samedi 2 février 2019

2 février. 40 jours après sa Nativité, fête de la Présentation de l'Enfant Jésus au Temple

Présentation de l'Enfant Jésus au Temple, retable des sept joies de Marie

Du Cardinal Pierre de Bérulle, extraits de l’opuscule 39 lus à l’office propre des Diocèses d’Île de France au jour de la fête de Sainte Jeanne de France, fondatrice de l’Ordre des Annonciades.

Le partage de la Vierge est d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la Parole éternelle. En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras, cette même Parole, la Parole substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l’état de son enfance, elle entre en un nouveau silence et y est transformée à l’exemple du Verbe incarné qui est son fils, son Dieu et son unique Amour. Et sa vie se passe ainsi de silence en silence, de silence d’adoration en silence de transformation ; son esprit et ses sens conspirant également à former et à perpétuer en elle cette vie de silence.

Saint Syméon recevant l'Enfant Jésus dans ses bras,
Lumière des nations et joie de tous les peuples.
Et c’est un de ces effets sacrés et divins du silence de Jésus de mettre la très sainte Mère de Jésus en une vie de silence. Silence humble, profond et adorant plus saintement et plus disertement la sagesse incarnée, que les paroles ni des hommes ni des anges.

Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. C’est un silence plus éloquent, dans les louanges de Jésus, que l’éloquence même. C’est un effet puissant et divin dans l’ordre de la grâce, c’est-à-dire, c’est un silence opéré par le silence de Jésus, qui imprime ce divin effet en sa Mère et qui la tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole et pensée de sa créature.

Aussi est-ce une merveille de voir qu’en cet état de silence et d’enfance de Jésus, tout le monde parle et Marie ne parle point, le silence de Jésus ayant plus de puissance de la tenir en un silence sacré, que les paroles ni des anges ni des saints, n’ont de force à la mettre en propos et la faire parler de choses si dignes de louanges, et que le ciel et la terre unanimement célèbrent et adorent. Les anges en parlent, et entre eux-mêmes et aux pasteurs : et Marie est en silence.

Les pasteurs courent et parlent ; et Marie est en silence. Les rois arrivent, parlent et font parler toute la ville, tout l’Etat et tout le sacré synode de Judée ; et Marie est en retraite et en silence. Tout l’Etat est ému et chacun s’étonne et parle du nouveau Roi recherché par les rois ; et Marie est en son repos et en son sacré silence. Siméon parle au Temple et Anne la prophétesse, et tous ceux qui attendent le salut d’Israël : et Marie offre, donne, reçoit et rapporte son Fils en silence. Tant le silence de Jésus a de puissance et d’impression secrète sur l’esprit et sur le cœur de la Vierge, et la tient puissamment et divinement occupée et ravie en silence.

Car aussi durant tout le temps de son enfance, nous n’avons que ces paroles qui nous soient rapportées de la conduite de la Vierge, et de sa piété au regard de son Fils et des choses qui sont dites de Lui, et accomplies en Lui : « Marie conservait tout cela et elle le méditait dans son cœur» (Luc 2,51). Voilà l’état et l’occupation de la Vierge, voilà son exercice et sa vie au regard de Jésus, durant sa sainte enfance.

Faisons sauter quelques crêpes, par Pieter Aertsen, Rotterdam, 1562

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