dimanche 30 avril 2017

Vivre en ressuscités, tendus de toutes ses forces vers le Ciel

La rencontre de Jésus ressuscité avec sa très sainte Mère.
Regina coeli, laetare ! Alléluia !
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Dieu et moi »

Première considération :
Je contemplerai le Sauveur dans la pompe de sa résurrection et les belles qualités dont il est paré, la clarté dont son corps brille de toutes part, l’impassibilité dont il jouit, la subtilité qui lui donne lieu de sortir du tombeau sans y faire brèche, l’agilité qui dans un moment le porte d’un lieu à un autre ; et ensuite je méditerai quelle fut la gloire des anges qui, ayant été en deuil pendant la passion de leur souverain, furent en fête en ce beau jour de sa résurrection.
De la joie des anges je passerai à la joie de la sainte Vierge visitée par son Fils glorieux : je me figurerai d’entendre ce qui se passa en cette charmante conversation, de même je prendrai plaisir de me représenter l’agréable saisissement de sainte Madeleine et de ses compagnes, et celui des apôtres dans les apparitions dont il les honora ; j’entrerai dans leurs sentiments.

Affections :
Adorable Jésus, qu’il est bien que vous soyez ainsi revêtu de gloire et d’éclat ! Que de plaisir je reçois de vous voir triomphant de la mort et de l’enfer dépouillé ! Quelle fête pour mon cœur en cette vue et cette conjoncture où vous commencez d’être traité en Dieu.
Justice de mon Dieu, j’avais peine de vous aimer en considérant le mauvais état où vous aviez réduit mon Sauveur en sa Passion, mais je vous pardonne aujourd’hui en contemplant sa gloire.
Vierge sainte, comment n’en mourûtes-vous pas de joie ? Faut-il dire avec un de vos dévots que, comme ce fut un miracle que tous ne mourûtes pas de tristesse au jour de sa mort, c’en fut un autre que vous ne mourûtes pas de joie au jour de sa résurrection !

Permettez-moi s’il vous plaît d’adorer avec vous votre Fils ressuscité, de remercier le Père éternel de l’honneur qu’il lui a rendu, et de prendre part en vos sacrés transports.

Seconde considération :
L'Ascension, détails.
Jésus ressuscité m’invite d’entrer dans une vie nouvelle ; il ne s’arrête sur la terre que pour obéir aux ordres de son Père, vivant au reste dans une sainte impatience de monter au ciel, en quoi il me fait une riche instruction de m’éloigner de cœur des choses d’ici-bas et de soupirer après les éternelles ; d’ailleurs, bien que le Sauveur parût de temps en temps à ses disciples, c’était fort rarement s’il mangeait avec eux, c’était avec dégoût ; m’apprendre d’être sur la terre sans attachement, sans y prendre aucune consolation de l’usage des choses nécessaires, d’y être avec dégoût et aversion de tout le sensuel.

Affections :
Ai-je bien pu me plaire longtemps au lieu de mon bannissement ? Avoir attachement aux plaisirs de la terre, il n’en fallait user que par pure nécessité, à regret. Donnez-le moi, mon ressuscité, donnez-le moi ce saint dégagement et ce dédain constant des créatures, autrement je ne l’aurai jamais ! Que d’affections ont été dans un étrange égarement !
Aimons, mon pauvre cœur, en meilleur lieu que le ciel et que le Dieu du ciel soient l’objet de tes désirs et de tes recherches. Ne soyons plus sur la terre que de corps, vivons-y en ressuscités, soupirons après l’empirée qui est le lieu des ressuscités et, comme eux, ne touchions de quoi que ce soit de terrestre.

Troisième considération :
Me voici à la montagne des Olives d’où le Sauveur ressuscité s’élève dans les cieux. Il y est et apôtres qui le suivaient des yeux sont avertis par deux anges de se retirer en Jérusalem pour y attendre le Saint Esprit ; obéissant, les voilà de corps en Jérusalem car, de cœur, d’affection, de conversation, ils sont dans le ciel avec leur bon maître pour me dire que si je m’arrête encore sur terre ce doit être avec l’éloignement du cœur des objets créés.
Donc plus de joie, plus de penchent et de goût au manger, au dormir, au divertissement, à la conversation des créatures, aux parents, aux amis ; je dois regarder le monde avec rebut comme les âmes du ciel et, avec saint Paul, comme un pendu, un objet d’horreur : Mihi mundus crucifixus (Galat vi).

Affections :
Mon Sauveur que je ravi de vous adorer à la droite de votre Père ; mais puisque vous emportâtes au ciel les cœurs de vos disciples, ravissez-moi le mien ! Ah ! qu’il est honteux de s’être amusé à goûter les chétives satisfactions de cette vie, sous couleur qu’on les goûtait sans crime et comme par nécessité.
Il y a un sensible déplaisir de s’être amusé, de l’heureux état des âmes ressuscitées en esprit et montées au ciel.

Enfin, il faut imiter ces cœurs fidèles à la grâce qui ne touchent la terre que par nécessité de condition et, comme eux, être insensible au commode et au plaisant. Votre Fils, mon Sauveur, cela est dit, mais il est bien éloigné d’être fait…



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