Francisco de Zurbaran, la Vierge Marie protège de son grand manteau des religieux |
Le Scapulaire est un vêtement, c'est l'habit de
la Vierge.
Dans la Sainte Écriture, le vêtement est signe d'une dualité : il symbolise la
chute originelle de l'homme déchu de la grâce et la possibilité pour lui de
revêtir une gloire perdue (cf. Gn 3). Par là même, le vêtement est le signe de la nature spirituelle de l'homme et de sa
destinée surnaturelle. Le prophète Isaïe (61, 10) chante dans son action de
grâce : « Je suis plein d'allégresse
dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu, car il m’a revêtu de vêtements de
salut, il m’a drapé d’un manteau de justice, comme l’époux qui se coiffe d’un
diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux ». Le fils prodigue, à
son retour, a été revêtu par son père de la plus belle robe, signe de pardon
(Lc 15, 22).
L'apôtre saint Paul nous montre quels sont les vêtements du bon soldat du
Christ : Mettez tous vos soins à vous
revêtir de L’armure de Dieu... Ceignez vos reins de la ceinture de la
chasteté... Revêtez la cuirasse de la justice... Prenez Le bouclier de la
foi... Couvrez-vous la tête du casque du salut (Eph 6).
L'Apocalypse
de saint Jean nous montre au jugement dernier une foule immense devant
l’Agneau, vêtue de robes blanches (Ap 7, 14) .
Le Scapulaire est lui aussi un vêtement de
salut, une cuirasse et un bouclier spirituel, une robe d'innocence dont nous
revêt la Mère de Dieu. L'habit
est un signe d'appartenance de celui qui le porte à la personne de qui il l'a
reçu, et, en retour, de la protection de cette personne.
Le
Scapulaire manifeste donc, de la part de celui qui le porte, la consécration et l'appartenance volontaire
à Marie, et de la part de Notre-Dame, l'engagement
à secourir celui qui le porte en toute occasion, particulièrement à l'heure de
la mort.
Notre Dame du Rosaire, Luca Giordano, Naples |
Saint
Louis-Marie Grignion de Montfort, dans son « Traité de la vraie
dévotion à la Sainte Vierge », donne aux dévots serviteurs de Marie
(au nombre desquels ceux qui portent le Scapulaire auront à cœur d'être
comptés) un programme de vie en l'honneur de la Mère de Dieu : « Faire
toutes nos actions par Marie, avec Marie, en Marie et pour Marie, afin de les
faire plus parfaitement par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, en Jésus et pour
Jésus » (n. 43) . Un programme qui peut mener loin les âmes généreuses
!
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui recommandait beaucoup le Scapulaire
du Mont-Carmel, insistait cependant sur la
droiture nécessaire aux personnes qui le recevaient : le port du Scapulaire
nécessite « que la personne soit dans la résolution de sortir de son péché »,
sinon « on se rendrait du nombre des faux dévots de la Sainte Vierge et dévots présomptueux et impénitents qui,
sous le manteau de la Sainte Vierge, avec le Scapulaire sur leur corps ou le
rosaire à la main, crient : « Sainte Vierge... » et cependant crucifient et
déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés ».
Donc
on peut poser en principe que l'hypocrite
qui aurait revêtu le Scapulaire dans l'intention de continuer à pêcher en
bravant à son aise la justice de Dieu, se trouverait exclu des promesses de la
Sainte Vierge.
Mais
on doit apprécier différemment le cas de celui qui, par faiblesse ou
entraînement, se laisserait peu à peu aller à mener une vie désordonnée, tout
en portant le Scapulaire carmélitain et en conservant le ferme espoir que la
Sainte Vierge l'aidera un jour à changer de vie et à faire son salut. À l'égard
de celui-là, il est parfaitement permis de croire que Marie s'arrangera pour le
convertir, et qu'elle fera en sorte qu'il ne meure pas subitement sans les
secours de la religion, ou du moins sans avoir pu se repentir. Dût-elle opérer
un miracle, retarder la mort imminente, afin de donner au moribond le temps de
se réconcilier avec Dieu, de recevoir les sacrements ou de faire au moins un
acte de contrition parfaite, Marie
poussera certainement jusque-là sa maternelle sollicitude ; car
l'engagement qui la lie envers les confrères du Scapulaire est un de ces pactes
sacrés dont la durée est sans limite et la teneur inviolable. La Bienheureuse Vierge du Carmel obtiendra
surtout à ses fils des grâces prévenantes qui les préserveront du péché mortel,
les protégeront dans les occasions dangereuses et les sanctifieront.
C'est
en ce sens qu'elle a dit à saint Simon Stock que le Scapulaire serait un signe
de salut, une sauvegarde dans les dangers, un gage de paix et d’éternelle
alliance.
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