Saint-Taurin (11 août) et la commémoration de la naissance au ciel du vénérable Henri-Marie Boudon (31 août).

Elle a son siège en la chapelle des saints Anges de la cathédrale Notre-Dame d'Évreux, et souhaite vivement restaurer son deuxième sanctuaire, à savoir la chapelle Saint-Michel-des-Vignes, où aboutissent ses traditionnels pèlerinages des premiers mardis des mois, jours consacrés, depuis S.M. Anne d'Autriche, à la prière pour l'Église et pour la France par l'intercession de saint Michel Archange et de tous les saints Anges.






1 commentaire:

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