dimanche 31 août 2014

31 août - naissance au Ciel du vénérable abbé H.-M. Boudon

Très Sainte Trinité.
Le 31 août, nous célébrons la naissance au Ciel du vénérable abbé Henri Marie Boudon. Cet extrait de notre cher saint Prêtre, parlant du R.P. Seurin, pourrait lui être appliqué parfaitement.
Prions pour que l’Eglise reconnaisse la sainteté de la vie du vénérable abbé Henri Marie Boudon et le porte enfin sur les autels.


Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’homme de Dieu », partie I, chap. 11

Non, je ne me lasserai jamais de dire, avec le secours divin, Dieu seul, Dieu seul et toujours Dieu seul !

Saint Bernard donne un grand prix à celui qui a fait une action en l’amour de Dieu ; non parce que Dieu lui plait, puisque ce n’est pas au contentement de cet amour de notre complaisance que notre amour se doit borner, non pour le plaisir de plaire à Dieu (si ce n’est que parce qu’il lui plaît que nous lui plaisions), non pour le plaisir que nous prenons de lui plaire ; mais parce que l’action que nous faisons plaît à Dieu.

Dieu mérite d’être servi et aimé parce qu’il est ce qu’il est et il faut vouloir ce qu’il veut parce qu’il le veut et non pas parce que cela s’accorde avec ce que nous voulons. De cette manière, dit saint François de Sales, « l’on n’aime pas le paradis parce qu’il est paradis, mais à raison du Dieu du paradis l’on n’aime pas le salut parce qu’il est notre salut mais pour la gloire du Dieu du salut »

L’âme, pour lors, rejette toute sorte d’intérêt quelque saint qu’il puisse être, et elle n’admet purement que le seul intérêt de Dieu seul.
Le saint homme dont nous parlons a fait voir cette vérité en sa personne d’une manière bien éclatante et tout à fait admirable. Qui en considérera bien les circonstances verra clairement que, son désintéressement dans l’intérêt qui est le plus capable de toucher, et que son esprit de mort à l’égard des choses les plus saintes, auront peu d’exemples qui puissent leur être comparés.

Quelquefois il arrive qu’une âme, durant sa ferveur et au milieu du beau jour de la grâce, s’oubliant facilement de soi-même (car il est aisé en ce temps-là), et perdant de vue toute créature, ne respirera plus que Dieu seul et ses intérêts ; mais la lumière qui éclairait si doucement, s’étant éclipsée, changera bien de sentiment et se trouvera dans l’inquiétude et la peine sur ce qui la regarde.
D’autres fois, on voit des âmes cheminer avec la même vigueur au milieu de leurs peines et de leurs obscurités, mais ce n’est que pour un temps, à la fin elles se lassent dans des voies si dures et si pénibles, et les tourments qui les fatiguent les font rentrer en elles-mêmes, elles occupent d’elles-mêmes. 

La constance immuable du Père Seurin dans la pure vue de Dieu seul l’a rendu admirable dans sa force et dans sa persévérance.


Icone de la Vierge à l'Enfant soutenue par les Anges


mercredi 27 août 2014

Notre-Dame de Pontmain et Notre-Dame des Anges


A défaut de pouvoir vous proposer l'homélie prononcée en la chapelle des SS. Anges le 2 août dernier, dans la Cathédrale d'Evreux, pour la solennité de la dédicace de la Basilique Notre-Dame des Anges, voici quelques extraits d'un sermon du Saint Curé d'Ars.

Nous accompagnons ces extraits de ces magnifiques vitraux de la chapelle Saint-François d'Assise, contemplés dans la Basilique Notre-Dame de Pontmain.


Confions-nous toujours les uns les autres, à nos chers amis du Ciel.




Saint Jean-Marie Vianney, Curé d'Ars,  
" Sermon pour la fête des Saints Anges Gardiens "


Notre Dame, Reine du Ciel, entourée des Anges,
vitrail dans la Basilique Notre-Dame de Pontmain
Mes frères, nos anges gardiens sont nos plus fidèles amis, parce qu'ils sont avec nous le jour, la nuit, dans tout le temps et dans tous les lieux ; la foi nous apprend que nous les avons toujours à nos côtés.

C'est ce qui fait dire à David : « Rien ne pourra nous nuire, parce que le Seigneur a commandé à ses anges d'avoir soin de nous » (Ps 90,11). Et pour montrer combien sont grands les soins qu'ils prennent de nous, le prophète dit qu'ils nous portent entre leurs mains, comme une mère porte son enfant. Ah ! C'est que Dieu prévoyait les dangers sans nombre auxquels nous serions exposés sur la terre, au milieu de tant d'ennemis, qui tous ne cherchent que notre perte.

Oui, ce sont nos bons anges qui nous consolent dans nos peines, qui nous avertissent quand le démon vient nous tenter, qui présentent à Dieu nos prières et toutes nos bonnes actions, qui nous assistent à la mort et présentent nos âmes à leur souverain juge

Depuis le commencement du monde, le commerce des anges avec les hommes est si fréquent que l'Écriture sainte en fait mention à tout instant... Presque tous les patriarches et les prophètes ont été instruits par les anges des volontés du Seigneur. Souvent même, nous voyons que Dieu s'est fait représenter par des anges. Mais, me direz-vous, si on les voyait, l'on aurait bien plus de confiance ? Si cela eût été nécessaire au salut de notre âme, le bon Dieu les aurait rendus visibles. Mais cela importe peu ; car dans notre religion, nous ne connaissons que par la foi, et cela, afin que toutes nos actions soient plus méritoires

La Basilique Notre-Dame des Anges de la Portioncule,
représentée à Pontmain, entourée de Séraphins.
Si vous désirez savoir le nombre des anges, leur fonction, je vous dirai qu'ils sont sans nombre : les uns sont créés pour honorer Jésus Christ dans sa vie cachée, souffrante et glorieuse, ou pour être les gardiens des hommes, sans cesser pour cela de jouir de la présence divine. Les autres s'occupent à contempler les perfections de Dieu ou bien veillent à notre conservation, en nous fournissant tous les moyens nécessaires à notre sanctification.

Quoique le bon Dieu se suffise à lui-même, il emploie néanmoins, pour gouverner le monde, le ministère de ses anges.

lundi 25 août 2014

25 août - 800e anniversaire du Baptême de Saint Louis IX de France

Saint Louis, reliquaire XIXe de la Sainte Couronne d'épines
Saint Louis IX de France, priez pour nous et la France. Faites lever dans notre pays des hommes droits et justes, véritablement chrétiens, dévoués au bien commun, à ce qui est juste, bon, vrai et beau, car notre pays se meurt d'être séparé du Cœur de Jésus.

R. Saints de France à qui notre histoire,
Doit ses jours de plus belle gloire,
Dans le malheur ou le danger,
Vous saurez bien nous protéger. (bis)

1. De la France qui se lève,
Dieu bénit le clair matin,
Par Clotilde et Geneviève
Saint Rémi, et Saint Martin

2. Des vieux Francs la foi profonde
De l’Eglise est le soutien
Et Saint Louis présente au monde
L’idéal du Roi chrétien !

3. Quand se meurt la France en larmes,
Le secours lui vient du Ciel :
Jeanne d’Arc reçoit ses armes
De l’archange Saint Michel.

4. Pour transmettre les messages
De son cœur victorieux,
Dieu choisit nos vierges sages
De Paray et de Lisieux.

5. Ô grands saints, la France est fière
De compter près du Seigneur
Tant d’élus dont la prière
Est un gage de bonheur.

Litanies des Saints de France

Saint Louis, détail, Sainte-Chapelle, Paris
Kyrie eléison Kyrie eléison
Christe eléison Christe eléison.
Kyrie eléison Kyrie eléison.

Christe audi nos 
Christe exaudi nos.

Pater de cælis, Deus, miserére nobis.
Fili Redémptor mundi, Deus miserére nobis.
Spiritus Sancte, Deus, miserére nobis.
Sancta Trinitas, unus Deus, miserére nobis.

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.

Saint Michel Archange, protecteur de la France, priez pour nous.
Saint Gabriel, priez pour nous.
Saint Raphaël, priez pour nous.
Vous tous, saints anges et archanges, priez pour nous.

Saint Jean-Baptiste, priez pour nous.
Saint Joseph, priez pour nous.
Vous tous, saints patriarches et prophètes, priez pour nous.

Saint Pierre, priez pour nous.
Saint Paul, priez pour nous.
Saint André, priez pour nous.
Saint Jacques, priez pour nous.
Saint Jean, priez pour nous.Saint Thomas, priez pour nous.
Saint Jacques, priez pour nous.
Saint Philippe, priez pour nous.
Saint Barthélemy, priez pour nous.
Fonts baptismaux de Saint Louis, Poissy
Saint Matthieu, priez pour nous.
Saint Simon, priez pour nous.
Saint Jude (Thaddée), priez pour nous.
Saint Mathias, priez pour nous.
Saint Barnabé, priez pour nous.
Saint Luc, priez pour nous.
Saint Marc, priez pour nous.
Vous tous, saints apôtres et évangélistes, priez pour nous.
Vous tous, saints disciples du Seigneur, priez pour nous.

Vous tous, saints Innocents, priez pour nous.
Saint Etienne, priez pour nous.
Saint Laurent, priez pour nous.
Saint Vincent, priez pour nous.
Saint Fabien et saint Sébastien, priez pour nous.
Saint Pothin, sainte Blandine et les martyrs de Lyon, priez pour nous.
Saint Denis, priez pour nous.
Bienheureux martyrs de septembre, priez pour nous.
Bienheureux Noël Pinot, priez pour nous.
Bienheureux Pierre René Rogue, priez pour nous.
Bienheureuses martyres d’Arras, priez pour nous.
Bienheureuses carmélites de Compiègne, priez pour nous.
Bienheureuses martyres de Valenciennes, priez pour nous.
Bienheureux martyrs d’Angers, priez pour nous.
Bienheureuses martyres d’Orange, priez pour nous.
Bienheureux martyrs de Laval, priez pour nous.
Vous tous, saints martyrs, priez pour nous.

Saint Grégoire, priez pour nous.
Saint Augustin, priez pour nous.
Saint Hilaire de Poitiers, priez pour nous.
Saint Martin de Tours, priez pour nous.
Saint Remi de Reims, priez pour nous.
Reliques de S. Louis de France,
église Saint-Pierre du Grau du Roi
Saint Eloi, priez pour nous.
Saint Germain d’Auxerre, priez pour nous.
Saint Germain de Paris, priez pour nous.
Vous tous. saints évêques et confesseurs, priez pour nous.
Vous tous, saints docteurs, priez pour nous.

Saint Antoine, priez pour nous.
Saint Benoît, priez pour nous.
Saint Bruno, priez pour nous.
Saint Bernard, priez pour nous.
Saint François, priez pour nous.
Saint Dominique, priez pour nous.
Saint Thomas d’Aquin, priez pour nous.
Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, priez pour nous.
Vous tous, saints prêtres et lévites, priez pour nous.
Vous tous, saints moines ermites, priez pour nous.

Sainte Marie Madeleine, priez pour nous.
Sainte Agnès, priez peur nous.
Sainte Clotilde, priez pour nous.
Sainte Radegonde, priez pour nous.
Bienheureuse Isabelle de France, priez pour nous.
Sainte Jeanne d’Arc, priez pour nous.
Sainte Jeanne de France, priez pour nous.
Sainte Bernadette, priez pour nous.
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, priez pour nous.
Vous toutes, saintes vierges et veuves, priez pour nous.

Saint Louis, roi de France, priez pour nous.
Vous tous, saints et saintes de Dieu, intercédez pour nous.

Prions.
 Seigneur, notre refuge et notre force, vous qui inspirez toute vraie prière, écoutez les supplications de votre Église pour le pays de France, faites que nous obtenions pleinement ce que nous demandons avec Foi. Par Jésus Christ, notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. 


Sainte Chapelle, Paris.


vendredi 22 août 2014

Sainte Marie, Reine des Anges et des hommes - Litanies du saint Cœur immaculé de Marie

Seigneur ayez pitié de nous,
Jésus Christ ayez pitié de nous,
Seigneur ayez pitié de nous,

Jésus Christ écoutez-nous,
Jésus Christ exaucez-nous,

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Cœur de Marie, très pure dès votre origine, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, rempli de grâces, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, béni par-dessus tous les cœurs, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, image vivante du Sacré-Cœur de Jésus, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, objet des complaisances de Jésus, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, abîme d'humilité, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, siège de la miséricorde, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, fournaise du divin amour, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, océan de bonté, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, prodige d'innocence et de sainteté, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, miroir de toutes les perfections divines, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, en qui a été formé le Sang de Jésus-Christ, prix de notre Rédemption, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, qui par vos ardents désirs, avez hâté le salut du monde, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, qui obtenez la grâce aux pécheurs, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, qui conserviez fidèlement les paroles de Jésus-Christ, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, percé du glaive de douleur, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, rempli d'amertume dans la Passion de Jésus-Christ, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, attaché à la croix avec Jésus-Christ crucifié, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Vierge à l'Enfant,
panneau peint dans la sacristie
de la Cathédrale d'Evreux
Cœur de Marie, enseveli avec Jésus-Christ dans le tombeau, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, prenant une nouvelle vie à la Résurrection de Jésus-Christ, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, comblé d'une joie ineffable à l'Ascension de Jésus-Christ, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, recevant une nouvelle abondance de grâces à la descente du Saint-Esprit, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, consolation des affligés, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, refuge des pécheurs, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, espérance et asile de tous ceux qui vous sont dévoués, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, secours et soutien des mourants, obtenez-nous la grâce du divin amour.
Cœur de Marie, la joie et les délices des Anges et des Saints dans le Ciel, obtenez-nous la grâce du divin amour.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur,
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur,
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.


Prions.
Ô Dieu infiniment bon qui, pour le salut des pécheurs et le refuge des affligés, avez donné au Cœur Immaculé de Marie, une sainte ressemblance de charité et de miséricorde avec le Cœur adorable de votre divin Fils, faites qu'en célébrant la mémoire de ce Cœur aimable et toujours saint, nous puissions par ses mérites, prendre un Cœur selon le Cœur de Jésus. Nous le demandons par Jésus-Christ même, qui vit et règne avec vous en l'unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




Cœur de Marie en fleur.

jeudi 21 août 2014

Centenaire de la mort de Saint Pie X, pp

Nous célébrons cette année le centenaire de la naissance au Ciel d’un très grand Pape, Saint Pie X. Confions-lui l’Eglise et ses pasteurs.

Tombeau du Pape Saint Pie X, Saint-Pierre du Vatican

Le lundi 31 juillet 1903, les 64 cardinaux électeurs sont quasiment tous présents à Rome pour l’inhumation du pape Léon XIII , qui a lieu le samedi 25 juillet 1903 dans la basilique du Latran.

Léon XIII, pp.
Ils se rassemblent chaque jour en congrégations, sous l’autorité du cardinal Louis Oreglia di San Stefano, évêque d’Ostrie et Velietri, doyen du Sacré Collège et Camerlingue. La date d’entrée en Conclave a été fixée au vendredi 31 juillet à 17h00.

Depuis la mort de Léon XIII, les pronostics vont bon train dans les milieux journalistiques, diplomatiques et ecclésiaux. Sur les 62 cardinaux finalement présents , 58 appartiennent aux grandes puissances européennes de l’époque (Italie, France, Autriche-Hongrie, Allemagne, Espagne). Les "papabile" les plus souvent cités sont :
- le cardinal Mariano Rampolla, ex-Secrétaire d’Etat du feu pape, archi-favori, soutenu notamment par les "partis" français, espagnol, et russe ;
- le cardinal Girolamo Gotti, ex-préfet de la Congrégation de la Propagande (missions), carme, soutenu principalement par les partis allemand et autrichien ;
- le cardinal Serafino Vanutelli, ex-Grand Pénitencier, qui a également les faveurs des partis germaniques ; mais il a un frère également cardinal, Vincenzo, ce qui fait craindre un pontificat "népotique" ;
            - le cardinal Giuseppe Sarto, patriarche de Venise, qui n’est certes pas dans les grands favoris, mais qui est une personnalité très populaire en Italie et dans l’Eglise de la Péninsule.

Ce vendredi 31 juillet donc, à 17h00, la procession solennelle des cardinaux se forme pour entrer dans la chapelle Sixtine. Chaque cardinal n’a le droit qu’à deux accompagnateurs. Le cardinal Sarto a choisi son secrétaire, Monsignor Giovanni Bressan, comme "conclaviste", et le comte Stanislao Muccioli comme accompagnateur "garde noble".

Sur chaque côté de la chapelle ont été installées les stalles des cardinaux. Chaque siège est surmonté d’un baldaquin. Lorsque le nouveau Pape aura accepté le choix des urnes, tous les baldaquins seront abaissés sauf celui de l’élu.

Le conclave fonctionnera sous la maîtise d’œuvre du cardinal Oreglia, Doyen, assisté d’un secrétaire du conclave, Monseigneur Rafaël Merry del Val, archevêque métropolitain in partibus de Nicée, président de l’Académie des Nobles Ecclésisatiques, d’un Gouverneur du Conclave, Monseigneur Cagiado de Azevedo, et d’un Maréchal du Conclave, le prince Mario Chigi.

Conclave, dans la chapelle Sixtine
Après la cérémonie de prestation individuelle du serment d’entrée en Conclave, les cardinaux gagnent leurs cellules, la chambre n° 57 au troisième étage du palais pour le cardinal Sarto, puis se retrouvent pour un temps de prières. Puis, il est 20h00, les cérémoniaires parcourent les couloirs pour crier le troisième extra omnes (Tous dehors) tandis que le cardinal Oriegla et ses assistants vérifient que toutes les portes sont fermées et que toutes les ouvertures sont murées.

Les cardinaux sont désormais seuls avec le Saint-Esprit pour élire le successeur de Pierre.

Depuis qu’il est prêtre, et peut-être même depuis le séminaire, le cardinal Giuseppe Sarto ne dort que 4 à 5 heures par nuit.

Alors que veut-il dire lorsqu’au matin de ce samedi 1er août 1903, après sa première nuit dans sa cellule du Conclave, il confie à son secrétaire, Mgr Bressan, qu’il n’a pas pu trouver le sommeil et qu’il a passé une grande partie de la nuit en prières ?

Au matin, après avoir procédé à leur toilette et pris leur petit-déjeuner, éventuellement avec domestiques et barbier sous l’autorité de leur garde-noble, les cardinaux se retrouvent en la chapelle Sixtine pour assister "en communion" à une messe célébrée par le cardinal Doyen et communient de sa main.

Débutent ensuite les travaux du premier vote. Le cardinal Sarto est assis dans sa stalle ; à côté de lui, à gauche, selon l’ordre protocolaire, le cardinal Angelo di Pietro, ex-préfet de la Congrégation du Concile ; et à sa droite, le cardinal Domenico Stampa, archevêque de Bologne.

Il remplit soigneusement le bulletin de vote de 15 cm sur 12 cm sur lequel figure son chiffre et sa devise (Instaurare omnia in Christo). De sa belle écriture, il inscrit le nom de celui pour lequel il se prononce, puis il signe à l’emplacement indiqué, et rabat les volets de son identification, ne laissant apparaître que le nom choisi.

Son tour venu, le cardinal se lève et se dirige vers l’autel situé au fond de la chapelle Sixtine, sous la fresque monumentale du "Jugement dernier" de Michel-Ange.

Devant l’autel, qui porte un crucifix, il prononce le serment préalable au vote, puis dépose son bulletin sur la patène d’un grand calice, le fait glisser dans le calice, repose la patène sur le vase sacré et regagne sa place dans les stalles.

Dehors, devant la basilique Saint-Pierre, la foule s’est massée qui scrute avec attention et impatience le maigre tuyau de la cheminée du poêle de la chapelle Sixtine. Mais on sait bien, en fait, qu’il est fort improbable que le Pape soit élu dès ce premier jour de scrutin.

En fin de matinée, vers 11h30, quelques flocons de fumée apparaissent qui deviennent vite une épaisse fumée sombre. “Sfumata nera” : aucun des cardinaux n’a obtenu les deux tiers des voix nécessaires à son élection.

En fin d’après-midi, c’est encore de la fumée sombre qui s’échappe de la cheminée.

Les scrutins de la journée sont conformes à la liste des "papabile", sauf en ce qui concerne le cardinal Serafino Vanutelli qui n’obtient pas un score significatif.

Ces résultats font dire au cardinal Sarto, s’adressant en latin sous forme de boutade au cardinal Lecot, archevêque de Bordeaux, "Ils veulent s’amuser avec mon nom !".
                                                                                                             
S.Em.R. le Cardinal
Merry del Val
Mais, à nouveau, le doigt de Dieu était pointé sur le fils de paysan de Riese, celui que beaucoup, à commencer par lui-même, désignaient comme un "simple curé de campagne".

Ce dimanche 2 août 1903, la matinée s’est bien passée, mais le vote n’est toujours pas concluant. Le cardinal Rampolla fait le même score que la veille, 29 voix, mais le cardinal Gotti baisse fortement (9 voix) au profit du cardinal Sarto qui totalise désormais 21 voix.

Dans l’après-midi, premier coup de tonnerre sur le Conclave : le cardinal Puzyna Kniaz de Kozielsko, prince-archevêque de Cracovie en Pologne, alors sous domination autrichienne, lut une déclaration de l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie François-Joseph prononçant un "veto d’exclusion" contre le cardinal Rampolla. .

Le cardinal Rampolla s’était levé et avait calmement répliqué qu’au nom des principes il protestait "contre l’atteinte faite à la liberté et à la dignité du Sacré Collège" et maintenait donc sa candidature. Mais en ce qui le concernait personnellement "rien ne pouvait m’arriver de plus agréable et de plus honorable".

Le cardinal Oreglia, Doyen, fit également une déclaration de protestation solennelle contre cette intervention politique et affirma que le Conclave entendait garder sa pleine liberté.

Cela fut confirmé par le second vote du jour, auquel le cardinal Rampolla obtint 30 voix, soit une de plus que le matin. Le cardinal Gotti n’en avait plus que 3, et le cardinal Sarto 24 voix, progressant encore.

Mais ce sursaut du cardinal Rampolla n’était qu’un trompe-l’oeil, et tous le savaient. Il n’était malheureusement pas envisageable d’élire un pape qui ne serait pas reconnu par l’empire austro-hongrois, d’autant que le cardinal Rampolla ne progressait plus en voix et que ses "opposants" étaient somme toute nombreux et déterminés. La solution, évidente pour une grande partie des cardinaux, était donc de reporter les voix sur le cardinal Sarto ; il apparaissait aux uns et aux autres, pour des raisons souvent différentes, comme le plus adéquat ; il était déjà en deuxième position et son charisme et sa bonhomie en avaient séduits plus d’un depuis le début des congrégations.

Mais l’intéressé n’était pas de cet avis. Au fur et à mesure des scrutins, son angoisse grandissait, et sa très grande émotivité craignait au plus haut point ce que sa brillante intelligence lui indiquait : ce serait lui.

Ce même soir du dimanche 2 août (NB. Solennité de Notre-Dame des Anges), après le dépouillement du quatrième scrutin, un second coup de tonnerre s’abat sur la Sixtine. Le cardinal Sarto déclare "qu’il n’était pas fait pour la papauté, que l’on avait manifesté sur son nom sans le consulter".

Ce soir-là, lorsque les cardinaux regagnent leur cellule, le Conclave, que l’on prévoyait de courte durée, semble dans l’impasse ; et le cardinal Sarto est dans la détresse.

La soirée et la nuit ne furent pas bonnes, probablement pour aucun des cardinaux électeurs, et certainement furent-elles exécrables pour le cardinal Sarto.

Plusieurs cardinaux le rencontrèrent et s’entretinrent avec lui, qui dans les couloirs du palais, qui dans sa cellule du troisième étage.

Tous le pressaient d’accepter la direction que la Providence divine donnait au Conclave : son élection. En italien, ou en latin avec ceux qui ne le parlaient pas, le cardinal Sarto écoutait les arguments et leur opposait toujours le même "Je n’en suis pas capable, je n’en suis pas digne !".

La nuit se passa en prières, avec beaucoup de larmes pour le patriarche de Venise. Mais pas plus que les cardinaux, l’Esprit Saint ne réussit cette nuit à faire fléchir les terribles appréhensions du cardinal vénitien.

Au matin de ce lundi 3 août, le cinquième tour de scrutin ne laisse plus planer de doute : si le cardinal Rampolla obtient encore 24 voix, en baisse de 6 par rapport au scrutin précédent, le cardinal Sarto en totalise 27, et "passe en tête" !
 
Saint Pie X, à son bureau, avec son fidèle ami, le Cardinal
Merry del Val
A l’énoncé de ce scrutin, le cardinal Sarto se lève immédiatement ; tous les témoignages concordent : il est excessivement pâle, il tremble, et sa voix est mêlée de sanglots ; il déclare à ses pairs qu’il est "indigne du choix que plusieurs ont fait de sa personne" et supplie de façon pathétique "que l’on reporte sur d’autres les suffrages et la charge".
                                                                   
Pendant l’heure de midi, les cardinaux se dispersent. Le cardinal-doyen Oreglia, toujours préoccupé par l’impasse actuelle du Conclave, a l’intention de faire une déclaration rendant officiel le refus du cardinal Sarto d’accepter la charge s’il était élu. Il lui faut pour cela l’accord de ce dernier, et demande au secrétaire du Conclave, Monseigneur Merry del Val, d’aller en faire la proposition à l’intéressé.

Vers midi, Monseigneur Merry finit par trouver le cardinal Sarto dans la chapelle Pauline, absorbé dans une intense prière devant le tableau de la Vierge "Notre Dame du Bon Conseil".

 Dans une scène presque surnaturelle, le cardinal confirme à Monseigneur Merry qu’il souhaite bien que le Doyen fasse la déclaration officielle selon laquelle il refuserait la charge du ministère pétrinien s’il était élu. Puis Mgr Merry le quitte en lui disant "Eminence, soyez courageuse, le Seigneur vous aidera !"

Quel a été le poids exact de cette entrevue entre deux hommes que la Providence ne séparera plus ? Lorsque reprend la séance du Conclave pour l’après-midi, et avant que le cardinal Oreglia ne fasse la déclaration prévue, le cardinal Sarto cédae aux dernières instances pressantes de ses collègues.

Au scrutin du soir, le cardinal Rampolla n’obtient plus que 16 voix ; le cardinal Sarto, avec 35 voix, n’est plus qu’à 8 voix du pontificat suprême.

Dans son premier grand texte officiel, sa déclaration de programme pour le gouvernement de l’Eglise, le pape Pie X écrira dans les premières lignes : "... il est inutile de vous rappeler avec quelles larmes et quelles ardentes prières Nous Nous sommes efforcés de détourner de Nous la charge si lourde du Pontificat suprême ..."  !

Ce soir du lundi 3 août 1903, et cette nuit encore, larmes et prières ne viendront pas totalement à bout de l’angoisse et des appréhensions de celui qui est encore pour quelques heures Giuseppe cardinal Sarto, patriarche de Venise.

Au premier scrutin de ce mardi 4 août au matin, le cardinal Sarto obtient 50 voix, soit beaucoup plus que la majorité des deux tiers requise.

Saint Pie X, sur le trône de Saint Pierre
Sa réaction montre qu’il est encore partagé entre terreur et raison. Le cardinal Matthieu rapporte : "Le cardinal Sarto était accablé. Il avait les yeux pleins de larmes, des gouttes de sueur perlaient sur ses joues, et il parut prêt de s’évanouir." On l’entendit dire à ses pairs "Quelle croix vous m’imposez !" et, comme toujours, associer "Mamma Margherita" au choix de Dieu : "Oh ma chère mère, ma mère bien-aimée !"

Selon le rituel canonique, le cardinal-doyen Oreglia s’approche alors de lui et lui demande s’il accepte l’élection qui le fait souverain pontife. La réponse n’est pas celle attendue : "Quoniam calix non potest transire, fiat voluntas Dei !"
Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, le cardinal Oriegla repose la question, avec, dit-on, une nuance d’impatience. Cette fois le cardinal Sarto répond canoniquement "J’accepte", et ajoute "In crucem ! (comme une croix !)".

Lorsque le Doyen lui demande quel nom il souhaite prendre, le cardinal Sarto hésite un instant. Il a pensé à Benoît, notamment en souvenir du pape Benoît XI (1303-1304) qui était, comme lui, originaire du diocèse de Trévise. Mais son choix se porte finalement sur le nom "Pie" et il répond "Pius Decimus".

Le Conclave de cette année 1903 est terminé. Dans la chapelle Sixtine, tous les baldaquins sont abaissés, sauf celui qui est au-dessus du siège du cardinal élu. Ce mardi 4 août le cardinal Giuseppe Melchiorre Sarto est devenu le 257ième pape de l’Eglise catholique  sous le nom de Pie X. Il sera "couronné", selon l’expression en vigueur à l’époque, le dimanche suivant 9 août.