"Non, il ne dort pas, il ne sommeille pas ton gardien" |
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, Lettre 74, à Mme Anne Lefebvre, alors qu’il est
calomnié par son propre Evêque
Dieu seul
Ma chère fille,
Ni je ne vous oublie, ni je ne veux vous oublier
et j’espère de l’infinie miséricorde de Notre Seigneur et de sa très sainte
Mère que je me souviendrai de vous en leur divine présence éternellement et
cela, avec bien de la reconnaissance.
Christ aux outrages, Paroisse Saint-Eustache, Paris |
Notre bon prélat me décrie ici, à Paris, de tous
côtés ; il faut le laisser faire le bien, honorer, en dire du bien et
demeurer en repos. Notre paix sera solide si nous la mettons dans la croix,
puisque c’est par le mystère de la croix que toutes choses ont été pacifiées ;
elle est, ma chère fille, notre unique espérance, comme le chante l’Eglise :
il est doux d’y vivre, il est encore plus doux d’y mourir et nous n’avons plus
que faire au monde quand nous cessons d’y souffrir.
Le prélat fait ce qu’il peut pour m’obliger à
quitter mon bénéfice mais jamais je n’ai ressenti plus d’ardeur pour le
conserver.
La croix ne nous doit pas faire quitter les lieux
où nous la portons ; c’est bien au contraire, s’il y a quelque chose qui
nous y doive arrêter, c’est la souffrance.
J’espère de la très sainte Mère de Dieu et des saints
anges et de nos patrons qu’on en verra, en temps et lieu, les fruits précieux.
Je vous prie de faire dire neuf messes à saint
Michel, à commencer le premier jour de mars qui sera à ce que je pense le
premier mardi de carême, en l’honneur des saints anges du diocèse, et de celui
qui garde le prélat et du mien. Je vous prie aussi d’aller une fois à la
semaine à Saint-Taurin pour lui recommander l’affaire de mon bénéfice.
Nous avons recours au ciel, ma chère fille, quand
ceux qui nous sont opposés se servent des créatures de la terre de tous côtés. Une
fois aussi la semaine vous irez à Notre-Dame (NB. Notre-Dame d’Evreux, la cathédrale où M. Boudon exerçait son
ministère d’archidiacre) comme à la Dame et Protectrice du diocèse.
Tâchez de bien faire la neuvaine des Saints Anges
du diocèse et leur recommandez l’affaire de mon bénéfice car, mes amis qui en
cela se trompent - à ce que je crois - me persécutent pour le quitter ; mais
je me sens dans une fermeté tout entière pour ne le pas faire. Je vous supplie
d’envoyer par une voie bien sûre la lettre pour le Neubourg car elle m’est de
conséquence.
Je salue très cordialement madame de Rouves et vos
saints anges et suis, ma très chère fille, etc…
A Paris, ce 17 février, dans l’octave de Saint
Aquilin, évêque d’Evreux.
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