Du Pape Benoît XVI, pour la fête des Rameaux
Enluminure des Rameaux, Missel de Saint-AEthelwold, Angleterre |
Si nous lisons cette parole de l’Evangile
dans le contexte du chemin de Jésus dans son ensemble - un chemin qu’il
poursuit précisément jusqu’à la fin des temps - nous pouvons découvrir
différents niveaux dans l’indication de l’objectif « Jérusalem ». Il faut
naturellement tout d’abord comprendre simplement le lieu « Jérusalem » : c’est la ville où se trouve le Temple de Dieu, dont l’unicité
devait rappeler l’unicité de Dieu lui-même.
Ce lieu annonce donc tout d’abord deux
choses : d’une part, il dit que Dieu est un seul dans tout le monde, il dépasse
immensément tous nos lieux et temps ; il est ce Dieu auquel appartient toute la
création. C’est le Dieu
dont tous les hommes, au plus profond d’eux-mêmes, sont à la recherche et dont,
d’une certaine façon, tous ont également connaissance.
Mais ce Dieu s’est donné un nom. Il s’est
fait connaître à nous, il a commencé une histoire avec les hommes ; il a choisi
un homme - Abraham - comme point de départ de cette histoire. Le Dieu infini est en même temps le Dieu proche.
Lui, qui ne peut être enfermé dans aucun édifice, veut toutefois habiter parmi
nous, être totalement avec nous.
Les Rameaux, par Van Dyck, 1617 |
Si Jésus monte avec Israël en
pèlerinage vers Jérusalem, Il y va pour célébrer la Pâque avec Israël : le
mémorial de la libération d’Israël - un mémorial qui, en même temps, est
toujours espérance de la libération définitive, que Dieu donnera.
Et Jésus va vers cette fête conscient d’être Lui-même l’Agneau en
qui s’accomplira ce que le Livre de l’Exode dit à cet égard : un agneau sans
défaut, mâle, qui, au coucher du soleil, devant les yeux des fils d’Israël, est
immolé « comme rite perpétuel » (cf. Ex 12, 5-6. 14).
Enfin, Jésus sait que sa vie ira
au-delà : la croix ne constituera pas sa fin. Il sait que son chemin déchirera
le voile entre ce monde et le monde de Dieu ; qu’Il montera jusqu’au trône de
Dieu et réconciliera Dieu et l’homme dans son corps. Il sait que son corps ressuscité sera le nouveau sacrifice
et le nouveau Temple ; qu’autour de Lui, de la multitude des anges et des
saints, se formera la nouvelle Jérusalem qui est dans le ciel et toutefois
aussi déjà sur la terre, car dans sa passion Il a ouvert la frontière entre le
ciel et la terre.
Son chemin conduit au-delà de la cime
du mont du Temple, jusqu’à la hauteur de Dieu lui-même : telle est la grande
montée à laquelle il nous invite tous. Il reste toujours auprès de nous sur la
terre et il est toujours déjà parvenu auprès de Dieu, Il nous guide sur la
terre et au-delà de la terre.
La célébration des Rameaux à Bethphagé |
Ainsi, dans l’amplitude de la montée de
Jésus deviennent visibles les dimensions de notre « sequela » - l’objectif auquel il veut nous conduire : jusqu’aux hauteurs de Dieu, à la communion avec
Dieu ; à l’être-avec-Dieu. Tel
est le véritable objectif, et la communion avec Lui est le chemin.
La communion avec Lui est une manière d’être
en marche, une montée permanente vers la véritable hauteur de notre appel.
Marcher avec Jésus c’est toujours en
même temps un cheminement dans le « nous » de ceux qui veulent Le suivre.
Enfin, il nous faut encore dire : la Croix fait partie de la montée vers la hauteur de Jésus Christ, de la montée jusqu’à la hauteur de Dieu.
De même que dans les événements de ce
monde on ne peut pas atteindre de grands résultats sans renonciation et un dur
exercice, de même que la joie d’une grande découverte dans le domaine des
connaissances ou d’une véritable capacité d’action est liée à la discipline, ou
plutôt à la fatigue de l’apprentissage ; le chemin vers
la vie, vers la réalisation de la propre humanité, est lié à la communion avec
Celui qui est monté à la hauteur de Dieu à travers la Croix.
En dernière analyse, la Croix est l’expression
de ce que signifie l’amour : seul celui qui se perd, se trouve.
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