Vœu par lequel Louis XVI a dévoué sa Personne, sa
Famille et tout son Royaume, au Sacré-Cœur de Jésus.
Portrait du roi Louis XVI, décapité le 21 janvier 1793. Mort en haine de ce qu'il représentait : son pays, sa foi, sa fidélité, une histoire pluriséculaire. |
Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon
cœur, et la profondeur de l’abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans
nombre m’environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma
famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui
couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements
de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure
m’avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités,
parce que, dans les jours de ma puissance, je n’ai pas réprimé la licence du
peuple et l’irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j’ai
fourni moi-même des armes à l’hérésie qui triomphe, en la favorisant par des
lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l’audace de tout oser.
Vitrail. Le Sacré-Coeur adoré par les Anges. |
Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si pures de mes puissants
intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire que la confiance
m’inspire et que je vous offre comme l’expression naïve des sentiments de mon
cœur.
Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma
liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :
1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l’intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution civile du clergé ;
2° De rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéficiers institués par l’Eglise, dans les bénéfices dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d’une puissance incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus aux besoins de l’Etat;
3° De prendre, dans l’intervalle d’une année, tant auprès du pape qu’auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d’une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;
4° D’aller moi-même en personne, sous trois mois à compter du jour de ma délivrance, dans l’église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l’offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse de donner à tous mes sujets l’exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur adorable ;
5° D’ériger et de décorer à mes frais, dans l’église que je choisirai pour cela, dans le cours d’une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré ;
6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu’on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l’acte de consécration exprimé dans l’article quatrième, et d’assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.
Je ne puis aujourd’hui prononcer qu’en secret cet engagement,
mais je le signerais de mon sang s’il le fallait, et le plus beau jour de ma
vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.
Ô Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j’oublie ma main droite et
que je m’oublie moi-même, si jamais j’oublie vos bienfaits et mes promesses, et
cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation.
Ainsi soit-il.
Armes de France |
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